- 23 -
Ron cligna des yeux, agressé par les lumières vives des chandelles entourant la pièce sans fenêtres.
- Ah, tu reviens, fit alors la voix de Harry dans le lointain.
- Je me suis évanoui ? demanda le rouquin en se frottant le visage.
- Oui, et heureusement que le fauteuil était là pour te rattraper, je n'ai pas eut le temps.
- Je suis tout mou... souffla alors Ron en levant un bras avec difficultés. Tu t'es régalé au moins, j'espère ?
- Oui, tu es très goûteux, si tu veux savoir. Encore meilleur que Malefoy du reste...
Ron plissa un œil et Harry sourit. Assis sur son lit, il lisait un épais grimoire et Ron lui fit un signe de tête interrogateur.
- Vampires, répondit le Gryffondor en montrant la couverture qui avait été gravée d'un visage de femme vampire, bouche ouverte et crocs sortis. Je me documente un peu, histoire de passer le temps en attendant des nouvelles de Linda... Malheureusement, ces bouquins regorgent de choses erronées... C'est parfois assez difficile de suivre.
Le rouquin hocha la tête puis fit apparaître un morceau de chocolat dans sa main et le grignota en silence pendant quelques secondes.
- Dis-moi, Harry... dit-il soudain.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- C'est sérieux entre Malefoy et toi ?
Harry pinça les lèvres et baissa le nez en fermant son livre sur son index.
- J'aimerais bien... répondit-il. Mais je ne sais pas si nous nous sommes trouvés parce que je suis un vampire, ou alors si ce sont nos âmes qui se sont trouvées. Il est aussi perdu que moi, il a peur que notre relation se brise net dès que je serais redevenu humain et que ça nous blesse tous les deux.
- Et ça change quoi, l'un ou l'autre ? Je veux dire, que ce soit vos "âmes" ou grâce à ton charme vampirique ?
- Si je suis tombé amoureux de Malefoy à cause de mon vampire, quand je serais redevenu humain, la donne risque de changer, dit Harry. Soit je n'aurais plus les mêmes sentiments à son égard, soit ce sera lui, ou même les deux, mais nous aurons toujours nos souvenirs, nous avons couché ensemble, et si nous ne sommes plus capables de savoir pourquoi, le monde va vite devenir invivable.
- Et si ce sont vos âmes ?
- Alors là, je pourrais être une gelée visqueuse que ce serait pareil. Oui, je sais, l'image est très peu ragoûtante, fit le brun en souriant comme Ron faisait une grimace qui imageait parfaitement les propos de son ami. En fait, je veux dire que mon âme est encore intacte. Si je ne tue personne de mon plein gré, elle le restera encore indéfiniment. Tant qu'elle restera celle qu'elle a toujours été, Malefoy et moi nous resteront liés à jamais, même nous ne sommes plus, ou pas, ensemble.
- Malefoy serait donc ton âme sœur, si je comprends bien ?
Harry hocha la tête, pensif.
- Je l'espère, soupira-t-il. Même si ça ne fait qu'une semaine qu'on se connaît vraiment, j'ai hâte d'en savoir plus sur lui, de creuser la surface, de briser sa carapace. Pour l'instant, je n'ai fait qu'effleurer son âme, je me suis faufilé sous sa carapace et j'ai entrevu un Drago Malefoy sensible et séduisant, mais c'est uniquement grâce à mon vampire et maintenant, je voudrais en savoir plus, savoir comment il vivait lorsqu'il était enfant, ces choses-là quoi...
- Tu voudrais en gros faire partie de sa vie, c'est ça ? demanda Ron.
- C'est ça...
Harry soupira de nouveau et regarda la couverture de son livre.
- Malefoy est quelqu'un de très complexe, diti-l. Il joue un rôle en permanence et ne s'en rend même pas compte. La première fois qu'il a cédé à mon charme, j'ai entrevu un garçon gentil et avide d'amour. J'avais trouvé la fissure dans sa coquille et j'y ai sournoisement glissé la pointe d'une lame qui petit à petit a agrandit cette fissure. J'ai accentué mes petites attentions et je me suis vite rendu compte qu'il aimait ça, jusqu'au jour où il m'a demandé de coucher avec lui.
- C'est lui qui a pris l'initiative ? s'étonna Ron, surpris, en haussant les sourcils. Ça alors ! Lui qui est tellement à cheval sur la morale et les principes...
- Oui, fit Harry avec un petit sourire. Mais je suis content que ce soit lui qui ait fait le premier pas, ainsi, cela lui laisse tout le loisir de revenir ou non vers moi. Il a peur, tu sais, il a très peur de ce qu'il va se passer après... Malgré mon apparence plutôt repoussante, je l'admets, je suis encore humain dans ma tête, et plus le temps passe plus mes souvenirs d'avant me reviennent. Bientôt, je me souviendrais de toute ma vie passée chez les Dursley et si d'aventure je devais rester ainsi jusqu'à ce que l'ennui me tue, je demanderais à Malefoy de m'accompagner.
- Crois-tu qu'il accepterait de devenir comme toi ? demanda alors Ron en pinçant les lèvres. Il t'aime, d'accord, mais n'oublie pas qu'il a une vie lui aussi, un futur peut-être déjà tracé par ses parents, et que peut-être il n'a pas envie de passer les cinq cent prochaines années près de toi à vivre au jour le jour d'amour et de sang frais...
- Je n'ai pas dit que je le transformerai, fit Harry en levant ses mains. Ça, c'est le plan B. Je ne doute pas des capacités du Seigneur Ram, et tant que je ne saurais pas clairement que redevenir humain pour moi est impossible, je n'envisagerais jamais de transformer Malefoy. Je l'aime, Ron... Je suis tombé amoureux de mon pire ennemi et je n'y peux absolument rien...
Harry esquissa un sourire puis il laissa le lit à Ron pour qu'il se repose un peu. Il quitta son meilleur ami à dix heures le lendemain matin, quand McGonagall vint le chercher afin qu'il ne loupe pas le train pour Londres.
.
Harry ne revit personne avant le milieu de l'après-midi mais ses sens extra-sensoriels lui indiquèrent rapidement que le château s'était vidé de ses habitants cas un immense silence régnait.
Venue lui apporter des livres pour passer les jours de vacances, McGonagall observa le jeune sorcier.
- Et voilà... C'est les vacances d'été... dit-il, debout devant la fausse fenêtre qui imitait le paysage extérieur.
- Vous voulez sortir ? demanda McGonagall. Le soleil est caché derrière les nuages, on dirait...
Harry pivota vers elle.
- Malefoy est parti avec les autres ? demanda-t-il avec une petit moue bizarre.
- Oui, il a pris le train ce matin...
- J'aurais pensé qu'il viendrait au moins me dire au revoir...
- Vous le reverrez bien vite, fit la Directrice. Allez, venez, allons nous promener.
Le Gryffondor hocha la tête. Il sourit puis suivit le professeur. Il fit cependant une halte sur le seuil de sa porte. La lumière du jour était nouvelle pour ses yeux ultra-sensibles et il mit quelques secondes à s'y habituer.
- Ça va aller ? demanda McGonagall.
- Oui, oui, c'est juste un peu violent... Cela fait des jours que je n'ai vu de la vraie lumière alors...
Il se frotta les yeux puis hocha la tête et tous deux longèrent le couloir en silence. Harry évita soigneusement les rectangles de lumière projetés par les hautes fenêtres à croisées et, après quelques minutes à monter et descendre des escaliers, ils parvinrent dans le hall d'entrée.
- Hey ! s'exclama soudai une grosse voix.
- Bonjour, Hagrid, répondit Harry en souriant.
Le demi-géant le serra alors solidement dans ses bras puis le relâcha et Harry vit Rogue non loin qui discutait avec un autre sorcier. Il le reconnu et éprouva un étrange sentiment. Soudain Rogue tourna les yeux et releva le menton. Lucius Malefoy pivota ensuite, étonné et quand son regard rencontre celui de Harry, l'homme blond eut un mouvement de recul.
- Merlin tout puissant ! jura-t-il.
Malefoy père regarda alors McGonagall.
- C'est donc vrai ce que mon fils m'a dit ?
- Oui. Cela vous fait-il plaisir de voir l'état dans lequel se trouve celui qui a libéré le monde sorcier ? grinça la vieille sorcière.
- Plaisir ? couina Lucius. En quoi voir un enfant transformé en vampire peut-il me faire plaisir ?
Lucius releva le menton, hautain, et Harry serra les mâchoires et s'avança d'un pas mais Rogue s'interposa.
- Minerva, je viens d'expliquer à Lucius ce que Drago devra faire s'il accepte de passer les vacances d'été ici.
Harry haussa les sourcils et regarda McGonagall, surpris.
- Madame, vous... commença-t-il.
- Vous êtes certaine qu'il n'y a que mon fils qui puisse le sustenter ? le coupa alors Lucius.
Harry lui jeta un regard noir mais l'homme resta de marbre.
- Non seulement il n'y a que lui qui le puisse mais il n'y a que lui qui le veuille... répondit la femme en fronçant les sourcils.
Le mensonge de McGonagall sur le sujet étonna le Gryffondor. Ils étaient neuf à pouvoir le sustenter mais apparemment la vieille sorcière avait décidé de modifier certaines choses, et le regard que Rogue et elle échangèrent confirma à Harry qu'ils étaient de mèche.
- Lucius, ce n'est pas urgent, le gamin peut jeûner sans problèmes pendant plusieurs jours mais ne tarde pas trop quand même, dit alors Rogue. Ton fils sait ce qu'il a à faire, il doit juste se décider et c'est à toi, son père, de le convaincre de faire le bon choix.
L'homme blond hocha lentement la tête. Il regarda Harry puis grimaça et se détourna.
- C'est tout réfléchi... dit-il alors. Narcissa et moi sommes en froid en ce moment, et j'avais envisagé de l'envoyer chez toi pour les vacances, Severus... Je venais justement t'en parler.
- Alors s'il vient ici, ce sera pareil, non ? fit Harry, soudain très intéressé par la perspective.
Lucius lui jeta un regard acéré en biais puis haussa les épaules.
- Ma foi... J'imagine que oui... marmonna-t-il. Je ne vous cache pas que j'ai quelque crainte quand même à laisser mon unique enfant entre vos canines, Potter... Qui sait ce qui peut se passer ? Vous pourriez le tuer et ne même pas vous en rendre compte, et par la même occasion briser la lignée des Malefoy, j'espère que vous vous en rendez compte.
- Si cela peut vous rassurer, je sais parfaitement me contrôler, monsieur Malefoy, répondit Harry en croisant les bras. Il n'y a aucun risque pour que votre fils soit tué ou transformé. Étant ma seule source de nourriture, je ne vais pas l'abîmer, croyez-moi. Il en va de ma vie...
- Je ne mets pas doute votre bonne foi, monsieur Potter, vous avez prouvé votre valeur de nombreuses fois, mais c'est mon fils unique, fit Lucius en fronçant légèrement les sourcils.
Harry fronça les sourcils à son tour puis Lucius se détourna avec un grognement et Rogue le suivit. Quand ils eurent disparut dans les ombres des couloirs menant aux cachots, le Gryffondor se tourna face à McGonagall.
- Vous pensez qu'il va le convaincre de venir ou de ne pas venir ? demanda-t-il.
- Connaissant Lucius, je pense qu'il va tout faire pour qu'il ne revienne pas au château pendant l'été, mais ce serait mal avisé étant donné ce qu'il a dit. Je doute que ce soit bénéfique pour Drago de rester deux mois entre des parents qui ne s'entendent pas, pour X raison.
- C'est sûr, répondit Harry. Entre deux maux, il faut choisir le moindre, n'est-ce pas ?
McGonagall pinça la bouche.
- Je ne suis pas certaine que pour Lucius Malefoy, le moindre des deux maux soit de laisser son fils se faire saigner par un jeune vampire encore inexpérimenté...
Elle regarda alors d'elle puis ajouta :
- Sans mentionner votre relation à tous les deux...
Harry détourna aussitôt la tête et croisa les bras. McGonagall lui proposa alors d'aller prendre l'air sur la coursive, à l'abri du soleil, mais le Gryffondor décida de rentrer dans sa chambre. La sorcière n'insista pas et le laissa retourner seul chez lui.
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