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Soupirant, Malefoy écouta un moment sa mère reprocher on ne sait quoi à son père puis il se décida. C'en était assez. Cela faisait un mois entier qu'il subissait leurs disputes qui commençaient avant même le petit-déjeuner et ne se terminait qu'une fois l'un ou l'autre enfermé dans sa chambre, la plupart du temps renfrogné.
Entrant dans le salon en poussant les deux battants de la haute porte, il demanda :
- Dites, vous n'en avez pas marre ?
Les deux adultes qui se chamaillaient se turent brusquement.
- Tu es prié de rester en dehors de cela, fils, fit Lucius en fronçant les sourcils.
- Je le voudrais bien, seulement je suis concerné, répondit le blond en se servant un verre de scotch d'un geste nonchalant.
- Tu n'es en rien concerné, mon chéri, fit Narcissa, les lèvres pincées. Nos problèmes ne te regardent pas.
Le blond pivota, son verre à la main, et regarda ses parents, chacun à un bout du salon.
- Ah oui ? dit-il. Et qui donc subi depuis un mois vos disputes quotidiennes ? Moi. Qui s'écrase quand le temps est au beau pour ne pas faire revenir l'orage ? Moi. Avez-vous au moins remarqué que je me suis absenté quelques heures ?
- Où es-tu allé ? demanda Lucius.
- Chez Granger...
Narcissa haussa les sourcils, surprise. Elle regarda son mari puis son fils, et Lucius se redressa en s'appuyant contre le manteau de la cheminée. Son tisonnier à la main, il demanda :
- Et qu'es-tu allé faire chez cette Moldue ?
- Granger est une sorcière, père... répondit le Serpentard en fronçant les sourcils. Ce sont ses parents qui sont des Moldus. Voyez-vous, j'ai moi aussi mes problèmes, et pour mon malheur, je ne peux en parler à personne dans cette maison.
- Nous sommes pourtant là tous les deux, ton père et moi, fit Narcissa en décroisant les bras. J'avoue ne pas comprendre...
- Vous êtes là physiquement oui, répondit Malefoy en buvant une gorgée de scotch. Seulement, vous passez votre temps à vous chamailler depuis que je suis revenu de Poudlard... Je pourrais déménager que vous ne vous ne vous en rendriez même pas compte !
- Déménager ? Mais... Pour aller où ?
Narcissa leva les mains devant elle, surprise.
- Oh maman, vous me décevez sur ce coup-là... fit le blond en soupirant. Bon, je serais dans ma chambre pour le reste de la journée, à essayer de ne pas entendre mes parents sur le point de divorcer...
- Les Malefoy ne divorcent pas, gronda Lucius.
Son fils lui jeta un regard puis s'en alla en plantant là les deux adultes interdis. C'est avec un petit sourire victorieux qu'il regagna donc sa chambre, abandonnant son verre vide sur un socle de statue en bas de l'escalier.
.
- Harry !
- Hagrid... Bonjour !
Le demi-géant lui fit un grand signe du bras et Harry fit de même en restant cependant prudemment à l'ombre fraîche du parvis du château. Il faisait bien trop chaud pour qu'il porte sa cape et même si son corps était aussi froid que la pierre, le Gryffondor ressentait la chaleur pesante de cette fin juillet.
- Potter ?
Harry pivota et Rogue s'approcha de lui depuis la Grande Salle.
- Oui, professeur ?
- La Directrice me demande si pour votre anniversaire vous souhaitez quelque chose de particulier... demanda le sombre homme. Après tout, vous avez dix-sept ans, vous serez majeur...
- Majeur en tant que sorcier, pas en tant que... qu'humain.
Harry baissa brusquement la tête.
- Des nouvelles de Linda ? demanda-t-il ensuite.
- Oui, mais elles ne sont pas très bonnes...
- C'est-à-dire ?
- Linda me fait savoir que le Seigneur Ram peine a trouver un antidote au poison de Kraek qui circule dans vos veines. Tout ce qu'il tente fonctionne un moment puis se dissipe presque aussitôt...
- En gros il n'a rien.
- Je suis désolé...
- Vous n'y êtes pour rien...
Harry baissa les yeux. Une nouvelle fois déçu, il soupira profondément et deux longues mains pâles se posèrent sur ses épaules. Il y déposa les siennes et Rogue resserra ses doigts.
- Malheureusement, vous ne passerez pas votre anniversaire sous vos traits de naissance mais rien n'est encore joué, le Seigneur Ram sait ce qu'il fait, c'est un alchimiste émérite... fit-il doucement.
- J'ai confiance en lui, répondit Harry en pivotant pour faire face au professeur. Non, simplement mes rêves de bonheur auprès de Malefoy s'effilochent jour après jour... Si mon état s'avère irréversible, je l'éloignerai de moi dès la rentrée. Je ne veux pas qu'il souffre à mes côtés...
- Et pour vous nourrir ?
- J'irais vivre avec Linda, avec les miens...
- Potter, fit alors Rogue en le prenant par les bras et en le secouant brièvement mais brutalement. Regardez-moi. Vous ne devez pas baisser les bras, pas encore ! Souvenez-vous qu'il y a des gens qui croient en vous, qui comptent sur vous pour offrir au monde sorcier un avenir meilleur en éradiquant les Mangemorts et ce poison de Magie Noire !
- La Magie Noire coule dans vos veines, monsieur, fit alors Harry en posant une main sur le bras gauche de l'homme. Même si je le voulais je ne pourrais pas l'éradiquer sans tuer des gens que j'estime...
Rogue leva les yeux au ciel. Cédant à cette minuscule partie de lui frappée du mot « humanité », il attira le Gryffondor contre lui et Harry s'accrocha à son veston en soupirant.
- Je vais lâcher prise, monsieur... fit-il dans les plis de la chemise blanche. Je ne supporterais pas bien longtemps cette vie morne et sombre...
Rogue repoussa le brun et lui prit le visage entre ses mains.
- Vous ne devez pas ! Vous devez vous accrocher ! Tout fini un jour ou l'autre par s'arranger et si ce n'est pas maintenant, ce sera dans un an, dans dix ans, dans cent ans ! Vous m'entendez ? Potter, des gens comptent sur vous !
Harry ferma les yeux et une larme solitaire glissa sur sa joue. Elle se perdit contre les doigts de Rogue qui le lâcha.
- Reprenez pied, vous êtes encore là que Diable ! gronda alors l'homme. Et même si vous ne vivez que grâce à votre âme, vous êtes toujours physiquement là, pour vos amis, pour... monsieur Malefoy, fit-il, les dents serrées.
- Malefoy...
- On me demande ?
Harry sursauta. Il se tourna vers le bas des marches de pierre et vit alors le Serpentard.
- Malefoy ! fit-il en faisant un pas en avant.
- Oh là, fit Rogue en lui prenant le bras pour le tirer en arrière. Je vous ai dit de reprendre pied, pas de vous suicider...
Il se tourna alors vers Malefoy qui déposa à ses pieds un sac de voyage.
- Que faites-vous ici, Drago ? demanda-t-il.
- L'ambiance au manoir est devenue insupportable... Rassurez-vous, j'ai prévenu mes parents, ils savent où je suis. Enfin s'ils m'ont entendu malgré leurs cris...
Il regarda ensuite Harry et lui fit un petit sourire. Rogue fit venir à lui le sac du Serpentard d'un coup de baguette magique et sourit bizarrement.
- Dans les appartements de notre cher vampire, je suppose ? fit-il sur un ton un peu narquois.
Malefoy hocha la tête puis Rogue tourna les talons et s'en fût rapidement, le sac de voyage à la main. Dans le hall, il fut intercepté par McGonagall.
- Severus, alors, qu'est-ce que... Bah, vous partez ? dit-elle en apercevant le sac dans la main de son collègue.
- Hein ? Oh non, c'est le bagage de monsieur Malefoy...
- Malefoy ? Mais... Il devait venir ?
- Non, il s'invite. Il est sur le perron avec Potter... Mais venez donc avec moi.
- Comme si vous aviez besoin de mon aide pour porter ce malheureux bagage... railla la vieille sorcière tout en sachant parfaitement que c'était là une simple phrase détournée pour lui dire qu'il fallait laisser les deux garçons seuls un petit moment.
Ils s'éloignèrent alors et sur le perron, Harry haussa les sourcils.
- Eh bien, tu vas rester à jamais en bas ? demanda-t-il en souriant.
Malefoy regarda le Gryffondor un instant puis gravit les marches et tous deux se firent face une seconde à peine avant qu'ils se s'étreignent solidement.
- Je me demandais si tu allais revenir avant la rentrée ! fit le brun dans le cou du blond.
- Je suis désolé de ne pas être revenu de tout le mois de juillet... Je n'avais rien de spécial à faire et mon père m'a même autorisé à revenir mais à force de remettre mon départ au lendemain, tu as le résultat que voici...
- Ce n'est rien va, répondit Harry en reculant. Je peux jeûner sans problèmes et j'ai ma pierre pour me faire oublier que j'ai faim.
Malefoy eut un léger sourire et Harry soupira.
- Enfin, au moins j'aurais au moins un cadeau d'anniversaire inégalable, fit-il en posant ses mains sur le torse du blond.
Il en apprécia la chaleur qui se diffusa dans ses paumes et le blond se redressa.
- C'est ton anniversaire ? demanda-t-il, surpris.
- Ouaip...
- Dans ce cas... Un cadeau s'impose.
Sans prévenir, le Serpentard embrassa son amant qui recula au bout de deux secondes en regardant autour de lui.
- Pourquoi tu as fait ça ? On aurait pu nous voir et... fit-il, gêné.
- Écoute Potter, fit alors blond en passant son bras sous le sien. Asseyons-nous...
Ils prirent place sur la première marche du perron, soigneusement à l'ombre, côte à côte.
- J'ai pris conscience, grâce à Granger surtout, que, quoi que j'en dise, j'étais amoureux... Non, ne dis rien, fit-il en levant la main.
Harry referma la bouche mais ne put s'empêcher de sourire un peu bêtement.
- Je sais ce que tu penses, mais ça n'a rien à voir, ni avec ton charme vampirique, ni avec les nuits que nous avons passées ensemble, reprit l'autre en posant ses coudes sur ses cuisses. J'ai eu un mois pour réfléchir et Merlin sait si j'ai eu le temps ! Enfermé dans ma chambre depuis le début des vacances, je n'avais pour compagnes que mes pensées et j'ai largement pu reconsidérer ces deux semaines de juin...
- Et donc ? Tu en as retiré quoi ? demanda Harry.
- Eh bien, d'une que j'étais amoureux et que je n'avais pas d'autre choix que de l'accepter, et de deux... que mon amant était un vampire immortel et que cela aussi, je devais l'accepter.
Harry, d'abord surpris, sourit puis il baissa la tête en pinçant les lèvres.
- Je ne sais pas quoi te répondre... Ta franchise me déstabilise en fait...
- Ce n'était pas le but mais je suis ravi de mon petit effet...
Harry sourit. Un silence passa et le brun le brisa.
- Drago Malefoy ?
- C'est moi...
- Est-ce que passer les, disons... quinze prochaines années auprès d'un vampire te tente ?
Malefoy haussa un sourcil.
- Est-ce que c'est une demande en mariage ? demanda-t-il en plissant un œil.
- Ça pourrait en devenir une... Il suffirait pour cela que mon cœur se remette à battre.
- T'es sérieux ?
Le blond se redressa.
- J'ai moi aussi eut le temps de réfléchir pendant ce mois qui s'est écoulé et, oui, je suis sérieux. J'ai perdu ma jeunesse à tenter de détruire un Mage Noir qui voulait ma peau. Aujourd'hui, j'ai réussi, alors maintenant, j'ai envie de me consacrer à autre chose, et je me fiche éperdument de ce que penseront les gens de moi si je me marie avant vingt ans et avec un homme. Je t'aime, Malefoy, et je veux passer le reste de ma vie mortelle à tes côtés.
- Et ta vie immortelle ?
Harry perdit son sourire.
- Pour ça je ne veux t'obliger à rien, répondit-il. Comme Linda l'a dit, il arrivera forcément un moment où nous ne serons plus assortis, soit parce que tu auras vieilli, soit parce que tu voudras une vie plus normale avec femme et enfants.
Un silence un peu pesant s'installa et Malefoy pinça les lèvres.
- Je comprends ce que tu veux dire, fit-il alors. Mais tu sais, je n'ai pas envie de me prendre la tête avec le futur... Pas pour le moment.
- Les Moldus ont une phrase pour ça...
- C'est-à-dire ?
- Pour vivre au jour le jour et ne pas se préoccuper de l'avenir. Ils disent « Carpe Diem », ça veut dire que ce qui doit arriver arrivera, quoi qu'on y fasse.
- C'est plutôt fataliste mais j'aime bien, répondit le Serpentard en souriant.
Harry lui renvoya un sourire et se tourna soudain face à lui.
- Qu'est-ce que tu vas m'offrir pour mon anniversaire ? demanda-t-il sur le ton d'un gamin de dix ans qui cherche à savoir.
Un peu prit au dépourvu, Malefoy fronça les sourcils mais son sourire trahissait ses sentiments.
- Normalement, tu n'as pas à poser la question mais je ne vais pas en prendre ombrage... fit-il. Donc, que dirais-tu de... moi ?
Harry haussa les sourcils puis se mit à rire. Il sentit brusquement un énorme poids s'envoler de sa poitrine.
- Décidément ! fit-il en prenant le blond dans ses bras. Ce sera le plus bel anniversaire de ces dix-sept dernières années !
Malefoy se mit à rire à son tour et, depuis son jardin qu'il binait, Hagrid sourit. Il était content que son protégé ait retrouvé le sourire car depuis un mois c'était plutôt la soupe à la grimace lors des repas... surtout après les lettres de Linda qui disait être désolée des échecs successifs du Seigneur Ram.
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