C H A P I T R E 1 ( Partie 1)
S Y D N E Y
Los Angeles- 5 ans plus tard.
Le souffle court, je ferme un instant les yeux et me remémore mes cours de physique. Je pourrais réviser les yeux ouverts, tranquillement chez moi, mais je préfère le faire ici et maintenant. Mes paupières s'ouvrent et un sourire effleure mes lèvres quand une brise caresse ma peau humide de sueur. Allongée sur l'herbe, je laisse mon corps se détendre après un footing plutôt intense. Je caresse Karma, mon husky sibérien, son pelage entièrement blanc et ses yeux marron m'ont conquise dès que j'ai posé mon regard sur elle. Elle me lèche le visage avant de se coucher près de moi. Je prends une profonde inspiration et contemple le panorama que m'offre le sentier de montagne Betty B Dearing. J'adore cet endroit et le côté un peu sauvage qu'il m'offre. La nature garde son emprise, sa majesté et le spectacle du soleil couchant sur la vallée et ses maisons me coupent le souffle à chaque fois. Je m'étire longuement sur le sol et m'apprête à me lever quand j'entends un sifflement non loin de moi. Je tourne la tête et aperçois deux hommes s'avancer vers moi, titubants. Je me demande lequel est le pilier de l'autre. Je lève les yeux au ciel quand ils se mettent à me dévisager avec insistance. Cliché, les gars ! Je me redresse tout en les ignorant et attrape la laisse de Karma. Elle a encore un peu de mal avec les inconnus. Abandonnée et laissée presque pour morte dans une maison prête à s'écrouler, elle a été recueillie au refuge. Je la gratte derrière les oreilles et lui parle tout bas pour la rassurer. Malheureusement, les hommes nous barrent la route. À cette heure tardive, le sentier est peu fréquenté et c'est une raison pour laquelle je l'emprunte. Je suis du genre asocial, un peu comme Karma. Les autres sont gentils tant qu'ils restent loin de moi.
Je détaille les deux énergumènes face à moi. Les deux portent des bermudas et des polos portant l'emblème UCLA. Mis à part le fait que l'un est blond et l'autre roux, ils sont presque identiques. Même corpulence, même trait de visage. Même attitude de riche condescendante. Des jumeaux ?
— Regarde ce que le destin a mis sur notre route Archi, rétorque le roux.
Ils s'esclaffent en se cognant les poings.
Des jumeaux cons, c'est bien ma veine. Je soupire lourdement et croise les bras contre ma poitrine, mais je garde le silence. Je ronge mon frein et attends l'instant où ils comprendront que je n'ai pas peur d'eux. Ils sont tels deux moucherons que j'ai envie d'écraser sous ma chaussure. Tandis qu'ils continuent leur cinéma, je caresse ma chienne et jette un coup d'œil par-dessus mon épaule quand j'entends des pas se rapprocher. Je regarde rapidement ma montre. Pile à l'heure, comme d'habitude.
— Ça te dirait de venir faire un tour avec nous ? On sera gentils.
Cette fois, je ne retiens même pas mon soupir agacé. Est-ce que j'ai l'air d'une femme incrédule, prête à les suivre alors qu'ils sentent l'alcool à des kilomètres ?
— Sans façon, répliqué-je d'un ton calme.
— Je ne crois pas que tu aies le choix, ma jolie.
Je lève les yeux au ciel. Karma grogne quand l'un d'eux fait un pas dans ma direction. Je la caresse pour la rassurer et éviter qu'elle se jette sur eux. Je ne veux pas qu'elle prenne un coup à cause de ces abrutis.
— Je crois au contraire qu'il est temps que vous rentriez chez vous.
Le bruit des pas derrière moi se rapproche, mon cœur s'emballe. Ce qui arrive dès qu'il croise ma route alors que je ne le connais pas. Bon sang ! je ne lui ai jamais parlé, seulement observé de loin comme une psychopathe à l'affut. Ma peau se couvre de chair de poule quand je le sens juste derrière moi, je n'ose même pas me retourner. Les guignols devant moi s'arrêtent de fanfaronner et plissent les paupières évaluant l'homme qui leur fait face. Je déglutis péniblement tandis que l'air se charge d'une tension palpable. Je sais exactement ce qu'il voit ! Putain, je l'ai rêvé tellement de fois. Ses cheveux collés à son front par la sueur, son nez bosselé, ses yeux clairs en amande, ses lèvres charnues. Son torse musclé et son débardeur noir, ses bras qui me font baver d'envie. Le reste de son corps est à l'image du reste. La perfection selon moi. Le paradis sur terre selon Lynn d'après ma description. Une perfection qui restera inaccessible.
— Un problème, messieurs ?
Sa voix rauque me trouble plus que de raison. C'est la première fois que je l'entends et elle est bien plus envoûtante que dans mes songes. Bon sang ! Avec ça mes nuits vont être courtes. Je secoue la tête pour me concentrer sur la situation. Ils le dévisagent, le jaugent puis le blond secoue la tête en faisant un pas en arrière.
— On ne faisait que passer.
Il entraîne son pote à sa suite. Ils disparaissent aussi vite qu'ils sont arrivés me laissant seule avec mon inconnu. Je sens son regard peser sur moi, mon cœur tambourine avec force derrière mes côtes. J'entends ses pas se rapprocher de moi, je frissonne puis mon souffle se raréfie. Mes réactions sont insensées, il ne me touche même pas. Je déglutis pour me contrôler et ouvre la bouche pour dire quelque chose, n'importe quoi, mais il me coupe l'herbe sous le pied.
— De rien, souffle-t-il à mon oreille.
Je retiens difficilement un halètement, il me frôle et disparaît à son tour. Je cligne rapidement des paupières puis me rassieds lourdement par terre.
— Merde ! Merde !
Pour une fois, j'avais une chance de lui parler, je n'ai pas réussi à saisir l'opportunité. Quand Lynn va apprendre ça, elle va en faire une syncope.
— Viens Karma, rentrons à la maison, j'ai besoin d'une tonne d'Oreo pour m'en remettre.
***
Aujourd'hui, c'est le dernier jour de cours avant le week-end, alors c'est de bonne humeur que j'arrive à l'amphi. Bonne humeur, toute relative. Je sais que la journée va être longue, que je vais probablement piquer du nez en dernière heure. Mais je relativise, c'est ma dernière année et je pourrais chanter la célèbre chanson de la Reine des Neiges.
Certains aspects du lycée n'ont pas changé, je reste une fille en retrait par rapport à mes camarades. Je n'ai pas ce qu'on pourrait appeler des amis, mais plutôt des connaissances. Comme Ben qui me fait signe pour que je m'assoie près de lui. Sa chevelure blonde qu'il a décidé de laisser pousser cache ses très beaux yeux bleus. C'est un chic type et il m'aide parfois lorsque je ne comprends pas un cours, mais à part ça, on ne se voit pas en dehors des cours. Je crois qu'il aimerait plus, mais je suis incapable de détecter ce genre de chose.
— Salut, lui dis-je en m'installant sur le siège.
— Salut. Ça va ?
— Oui, j'ai hâte que la journée se finisse.
Ben éclate de rire.
— Elle vient à peine de commencer.
— Je sais, répliqué-je avec une moue désespérée.
— Allez courage, tu ne verras même pas les heures défilées.
Je suis clairement sceptique sur ce point, mais la prise de parole du professeur m'empêche de lui répondre. Je me concentre et note minutieusement ce qui sort de la bouche de notre enseignant. Chaque professeur est devenu le messie pour moi. Je n'ai pas autant galéré pour échouer en dernière année, mais les derniers mois deviennent épuisants. Tout comme l'est la journée, j'ai au moins réussi à ne pas m'endormir en dernière heure.
Je me dépêche de rentrer pour me reposer. C'était sans compter sur Kaitlyn, ma colocataire, qui débarque comme une furie vingt minutes plus tard. Elle est mon opposé. Blonde, grande, les yeux bleus avec un sourire magnifique. Je suis brune, petite, les yeux d'un marron intense avec un air grognon constamment plaqué sur le visage. Quand on sort ensemble, on voit très vite la différence entre nous. La belle et la bête ! Enfin, c'est ce que je pense, mais les hommes n'ont pas l'air de cet avis. Il y en a autant qui viennent vers moi que vers mon amie. Ce que je trouve troublant, l'attrait de l'étrange sans doute. Si elle savait que je bave pratiquement tous les soirs sur mon joggeur mystérieux, elle m'accompagnerait pour que je ne me défile plus. Comme si, j'avais mes chances... Il était si proche de moi, je n'avais qu'à me retourner pour lui parler, le remercier, mais j'ai été lâche. Depuis, le souvenir de sa voix me hante et me donne des frissons. Depuis trois semaines... Je suis un cas désespéré !
— Sydney, tu m'entends ? me demande Lynn.
Je grogne et ouvre les yeux sachant parfaitement qu'il me sera impossible de dormir.
— Hum hum, dis-je en regardant le plafond.
— Tu étais encore plongée dans tes pensées ! Bon, tu mets quoi ce soir ?
— Comme d'habitude, réponds-je à moitié endormie.
C'est-à-dire un jean et un tee-shirt. Depuis ce terrible jour et malgré toutes les séances de rééducation, je garde des séquelles. J'en garderais toujours. Je n'arrive plus à aimer ce corps qu'est le mien. Je préfère le cacher autant au regard des autres que du mien.
— Oh non, hors de question, s'écrie Kaitlyn.
C'est d'un pas décidé qu'elle se dirige vers sa chambre et j'imagine sa penderie. Je me relève sur les coudes et l'attends. Si elle croit que je vais mettre une de ses robes où l'on ne cache rien, elle se met le doigt dans l'œil. Forcément, elle me sort une robe bustier bleue, cent fois trop courte.
— Dans tes rêves ! dis-je en me recouchant.
— Sydney, tu vas mettre cette robe ou tu vas avoir affaire à mon courroux, réplique-t-elle la mine renfrognée.
Pour la connaître depuis trois ans, je sais que les vengeances de Lynn peuvent être terribles. À un de ses ex qui l'avait trompée, elle a mis du colorant rose dans son shampoing. Je peux vous dire que ça a eu un effet immédiat sur son sex-appeal.
— Non, grommelé-je, et je te préviens, je ne porterai pas de talons.
Elle marmonne dans sa barbe et me dévisage pour savoir si je suis sérieuse. Elle sait que je ne changerais pas d'avis, je ne dévoile jamais mes jambes, mais ça ne l'empêche pas d'essayer de changer ma tenue.
— Bien, bougonne-t-elle.
Je soupire. Cette fille m'exaspère, mais je ne me vois pas vivre avec une autre colocataire. Elle est pétillante, d'une sociabilité sans failles, avenante.
En bref, on est le Ying et le Yang.
***
Hey mes Fighteuses !
Vous allez bien ? J'espère que oui :)
Est-ce vous en voulez encore ? Parce que ça peut s'arranger ^^
Etant adorable, je vous dis à dimanche pour la suite de ce premier chapitre !
Prenez soin de vous ❤️
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