Chapitre 1 ( Partie II)


S Y D N E Y

Une heure plus tard, nous voilà dans un des bars que l'on préfère. Un bar sur le toit de l'Ace Hôtel en plein centre-ville de L.A. On a une vue magnifique sur les buildings de Broadway. La piscine est un plus également, en pleine journée c'est un endroit très relaxant. À l'instar des autres soirs, il est bondé de hipsters. On va devoir jouer des coudes pour arriver à commander nos boissons, mais on s'en moque, la musique est vraiment bonne et j'adore leurs tacos. J'entraîne Lynn vers le bar, pressée de m'abrutir. Habituellement, je me contente d'un verre sans alcool, mais ce soir, j'ai besoin de bien plus.

Une fois nos verres en mains, on s'installe à une table qui vient de se libérer. Lynn est déjà en train de chercher sa prochaine proie. Quelques minutes plus tard, elle pousse un soupir dramatique.

— Je crois qu'on va devoir aller sur la piste de danse.

Elle fixe un point devant elle, je suis son regard et un immense sourire éclaire mon visage. Je la connais comme si je l'avais faite. Un beau blond est accoudé de l'autre côté du bar et ne la lâche pas des yeux.

— Allez viens, ma déesse, allons briser des cœurs, lui dis-je en la prenant par le bras.

On se laisse emporter par la musique, nos déhanchés s'accordant parfaitement au rythme. Le blond vient rapidement rejoindre Lynn. Je recule un peu et danse seule. Pas longtemps puisque je sens deux mains se poser sur mes hanches. Je regarde par-dessus mon épaule. Un homme à la peau mate avec sourire éclatant se tient derrière moi. Ses yeux bleus ne font que renforcer son charme et vu les muscles que je sens dans mon dos, je dirais qu'il est bien foutu. Je ferme les yeux et oublie tout ce qui m'entoure. Tout, à part la musique et le corps qui se colle à moi. Très vite, la tension monte entre nous, je sens clairement son désir augmenté. Ça ne m'arrête pas pour autant, au contraire, pour une fois je fais semblant d'être une autre personne. De ne pas être abimée, de ne pas avoir envie de pleurer parce qu'un homme touche ce corps que je ne supporte plus. Il me presse plus fermement contre lui et murmure à mon oreille :

— Ma belle, ça te dit de trouver un coin plus calme ?

Si seulement il savait ce qui se cache derrière la façade de "sa belle". Je me retourne et lui réponds avec un sourire.

— Un autre jour, je dois veiller sur ma copine, réponds-je en montrant du menton Lynn entraînée dans une danse interdite au moins de 18 ans.

Ce n'est qu'une excuse, je suis juste venue danser. Pas de chasse, pas de proie pour moi. Il a l'air déçu, mais retrouve très vite son sourire de séducteur.

— Tu me donnes ton numéro de téléphone et on se revoit un autre jour ?

— Si tu veux.

Du coin de l'œil, je vérifie si Lynn est toujours en mode séduction. Tout va bien pour elle, je réserve mon verdict pour le blond pour dans quelques jours. Je donne mon numéro à l'homme qui me fait face. Je pars avant qu'il ait eu le temps d'engager encore plus la conversation, peut-être qu'à l'instant où il m'appellera j'aurai retrouvé un peu de courage. Aujourd'hui, je ne suis pas d'humeur à écouter le discours rodé d'un beau parleur. Je m'avance jusqu'au bar et demande un Duck Duck Juice, un mélange de vodka, d'orange sanguine et de soda. Je bouge un peu mes épaules pour les détendre et soupire. Je me laisse toujours entraîner par Lynn, mais une fois qu'elle est occupée, je me retrouve seule, incapable de laisser quelqu'un percer ma carapace. Plus d'une fois, elle a essayé de me faire sortir de ma coquille, mais ça n'a pas fonctionné. Quand elle décidait de rester près de moi, je la chassais, avec des coups de pied au cul s'il le fallait. Je ne veux pas qu'elle se prive pour moi, j'aime la voir insouciante, heureuse. Je sais que ça ne sera jamais mon cas.

— Dure soirée ? me demande une voix veloutée et rauque.

Je jette un coup d'œil à l'homme à qui elle appartient. Un peu plus âgé que moi de cinq ans à peu près. Brun. Yeux verts. Nez un peu tordu. Fossettes sorties. Lèvres pulpeuses. Dangereux. J'avale une gorgée de ma boisson pour cacher mon trouble. Le hasard doit être un grand farceur pour remettre sur mon chemin mon mystérieux joggeur. Il ne doit pas me reconnaître, quand il m'a vue j'étais en sueur, échevelée et il faisait sombre. Pour ma part, je suis certaine que c'est lui. Je l'ai épié de trop nombreuses fois pour me tromper, ce qui fait de moi une psychopathe en quelque sorte.

— Elles le sont toutes, répliqué-je en haussant les épaules.

J'ai envie de faire des bonds parce qu'il se trouve à côté de moi et qu'on se parle enfin. Une vraie adolescente victime de ses hormones. J'avale une gorgée de mon cocktail et reporte mon attention sur la piste pour ne pas le dévisager, mais mon regard revient vers lui. Il penche la tête sur le côté, le sourire toujours en place.

— D'habitude, votre visage est bien plus serein quand on se croise. À part, il y a quelques jours bien sûr.

— Oh.

C'est tout ce que mon cerveau a trouvé comme réponse. Son sourire en coin me désarme.

— J'espère que celle-ci sera différente, reprend-il.

— Pourquoi le serait-elle ?

— Faites en sorte qu'elle le soit.

— C'est aussi simple que ça ?

— Pourquoi faudrait-il que ça soit compliqué ?

— N'est-ce pas ce qu'on dit de la vie ?

— Seulement ceux qui cherchent une excuse.

J'ai la sensation que son regard cherche à travers mon âme une faille par laquelle s'immiscer. Je gesticule sur mon siège et porte mon cocktail à mes lèvres. Des excuses, je n'en ai pas besoin. Ma vie est compliquée. Point. L'homme séduisant à côté de moi n'a pas besoin de le savoir, peu importe le nombre de fois où j'ai fantasmé qu'un moment comme celui-ci se produise.

— Donc, pour vous la vie est belle, c'est ça ? Aucun nuage à l'horizon ? l'interrogé-je d'un ton sceptique.

— Bien sûr qu'il y a des nuages, mais tant que je ne finis pas sous une averse tout va bien.

J'aimerais pouvoir positiver de la même façon.

— Comment faites-vous pour éviter la pluie ?

— Je fais ce que je veux quand je veux.

Je hausse un sourcil. Ses yeux se posent sur mes lèvres. Je devrais mettre le holà à cette discussion, lui dire que je ne suis pas là pour rentrer accompagnée. J'en suis incapable. Quelque chose chez lui m'attire, quelque chose de sombre. Comme lorsque je le voyais passer devant moi alors que j'étais allongée sur l'herbe. Son aura est magnétique, presque brûlante. Je prends une grande inspiration pour dire quelque chose d'intelligent, n'importe quoi, mais il ne m'en laisse pas le temps. Il finit son verre et se lève. Il va s'en aller et je vais devoir continuer à le regarder de loin, sans en savoir plus sur lui. Ma frustration et ma colère contre ma lâcheté me donnent envie de hurler. Quand il se rapproche de moi, mon souffle se coupe.

— Si vous deviez faire quelque chose qui vous fait envie, là, maintenant, ce serait quoi ?

Mon regard se fixe un instant sur ses lèvres. Mon cœur s'emballe.

— Je n'en sais rien, préféré-je répondre.

— Voilà ce dont moi, j'ai envie.

Il me tend sa main.

— Dansez avec moi.

Ce n'est pas une question. En temps normal, je me serais insurgée, pourtant, ce soir mes doigts se glissent entre les siens. Sa main est un peu calleuse et ferme. J'ai la sensation d'être une petite chose fragile à ses côtés. Il m'emmène dans un coin, un peu à l'écart de la foule, et me serre contre lui. Une de ses mains se plaque au bas de mon dos tandis que l'autre se noue à la mienne contre sa poitrine. Le morceau que le DJ passe n'est pas un slow, mais ça n'a pas l'air de le déranger. Il s'en moque totalement et moi aussi. Mon corps imbriqué dans le sien, mes yeux se noient dans cet éclat d'émeraude qu'est son regard. Mon cœur tambourine contre sa cage, mon esprit est embrouillé par sa proximité.

— J'ai envie de danser avec vous depuis que je vous ai vu entrer dans ce bar, murmure-t-il à mon oreille. J'ai eu envie de vous parler depuis la première fois que je vous ai vue allongée sur l'herbe.

Son souffle contre ma peau me fait frissonner. Je ne dis rien, je préfère profiter de ce moment. Mon désir pour cet homme noie mes pensées lugubres de la soirée. Lorsque la musique s'arrête, sa main parcourt ma colonne vertébrale et se pose sur ma nuque.

— De quoi avez-vous envie, là tout de suite ? m'interroge-t-il a nouveau.

— De sortir d'ici, lâché-je dans un souffle.

Il hoche la tête, ses fossettes sont toujours présentes et causent ma perte. Je me colle à lui et croise les bras sur sa nuque. Mon regard se fige sur ses lèvres parfaites, sûrement faites pour les baisers. Il baisse la tête, nos respirations se mêlent. Je ne suis pas du genre à embrasser un inconnu, sans en savoir un minimum sur lui.

— J'ai envie de savoir votre prénom.

— Je te le dis, uniquement pour que tu puisses le crier quand je te ferai jouir.

***

Bonsoir les Fighteuses !

Quoi ? Comment ça je coupe quand ça devient torride ? J'ai osé ? Ha oui...

Patience, patience, la suite arrive mardi ;) 

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