« 24 août 2015, 18h16.

Jasmine me reproche souvent d'être pessimiste, mais elle a tort : je suis pragmatique. Je constate les choses, et lorsqu'il s'avère que ces choses ne sont pas particulièrement géniales, je l'affirme. J'aimerais pouvoir faire comme elle : enjoliver les choses et rester enthousiaste peut importe les circonstances, mais ça n'est pas moi, ça n'est pas du Samantha, et ça ne sera jamais du Samantha.

Par exemple, quand je constate que Jasmine et moi n'avons qu'un seul minable cours de sport en commun de toute la semaine, je l'affirme : c'est nul. Autre exemple : quand je constate que mon casier a été vandalisé - par erreur et visant une certaine Regina mais vandalisé tout de même, c'est tout aussi nul. Mais je devrais m'arrêter ici pour les exemples, la Rentrée est déjà bien assez pénible.

Me replonger dans tout ce quotidien n'a fait que m'angoisser davantage.

Retrouver les mêmes locaux, les mêmes personnes, les mêmes odeurs et la même ambiance chaque année me semblait être un cycle ininterrompu et infini, et surtout insupportable. Mais sachant que chaque jour là-bas va me paraître être une dernière fois avant de me perdre dans un univers d'autant plus complexe et oppressant, je ne sais plus dans quel Enfer je préfère vivre : l'Enfer du lycée, ou l'Enfer des Grands ?

Quoi que je choisisse (bien que le choix ne me soit pas vraiment proposé), je suis dans une belle merde. Autant le dire tel qu'il est.

Mais j'exagère, certainement. Je me focalise souvent sur l'aspect négatif de la situation en laissant le reste de côté, alors peut-être que Jasmine n'a pas si tort finalement. Parfois, j'ai l'impression de le faire exprès : remuer le couteau dans la plaie, mais j'en ai maintenant tellement l'habitude que c'est presque devenu un réflexe chez moi. Seth m'a dit qu'on était tous instinctivement un peu masochistes, par question de survie.

Est-ce que je dois en conclure que j'ai un instinct de survie largement supérieur à la moyenne ? »