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Toc, toc
- Monsieur Potter ?
- Oui ?
Le brun tourna la tête vers le visiteur.
- Monsieur le Ministre, je suppose ? fit-il avec un petit sourire pincé. Entrez, je vous attendais...
Le nouveau Ministre de la Magie, élu après la mort de Rufus Scrimgeour, hésita. Il faisait tourner un gibus noir entre ses mains et Harry sourit légèrement.
- N'ayez crainte... Je suis inoffensif.
- C'est vrai ? Enfin je veux dire...
Harry tourna alors la tête vers la fenêtre pour montrer sa nuque. Un objet oblong noir et brillant de la taille d'un œuf de caille était fixé sous son crâne au milieu des cheveux rasés à cet endroit.
- Cet objet magique neutralise les accès de... enfin de faim, que je pourrais avoir à la vue de quelqu'un de vivant, expliqua le Gryffondor. Vous pouvez donc approcher sans crainte, monsieur le Ministre...
L'autre sembla se détendre un peu. Il fit deux pas, prit une chaise et vint vers le lit.
- Comment vous sentez-vous ? fit-il en se posant au bout de la chaise, mal à l'aise, prêt à déguerpir au moindre mouvement anormal du jeune sorcier.
Le Gryffondor regarda ses mains diaphanes posée sur les couvertures.
- Malgré mon apparence macabre, plutôt bien... soupira-t-il. Il y a moins de douze heures, je ne savais pas ce que je faisais dans une chambre d'hôpital... À présent, tous mes souvenirs me reviennent par flash... et c'est perturbant.
Le Ministre hocha lentement la tête.
- J'imagine que vous savez pourquoi je suis ici ?
Harry ferma les yeux une seconde.
- Je m'en doute pour le moins... C'est au sujet de Voldemort, n'est-ce pas ? fit-il.
- Oui... Il y a un mois maintenant, vous en finissiez avec son règne de terreur, répondit le Ministre. Aujourd'hui, le monde sorcier tente de se relever lentement et tend à apprendre à ne plus craindre de sortir le soir. Pour avoir libéré le monde sorcier, Monsieur Potter, j'ai l'honneur de vous décerner l'Ordre de Merlin Première Classe et le titre symbolique de Sauveur du Monde Sorcier. Vous percevrez également une rente à... eh bien, aussi longtemps que vous respirerez, à hauteur de cinq mille Gallions par mois, et vous pourrez choisir une maison du gouvernement n'importe où dans le pays, elle sera gratuite. Bien entendu, cela aurait dû se faire en grandes pompes devant des milliers de sorciers, mais malheureusement, au vu de votre état...
Le Ministre soupira.
- J'espère que vous comprenez...
Harry hocha la tête avec un sourire pincé. Il ne s'était déjà absolument pas attendu à recevoir autant de présents et de distinctions alors quant à passer devant toute la communauté sorcière...
- Bien entendu... fit-il. Qui sera ma doublure à la cérémonie ?
- Le professeur McGonagall recevra ces récompenses en votre nom. Nous ferons en sorte que vous puissiez suivre la cérémonie depuis votre lit...
- Qu'allez-vous dire aux sorciers sur mon absence ?
- Que vous êtes encore souffrant de vos blessures reçues pendant le combat, et que vous avez préféré rester au chaud et vous reposer. Cela ne choquera personne, je pense, vu dans l'état où l'on vous a ramassé sur le champ de bataille... Personne ne pouvait dire si vous alliez vivre ou non, vous savez ? Les Medicomages m'ont confié que c'était bien la première fois qu'ils récupéraient un blessé avec aucun os intact... L'un d'eux m'a même demandé si vous n'aviez pas été passé sous un Dragon...
Harry eut un sourire un peu triste puis hocha lentement la tête.
- Bien, fit-il. Bien, bien... Merci pour tout, Monsieur, pour votre discrétion, surtout.
Il soupira alors profondément et le Ministre frémit. On frappa alors à la porte et une Infirmière apparut.
- Oh, veuillez m'excuser, je reviendrais... dit-elle en voyant le Ministre.
- Non, nous avions terminé, fit celui-ci en se levant. À bientôt, monsieur Potter, et surtout, n'allez pas trop vite, prenez votre temps... Malheureusement, votre état est irréversible mais avec le temps vous apprendrez à vivre avec. Enfin je l'espère pour vous...
Harry hocha la tête. Il serra la main de l'homme qui eut un frisson au contact de la peau glacée avant de tourner les talons et de quitter la chambre.
- Qu'y a-t-il ? fit alors Harry à l'Infirmière.
- Vous avez une autre visite, Monsieur...
- Qui est-ce ?
- Des jeunes gens de Poudlard...
- Qui ?
- Monsieur Weasley, Miss Granger, et Monsieur Malefoy...
Harry fronça les sourcils puis hocha la tête. L'Infirmière s'effaça alors pour faire entrer les trois sorciers et ferma la porte derrière eux.
- Salut, fit le brun en les regardant. Vous pouvez approcher, je ne vais pas vous mordre... sans mauvais jeu de mots.
Hermione retint difficilement un sourire. Elle s'approcha alors et s'assit sur la chaise que le Ministre venait de quitter. Elle leva une main, hésita, puis la posa sur celle du Gryffondor qui posa son autre main dessus.
- Ta peau est si froide... fit la brunette avec un frisson.
Elle baissa la tête et renifla. Harry lui passa alors une main sur la nuque, sous ses cheveux, lui caressant la joue de son pouce.
- Ne t'en fait pas, Hermione... Je vais très bien, fit-il doucement.
- Je... Je sais, fit la Gryffondor en reprenant la main froide entre les siennes. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que... que...
- N'y pense plus, tu vas t'en rendre malade, fit Harry. Je suis comme ça maintenant et tu vas devoir t'y habituer parce que je ne redeviendrais jamais comme avant...
Le brun regarda alors Ron qui hocha lentement la tête et fit un pas en avant. Il se retourna alors à demi et Malefoy le regarda.
- Approche, lui fit-il. Tu ne crains rien...
Harry regarda le Serpentard et haussa les sourcils.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? lui demanda-t-il sans méchanceté aucune, juste de la surprise.
- Je... fit le blond. Je...
- Nous avons passé une partie de la nuit à parler aux élèves du collège, fit alors Hermione. Pour eux tu as été gravement atteint par un sortilège inconnu de Voldemort et tu n'es pas visible. Beaucoup pensent que tu as été défiguré et nous n'avons pas étouffé cette rumeur. Il vaut mieux pour eux de croire cela que d'apprendre la vérité. Il ne reste que deux semaines de cours mais McGonagall a décidé de te rapatrier chez nous dès demain. Tu seras installé à l'étage où les professeurs ont leurs quartiers, dans un appartement spécial, sans fenêtres. Tant que tu ne sauras pas maîtriser ta faim, tu n'en sortiras pas et tu seras surveillé jour et nuit...
Un silence s'installa. Harry se mordit la lèvre et baissa la tête.
- Et comment... comment je vais me nourrir ? fit-il avec un mouvement d'épaules, résolu à dire les choses comme elles étaient. Après tout, j'ai été transformé... en vampire et... je...
Hermione baissa la tête à son tour, pinça les lèvres, puis regarda Malefoy.
- Je... Je serais tes repas, Potter... fit celui-ci en se redressant.
Un silence pesant tomba sur la petite chambre.
- Pardon ? fit Harry, abasourdi. Tu as dit... quoi ? Non, non, c'est hors de question... Donnez-moi du sang de cochon ou des rats, mais c'est hors de question que je mordre quelqu'un pour me nourrir !
- Tu n'as pas le choix, vieux, fit alors Ron.
- Comment ça ? Il y a beaucoup de vampires qui ne se nourrissent pas de sang humain...
- Oui, mais pas toi, fit Hermione.
- Explique-toi ou je vais m'énerver, fit alors Harry en serrant les mâchoires.
Hermione déglutit.
- Tu... Tu as été blessé par une créature magiquement modifiée... dit-elle en bafouillant un peu. Pendant le combat, l'une des créatures de Voldemort t'a infligé une blessure et son sang s'est mêlé au tien, volontairement ou non, personne ne le saura jamais. Toujours est-il que cette créature était un vampire et qu'il a vu ses pouvoirs modifiés et augmentés par Voldemort. Le poison qui circule dans tes veines est extrêmement puissant, et sans sang humain, d'un humain vivant, tu mourrais en quelques jours. Pour l'instant, tu peux jeûner au maximum une semaine avant de commencer à vraiment souffrir de la faim. Plus tard, quand tu t'y seras habitué, que tu maîtriseras ton vampire, tu pourras jeûner des mois sans aucun problème.
Harry haussa un sourcil et croisa les bras.
- Au cas où tu ne le saurais pas, je n'ai rien avalé depuis des semaines...
Hermione lui montra la perfusion qu'il avait dans le bras et Harry soupira. C'était une solution magique qui le nourrissait jour et nuit.
- Je voulais dire par là que si tu absorbais n'importe quel autre sang que celui d'un humain vivant, cela te tuerait... Le sang humain vivant, celui de certains sorciers du moins, contient une substance qui semble neutraliser temporairement le poison de ton sang ce qui te permet de te rassasier pour plusieurs jours, voire semaines, mais cela reste à confirmer.
- Ok, fit le brun. Et... Pourquoi lui et pas toi, par exemple ?
Hermione regarda Malefoy qui se tenait toujours en retrait.
- Quand nous avons découvert quelle créature t'avais blessé, son corps gisait parmi les autres sur le champ de bataille, le professeur Rogue s'est empressé de faire toutes sortes de tests, profitant de ton coma pour te prélever du sang et essayer de trouver un « remède ».
Harry fit un mouvement de tête étrange et Hermione reprit :
- Un jour, alors qu'il planchait sur son travail, il s'est entaillé le doigt sur un couteau, distrait, fatigué, et un peu de son sang s'est mêlé au tien. Plus tard, en regardant l'échantillon souillé au microscope, il a remarqué que le poison, non pas les molécules vampirisées mais bel et bien un poison que le vampire de Voldemort t'a transmis, avait été totalement annihilé. Il a refait l'expérience plusieurs fois avec son sang et, convaincu, il a montré sa découverte à McGonagall qui a aussitôt demandé à Pomfresh un échantillon de sang de chaque élève et professeur du collège. Entre-temps Rogue a mis un doigt sur la molécule qui était à l'origine de la destruction temporaire de ton poison et il a demandé à Pomfresh de la chercher dans chacun des échantillons prélevés anonymement, parfois inconsciemment, sur les élèves. Pour la plupart d'entre nous, nous avons été prélevés pendant notre sommeil, par des Elfes de Maison qui pouvaient aller et venir sans aucun bruit entre les chambres...
Les trois garçons restèrent silencieux un moment et Harry enjoignit son amie à continuer son explication.
- Et il se trouve que cette substance est présente chez quatre-vingt-dix pour cent des élèves et professeurs du collège, dit-elle.
- Bien ça, non ?
- Oui et non. Apparemment, il faut une certaine concentration de cette molécule pour que le sang ait un effet sur le tien. Malheureusement, seulement trois pour cent de ces quatre-vingt-dix ont le dosage nécessaire ou supérieur. Je ne t'assommerais pas sous les chiffres, pas maintenant, mais toujours est-il que sur les trois-cent-soixante personnes vivant dans le collège, Rusard et Hagrid y comprit, trois-cent vingt-quatre personnes ont cette substance.
- Et sur ces trois-cent vingt-quatre personnes, trois pour cent ça fait combien ? demanda Harry.
- Neuf, répondit Malefoy.
- Neuf ? fit le Gryffondor. Neuf personnes dans tout le collège sont susceptibles de pouvoir me nourrir ? C'est tout ? Mais... C'est ridicule !
Hermione déglutit en hochant la tête.
- Oui... acquiesça-t-elle. Malheureusement. Mais Rogue travaille sur une potion qui, à terme, te permettra de ne plus te nourrir de sang humain. Il espère y arriver avant la rentrée de septembre, afin que tu puisses reprendre une vie normale, ou presque...
Elle agita sa main en le désignant de haut en bas et Harry soupira profondément.
- Et... Qui sont ces neuf privilégiés ? demanda-t-il finalement.
Hermione regarda Malefoy.
- Il y a moi, fit-il en s'approchant d'un pas. Ainsi que Blaise Zabini, Natasha Willem, Sandra Fox, Laureen Maths, Ludovic Allotis, Sénéchal Turek, Alexandre Marks et...
- Et moi, fit Ron.
Harry regarda Ron de travers.
- Toi ? Mais...
- En fait, en cogitant des jours et des jours sur ce problème, Rogue s'est rendu compte que les élèves qui montraient le plus de substance destructrice provenaient de familles sorcières extrêmement pures et qu'ils avaient tous le même âge, fit Hermione comme Ron posait une main sur son épaule. Ceux qui ont même une infime infiltration de sang Moldu dans les veines ont un taux en-dessous du seuil nécessaire.
- Je vois, fit Harry. Sont-ils déjà tous au courant ?
- Non, pas encore. Mais McGonagall doit le faire ce soir après le dîner, en privé, répondit Ron.
- Je veux qu'ils soient libres de dire non, fit alors le brun.
Hermione haussa les sourcils.
- Quoi ? Mais Harry, il en va de ta vie et...
- Ne discutez pas, coupa Harry en fronçant les sourcils. Je refuse de me nourrir sur quelqu'un qui n'est pas parfaitement au courant de ce qui lui arrive ni parfaitement consentant.
Le brun regarda alors le blond.
- Moi, je le suis... fit-il en hochant la tête brièvement.
- Pourquoi ? demanda alors Harry sur un ton de défi. Tu es au courant que tu n'as rien à gagner dans l'histoire, juste à perdre ? Je ne contrôle pas mon vampire, je pourrais t'égorger sans m'en rendre compte !
- Harry...
Malefoy leva la main.
- Je le sais, fit-il en fronçant les sourcils. Je le sais et je ne fais pas ça pour toi, Potter, mais parce que pour une fois, j'ai l'occasion de faire quelque chose de bien dans ma vie ! Servir de nourriture au Sauveur du Monde Sorcier m'aidera à redorer le blason de ma famille qui a si longtemps servi sous la dictature de Voldemort. En me portant volontaire, en me mettant à ta merci, en te faisant confiance, je montre à la face du monde sorcier qu'un Malefoy sait où sont ses priorités.
Harry pinça les lèvres. Il se redressa alors, leva un bras et posa sa main sur la pierre noire ensorcelée fichée à la base de son crâne.
- Testons la confiance que tu me portes tout de suite alors, fit-il.
Les trois autres devinrent aussitôt livides.
- Harry... fit Hermione. Tu n'es pas prêt...
- Je ne le serais jamais ! s'exclama aussitôt le Gryffondor en la regardant fixement. J'apprécie énormément tout ce que vous faites pour moi, et je ne manquerais pas de vous remercier quand je le pourrais. Mais je veux que vous vous graviez dans le crâne que le Harry Potter que vous avez connu est resté sur le champ de bataille. Ce corps que j'ai, froid et gris, ce cœur mort dans ma poitrine, ça c'est moi maintenant et... et...
Il se tut alors et regarda alors Malefoy.
- Mione, Ron, vous pouvez nous laisser un instant ? demanda-t-il, soudain calmé.
Ron hocha la tête. Hermione aussi. Ils quittèrent la chambre et fermèrent la porte sur eux.
- Approche, fit alors Harry en désignant la chaise. Je vais te parler franchement maintenant, et je le ferais avec chacun des volontaires.
Malefoy hocha la tête et alla s'asseoir sur la chaise, un peu tendu quand même.
.
Dans le couloir, Hermione s'assit en soupirant et Ron croisa les bras.
- Il veut sans doute lui parler de son futur rôle de nourriture, fit-il. Mais pourquoi pas moi ?
- Parce qu'il sait que nous ferions n'importe quoi pour lui, répondit Hermione en pinçant les lèvres. Tu t'es porté volontaire dès que tu as su que ton taux de molécule était supérieur à celui des autres.
- Mon amitié pour Harry passera toujours avant tout le reste, fit Ron. J'ai l'occasion d'aider mon meilleur ami, mon frère, alors je le fais, peu importe les conséquences. S'il me tue par inadvertance, tant pis, je partirais en sachant que j'ai contribué à améliorer un peu sa nouvelle vie... peu importe ce qu'elle sera.
- Il ne te tuera jamais, fit Hermione en se levant. Et de toute façon, il y a aura toujours quelqu'un pour surveiller ses repas afin de l'arrêter s'il perd le contrôle.
- Et comment ?
- De façon... radicale, j'imagine.
Ron baissa les yeux. Hermione soupira puis vint se blottir contre lui. Il la serra entre ses longs bras et soudain la porte de la chambre s'ouvrit et Malefoy apparut, blême.
- Ça va ? demanda Hermione. Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Il...
Malefoy inspira profondément.
- Il m'a expliqué le déroulement de l'opération dans les détails... expliqua-t-il. Et il m'a chargé de la transmettre à McGonagall afin qu'elle l'explique aux élus ce soir. Il tient à ce que tous soient parfaitement au courant de la procédure, et surtout des risques. Il veut qu'ils sachent qu'ils peuvent dire non.
- Bien, fit Hermione. Rentrons alors...
Les deux garçons hochèrent la tête puis prirent la direction du hall de l'hôpital afin d'emprunter une cheminée pour retourner à Poudlard.
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