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Allongé sur son lit, un bras dans le vide, Harry remua à peine le menton quand les sortilèges se dissipèrent et que la porte de sa chambre pivota. Il soupira profondément en voyant entrer Flitwick, talonné par Malefoy qui semblait un géant près du petit professeur de Sortilèges.

- 'lut... fit le brun en remontant son bras contre son corps.

- Cela ne va pas, monsieur Potter ? demanda Flitwick de sa petite voix flûtée.

- Un petit coup de déprime, ce n'est rien, ça va passer... Quoi de neuf dehors ?

- Eh bien, l'air sent les vacances... fit le professeur, un peu perturbé par l'aura sombre du Gryffondor. Ah, monsieur Potter... soupira-t-il alors. Il serait grand temps que Miss Linda trouve le moyen de vous rendre votre vie, j'ai de la peine à vous voir dans cet état...

Le brun hocha la tête avec un petit sourire puis Flitwick leur souhaita une bonne soirée en faisant les recommandations d'usage qu'Harry écouta d'une demi-oreille...

Quand la porte fut verrouillée, Malefoy le regarda un peu de travers et Harry se tourna sur le dos en soupirant. Le Serpentard s''approcha ensuite et s'assit dans le fauteuil près du lit. Il observa d'un œil distrait les devoirs sur le guéridon et secoua la tête.

- Tu n'as pas fait tes devoirs, constata-t-il. Ça ne va vraiment pas ?

-  J'ai un gros coup de cafard... soupira Harry. Et puis d'abord, qu'est-ce que tu fais là ? C'était à Turek de venir, si je me souviens bien.

Malefoy esquissa un sourire.

- J'ai réussi à le convaincre de me laisser sa place... Et j'ai eut raison parce que depuis que je te connais, tu n'as jamais été aussi déprimé... A quoi c'est dû ?

Harry soupira profondément puis s'assit au bord du lit.

- Malefoy, il faut qu'on parle de l'autre nuit.

- Il n'y a rien à dire, répondit le blond en secouant la tête. On a couché ensemble, c'est tout...

Harry se mordit la lèvre.

- Tu te souviens de ce que tu m'as dit quand tu as compris que je me servais de mes pouvoirs pour vous "attendrir" ?

- Oui, je m'en souviens... Et je n'ai pas honte de t'avoir cédé, Potter...

- Je ne dis pas que tu devrais avoir honte, mais qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? demanda le Gryffondor.

Malefoy baissa le nez et serra les lèvres.

- Tu es conscient que mon charme agit malgré moi ? demanda Harry en se penchant en avant.

- Oui. J'en suis conscient, et je sais que c'est à cause de lui que je suis incapable de savoir pourquoi je te détestais autant avant que tu sois un vampire, répondit le Serpentard. J'ai beau chercher, je ne sais pas, je ne comprends pas pourquoi je te haïssais à ce point alors que tu es si gentil, si doux, si...

Harry esquissa un sourire pincé.

- Je regrette, dit-il alors.

Malefoy le regarda, surpris.

- Tu regrettes quoi ?

- De te mettre dans le trouble comme ça, mais je ne peux rien y faire, je n'ai pas d'interrupteur pour couper la magie du vampire qui coule dans mes veines... Depuis que tu as décidé de m'aider, tu as changé, tu n'es plus le Drago Malefoy que j'ai connu à onze ans, tu...

Malefoy pencha la tête sur le côté.

- Je ?

- Tu... C'est mieux comme ça, acheva Harry. Tu es plus humain sous mon charme, et je peux te parler de choses que je ne dirais pas à d'autres... Je regrette de te faire subir ça, mais mes propres amis ont peur de moi, alors que toi non...

Malefoy dodelina de la tête en passant une jambe sur l'autre.

- Si, dit-il. Je suis terrorisé, Potter... Je suis terrorisé parce que malgré ton charme et ta douceur et le fait que tu sois attiré par moi plus que par un autre, je sais que si jamais tu pers le contrôle, tu peux me déchirer la gorge et me tuer...

Harry grimaça. Malefoy reprit :

- Je... Ça va peut-être te paraître bizarre que je parle de ça, mais je sais aussi que ta magie est beaucoup plus puissante que celle d'un sorcier normal et que non seulement tu pourrais me faire du mal physiquement, mais comme nous sommes tous les deux créatures magiques...

Harry plissa les yeux.

- Rogue t'as encore fourré des idées bizarres dans la tête ? dit-il, sceptique.

- Ce ne sont pas des idées bizarres, ce sont des idées réelles, Potter. Linda... Linda tombe enceinte à chaque rapport sexuel avec son compagnon... ou presque.

Harry plissa le nez puis rigola d'un rire amer.

- Tu es un garçon ! dit-il. Comment tu pourrais...

Il agita la main puis soupira et se frotta le visage.

- De toute façon, l'autre nuit, ça n'était qu'une fois, ça ne se reproduira pas.

Il se leva alors du lit et retira son pull. Malefoy l'observa remettre ses mèches noires en place et il décroisa ses jambes et se leva. Harry pivota.

- Si tu veux rentrer à Serpentard, va, je n'ai pas faim ce soir, lâcha-t-il en s'éloignant vers un meuble où on avait déposé des bouteilles d'alcool.

Malefoy fronça les sourcils.

- Non, si tu déprimes, je dois rester avec toi, tu pourrais faire quelque chose de pas cool pour toi et compromettre tes chances de redevenir comme avant.

Harry marmonna et se servit un verre d'alcool avant de refaire face au blond.

- La nuit risque d'être longue, tu sais ? dit-il. Si je ne mange pas, je ne peux pas...

- Sommes-nous obligés de faire l'amour pour passer le temps ? le coupa le blond.

Harry eut un bref son nasal puis il secoua la tête avec un petit sourire. Il tendit alors une main et Malefoy s'approcha de lui et Harry passa ses bras sur sa nuque. Il appuya son front contre celui du Serpentard puis soupira.

- Tu sais quoi, je vais tenter un truc... dit alors Malefoy en reculant.

- De quel genre ? demanda Harry, étonné.

- J'ai appris un sortilège dans un livre il y a quelques temps déjà, il permet de créer une sorte de monde fictif, le même genre que dans la Salle sur Demande...

- C'est vrai ?

- Oui, il suffit de prononcer la formule tout en pensant à ce qu'on veut voir apparaître et ça apparaît, expliqua Malefoy en allant chercher sa baguette magique. Le sortilège reste actif aussi longtemps que son lanceur à de la ressource magique. Et étant donné que je suis très puissant...

- Pas autant que moi, fit le brun avec un sourire espiègle.

- J'ai le droit de me lancer des fleurs, non ? bougonna son compagnon.

Harry pouffa puis hocha la tête.

- Qu'est-ce que ça coûte d'essayer ? demanda-t-il. Ça me changera sans doute les idées.

Malefoy sourit. Il se plaça alors au centre de la chambre et leva sa baguette magique mais Harry secoua soudain la tête.

- Ne gaspille pas ta magie pour moi, viens plutôt là, dit-il.

- Mais ? Potter, tu...

Harry secoua la tête. Le blond hésita un peu puis rangea sa baguette. Harry vida son verre puis alla lui prendre les mains et l'entraîna vers le lit. Ils s'y étendirent et se firent face en silence. Malefoy repoussa alors une mèche noire sur le front de son camant.

- Je t'ai déjà vu plus joyeux, souffla-t-il en passant en effleurant la cicatrice en forme d'éclair. La solitude te pèse déjà ?

Harry opina lentement.

- Ça et aussi le fait de ne rien pouvoir manger de solide, tout a un goût de cendre...

- Même moi ?

- Non, heureusement, sinon je péterais un câble, fit Harry avec un sourire. Si mon amant a le même goût que tout, où va le monde, Merlin ! Non, toi tu es sucré... Ta peau est douce et sucrée, ton sang...

Harry se tut et roula sur le dos. Malefoy soupira et pinça les lèvres. Il se redressa sur un coude et cala sa tête dans sa main.

-  Tu vas peut-être me trouver moins bon quand tu seras de nouveau vivant... non ? demanda-t-il. Je veux dire, moi aussi, je pourrais... changer, puisque ton charme n'agira plus mais...

- Sans doute que nos sentiments l'un pour l'autre vont changer, les choses vont redevenir normales, répondit Harry. Mais tu sais, les souvenirs ne mentent pas, chéri... Malgré notre inimitié, nous avons couché ensemble, nous avons discuté pendant des heures, nous... Tout ça ne s'oublie pas. On mettra un peu de temps à se faire à l'idée qu'on a partagé des choses très fortes, et puis on s'y fera, on trouvera un moyen de continuer, et si vraiment ça ne fonctionne pas, on pourra se quitter sans se dire qu'on est passé à côté de quelque chose.

Malefoy sourit légèrement, touché. Il se pencha alors pour embrasser le brun et songea qu'il avait une chance incroyable. Il avait pour amant le Survivant, le sorcier-maître d'Angleterre, celui qui avait vaincu Voldemort, celui que tout le monde adore, celui après qui toutes les filles soupirent... Mais il est à lui, et rien qu'à lui et pour rien au monde, en cet instant, il n'avait envie de le partager avec qui que ce soit... 

Malefoy pensa alors à "après". Harry avait raison, quand le charme du vampire n'agira plus, est-ce qu'il va se réveiller, comme s'il avait été intentionnellement envoûté ? Il n'avait aucune idée de ce qui allait se passer car présentement, le charme d'Harry agissait sur lui et il éprouvait juste une grande alégresse d'être là, près de celui qui était devenu son amant pas plus tard que la nuit dernière... Il savait que les jours, les semaines après le retour à la vue du Gryffondor, peu importe que cela soit dans un mois ou un an, allaient être durs pour lui car comme Harry l'avait dire, si le charme s'estompe, les souvenirs restent...

Avec un soupir, Malefoy prit le bras de Harry et se glissa dessous. Il se serra contre son torse et le brun lui caressa le dos avec un sourire.

~

La veille des vacances d'été, ce fut Ron qui vint servir pour la première et peut-être dernière fois, de dîner à Harry. Le rouquin ne fut pas surpris de trouver Malefoy dans la chambre...

- C'est la belle vie je vois, fit-il en refermant la porte dans son dos.

Les sortilèges crépitèrent et Harry, allongé sur le lit en travers des jambes du Serpentard, lui sourit de toutes ses dents.

- Je profite de mon dernier jour...

- Ton dernier jour ? fit le rouquin en approchant.

- Avec moi, répondit Malefoy. Ça ne te surprend pas, la belette ?

- Quoi ? Harry et toi ? Pas du tout. Ça se voit comme les nez au milieu de la figure...

- Allons bon... fit Harry en se redressant les coudes.

Malefoy grogna quand le coude droit de son amant s'enfonça dans sa hanche. Harry s'assit ensuite en tailleur et tira sur les épaules de son t-shirt pour le remettre d'aplomb. Ron prit place dans le fauteuil près du lit et haussa les épaules.

- Un vampire bourré de charme, jeune et au sommet de sa forme ne pouvait qu'envoûter celui qui est en tête de toutes les listes des filles de ce collège... T'es en second, Harry, au fait...

- Sérieux, fit Harry. Tu n'es pas choqué ?

- Non, à peine surpris. Je ne pensais pas que tu te jetterais sur lui tout de suite.

- Je dois comprendre quoi par-là ? demanda Malefoy avec un sourcil haussé.

- J'imagine qu'il veut dire que j'aurais attendu de redevenir humain avant de te mettre dans mon lit, fit Harry.

- Yep, répondit Ron.

- Pourquoi ? fit alors Harry. Si tu savais à quel point c'est bien d'être un vampire, tous nos sens sont exacerbés... Bon il y a beaucoup trop d'inconvénients à mon goût par contre, les aliments au goût de cendres, l'envie constante de sang, la solitude aussi...

- Parce que toi tu es jeune, répondit Malefoy. Mais un vampire de plus de deux siècles comme Linda ne fait plus grand cas de tout ça...

Harry opina lentement. Malefoy avait passé la nuit avec lui, puis toute la journée pendant laquelle ils avaient fait leurs devoir, joué aux cartes, échangé câlins et baisers, déjeuner en tête à tête, fait la sieste...

Harry avait réalisé qu'il aimait cette vie, qu'il appréciait de pouvoir rester comme ça, sans rien faire de la journée, dans les bras de son amant...

- Bon, fit soudain le blond en se levant du lit. Je vais vous laisser tranquilles. Je vais aller faire un tour à Serpentard.

- Tu reviens pour la nuit ? demanda Harry en se levant à son tour.

- Je ne sais pas, tu verras bien, répondit l'autre en haussant les épaules. Aller, bon appétit. Courage, Weasley, c'est désagréable la première fois puis après, on s'habitue.

Ron marmonna puis Harry sourit au Serpentard qui quitta la chambre. Le Gryffondor se tourna ensuite vers son meilleur ami pour lui expliquer les choses à faire et celles à ne pas faire. Docile, Ron écouta sagement puis il se mit debout dos au fauteuil qui semblait se tenir prêt à l'accueillir au moindre malaise. Harry le mordit ensuite et se remplit le ventre de sang chaud et extrêmement goûteux en s'interdisant de penser que la veine sous ses canines appartenait à celui qu'il considérait comme son frère...

Tandis qu'il se laissait aller, pas trop afin de ne pas s'effondrer, Ron songeait qu'en fait, servir de nourriture à un vampire n'était pas si terrible que cela. Il sentait parfaitement les canines d'Harry logées dans sa nuque, et il percevait son sang qui s'échappait de la plaie. Il sentait la langue d'Harry contre la blessure, faisant office de valve pour moduler l'écoulement du sang et il réalisa que s'il n'avait pas encore repoussé son meilleur ami, prit de panique, c'était parce que ce dernier usait d'un pouvoir spécifique à sa race qui envoûtait sa proie afin d'inhiber ses peurs le temps d'un repas. Il se sentait du reste comme, soit ivre, soit shooté, au choix. Hum, peut-être même les deux en fin de compte...

Malefoy en avait parlé, il avait expliqué en détail ce qu'il avait ressenti la première fois qu'il avait été envoûté par Harry, et il avait avoué sans honte que sans ça, il se serait déjà enfui à toutes jambes...

Quand Harry fut repus, il relâcha Ron et regarda la plaie se refermer seule. Le rouquin tituba alors et s'assit lourdement dans le fauteuil. Harry lui tendit du chocolat et s'assit ensuite au bord du lit pour le surveiller et appeler un professeur si jamais son meilleur ami tournait de l'œil...

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