Chapitre 23 ⋅ Là où les étoiles se cueillent
Mahiru détestait un certain nombre de choses dans la vie, comme beaucoup d'autres adolescents. Elle détestait l'avocat, dont le goût amer lui rappelait celui d'un médicament que sa mère la forçait à prendre dans son enfance. Elle détestait ses allergies, qui lui donnaient l'air d'un clown dès l'arrivée du printemps. Elle détestait aussi les cours de science auxquels elle ne pigeait rien à rien, ceux qui n'avançaient pas dans les couloirs quand elle était pressée, et toutes les connaissances que sa mère croisait au supermarché et la condamnaient à attendre debout, un filet d'oignons à la main, que l'adulte ait fini de parler de la pluie et du beau temps. Pour autant, toutes ces petites choses demeuraient futiles par rapport à ce que la reporter détestait par-dessus tout : se retrouver seule à seul avec Miya Atsumu.
La raison de ce rejet demeurait floue. Ce n'était pas la première fois qu'ils étaient isolés du reste du monde – elle se rappelait parfaitement l'heure de corvée ensemble ou encore l'interview pour l'Inarizaki Today – et à chacune de ces fois les piques avaient bien plus volé que les gentillesses, si tant est qu'il y en ait eu un jour. Pour autant, une partie d'elle-même ne parvenait pas à faire abstraction de quelques détails troublants, des accalmies qui avaient constellé les orages que constituaient le plus gros de leurs interactions sociales. Et malgré toute l'animosité que la reporter éprouvait à l'égard d'Atsumu, c'était davantage l'idée de se retrouver seule avec lui qu'elle détestait plutôt que le volleyeur lui-même.
— Je peux savoir ce qui te prend autant de temps ?
La voix du concerné traversa la rue pour aller chatouiller ses tympans d'une bien trop déroutante manière pour que ça ne la dérange pas. Mahiru gonfla les joues, agacée tant par sa remarque que par ses propres ressentis, puis adressa un regard peu amène à celui qui hantait ses pensées jusqu'alors.
— J'ai mal aux pieds, grogna-t-elle avant de grimacer lorsque son talon effleura une grosse pierre qui traînait non loin. Et tu marches trop vite pour moi.
— Bah aies moins mal.
Un silence stupéfait accueillit la suggestion pour le moins inattendue. Oubliant un peu la douleur qui lui ravageait les pieds, elle s'arrêta un instant de marcher pour contempler Atsumu avec incrédulité.
— Tu te fous de moi ? siffla-t-elle, et il haussa les épaules avec sa désinvolture habituelle.
— La douleur est une information. Tu n'as qu'à la traiter avec...
Le volleyeur n'eut jamais le temps de finir sa phrase, puisque Mahiru l'en empêcha tout bonnement. Poussée par l'irritation grandissante, elle franchit en quatre rapides enjambées la distance qui les séparait pour lui pincer les bras. Il bondit sur le côté en gémissant un « aïeuh ! » des plus satisfaisants pour les nerfs en pelote de la brunette.
— Mais pourquoi t'as fait ça ? se plaignit-il aussi sec, en tournant un regard furibond sur la demoiselle.
— Je voulais voir comment toi, tu traitais l'information de la douleur, pour m'en inspirer.
— Et est-ce que c'était réellement nécessaire de me pincer pour ça ?
Elle ouvrit la bouche, prête à répliquer, mais le blond leva son index devant son nez.
— Nan, ne réponds pas, finalement, la devança-t-il, avant d'ajouter un poil plus calmement. Surtout que vu comment t'as chargé sur moi comme un sanglier, tu la gères très bien, ta douleur...
— J'ai été motivée par autre chose, répondit-elle dans un sourire faussement ingénu, et il haussa un sourcil, guère impressionné pour un sou.
— Ouais bah compte pas sur moi pour te ramasser si tu tombes.
Sur ce grognement, Atsumu enfouit les mains dans la poche kangourou de son hoodie, avant de continuer son chemin. Si elle laissa échapper un petit rire triomphal, la reporter le suivit dans son ascension – certes un brin claudicante en raison de ses douleurs. La distance à parcourir demeurait cependant réduite, puisque le funiculaire les avait déjà déposés très près du sommet. Aussi, accompagnés par le silence de la nuit, les deux adolescents finirent bien vite par atteindre leur destination.
Le parc Kikuseidai donnait l'impression de pouvoir toucher les étoiles, avec ses sept cent mètres d'altitude et sa plate-forme d'observation au bord du vide. Certes situé un peu en dessous du sommet, il le surpassait en tous points : sa renommée avait dépassé les frontières et les océans, tant pour sa facilité d'accès que pour sa localisation – pile entre les hommes et les dieux. Or son atout majeur, celui qui lui avait valu son nom ainsi que son titre de « panorama nocturne à dix millions de dollars », c'était bien la vue qu'il offrait.
Car en contrebas de la plate-forme à flanc du mont Maya, dans la nuit étourdissante et noire, se dessinait une vue lointaine de la baie d'Osaka. Point de jonction entre Kobe et Osaka, la crique encerclait la mer intérieure de Seto aux eaux plus indigo que jamais, à tel point qu'on croyait y voir un reflet du firmament sans étoiles. Pour autant, l'obscurité n'était pas reine : une ceinture de lumières versicolores traversait l'horizon, en provenance d'un peu tout – lampadaires, phares de voitures, maisons éclairées, panneaux publicitaires et autres feux follets urbains – pour donner la curieuse impression que le ciel s'était renversé sur le monde.
Mahiru en eut le souffle coupé ; c'était donc ça, le Kikuseidai. L'endroit où l'ont pouvait cueillir des bouquets d'étoiles.
— C'est vrai que c'est joli, avoua-t-elle alors dans un soupir, en écho à la brochure dans sa main.
— Ouais.
Elle ne s'attendait pas à une réponse d'Atsumu, et encore moins à ce que le volleyeur approuve ses dires – une véritable première, il fallait l'avouer. Aussi, se détachant à regret du panorama, la reporter tourna la tête vers lui pour se heurter à son profil tourné vers la vue. Il avait l'air différent dans la pénombre du soir, qui donnait à son visage une teinte opaline et rehaussait l'élégance de ses traits déjà bien délicats. Même ses yeux noisette semblaient dépourvus de leur habituelle lueur enfantine, pour laisser place à un regard plus posé, moins railleur, presque mature – et l'adolescente mentirait en disant que ça ne lui allait pas, que ça ne lui donnait pas un côté insaisissable qui le rendait à couper le souffle.
Mahiru déglutit en s'apercevant du fil de ses pensées, mais aussi qu'elle l'observait sans vergogne, et elle se détourna de lui dans un mordillement nerveux de la lèvre inférieure. Ce garçon était une plaie, tant pour ses nerfs que pour ses hormones mises à mal par le chagrin d'amour avec Murao. Alors, dans un soupir las supposé exhaler toutes ses émotions, elle se laissa tomber sur un tronc d'arbre converti en banc non loin d'eux.
— Tu peux aller faire un tour, si tu veux, lui indiqua-t-elle en massant ses chevilles fatiguées. Je dirai à ta mère que t'es resté avec moi tout du long.
— Y'a pas grand-chose à visiter, à l'heure qu'il est, répondit le volleyeur dans un marmonnement, avant de venir la rejoindre sur le banc en traînant les pieds. Et de toute façon, 'Samu trouvera le moyen de dire que je suis pas resté avec toi et me balancera.
La brunette arqua un sourcil surpris et le contempla du coin de l'œil pour vérifier s'il était sérieux, avant de laisser échapper un petit rire en comprenant que oui. Osamu serait peut-être même capable de traîner son propre jumeau au tribunal, pourvu qu'il se retrouve dans la mouise – et à cette pensée, elle se demanda sincèrement jusqu'où pouvait bien aller cette rivalité fraternelle. En aurait-elle eu une, si elle avait eu un frère ou une sœur ? Ou bien était-ce une caractéristique propre aux jumeaux Miya ?
Son regard papillonna en direction d'Atsumu qui n'avait pas bougé, étranger à ses questions intérieures, avant de revenir sur la baie d'Osaka et ses mille et une lumières. Et sa voix tremblota quand elle articula prudemment :
— Vous vous disputez souvent, avec ton frère ?
Le blond haussa tout d'abord les épaules, comme si ça n'avait aucune importance, comme si ça allait balayer la régularité de leurs querelles ou la violence des mots employés qui rythmaient leur quotidien.
— Bof, c'est des disputes de frère et sœur tout ce qu'il y a de plus normal.
— Et... c'est censé être différent si c'est un frère ou une sœur ? s'enquit-elle avec prudence, les yeux plissés d'incompréhension.
— Ha, rit-il en lui décochant une œillade moqueuse. Ça se voit que t'es fille unique, toi.
Mahiru se renfrogna, le nez baissé dans le col de sa veste, qu'elle resserra fébrilement autour de sa taille, tant pour se protéger du froid nocturne de l'altitude que pour s'enfermer dans ses bouderies.
— C'est pas vraiment un choix pour lequel j'ai eu mon mot à dire, non, marmonna-t-elle en réponse à sa remarque.
— Tes parents voulaient pas d'autre enfant ? demanda-t-il avant qu'un sourire malicieux ne se faufile sur ses lèvres. Remarque, vu la première qu'ils ont eue, ça m'étonne qu'à moitié ~
Et son ricanement vola dans la nuit, à faire vibrer le banc de fortune sur lequel ils étaient assis, et donc eux par extension. Ça n'était qu'une taquinerie innocente, une pique supposée en entraîner une autre chez son interlocutrice, afin d'arriver à une de ces joutes verbales dont eux seuls avaient le secret à force d'y jouer presque quotidiennement – pourtant la reporter ne répondit pas. Elle s'en trouva incapable. Soudain à court de mots ou d'envies, à tout juste se contenter d'un haussement d'épaules peu concerné, elle se surprit elle-même. Car ni insulte ni réplique acerbe ne se bousculèrent sur ses lèvres, pas plus qu'un quelconque regard assassin ; seul un nuage froid et maussade qui s'emparait de sa poitrine au fil des mots.
Un frisson lui remonta sauvagement l'échine, alors même que le rire d'Atsumu s'évanouissait enfin face à son absence de réponse. Il lui donna un léger coup de coude dans l'épaule afin d'attirer son attention.
— Tu réponds pas ? s'étonna-t-il, de cette voix désormais trop familièrement railleuse, quoiqu'une touche enfantine la colorait. Même pas une petite insulte sur ma mère, ou une invitation à aller me faire foutre ?
— Bof, murmura-t-elle sans grand enthousiasme, un sourire triste sur le bout des lèvres. Ta mère est plutôt sympa, donc bon...
Du coin de l'œil, Mahiru aperçut les sourcils charbonneux de son interlocuteur s'arquer de surprise, comme sa réaction – ou plutôt son absence de réaction – le prenait de court. Il plissa les yeux, méfiant, avant de se pencher vers son visage pour l'inspecter avec attention.
— Atsumu, bon sang ! pesta-t-elle en reculant, les joues chaudes d'embarras compte tenu de leur proximité inhabituelle.
— Ah bah quand même, s'exclama le volleyeur, et il se redressa pour revenir à sa position initiale, tout sourire. C'était bizarre que tu me râles pas dessus.
— Ouais, ben j'en avais pas envie...
Nouveau haussement d'épaules, puis la jeune fille se tassa un peu plus dans la chaleur de son manteau dans une vaine tentative d'étouffer la froideur qui l'étreignait. C'était d'autant plus perturbant que d'ordinaire, il lui était bien plus aisé de camoufler ces sentiments sous une couche de bonne humeur et de hargne – des aspects de sa personnalité qui lui faisaient défaut ce soir, curieusement. Elle avait l'impression que la remarque d'Atsumu avait tiré sur le levier d'un barrage qui ne parvenait plus à se refermer. Ce dernier sembla s'en apercevoir, puisque ses sourcils se froncèrent subitement.
— C'est à cause de ce que j'ai dit sur tes parents ? comprit-il alors, avant de poursuivre en ne la voyant pas répondre – ce qui, en soi, constituait une réponse. Hé, c'était pour rire.
— Je sais, lâcha-t-elle dans un soupir. C'est juste que...
La reporter s'interrompit le temps de se passer une main nerveuse dans les cheveux – et sa nervosité se trouvait accrue par le simple fait de s'ouvrir à lui, de toutes les personnes à qui elle aurait pu se confier dans cette ville. Mais trop tard, la vanne était ouverte :
— Mes parents auraient bien voulu d'autres enfants, sauf qu'ils pouvaient pas, avoua-t-elle d'une toute petite voix à peine audible, comme elle n'avait pas l'habitude de parler de tout ça – et en avait un peu honte, aussi.
— Ils pouvaient pas ? répéta-t-il sans cacher sa surprise. Genre... ils avaient pas le droit de faire un enfant ?
Mahiru déglutit et secoua la tête en réponse, avant de s'arrêter au milieu de son geste, toujours sous le regard confus d'Atsumu. Ce n'était pas tout à fait ça, mais un peu quand même. L'espace d'un instant, elle se mordit la lèvre pour canaliser sa fébrilité et son hésitation, avant de poursuivre à mi-voix – même si ses aveux avaient l'air assourdissants dans le silence de la nuit.
— Faire un enfant, si. Mais en adopter un deuxième... pas vraiment, grimaça-t-elle tandis que lui revenaient ses vieux rêves irréalisés d'avoir une grande fratrie un jour.
Comme un triste écho de ses pensées, son regard s'envola vers les quelques milliers d'étoiles qui peuplaient le ciel, et que plus jeune elle avait choisies comme frères et sœurs de fortune, à défaut d'un véritable être humain pour l'accompagner dans la vie. Ça lui paraissait si niais, si ridicule, maintenant qu'elle était plus âgée, mais ça lui revenait tout à coup comme pour mieux la torturer. La voix d'Atsumu l'arracha à ses réflexions, rauque de stupéfaction :
— Attends...
Elle se détourna du ciel pour aviser son visage songeur, bien loin de la beauté surnaturelle d'un peu plus tôt, avec ses lèvres pincées et sourcils froncés par l'incrédulité. Pour autant, il ne perdait pas de sa superbe, peut-être moins charmant qu'à l'ordinaire mais toujours aussi mignon – et diable, ça énervait Mahiru de le reconnaître, même dans les tréfonds de son inconscient.
— T'as été adoptée ? fit-il alors, et elle acquiesça sans un mot. C'est marrant, on dirait pas.
Difficile de dire si c'était le maelstrom d'émotions dans lequel elle se noyait, le manque cruel de tact si caractéristique d'Atsumu, ou bien la surprise sincère qui colorait la remarque formulée sans réfléchir – toujours est-il qu'un petit rire nerveux, aussi discret que la lune au-dessus d'eux, franchit les lèvres de la reporter.
— En même temps, y'est pas écrit sur mon front, finit-elle par objecter sans grande hargne, ce qui arracha un grognement boudeur à Atsumu quand il comprit sa bêtise.
— Ouais mais bon...
Le blond se tut quelques secondes, à la recherche de ses mots – et elle mentirait en disant que son regard noisette perdu sur l'horizon ne prenait pas une jolie teinte dans la nuit. Ses joues s'enflammèrent un peu à cette pensée, dont il la détourna pourtant lui-même dans la minute.
— Tu t'en souviens ? De tes parents biologiques, je veux dire.
— Ah, murmura-t-elle, un brin décontenancée par la question – et le fil de ses pensées n'aidait pas. J'étais bébé quand c'est arrivé, alors non. Je connais même pas leurs noms...
— Et... hasarda Atsumu en se raclant la gorge. Tu aimerais bien... ?
Il ne finit jamais sa phrase, teintée d'un malaise, certes discret, mais que l'adolescente n'avait jamais vue chez lui. Si ça la surprit, toucha même, la châtain ne répondit pas – car elle savait très bien ce qu'il sous-entendait dans ce non-dit. Avait-elle envie de tout ça ? Rencontrer ses parents biologiques, découvrir le nom qu'elle aurait dû porter s'ils l'avaient gardée, connaître les raisons qui les avaient poussés à... ?
Elle déglutit avant même de songer à la fin de la question et secoua la tête pour chasser le nuage d'idées noires qui commençait à l'étreindre.
— Je sais pas, lâcha-t-elle finalement pour répondre à sa question. Et de toute façon, je pourrai jamais, donc bon...
Ainsi se noua la discussion, sans réelle réponse à la question de son interlocuteur, parce qu'elle n'en avait tout simplement pas. Le silence plana un instant sur leurs silhouettes recroquevillées sur le banc, sans pour autant être pesant – bien au contraire. Ça avait quelque chose de doux pour leurs nerfs électrisés, ce calme nocturne constellé de bruits urbains dans la distance. Il faisait frais mais pas trop, tout juste assez pour respirer à plein poumons l'air d'altitude. Et là, dans cette atmosphère de confidences et de taquineries, à contempler le monde depuis les hauteurs comme des dieux, la présence du volleyeur ne s'avérait pas si désagréable que ça.
Peut-être que c'était le calme inhabituel dont il faisait preuve à la nuit tombée, peut-être était-ce l'ambiance estivale de la Golden Week qui les rendait tous deux moins tendus, peut-être encore était-ce cette chaleur un brin troublante qui naissait à chaque fois que leurs bras s'effleuraient – qu'importe. Pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, Mahiru appréciait la compagnie d'Atsumu.
— Il va falloir qu'on y aille, soupira alors ce dernier, l'arrachant à son effroyable constat. Ce serait bête que le dernier funiculaire parte sans nous.
— Hum, j'ai pas le courage, avoua-t-elle dans une grimace comme la douleur dans ses pieds lui revenait à l'esprit.
Un rire échappa au volleyeur, qui ne répondit pas, se hissant plutôt sur ses pieds d'un bond agile pour s'étirer de tout son long. Si elle suivit le mouvement du coin de l'œil, la reporter reporta bien vite son attention sur l'océan de lumières à l'horizon, de sorte à l'embrasser une dernière fois du regard et le graver au fin fond de sa mémoire – ce n'était pas un spectacle qu'on voyait tous les jours, au fond. Sa contemplation fut cependant de courte durée, car une silhouette s'interposa entre la baie d'Osaka et elle – une silhouette de dos qu'elle ne connaissait que trop bien pour l'avoir sous les yeux à longueur de temps au lycée.
Sans lui laisser le temps de protester ou de l'enguirlander, Atsumu s'accroupit devant elle et lui décocha un sourire mutin par-dessus son épaule
— Allez, grimpe, glissa-t-il à son intention, en accompagnant l'invitation d'un geste du menton.
— Tu déconnes... s'ébahit Mahiru sans cacher son incrédulité.
— Non non, je déconne pas. Mais dépêche-toi de monter avant que je change d'avis.
Un hoquet de surprise franchit les lèvres de l'adolescente lorsqu'elle comprit que la proposition était on ne peut plus sérieuse – et la dernière partie eut le mérite de la faire réagir. Se traînant au bord du banc où elle s'était réfugiée un peu plus tôt, elle chercha un instant du regard comment correctement se placer derrière son agaçant camarade de classe – sa lippe finirait par saigner à force d'être mordillée ainsi sous la nervosité – avant d'enfin tendre une main hésitante vers lui. Elle effleura du bout des doigts une ou deux boucles blondes, puis le tissu bordeaux de sa veste dans son sillon, jusqu'à avoir les bras enroulés autour de son cou. Ses mains se rejoignirent, pour lui éviter de s'accrocher à ses vêtements, mais ça n'empêcha pas son odeur de lui assaillir les sens, un étourdissant mélange de gel douche, de musc et de rosée automnale. Là, comme un coup de grâce, il ne suffit alors que d'une impulsion de la part d'Atsumu pour se retrouver entièrement blottie contre son large dos à la tiédeur électrisante.
— N'en profite pas pour me tripoter, la taquina-t-il en se redressant de toute sa hauteur pour se mettre en route.
— T'inquiète pas pour ça, grommela la reporter, qui peinait déjà à faire abstraction de la chaleur de ses paumes sous ses cuisses même si ça n'était que pour la porter. Je peux te retourner la remarque, d'ailleurs.
— Ha, je te rassure, c'est pas le genre de la maison. Je préfère quand les filles me le demandent avant ~
Pas perturbé pour un sou par cette proximité, il suspendit sa marche au bout de quelques mètres pour lui adresser un sourire goguenard par-dessus son épaule, auquel la jeune fille répondit par un regard assassin en dépit de ces rougeurs qui s'emparaient de ses joues. Elle fut bien contente que la nuit soit déjà tombée, d'ailleurs, et dissimule son émoi dans l'obscurité ambiante – même si chaque pas, chaque inspiration, chaque frisson ne faisait que l'alimenter un peu plus au fur et à mesure de leur descente vers le funiculaire. Un soupir de dépit lui brûla les lèvres, comme ils confortaient Mahiru dans ses craintes les plus enfouies et inavouées.
Atsumu n'était plus aussi détestable qu'avant.
⋅
Ah la la, je pensais pas que ce chapitre serait aussi long (un beau bébé de 3,4k mots aha) et du coup j'ai galéré à le finir dans les temps. Maiiis on a du lourd, avec un début de fluff (autant que possible avec ces deux andouilles), des conversations sérieuses, et attention, pas eu une seule insulte de tout le chapitre. Un miracle.
J'ai usé de toute mon inspiration pour le chapitre, du coup il ne me reste plus rien pour la NDA, du coup je vais vous laisser là. J'espère que ce chapitre vous a plu, et si c'est le cas, je me répète, mais n'oubliez pas de voter, voire de commenter ! On se retrouve dans deux semaine, avec un chapitre pour le réveillon (je vais essayer de le finir à temps, cette fois-ci). Débizou ♡
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top