Chapitre 2 ( Partie I)


S Y D N E Y 

Nathan profite du départ de la serveuse pour se pencher vers moi, les coudes posés sur la table.

— Raconte-moi quelque chose que personne ne sait sur toi.

Je panique à l'idée de lui dire pourquoi il va fuir dès qu'il me verra nue, même s'il doit déjà savoir ce qui me rend singulière. Entre le savoir et le toucher, il y a une sacrée différence. Ma détresse doit se voir dans mon regard, car il pose sa main sur la mienne.

— Attends, reprend-il.

Il sort un stylo de sa veste ainsi qu'un bout de papier.

— Je suis à toi dans une minute, dit-il la tête basse.

Ma panique reflue et je le regarde écrire sur ce papier en se mordant la lèvre. Quand il a fini, il le glisse vers moi. Son écriture nerveuse me tire un sourire. J'éclate de rire à la fin de ma lecture, tant pis pour l'ambiance guindée du restaurant.

3 choses que personne ne sait sur moi :

· Un jour, je me suis cassé la gueule de mon vélo en essayant de faire un poirier,

· Je suis amoureux de Mila Kunis

· Ce dîner va finir en resto-baskets ! Tu as vu les prix ?

Le sourire de Nathan me désarme.

— Je valide totalement ton amour pour Mila Kunis. Le resto-baskets, ça sera sans moi. Tu peux toujours simuler un malaise avant l'addition.

Je secoue la tête, une moue faussement affligée sur les lèvres.

— Le poirier sur un vélo, vraiment ?

— Il faut bien que jeunesse se fasse, répond-il en haussant les épaules.

— Tu avais quel âge ?

— 20 ans, répond-il en grimaçant.

Encore une fois, mon rire retentit dans la salle. Je fais fi des regards sur moi et souris à Nathan.

— Et, maintenant ?

— 29 ans et j'ai définitivement arrêté le poirier. Et toi ?

— 25 ans et je ne me risquerais jamais à faire le poirier sur un vélo.

— Très sage décision. C'est à ton tour, ajoute-t-il en me désignant le bout de papier.

Je le retourne et ne réfléchis pas avant de noter mes trois secrets. Lorsque Nathan les lit, ses deux fossettes sont de sorties, sa bouche esquisse un sourire chaleureux.

3 secrets que tu n'as pas intérêt à révéler :

· Quand il n'y a plus de chocolat, je fais croire à ma coloc que c'est elle qui a fini la dernière tablette,

· Je suis amoureuse de Tom Hardy

· J'ai pris un abonnement Netflix seulement pour regarder des films à l'eau de rose.

— Donc, j'ai en face de moi une romantique gourmande. Qui est Tom Hardy ?

— Mon dieu, je vais devoir refaire toute ton éducation, répliqué-je outrée.

— Avec plaisir.

Pendant le reste du repas, on parle très peu. On échange des regards, des bouchées de nos assiettes, mais aucune question personnelle n'est posée. Je n'en sais pas plus sur Nathan qu'au moment où je l'ai rencontré dans ce bar. Ce que je regrette en sortant du restaurant. N'aurais-je pas dû m'intéresser à ce qu'il fait dans la vie ? À ce qu'il aime ? Il s'arrête à quelques mètres de l'établissement et se tourne vers moi. Quand je croise son regard vert, embrasé, toutes ces interrogations s'envolent de mon esprit.

— À ton tour de me dire ce que tu te refuses.

Sa voix rauque enflamme une partie de moi que je pensais endormie. Ce que je me refuse ? Vivre sans regret, mais je ne peux pas lui dire ça sans le faire fuir. Il me prendrait à coup sûr pour une personne ayant besoin d'un psy.

— Sydney, de quoi as-tu peur ?

Seulement quelques centimètres nous séparent. Je plonge mon regard dans le sien qui contient un peu de douceur parmi le désir.

— Je veux... Ne pas regretter cette nuit.

Une ombre traverse ses iris, trop rapidement pour ne pas croire avoir rêvé.

— Je veux t'embrasser, reprends-je.

— Fais-le.

Je pose mes mains sur son torse, son cœur bat aussi vite que le mien, son bras entoure ma taille tandis que ma bouche se plaque contre la sienne. D'abord timide, je me laisse emporter par l'assurance qu'il dégage et l'embrasse fougueusement. Une de ses mains se perd dans mes cheveux et tire dessus pour lui donner accès à ma gorge. Là, en pleine rue, je n'ai aucune gêne, aucune honte, alors qu'habituellement je me serais contenté d'un chaste baiser. J'ai compris qu'avec Nathan il me faudrait abandonner ma timidité et mes peurs si je veux profiter de cette soirée. Le souffle court, on se détache l'un de l'autre.

— À mon tour, murmure-t-il contre mon oreille. Je veux enlever chacun de tes vêtements et embrasser ta peau, la goûter, la marquer.

Ses mains sur mes hanches se resserrent. Ma respiration s'accélère, mon cœur s'agite.

— Et, je veux le faire maintenant.

Qui suis-je pour l'en empêcher ? Je désire la même chose. L'esprit occupé par des images qui me font rougir, je le laisse m'entraîner vers un hôtel près du restaurant. Il ne s'arrête pas au comptoir pour demander une chambre, j'en déduis qu'il en a déjà une. Je n'ai pas le temps de me poser de questions qu'il me plaque contre le mur après avoir claqué la porte de la chambre. D' un coup, son regard se fait indécis. Est-ce qu'il va changer d'avis ? J'avais presque oublié qu'il le ferait dès qu'il apercevrait qui je suis. Je pose mes mains sur son torse dans l'objectif de le repousser, mais il capture mes poignets et fait glisser mes doigts sur son corps jusqu'à ce que je sente à quel point il est excité.

— Je serai incapable d'être doux tant j'ai besoin d'être en toi, souffle-t-il.

Je ne veux pas qu'il le soit, mais il se peut qu'on n'arrive jamais à ce moment. Je déglutis péniblement et prends mon courage à deux mains. Si je dois être déçue, je préfère que ça soit maintenant plutôt qu'à l'instant où il me verra nue. J'aurais déjà dû tout lui dire avant qu'on aille plus loin.

— Nathan...

— Appelle-moi Nate. J'ai besoin que tu le fasses.

J'opine d'un signe de tête. Ses doigts jouent avec l'ourlet de mon tee-shirt, ses doigts frôlent la peau de mon ventre. Je ferme les yeux, un délicieux frisson me parcourt.

— Nate, reprends-je difficilement, avant qu'on aille plus loin, il faut qu'on s'assure de quelque chose.

Ses doigts se figent et il ancre son regard dans le mien.

— Je t'écoute.

Notre proximité me trouble et il m'est compliqué de trouver les mots qui ne le feront pas fuir avant même que j'aie terminé. Lasse de chercher un moyen de lui dire, le plus simple est encore de lui montrer. Je le pousse légèrement et me baisse pour remonter mon pantalon. Une fois fini, je retiens mon souffle dans l'attente d'une phrase, d'un mot blessant, mais rien ne vient. Nate reste muet en découvrant ma jambe de métal, ma part bionique comme je l'appelle. J'ose affronter son regard. Le désir est toujours présent mêlé à une émotion que je ne détermine pas. Ce n'est pas de la pitié. Peut-être de la compassion ? Il se rapproche, son souffle se mêle au mien.

— Je ne vais pas partir en courant Sydney, je n'ai pas peur de qui tu es. Ça fait des semaines que je te vois, allongée sur l'herbe. Je connais chaque partie visible de ton corps, ce n'est pas une découverte pour moi. J'étais attirée par toi dès que je t'ai vue.

Ses mots apaisent ma peur et réparent une partie de mon âme brisée. Ses dents mordillent ma lèvre inférieure, ses mains repartent à l'assaut de mon corps. Heureusement, il ne me demande pas ce qui m'est arrivé. Me dévoiler ainsi c'est tout ce dont je suis capable ce soir. Je me retrouve en sous-vêtement sans m'en rendre compte. Nate, lui, est toujours habillé, seuls ses cheveux en désordre prouvent qu'il n'est pas le seul à avoir subi les affres de la passion. Son regard me dévore, je suis des yeux sa langue qui parcourt lentement sa bouche. Je suis prête à me liquéfier alors qu'il ne m'a même pas touchée.

***

Bonjour !

Eh oui, Sydney a un handicap, elle est amputé de la jambe. La vie ne lui a pas fait de cadeau. Espérons que je sois plus clémente avec elle ( ça, ce n'est pas sûre ^^)

Bon week-end à vous et prenez soin de vous ❤️❤️

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