quarante-huit
« 21 janvier 2016, 17h00.
Mrs. Connors est encore venue me parler aujourd'hui, malgré les efforts que j'ai fait pour l'éviter. Je sais bien qu'elle ne veut que mon bien, que je ne devrais pas me sentir aussi mal à l'aise à l'idée de me confier à elle, mais c'est plus fort que moi. C'est comme si elle en savait davantage sur moi que moi-même, comme si elle savait déjà ce que je voulais. Le truc, c'est que je ne crois pas que j'étais prête à affronter mes désirs. Ou bien étais-je juste trop lâche pour me l'avouer toute seule ?
"Samantha, il va falloir que tu te poses les bonnes questions à partir de maintenant. À commencer par celle-ci : qu'est-ce que tu veux ?"
"C'est une question très ouverte Madame, mais je vous l'avoue, je veux que le cuisinier arrête de servir de la purée tous les lundis midis au self. Ou au moins qu'il fasse en sorte qu'elle soit moins liquide."
"Ne fais pas l'idiote. Et ne me prends pas non plus pour une idiote. Ecoute, je ne suis pas aveugle, je vois bien que tu traverses une période difficile, bien que de toute évidence, tu n'aies pas envie de m'en parler, et je respecte ça. Mais sache que tu n'es pas seule, et que si tu as besoin de quelqu'un pour te guider ou t'épauler, je suis là. "
"Honnêtement, je pense pouvoir me passer de votre pitié de prof'."
"Pourquoi est-ce qu'il faut que tu réagisses comme ça ? Pourquoi tu refuses la main que je te tends ?"
J'en savais rien, et c'était sacrément con de ma part. Mais les adolescents sont tous des gros cons qui agissent et parlent sans trop réfléchir de temps en temps, et je ne fais pas exception à la règle.
"Je vais te reposer la question : qu'est-ce que tu veux ?"
"Je veux me tirer d'ici pour vivre une meilleure vie que je ne pourrai jamais avoir ici." j'ai répondu du tac au tac.
Je n'en revenais pas, et même si je ne réalisais pas avoir voulu prononcer ces mots, je me rendais compte qu'ils étaient d'une profonde sincérité.
"Et est-ce que tu comptes le faire ?"
"Certainement pas."
"Pourquoi ?"
"Parce que je n'ose pas. J'ai peur de l'échec, j'ai peur de ne pas être faite pour ce choix."
"C'est tout ?"
"Oui."
"Alors rends-toi bien compte d'une chose : tu es ton propre obstacle. Rien ne peut vraiment t'arrêter, alors apprends à ne plus avoir de peur de vivre, Samantha."
Ses mots m'ont traversée de part en part, et depuis, je n'arrive plus à les sortir de ma tête.
Elle ne devrait pas m'encourager à suivre mes instincts, parce que je risque bien de les suivre. »
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