trente-six

« 20 novembre 2015, 19h20.


Une semaine.

Sept jours qui sont passés à une lenteur cuisante. Pourtant, l'humiliation et l'amertume est la même, voire toujours plus lancinante que le jour où il m'a prononcé ces sept mots :

"Il vaut mieux qu'on arrête. Désolé."

Etait-il vraiment désolé ? A-t-il été sincère ? J'imagine que je ne le saurais jamais, et peut-être que je ne préfère pas savoir de toute façon.

Et j'ai de plus en plus de mal à jouer l'indifférence. Faire comme si mon coeur ne se glaçait pas lorsque j'aperçois son visage dans les couloirs, sur les photos que Alex poste sur les réseaux sociaux avec lui, faire comme si j'arrivais à passer au-dessus de son existence et prétendre qu'il n'existe plus, faire comme si j'allais bien pour ne pas paraître plus minable aux yeux de ceux qui m'ignorent au lycée ou même pour me convaincre moi-même que je ne suis pas si pitoyable. Je suis pitoyable, et je le suis encore plus lorsque je ravale docilement mes larmes pour simuler une attention que je ne peux plus soutenir en cours de littérature, ou encore lorsque je maquille mes yeux enflés tous les matins pour ne pas paraître trop affligée, au cas où il jetterait un coup d'oeil en ma direction.

Je ne réponds même plus aux railleries et aux insultes que Erik me crache à la gueule en rentrant, par peur de fondre en larmes sous ses yeux méprisants, et par peur que Liz me voit. Alors je m'enferme dans ma chambre, et me mets à pleurer le plus silencieusement possible.

Ces sanglots asphyxiés, ceux qu'on étouffe d'une main tremblante sur la bouche en se remémorant Caleb, je m'y suis habituée. La vérité, c'est que j'essaye de m'accrocher comme je peux au souvenir de ses baisers, de sa façon de me sourire et de cette manie qu'il avait de me parler à demi-voix, mais tous ces souvenirs s'estompent un peu plus chaque jour, et rien qu'envisager d'oublier ces sensations me fend le coeur. Bientôt, cet âge d'or ne sera plus qu'un rêve sans image et sans bruit, qu'un simple événement passé et oublié.

Le voilà qui n'existe déjà plus. Il ne persiste même pas dans ma mémoire, il me file entre les doigts. La seule chose qui reste fraîche, tangible, ce sont ces sept mots cruels et douloureux. »

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