Quelques mois studieux

On y était. J'avais plusieurs mois pour me préparer Les sujets de cet examen couvraient cependant pas mal de matière : l'ensemble des cours de Français, Géographie, Histoire et Mathématiques avec des lectures en plus. J'eus cependant énormément d'aide, parfois incongrues, venant de personnes insoupçonnées.


Il y avait déjà mon ancien professeur d'Espagnol, dont je vous ai déjà parlé. Il me proposa tout de suite son aide, pour m'aiguiller dans mes études et lectures. Je reçus d'un de mes oncles avec qui je n'avais plus aucun contact, étant du côté paternel, les cours pour se préparer au jury central qui couvraient les matières d'Histoire et Géographie. Le père d'un des anciens copains scouts, qui était professeur, me donna des cours de Maths, qui était vraiment ma bête noire. Je reçus également pas mal de cours à prêter d'autres élèves de la Providence, dont M.

Je parcourais ses notes, lorsque quelque chose m'a profondément marqué. Dans un de ces cours, il y avait une question : que recherchez-vous chez l'être qui partagera votre vie ? C'était une liste à répondre, avec des priorités. Tout ce qu'elle avait énuméré, lorsqu'on passait nos journées ensemble, était ce que je ressentais et ce que je pensais qu'elle avait apprécié chez moi. Lire cela, me fit énormément de mal. J'étais en colère contre elle : pourquoi n'avait-elle jamais dit oui, dans ce cas ? Je me suis remis à espérer quelque peu, car en plus, je savais qu'elle allait également à Cardijn pour être AS. Mais elle était en couple, si je me rappelle bien, déjà à cette époque. Les rares fois où on se parlait, c'était principalement pour ses problèmes de cœur. J'étais là à écouter, conseiller. Même si ça me faisait mal. Je ne pouvais juste pas lui dire. Et puis, avec tout le mal que je lui avais fait, jamais je ne me serais permis de m'immiscer ou de lui dire de me prendre à la place de son mec.

Pendant cette période studieuse, Max sortit de son centre de désintoxication. On commença à se revoir. J'aimais bien sa compagnie, même si par moment, j'étais vraiment mal à l'aise. Il continuait à picoler. Il buvait pas mal de bière, fumait pas mal de pétards. Je le suivais un peu, mais sans plus. Je ne savais pas tenir la cadence. Il s'était trouvé un petit studio à Bruxelles, et je passais de temps en temps. Finalement, il m'annonça que Metallica venait en Belgique, à Werchter, avec plein d'autres groupes qu'on appréciait tous les deux.

Seulement, je n'avais pas un balle. Je rêvais pourtant d'y aller. Voir ce groupe, que j'écoutais depuis mes 12 ou 13 ans, je ne voulais rater ça pour rien au monde. Contre toute attente, mes grands-parents me proposèrent un marché : on t'offre la place, pour les trois jours. Mais si tu foires ton examen d'entrée, tu nous rembourses. J'étais fou de joie. Max s'occupait de presque tout, je n'avais qu'à m'occuper de la tente.

Juste avant cela, c'était la proclamation des diplômes à mon ancienne école. La fin d'une période non seulement pour moi, mais pour les quelques amis qui me restaient. Il était donc normal que j'aille les soutenir. Je n'avais plus mis les pieds dans l'établissement depuis mon dernier jour d'école. J'avais été pas mal de fois voir les copains, le temps de midi, mais jamais je n'étais rentré dans les bâtiments. Ce fut avec un pincement au cœur que j'assistai à la proclamation des résultats. Ils avaient fini, avaient eu leur papier. Pas moi. Même si je savais que je pourrais continuer ma route, finalement, je n'étais pas comme eux. Je n'avais pas réussi. Je me suis pris une biture monumentale, lors du bal qui suivit. On a terminé par picoler dans les bois, dans les hauteurs de Wavre, là où j'aimais aller lorsque je brossais. Il était tard, et comme bien d'autres élèves, je n'avais aucun moyen de rentrer chez moi. On s'est retrouvés à dormir à l'étage d'un magasin tenu par la mère d'une des élèves. Lorsque je revins le lendemain à la maison, je me suis pris une belle engueulade. Ma mère était morte d'inquiétude. Je n'avais pas donné de nouvelles, elle n'en avait presque pas fermé l'œil de la nuit. Elle vit cependant mon regard triste, parce que eux avaient ce papier et pas moi.

Je me changeai les idées à Werchter, avec Max. Ce furent trois jours de défonce totale. Max avait pris avec lui trente grammes d'herbe. On fumait du matin au soir. Et on picolait comme des porcs. Il suffisait de ramasser quelques gobelets pour avoir une boisson gratos, ce qui fait qu'on n'a pas déboursé un balle pour boire durant tout le festival. Malgré qu'on soit totalement faits, j'ai gardé un excellent souvenir de ce moment. J'étais ébloui par Metallica, qui maîtrisait comme nul autre la scène. Max étant plus âgé, il était resté à l'arrière. Mais je voulais les voir de prêt. J'ai avancé, avancé. Mais je commençais à flipper. Je me retrouvais entouré de gros malabars, les gros stéréotypes du métalleux en veste de cuir et combat. Moi qui étais si petit ! J'allais me faire écrabouiller ! Pourtant, dès que le concert commença, avec ses pogos furieux, je me retrouvais dans mon élément. Je me défoulais. Et dès que je n'avais plus de souffle, je tapotais sur l'épaule d'un des grands gaillards à côté de moi et il me propulsait sur les gens qui me portaient jusqu'aux barrières de sécurité. J'ai pu voir le groupe comme cela, plusieurs fois à seulement quelques mètres de moi.

Quelques jours après le festival, je partis deux semaines à Clervaux, à l'abbaye. Ce serait plus facile pour me concentrer et étudier, bien au calme. C'était la première fois que j'y allais tout seul, cela me faisait un peu flipper. Le soir, à 21heures précise, c'est le silence absolu. Plus aucun bruit, chacun est enfermé dans sa chambre. On ne respectait pas vraiment cette règle, mon grand-père et moi lorsqu'on y allait à deux. J'allais dans sa chambre et on papotait quelques heures. Seulement là, j'étais vraiment tout seul. Je commençais en plus à stresser : et si je n'y arrivais pas, qu'est-ce qui se passerait ? Comment je ressentirais l'échec ? Par moment, ces questions m'empêchaient d'étudier. J'avais du mal à encore gérer mon anxiété sans Temesta. Au bout de deux semaines, je n'avais pas l'impression d'avoir avancé dans mon étude. Surtout que, lorsque je serais de retour, j'aurais une autre occupation qui allait me prendre pas mal de temps...

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