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Harry passa le reste de la journée du jeudi et toute la journée de vendredi à travailler sur ses cours avec l'aide occasionnelle de Ron et Hermione, via le miroir, quand ils avaient une heure de libre, ou d'un de ses professeurs selon leur emploi du temps.
Le samedi matin, il se leva cependant victime d'une agitation qui le surprit. McGonagall s'en rendit compte quand elle vint le voir en début d'après-midi avec Rogue.
- Vous êtes bien agité aujourd'hui ? lui dit-elle en s'asseyant autour de la petite table récemment installée dans un coin de la pièce.
Elle convoqua un service à thé et Harry vint s'asseoir en face d'elle mais on voyait qu'il ne tenait pas en place.
- C'est notre visite chez Linda qui vous rend nerveux ? fit alors Rogue, près de la bibliothèque, regardant les livres dont on avait rempli les étagères. Ou l'arrivée prochaine de Monsieur Malefoy ?
- Un peu des deux, je dois l'avouer... répondit Harry, les mains coincées entre ses genoux serrés. Mais il y a quelque chose d'autre et je ne sais pas ce que c'est... Mon vampire est agité, je n'ai pas dormi de la nuit...
- Vous avez faim, probablement, fit la sorcière en servant le thé. Vous dormirez bien mieux cette nuit... Surtout si monsieur Malefoy reste avec vous, ajouta-t-elle en faisant comme si de rien n'était.
Harry piqua un fard et Rogue pouffa dans son coin.
- Vous êtes méchants, professeurs, fit le Gryffondor en croisant les bras. Vous croyez que c'est simple pour moi ? D'un côté je déteste toujours autant Malefoy et de l'autre je ne peux pas m'empêcher de penser à lui...
- Ce sont vos deux personnalités, fit McGonagall. Un sucre ?
- Deux, merci... Vous croyez ? Mais alors qu'est-ce que je dois faire ? Les fusionner ? Et oublier qui j'étais avant d'être transformé ?
- Non Merlin ! Sûrement pas, fit Rogue en prenant place près de McGonagall.
Le brun et la vieille Directrice sursautèrent.
- Severus... gronda McGonagall en haussant les sourcils.
- Potter, il ne faut surtout pas oublier qui vous étiez avant d'être transformé. Vous devez rester Harry Potter pour les cinquante prochaines années au minimum. Un vampire devient mauvais dès lors qu'il perd son identité première.
- Et votre amie ?
- Linda ? Elle s'est toujours appelée Linda, fit Rogue. Elle était une fille de ferme mais elle n'a jamais perdu son identité. Elle n'a jamais tué quelqu'un de sang-froid et elle a réussi à conserver son âme malgré le fait qu'elle se soit mise au service de Voldemort pendant des années. Mais c'est de vous qu'il s'agit pour l'instant. Si vous prenez un nom d'emprunt, vous perdrez votre identité très rapidement, alors que si vous restez Harry Potter, que vous continuez à rattacher vos souvenirs de votre vie d'avant aux nouvelles sensations que vous éprouvez présentement, vous ne deviendrez pas une autre personne.
- Malefoy a peur du vampire que je suis, fit alors Harry en baissant les yeux sur son thé.
- C'est normal, nous non plus ne sommes pas à l'aise, après tout, même si nous vous connaissons parfaitement bien, vous avez changé et nous ne savons jamais ce qu'il peut vous passer par la tête... dit McGonagall. Il suffit que vous sentiez une odeur, que vous discerniez quelque chose et vos instincts peuvent se déchaîner. Beaucoup de jeunes vampires avant vous sont morts après avoir massacré leur entourage sur un coup de folie.
- Heureusement pour moi, j'ai la chance d'être entouré de milles précautions, fit Harry avec un sourire. Vous m'aidez à garder les pieds dans le monde des vivants et pour ça je vous remercie. Vous auriez tout aussi bien pu me chasser à coup de sortilèges et je serais assurément devenu mauvais et j'aurais très probablement cherché à me venger.
McGonagall sourit puis elle regarda sa montre.
- Hum, je vais devoir vous laisser, messieurs, j'ai rendez-vous avec des parents d'élèves... Severus, vous irez chercher monsieur Malefoy après le dîner, comme convenu ?
- Oui, madame, fit Rogue avec un hochement de tête.
- Au fait, fit Harry. Vous savez qu'il est venu me voir cette semaine...
- J'en ai eu vent, oui...
- Il est venu s'excuser pour ce qu'il m'a dit samedi dernier... Apparemment cela l'a un peu dérangé...
- Je comprends alors, fit la vieille sorcière avec un petit sourire. Voilà pourquoi vous êtes aussi agité. Vous redoutez sa venue de ce soir.
- Madame... fit Harry en se renfrognant, les joues roses.
La Directrice jeta un regard à Rogue puis elle s'en alla et le sombre professeur de Potions dit :
- Vous savez, vous ne devez pas avoir honte des sentiments charnels qui vous animent... Devenir vampire s'est perdre beaucoup d'inhibitions, notamment dans le domaine intime. Les vampires aiment s'amuser, et s'ils ne sont pas déjà liés, passent leur temps à changer de partenaire et les couples comme Linda et Rodolf, eux, passent leur temps à faire des enfants.
- Les vampires sont donc capables de concevoir entre eux... Vous en avez fait mention dans notre précédente conversation mais je n'y avais pas prêté attention plus que cela...
Rogue eut un léger rictus.
- Oui, mais en général ils préfèrent engendrer des adultes plutôt que de mettre au monde des enfants et devoir les élever. Linda et Rodolf sont les seuls vampires de l'histoire qui aiment pouponner... aussi souvent que le corps de Linda l'accepte. Et étant donné qu'elle ne semble porter ses bébés que quelques semaines...
Harry hocha la tête. Ils burent un peu de thé en silence puis changèrent de conversation. Rogue enchaîna notamment sur leur visite chez Linda, à Londres, le lendemain, et le Gryffondor lui promit de discuter de cette visite avec Malefoy le soir même, de préférence avant qu'il ne serve de repas, au cas où.
.
Harry tournait en rond. Assis sur son lit, dans un fauteuil, debout sur le tapis, dans la salle de bains... Il ne cessait de bouger. Il rangeait ici un t-shirt qui traînait, tirait ici un pli de la couverture sur le lit ou un pli du rideau qui ne tombait pas droit : en bref il était nerveux, et il ne manqua pas bondir quand on frappa à la porte de sa chambre. Les sortilèges de protection furent retirés et il autorisa le visiteur à entrer.
- Hagrid ! fit le brun avec un grand sourire.
- Bonsoir fiston, fit le demi-géant en poussant sans ménagement Malefoy dans la pièce.
Harry s'approcha alors à grands pas et Hagrid lui donna une solide accolade qui ne manqua pas lui faire craquer les côtes.
- Vous auriez dû venir me voir bien plus tôt, fit alors le Gryffondor sur un léger ton de reproche. Vous savez, entre les repas, je ne vois pas grand monde...
- Encore une semaine et tu pourras aller et venir dans le château à ta guise, fit Hagrid en souriant.
Le visage grisâtre du Gryffondor sembla s'éclairer brusquement.
- C'est vrai ?
Hagrid sourit largement.
- Oui, McGonagall a dit que c'était bon.
- C'est vous qui lui avez demandé ?
- Oui, et tu sais que comme j'habite ici, j'aurai un œil sur toi en permanence.
- Oh, trop génial !
Le brun frappa dans ses mains. Visiblement, il était très, très content d'avoir enfin la perspective de revoir la lumière du jour. Hagrid sourit. Il semblait content de savoir son protégé ravi.
- Bon, fit-il soudain. Soyez sages tous les deux d'accord ? Je dois aller surveiller un entraînement de Quidditch...
- Qui contre qui ? demanda Harry. La finale est passée pourtant, non ?
- Oui mais c'est pour se détendre. C'est Serdaigle contre Gryffondor, ajouta-t-il.
- Et dire que je n'ai même pas pu y assister... bougonna alors Harry en croisant les bras.
- Je te laisserai remonter sur un balai cet été, ne t'en fais pas va, lui fit alors le demi-géant en lui abattant une grande main sur l'épaule. Aller, je dois vous laisser. Soyez sages, hein.
- Oui, oui. Bonne soirée Hagrid.
- À toi aussi, Harry.
Le demi-géant quitta alors la pièce et les sortilèges furent remis en place. Harry se souvint alors de Malefoy et se tourna vers lui.
- Ça va ? lui fit-il.
- Oui...
Harry fronça les sourcils.
- Non, ça ne va pas, je le vois bien.
- Non t'as raison, ça ne va pas...
- Raconte ?
- Je ne voulais pas venir...
- Bizarre, ça ne m'étonne pas...
Harry s'approcha de la table et rangea ses livres et cahiers. Après le départ de Rogue, vers dix-sept heures, il avait continué un peu ses devoirs pour tuer le temps.
Fermant les yeux, le brun frissonna.
- Il fait un froid polaire, tu ne trouves pas ?
Le blond ne dit rien. Il pinça les lèvres et croisa les bras. Se tournant vers la cheminée, il soupira et Harry le regarda. Il eut un bref soupir puis il le rejoignit et lui agrippa le bras en lui faisant face.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda le blond en se raidissant aussitôt, dos au Gryffondor.
- J'ai faim, répondit Harry. Alors si tu ne veux pas discuter c'est ton problème mais moi je n'ai rien avalé depuis trois jours...
Malefoy se mordit la lèvre inférieure. Il déglutit puis repoussa les bras d'Harry qui grogna.
- Quoi encore ? Si tu n'es pas là pour moi alors va-t'en.
- Non, je... Si. Excuse-moi mais j'ai du mal à savoir où j'en suis depuis que j'ai été volontaire pour... ça.
- Ben voyons... Ce ne serait pas plutôt à moi de dire ça ?
Harry haussa les sourcils puis il se dirigea vers son lit et s'y assit. Malefoy le regarda puis, sans un mot, il le rejoignit.
- Qu'est-ce que tu as ? demanda alors Harry doucement. J'ai accepté tes excuses, pourtant...
- Je sais mais je me sens mal à l'aise...
- Parce que je suis un vampire ? Tu sais, je suis toujours le même qu'avant, j'ai toujours ma cicatrice, mes yeux verts et mes cheveux impossibles à coiffer...
Il tenta d'aplatir ses mèches rebelles d'un geste de ses mains et Malefoy eut un maigre sourire. Harry sourit à son tour puis il demanda :
- Qu'est-ce qu'il y a alors ?
- Ce n'est pas le fait que tu sois un vampire qui me fait ça, non, ça je me suis fait une raison mais depuis la première fois que je suis venu te voir, quand je pense à toi je me sens bizarre...
- C'est-à-dire ?
- Je ne sais pas...
- Ça va nous avancer ça, fit Harry en pinçant les lèvres. Tu te sens bizarre comment, en colère ou tout fondant ?
- Tout fondant ? fit Malefoy en faisant une grimace comique.
Il ronfla et le brun haussa les épaules avec un sourire contrit.
- Je n'ai pas trouvé d'autre mot... s'excusa-t-il en se grattant la nuque.
Malefoy secoua la tête. Harry le regarda, passa sa langue sur ses lèvres et sentit ses canines le démanger.
- Dis, fit-il alors. Et si tu me laissais manger d'abord ? On aura toute la nuit pour discuter...
Le blond hocha la tête.
- D'accord, fit-il en se levant.
Harry lui fit face et le regarda dans les yeux. Le blond se détendit aussitôt et Harry l'entoura de ses bras en plantant ses canines dans sa gorge.
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