Bonus #2 ⋅ L'idiotie du cœur 🍋

Petite NDA juste avant, par nécessité, mais le voilà enfin. J'ai passé plusieurs semaines dessus, d'une parce que j'avance sur Clair-Obscur -mon gros projet d'urban fantasy- à côté, de deux parce que ce bonus est extrêmement long, avec pas moins de 6300 mots ! J'espère quand même que cela vous plaira 💓

Trigger warning: description explicite de rapports sexuels, aussi appelé "lemon". Ça reste centré sur le romantisme, mais il est quand même un peu plus cru que celui de La Fenêtre d'en face (et je vous cache pas que je suis un peu stressée à cette idée mdr). Bonne lecture ~


— T'es vraiment naze, comme mec.

La voix de Mahiru claqua comme le tonnerre dans le calme de la chambre. Elle n'avait pas crié. Elle n'avait même pas levé la voix, à vrai dire, se contentant de faire ce constat de la manière la plus détachée possible. Or ses émotions avaient quand même pris le dessus à sa prononciation, trop fortes pour être contenues, trop présentes pour être réprimées. Ce n'était pas faute d'essayer, pourtant. La reporter s'efforçait depuis plusieurs minutes déjà de dompter cette colère qui lui ravageait les veines et lui tendait les muscles, sans beaucoup de succès. Il fallait dire que les circonstances n'aidaient pas non plus. Car, même si ça ne faisait qu'une petite heure qu'il avait commencé et même si elle avait tendance à se montrer exigeante dans ses attentes, ce premier week-end avec son petit-ami s'avérait pour l'heure aux antipodes de tout ce qu'elle s'était imaginé. Pire, même, elle avait vu beaucoup mieux en sa compagnie. Son regard olive crépita de colère en se posant sur le téléviseur un peu plus loin, puis sur Atsumu juste devant, dont les épaules se contractèrent subtilement au moment où il tourna la tête afin de lui jeter un regard offusqué.

— Tu rigoles, protesta-t-il en brandissant sa manette de PS3. T'as pas vu le score de malade que je fais ?

La brunette se fit violence pour ne pas hurler de rage dans un des oreillers de son petit-ami. À la place, elle en attrapa un et le lui envoya au visage sans se retenir. En aucun cas blessé par le geste, il gloussa bêtement en retour.

— Pourquoi est-ce que tu tires la tronche, cette fois ? s'enquit-il en retournant à sa partie de FIFA.

— Tu... tu comprends vraiment pas où est le problème ?!

La sidération s'accentua quand Atsumu haussa les épaules et se retourna à nouveau le temps de lui jeter un regard confus. Ses doigts se refermèrent sur le tissu du deuxième oreiller pour le lui envoyer aussi.

— Tu m'invites chez toi et tu joues aux jeux vidéos, donc oui, t'es un gros naze !

— Hé, calme-toi, rigola-t-il en l'esquivant, avant de le renvoyer à sa place d'origine d'un geste habile. J'y peux rien, c'est Suna qui m'a provoqué. Faut bien que je le remette à sa place.

Elle se redressa sur la couchette inférieure des lits superposables pour le contempler en clignant des yeux, effarée. Atsumu se payait sa tête, ce n'était pas possible autrement. Il ne pouvait pas être idiot au point de ne pas comprendre où était le problème dans le fait de prendre sa revanche sur son coéquipier en plein milieu du week-end qu'il lui avait proposé de passer ensemble.

— Et t'étais obligé que de le faire maintenant ? articula-t-elle en fronçant les sourcils encore plus qu'ils ne l'étaient déjà.

— Bah disons qu'une réponse immédiate est ce qu'il y a de plus efficace, argua-t-il avec une désinvolture pour le moins horripilante. D'ailleurs, tu devrais être fière que ton mec défende son honneur comme ça.

— J'aimerais surtout que mon mec, comme tu dis, arrête de me faire poireauter pour faire mumuse avec un joystick.

Il arqua un sourcil interloqué par-dessus son épaule à ce bougonnement à peine compréhensible – mais qu'il comprit quand même, miracle ! – avant de se fendre d'un sourire amusé.

— Madame boude ?

— Madame t'emmerde.

S'il laissa échapper un petit rire à cette réponse, Atsumu daigna poser sa manette de PS3 à côté du téléviseur et se lever avec agilité pour s'étirer dans toute sa hauteur. Mahiru suivit le geste des yeux, ses iris olives irrémédiablement attirés par la bande de peau qui apparaissait sous son t-shirt qui s'était relevé dans le processus, avant de se focaliser sur sa voix.

— J'lui dis que t'es là, c'est bon, indiqua-t-il en sortant son téléphone, et elle sursauta en comprenant ce qu'il voulait dire.

— Lui dis pas que c'est parce que j'suis là que t'arrêtes de jouer, sinon il va s'imaginer des choses, pesta-t-elle alors même qu'il tapait le message. Atsumu, bon sang, tu m'écoutes quand j'te parle ?

— Oui, je t'écoute. Même quand tu râles, je t'écoute.

— Je râle pas, je veux juste pas que Suna s'imagine des choses.

— Qu'est-ce qu'on s'en fiche ? Aux dernières nouvelles, il fait pareil avec sa meuf.

La reporter plissa les yeux, méfiante en dépit des rougeurs qui lui assaillirent le visage sitôt qu'il se laissa tomber sur le lit à ses côtés, et le mouvement du matelas sous son poids la secoua un instant avant qu'elle ne se stabilise d'une main sur son épaule.

— Je doute que Suna te raconte les détails sur sa vie intime avec Fumiya, marmonna-t-elle sans se dérober à son bras qui s'enroulait autour de sa taille, et elle mentirait en affirmant que sa chaleur corporelle ne lui faisait aucun effet.

— Clairement pas, à vrai dire il est tellement pudique qu'avec 'Samu on se demande s'il l'a déjà embrassée.

— Ou peut-être qu'il considère tout simplement que ça ne vous regarde pas ?

Le volleyeur haussa les épaules avec détachement, l'attention déjà loin de son téléphone et de sa toute récente conversation avec Suna. Il avait subtilement rapproché Mahiru de lui – ou bien était-ce lui qui s'était rapproché d'elle, elle ne savait pas trop. Toujours est-il que le sujet de son coéquipier ne l'intéressait plus tout à fait.

— Ouais, si tu le dis. Honnêtement, y'a mieux comme passe-temps avec sa meuf que de parler des autres couples.

— Comme jouer à FIFA, tu veux dire ? rétorqua-t-elle en référence à son activité d'un peu plus tôt, et il laissa échapper un petit rire sans chercher à nier la chose.

— Ou comme se plaindre pour avoir mon attention ?

Il n'en fallut pas plus à la jeune fille pour se rembrunir, une moue boudeuse sur le bout des lèvres en dépit des rougeurs qui lui envahissait le visage. Atsumu et elle avaient beau être dans l'obscurité, ainsi installés sur la couchette inférieure des lits superposés, ce n'était pas quelque chose qui échapperait à son œil de lynx. Certainement pas quand leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

— Je m'en fous de ton attention, pesta-t-elle avec aplomb, et sa voix résonna dans la chambre de part le fait qu'ils étaient seuls dans la maison.

— Menteuse, susurra-t-il en se rapprochant suffisamment pour que leurs souffles s'entremêlent. Tu voulais que je m'occupe de toi.

— Je voulais surtout que tu arrêtes de m'ignorer.

— C'est exactement la même chose, Mahi.

Son regard blasé se heurta à la lueur offusquée qui miroita dans les yeux de ladite Mahi, à la simple idée de se faire ainsi reprendre par Miya Atsumu de tous les idiots de ce monde. Et en dépit de ce surnom qui liquéfia jusqu'au dernier de ses os, ces mêmes os déjà bien ramolis par la proximité avec le corps du volleyeur tout contre le sien, elle retrouva bien vite sa contenance :

— Ce n'est pas du tout la même chose.

— Si, totalement.

— Absolument pas.

— Assume, Mahi.

— Il n'y a rien à assumer. C'est pas parce que ton cerveau de primate ne comprend pas la différence que tout le monde doit...

— Ouais, bon, on s'en fout, marmonna Atsumu tout contre ses lèvres.

Le hoquet de surprise qui échappa à Mahiru mourut sur sa langue, qui se faufilait déjà entre ses lèvres à peines entrouvertes. Il s'en amusa, dans un petit rire qui lui brûla la peau, avant d'approfondir le baiser de sorte à la consumer toute entière. Combustion spontanée. De nouveau les étincelles naquirent à la surface de sa peau pour remonter jusqu'à son cœur qui s'affolait comme un feu de bengale. Et après de longues secondes où leur souffle se perdit dans les flammes, Atsumu daigna lui lâcher les lèvres.

— La prochaine que tu me coupes la parole comme ça... je te décolle la tête, haleta-t-elle lorsqu'il se releva en riant.

— C'est marrant, t'as dit un truc un peu similaire la dernière fois dans la remise, et t'es repartie avec trois suçons dans le cou, nargua-t-il dans une œillade sur sa gorge immaculée pour l'instant.

— Atsu.

— Mahi ?

Leurs regards s'affrontèrent un instant, crépitants d'une colère qui n'en était pas vraiment une et d'une arrogance qui s'effritait à chaque fois sous les baisers. Puis, après un soupir long comme ses bras de part et d'autres du corps de Mahiru, le volleyeur céda le premier.

— Arrête de râler et détends-toi... lâcha-t-il alors dans un craquement de voix qui lui retourna l'estomac. Tu devrais être contente, je m'occupe de toi, c'est ce que tu voulais, non ?

— Atsu, sérieux... bougonna-t-elle tant contre son incompréhension que contre l'effet qu'il avait sur elle. Tu comprends vraiment pas, hein ?

— Oh nan, tu vas pas me la refaire, celle-là ?

Elle fronça les sourcils à son geignement impatient, qui témoignait de sa confusion on ne peut plus sincère. Pire, même, c'était une demande implicite de lui communiquer directement ce qui n'allait pas – et la reporter n'était pas sûre de savoir lui dire en face. Pas quand il la regardait avec autant d'intensité.

Elle déglutit, le regard papillonnant un peu partout dans la pièce vide de toute âme en dehors des leurs entremêlées sur le lit, avant de pousser un soupir désespéré. Comment ce garçon parvenait-il à analyser des gestes au volley-ball en un simple coup d'œil, et à devenir aussi aveugle qu'une chauve-souris quand il s'agissait des relations sociales – en particulier amoureuses ?

— C'est... la première fois qu'on a vraiment un coin rien qu'à nous, où... où il n'y a que toi et moi, personne d'autre, articula-t-elle en choisissant bien ses mots.

— Et alors ? T'as peur qu'il se passe quelque chose ?

— Non, j'ai pas peur.

Mahiru avait répliqué du tac au tac, sans réfléchir, roulant des yeux à la simple suggestion qu'elle puisse avoir peur. Car c'était complètement stupide d'avoir peur. Il n'y avait aucune raison d'avoir peur de se retrouver seule avec un garçon auquel on ne peut rien résister. Absolument aucune... n'est-ce pas ?

Elle renifla de scepticisme à ses propres pensées avant d'articuler d'une voix chevrotante – et ce toujours en prenant soin d'éviter ses yeux noisettes rivés droit sur son visage.

— J'ai... j'ai pas peur du tout, à vrai dire.

— Mahi.

Mahi ne le regarda pas. Qu'il était beau, ce guéridon au bord du lit. Le bois semblait avoir été sculpté et poli avec beaucoup d'application. Quel bois était-ce, d'ailleurs ? Du merisier, du chêne ou du... ?

— Mahi, fais pas genre de m'ignorer. Surtout après avoir râlé que je fasse pareil.

— Je t'ignore pas, rétorqua-t-elle en le gratifiant d'un regard agacé.

— Excuse-moi, c'est évident que tu regardes ma table de chevet parce que tu comptes devenir ébéniste.

— Jure, tu sais ce que c'est un ébéniste ?

Le volleyeur plissa un instant les yeux à cette remarque puis, face à son air narquois censé masquer toutes ses insécurités, décida de changer de tactique. Et dans un geste trop rapide pour être esquivé, il remonta la couette sur le visage de Mahiru.

— Atsu, bon sang ! s'offusqua-t-elle sous l'épaisseur de tissu qui l'enfermait soudain. À quoi tu joues ?!

— À transformer ma copine en hot-dog.

Sa voix et son rire lui parvenaient étouffés en raison de la couette. Elle eut beau agiter les mains pour tenter de s'en défaire, en vain – les bras d'Atsumu autour de sa silhouette l'enveloppaient avec fermeté. La chaleur de son propre soupir lui brûla le visage, presque autant que ses rougeurs à l'idée d'être ainsi sa prisonnière.

— Tu soûles, lâcha-t-elle en arrêtant de se battre, et il eut un rire idiot.

— Ah, le hot-dog est cuit.

Ce disant, Atsumu tira sur le tissu pour révéler la tête de sa petite-amie, et surtout sa chevelure ébouriffée en raison de l'électricité statique. Il contempla pourtant son visage boudeur avec une satisfaction sans nom, avant de se pencher pour plaquer les lèvres contre sa joue gonflée de frustration.

— Prêt à être dégusté.

— T'as un vrai problème, toi, marmonna-t-elle sans pour autant chercher à se défaire de son étreinte.

— Mais tu me kiffes, ricana-t-il en descendant sur ses lèvres.

— Mouais bof.

Il se redressa pour mieux la regarder, sourcils haussés de scepticisme et un sourire vainqueur au coin des lèvres.

— « Bof » ? répéta-t-il. Je t'embrasse maintenant pour te le faire avouer, ou bien j'attends que tu me supplies de le faire ?

— Tu peux rêver pour que je te supplie.

— Et pour que tu me dises de quoi t'avais peur tout à l'heure ?

La brunette plissa le nez de contrariété. Ce qu'il était agaçant à ne rien comprendre. Au moins aussi usant qu'il n'était mignon quand il essayait de le faire. Elle soupira une nouvelle fois, avant de se blottir contre l'oreiller sur lequel il s'était allongé.

— Tu promets de pas te foutre de moi ?

— Je suis obligé de le promettre ?

Face au regard blasé que sa Mahiru leva vers lui, il capitula dans un petit rire. Sa large main de volleyeur survola sa joue puis son épaule, et enfin toute la longueur de son bras, dans une caresse des plus étourdissantes – pas aussi étourdissante en tout cas que ses mots.

— OK, c'est bon, promis, je me moquerai pas.

La promesse eut le mérite de la rassurer un chouïa. Aussi joueur fût-il, Atsumu n'en était pas moins un garçon d'honneur qui savait respecter ses barrières quand c'était nécessaire. Et même si elle avait toujours la voix hésitante et des rougeurs naissantes dans les joues à l'idée d'ainsi s'ouvrir à lui, à croire que c'était la première fois qu'elle le faisait, la reporter parvint à exprimer le fond de sa pensée :

— Si... on couche ensemble ce week-end, tu... tu pourras y aller doucement ?

La question avait été à peine audible, articulée avec prudence et beaucoup de retenue par une Mahiru qui n'avait pas une seule fois osé regarder son interlocuteur en la posant – et une part d'elle soupçonnait la caresse de ses doigts sur son bras d'y être aussi pour quelque chose. Pour autant, quand elle leva enfin les yeux vers son visage, Atsumu n'eut pas tout à fait la réaction qu'elle attendait.

— Tu veux qu'on couche ensemble ce week-end ? répéta-t-il avec scepticisme.

— Qu'est-ce que... pas forcément, non ! C'est juste que... bégaya-t-elle sous la surprise, avant de se ressaisir. Je pensais que c'était pour ça que tu m'avais invitée ce week-end.

— Ah non, moi je voulais juste passer le week-end avec toi.

La reporter le contempla, bouche bée. Si son visage s'enflammait à nouveau à cet aveu spontané de la part d'Atsumu, mini déclaration qui faisait bourdonner sa poitrine d'une émotion non identifiée, elle ne put s'empêcher de poser la question qui lui brûlait les pensées et les lèvres :

— Du coup t'en as pas envie de le faire aujourd'hui ?

— Non, répondit-il machinalement avant de se reprendre en réalisant la portée de ses mots, si bien que ses doigts tressautèrent sur son avant-bras dans une caresse électrisante. Enfin... si, j'en ai envie bien sûr. Mais je pensais pas à ce week-end en particulier. Juste... quand tu veux.

Le cœur de Mahiru s'affola. Là où il était craquant quand il essayait de la comprendre, le volleyeur devenait irrésistible lorsqu'il exprimait ses ressentis – ou tout du moins quand il essayait. Car il n'y avait rien de plus authentique, de plus sincère, de plus attentionné que lui – l'Atsumu que très peu avaient la chance de connaître, l'Atsumu qui lui avait un jour donné un taiyaki pour la consoler, l'Atsumu qui l'avait à sa manière protégée de la dure réalité de Kinako et Murao, l'Atsumu qui avait soigné sa main à l'ombre d'un arbre. L'Atsumu qui, en somme, avait fait chavirer sa vie.

Et les mots sortirent d'eux-mêmes, incontrôlés, incontrôlables :

— Et si on en a tous les deux envie là, maintenant ?

Mahiru s'attendait à le voir sourire, s'enorgueillir, la taquiner pour sa crudité inhabituelle – or il n'en fut rien. Le volleyeur se figea pour toute réaction, sa main s'arrêtant brusquement dans sa course le long de son bras, ses iris rivés droit sur elle sans pour autant la voir, l'intégralité de son visage désormais dépourvue de toute émotion si ce n'est le choc, si écrasant qu'il peina à retrouver la parole. Et quand enfin ses lèvres se remirent en mouvement, s'ouvrirent et se refermèrent sans un seul son prononcé, il fallut à Atsumu se racler la gorge avant de réussir à articuler une réponse.

— Je... j'vais chercher des capotes.

Ce disant, il recula de sorte à sortir du lit afin de joindre le geste à la parole. Le geste fut cependant incertain, résultat de cette stupéfaction profonde qui le saisissait encore, si bien qu'il trébucha à moitié en se levant et dut se rattraper à l'échelle des lits superposés.

— Très romantique, ironisa sa petite amie depuis l'oreiller où elle s'était redressée, et il se pencha pour lui décocher un sourire cette fois plus assuré.

— Le romantisme, c'est pas penser au bien-être et à la sécurité de l'autre, tout ça ?

La reporter ne parvint pas à retenir un petit sourire nerveux à cette réplique qui, force était de le reconnaître, ne manquait pas de vérité. Ainsi, non sans un coup d'œil à ses lèvres tandis qu'elle acquiesçait, Atsumu s'éclipsa dans le couloir. Il revint une ou deux minutes plus tard, une boîte de préservatifs à la main. Et si encore une fois ce dernier n'avait pas l'air embarrassé par quoi que ce soit en se laissant tomber sur le lit à ses côtés, il surprit Mahiru par la lueur soucieuse qui dansait dans son regard quand son attention revint sur elle.

— Ça va aller ? s'enquit-il avec un sérieux inhabituel, de celui qu'il ne montrait qu'en de rares occasions – et ça la rendait toute fébrile de se dire que c'en était une.

— Oui, confirma-t-elle quoique nerveusement.

— T'es sûre que t'en as envie, hein ?

Nouvel hochement de tête qui dissipa toutes ses hésitations. Atsumu les guetta pourtant encore quelques secondes, dans une ultime chasse au doute tout au fond de ses yeux olive. Et quand il n'en trouva aucun, ni se penchant si près que leurs souffles se mêlèrent ni en attrapant sa main afin de créer du contact, le volleyeur s'autorisa à capturer ses lèvres.

C'était un baiser timide, pudique, incroyablement tendre par rapport à sa fougue habituelle. Il ne ferma même pas les yeux, pas tout à fait, l'éclat de ses iris noisette miroitant encore une ou deux fois lors de rapide coups d'œil entre deux baisers pour s'assurer que Mahiru ne changeait pas d'avis. Puis la tendresse se mua en gourmandise, la prudence en passion, et les baisers en véritable étreinte des corps et des âmes à mesure que les baisers avaient raison d'Atsumu.

Très vite, les mains du volleyeur jusqu'alors de part et d'autre de son corps épousèrent sa taille, des hanches, ses fesses. Ce n'était pas la première fois qu'il le faisait, habitué à la peloter depuis le tout début de leur relation, pourtant elle suffoqua contre ses lèvres, le souffle coupé par la sensation électrique qui en découlait. S'il eut un sourire suffisant à cette idée, lui lâchant les lèvres le temps d'un halètement, il ne lui laissa pas beaucoup de répit. Pas qu'elle ne s'en plaigne, les bras déjà autour de son cou, les mains dans le fouillis de ses cheveux blonds, et le cœur désormais esclave de ses caresses.

Atsumu fut délicat en la renversant sur le lit. Sa silhouette de volleyeur la surplombait, large d'épaules et chaude comme le soleil, pourtant elle n'avait pas l'impression d'être écrasée par sa présence. Seulement par la sensation de ses lèvres qui repartaient déjà à l'assaut des siennes pour ne plus jamais les lâcher. Il était insatiable, emporté par l'ivresse que les baisers provoquaient, et ne cessait d'embrasser, mordiller, suçoter les lippes de sa Mahiru – la sienne, rien qu'à lui, qui s'en remettait un peu plus à lui à chacun de ses gestes au point d'oublier jusqu'à l'endroit où ils se trouvaient.

Et à cette idée, un immense doute s'empara soudain d'elle et la tira du brouillard qui les enveloppait.

— Oh bon sang Atsu, attends je... j'aimerais... haleta-t-elle difficilement dans la chaleur de ses bras qui venaient encadrer son visage.

— Tout ce que tu veux.

La réponse machinale de son petit-ami la fit rougir autant qu'elle lui fit oublier un instant ce qu'elle comptait lui dire. Et la façon dont il recaptura ses lèvres juste après n'aida pas, lui étourdissant les sens au passage. Elle eut un rire nerveux entre deux baisers, les doigts crispés sur le tissu de son t-shirt qui se levait progressivement au fil des mouvements incessants de son bassin. Puis Atsumu lâcha ses lèvres afin de la regarder.

— Qu'est-ce que tu veux ? soupira-t-il d'une voix rauque.

— T'es sûre que c'est ton lit... hein ? hasarda-t-elle, non sans se maudire pour son bégaiement, et il eut un rire médusé.

— Ouais, pourquoi ?

— J'ai pas méga envie de faire ça dans le lit de ton frère.

Il plissa les yeux à la remarque de Mahiru, se pourléchant un peu trop les lèvres pour que cette dernière ne zieute pas dessus pendant quelques secondes, avant de répondre.

— Nan, c'est le mien. Il y a même un « A » au-dessus de la tête de lit, si ça peut te rassurer, ajouta-t-il en désignant la lettre de bois qui surplombait ladite tête de lit, et Mahiru se contorsionna pour l'apercevoir. A comme Atsumu !

— J'aurais juré que c'était pour abruti, pourtant.

Le regard blasé qu'Arsumu baissa sur elle lui arracha un petit rire moqueur, qui le fit hausser les sourcils avec insolence. Là, elle comprit son erreur dans un frisson qui la secoua toute entière, alors même qu'il profitait de leur position pour glisser les mains sous la blouse de la reporter. Ses paumes n'étaient pas froides, bien au contraire, mais le contact de sa peau sur celle de Mahiru lui fit l'effet d'un choc électrique.

— Atsu, tes mains... protesta-t-elle dans un ce qui devait être un bougonnement mais ressemblait davantage à un gémissement – et il s'en régala, bien sûr.

— Quoi, tu veux que je les monte plus haut ? sourit-il en joignant le geste à la parole, ce qui lui valut un regard noir.

— Tu sais très bien ce que je veux dire.

— Ah oui, tu veux que je les retire.

Pour autant, il ne les retira pas. Pire, même, pour la reporter qui n'arrivait même pas à s'en plaindre, le plat de ses paumes épousait beaucoup trop bien la courbe de sa taille pour qu'un soupir d'ivresse ne quitte pas ses lèvres. Atsumu le perçut lui aussi, à en croire le frisson de ses lèvres, mais son regard avait repris cette teinte embuée d'un peu plus tôt. Et ses doigts habiles avaient trouvé les boutons de son chemisier.

— Je peux... ?

Il ne finit pas sa phrase, interrompu par le hochement de tête de Mahiru en dessous de lui. Les boutons cédèrent dans la seconde, les uns après les autres, jusqu'à ce que la blouse de coton blanc ne tombe sur le sol, loin de ce qu'elle cachait. Et le souffle d'Atsumu se bloqua dans sa gorge, brûlant, au moins aussi ardent que le regard qu'il balaya le buste tout juste dénudé de sa reporter hésitante.

— A-Atsumu ? bégaya-t-elle en sentant ses mains de part et d'autre de ses côtés, et il se racla la gorge.

— C'est... la première fois que je...

— Que tu déshabilles une fille ?

— Et que j'en vois une comme ça... En aussi simple apparat, je veux dire.

Ce disant, il parcourut du bout de l'index la ligne de son ventre jusqu'à la vallée de ses seins encore prisonniers de leur soutien-gorge, d'un rose délicat choisi spécialement pour l'occasion. Le même rose qui lui colorait les joues à cette caresse pourtant légère comme le vent.

— Je peux là aussi ?

Il avait la voix rauque, cassée par une hésitation nouvelle qui lui retournait jusqu'à la dernière de ses cellules. Mahiru acquiesça à nouveau avant de l'arrêter brusquement quand il se pencha pour l'embrasser :

— Attends, murmura-t-elle en attrapant sans réflechir le tissu de son t-shirt, et Atsumu se fendit d'un sourire taquin.

— Ah d'accord, madame veut en profiter aussi, susurra-t-il contre sa joue.

— Ben... tant qu'à faire...

Le volleyeur ne retint pas son rire mais se redressa, le temps d'ôter son t-shirt dans un geste souple qui éblouit sa reporter au moins autant que le résultat, avant de se lover à nouveau contre elle. Le contact de sa peau chaude contre la sienne arracha à Mahiru un frisson électrique, mais elle n'eut le temps d'avoir aucune autre réaction, réduite au silence par ses lèvres sur sa tempe.

— Et voilà, pas de jaloux comme ça, susurra-t-il avec amusement.

— J'étais pas jalouse, répliqua-t-elle par fierté, et son rire sceptique descendit sur ses lèvres.

— Si tu le dis.

— Atsu...

— Quoi, tu veux que je me rhabille ?

À ces mots, il se redressa au-dessus d'elle de sorte à capturer son regard et mieux guetter sa réaction. Il n'y en eut aucune, car quelle réaction pouvait-elle avoir, si ce n'est une série de bégaiements hébétés, en étant ainsi prisonnière de ses bras et de son corps ? Comment pouvait-elle réfléchir correctement quand son ventre ferme et musculeux effleurait le sien au fil de sa respiration ? À quel moment était-elle supposée avoir une réaction mesurée quand elle sentait son érection appuyer contre sa cuisse ?

Alors Mahiru secoua simplement la tête en réponse, dans un geste nerveux qui augmenta la friction de ses lèvres quasi sur les siennes, et l'invita à l'embrasser à nouveau. Ce qu'Atsumu s'empressa de faire, bien sûr, non sans quelques mots murmurés à même sa peau :

— T'es belle, Mahi...

Les mots lui enflammèrent l'esprit. Ce n'était pas la première fois que le volleyeur le lui disait. Elle se souvenait parfaitement de cette fois-là, une ou deux semaines auparavant, où il avait avoué dans un moment de jalousie combien il la trouvait belle, cri de son cœur sous la lune de Tokyo. Elle avait alors rougi et tourné la tête, guère prête à le croire quand bien même Atsumu ne l'aurait jamais laissée le contredire là-dessus. Or là, maintenant, sous son attention dévorante qui lui faisait tourner la tête, la reporter avait envie d'y croire, de croire à ses mots, de croire qu'elle était trop belle.

C'est sans doute pour ça que, arquant le dos pour se redresser contre son volleyeur, Mahiru lui laissa le champ libre afin de dégrafer son soutien-gorge et picorer ses seins du bout des lèvres. C'est sûrement pour ça, aussi, qu'elle n'hésita qu'une poignée de secondes avant de défaire la boucle de sa ceinture qui céda bien vite malgré ses hésitations. C'est peut-être pour ça, également, que les vêtements finirent par tomber les uns après les autres sous leurs mains fébriles, la fièvre des baisers ayant tout brûlé sur son passage. C'est probablement pour ça, enfin, que leurs corps s'entremêlèrent dans le secret des draps, mus par un besoin irrépressible de s'imprégner de l'autre – de le toucher, de le sentir, de le goûter, de le pénétrer jusqu'au plus profond de soi-même.

— Atsu... soupira-t-elle en sentant son sexe frôler cette zone particulièrement sensible de son entrejambe.

— Je sais, attends...

Les mots du volleyeur glissèrent sur sa peau quand il se redressa afin d'attraper la boîte de préservatifs. Son bras se tendit au-dessus de la tête de Mahiru qui, prisonnière entre ses bras et l'oreiller, avait le souffle coupé – et pas uniquement à cause de leur étreinte.

Car Atsumu était époustouflant au-dessus d'elle. L'auréole de ses cheveux dorés lui tombait sur le front avec une grâce presque sauvage, ses lèvres entrouvertes luisaient de la luxure de leurs baisers, et l'éclat sombre de ses yeux aux pupilles dilatées trahissait son excitation. Un soupir tremblotant franchit les lèvres de Mahiru pour aller heurter ses pectoraux saillants à quelques centimètres de son visage. Et lui de baisser le regard sur elle :

— Ça va ? s'enquit-il dans un souffle au moment où il mettait enfin la main sur la boîte de préservatifs, et elle fronça les sourcils quand il l'ouvrit sous ses yeux.

— Je rêve, ou il en manque déjà un ?

— Ouais, je... j'voulais voir comment ça se mettait avant.

L'aveu, teinté d'un embarras qu'elle n'aurait jamais cru voir chez son imperturbable petit-ami, arracha à Mahiru un petit rire nerveux. Ce dernier, quant à lui, leva les yeux de l'emballage du préservatif qu'il déchirait pour lui montrer sa moue boudeuse.

— Hé, te moque pas, bougonna-t-il plus par principe que par conviction, ce qui renforça son amusement.

— Désolée, c'est juste que je trouve ça... mignon ? articula la reporter en jetant un regard hésitant à ses mains qui s'affairaient à enfiler le préservatif, et Atsumu retrouva son sourire à ce semi-compliment.

— Mignon ? Je sais pas si on peut en dire autant de ce qu'on va faire.

— A-ah, tu crois ?

Le tremblement de sa voix fut involontaire, tout comme la pointe d'inquiétude qui la saisit tout à coup à la remarque pourtant guère sérieuse – elle se doutait bien – de son petit-ami. Ça ne lui échappa bien évidemment pas, lui qui avait toujours les yeux partout et aux endroits les plus improbables, et il se pencha de sorte à plonger son regard noisette dans le sien.

— Je déconne, ça va aller tout seul, susurra-t-il avec assurance tout contre sa peau.

— Et... comment tu peux en être sûr ? ne put-elle d'empêcher de demander, sa voix se brisant sous les assauts de ses lèvres dans son cou et sur ses seins.

— Bah... je t'aime.

Mahiru cligna des yeux à la spontanéité de sa réponse lâchée avec une désinvolture profonde. Comme si ça n'avait rien de notable. Comme si tout le monde le savait déjà. Comme si c'était aussi vrai et évident que le soleil qui se lève à l'Est et se couche à l'Ouest, à tel point que c'était inimaginable de le remettre en question. Comme si, tant que c'était le cas, le monde continuerait de tourner et la vie aussi.

Et ses sentiments suivirent tout naturellement :

— Je t'aime aussi, idiot.

— Je sais.

Le volleyeur se fendit d'un sourire suffisant en le disant, puis se redressa tant pour l'embrasser que pour mieux se positionner. Et si elle se crispa d'appréhension à la sensation étourdissante du bout de son sexe contre le sien, à faire rugir le feu de ses veines et de son corps, Mahiru n'hésita pas une seule seconde quand Atsumu leva les yeux vers les siens pour lui demander le feu vert – un « oui » qu'elle donna dans la seconde.

Il la pénétra avec lenteur, par à-coup, comme s'il cherchait en se restreignant à lui épargner une quelconque douleur. La reporter retint son souffle, les mains accrochées à ses biceps qui encadraient son corps, et les jambes glissant instinctivement plus haut autour de sa taille lorsqu'il toucha le fond. Et la voix d'Atsumu vibra sur sa peau dans un éclat de mille étincelles.

— Oh bordel, Mahi...

Il était au bord de l'explosion, Mahi le sentait. Au craquement de sa voix. Aux frissons qui saisissaient son visage, ses bras, son corps tout entier. À ces yeux qui ne les quittaient plus, elle et ses rougeurs de framboise sauvage. Au va-et-vient nerveux et pourtant léger de son bassin contre le sien. Oh, il la rendait dingue ce ballottement qui nourrissait sans le vouloir le brasier au creux de son ventre. C'est sans aucun doute pour ça que, mue par le besoin de s'approprier son petit-ami au moins autant que lui s'emparait d'elle, Mahiru entoura dans une caresse lascive ses épaules et resserra l'étreinte de ses jambes autour de son buste. Les lèvres d'Atsumu s'entrouvrirent le temps d'une grande inspiration hébétée, avant que la question ne tombe sur leur conversation muette.

— Je peux... continuer ?

Un hochement de la tête suffit à enflammer tout le reste. Atsumu étouffa dans son baiser les « oui » répétés de sa petite-amie, et puis, cédant à tous ses instincts les plus primaire, se mit en mouvement. Tout d'abord avec lenteur, prudence, cette sempiternelle restriction qui, sans empêcher les flammes de brûler, les empêchait de perdre pied totalement. Puis, très vite, les coups de reins se firent plus marqués, plus rythmés, définitivement plus possessifs.

Mahiru ne s'en plaignait pas, loin de là. Elle s'abandonnait à lui, aux assauts répétés de son corps sur le sien, à toutes les sensations qui en résultaient. Son dos se courba et son buste épousa le sien à la chaleur électrisante, avec une telle justesse qu'il sembla que leurs corps avaient été conçus l'un pour l'autre. Conçus pour satisfaire l'autre. C'était si bon, si fort, si différent de tout ce qu'elle s'était imaginé sur le sexe. Il n'y avait rien de parfait, pourtant, ni ventre tout plat ni membres gigantesques ni peau sans défaut. Et malgré tout cela, malgré les grincements du lit qui cassaient un chouïa le romantisme à chaque déhanchement si bien que quelques rires leur échappèrent, il aurait été impossible pour elle de ne pas tout trouver idéal. Exactement comme cela aurait dû se passer.

Tout s'accéléra alors au fil des secondes. Tic – leurs respirations haletantes qui se perdaient dans les draps. Tac – la cadence infernale de leurs cœurs en harmonie. Tic – les vagues de chaleur qui s'étendaient à tout leur corps. Tac – les grincements du lit à chaque nouveau coup de rein. Tic – les ardeurs d'Atsumu. Tac – les frissons de Mahiru. Tic. Plus vite. Tac. Plus fort. Tic. Atsu. Tac. Mahi. Tic. Tac. Tic. Tac. Tic... !

Et la dernière seconde vola en éclats, oubliée, ignorée, engloutie par tout le reste.

Mahiru jouit en premier, recroquevillée sous le volleyeur qui ne la lâchait plus. Elle se raccrocha à ses bras, ses épaules, son dos dans une vaine tentative de conserver un lien physique avec le monde réel avec lui. Il lui sembla bégayer dans son vertige une série de sons qui ressemblait plus ou moins au prénom de son amant, trop ivre de passion pour réussir à le prononcer correctement. Pourtant il n'y avait que lui, rien que lui au cœur de cette vague de chaleur qu'il avait provoquée, et qui s'abattait sur elle avec la force d'un tsunami.

Atsumu suivit peu après, dans quelques ultimes coups de bassin fébriles qui le menaient à la petite mort. Il se grogna un « Mahi » rauque dans son cou en s'abandonnant à l'orgasme – et ses mains laisseraient peut-être un bleu au creux de ses reins après l'avoir serrée contre lui avec autant de force. Mille frissons parcoururent son corps et le sien par extension en raison de leur proximité. Et l'endorphine se répandit dans leurs veines.

Le silence s'installa pour plusieurs secondes, si ce n'est des minutes. Il n'était pas entier, bien sûr, rompu par le vacarme de leurs respirations qui s'apaisaient peu à peu. Or il était là, tout autour d'eux, entre leurs silhouettes emmêlées, au fond de leurs esprits tout juste propulsés dans les éthers. Un silence de nuages. Un silence de dieux. Un silence si délicieux pour l'âme que nul ne le voudrait briser – et qui pourtant finit par s'étioler au bout d'une bien trop courte éternité.

— Je vais me relever, l'avertit Atsumu tout contre son oreille.

Il avait la voix grave, brisée par la langueur qui subsistait de leurs étreintes. Mahiru sentit son ventre pétiller à cette rugosité mais hocha la tête malgré tout, et le volleyeur prit appui à côté de sa tête pour se redresser – et se retirer, accessoirement. Elle eut un frisson au contact du froid sur sa peau, désormais séparée de lui, ce qui n'échappa bien sûr pas à son œil attentif de passeur.

— Ça va ? demanda-t-il par-dessus son épaule, après s'être retourné pour ôter le préservatif et enfiler un boxer.

— Ouais, t'inquiète, sourit-elle en se redressant sur son séant. J'ai juste... un peu froid.

Elle grimaça, tant à l'idée de se montrer aussi faible devant lui qu'au son de sa propre voix enrouée. Ça ne sembla pas gêner Atsumu, qui se fendit d'un sourire.

— J'arrive, attends, lui assura-t-il en lui lançant son t-shirt avant d'ouvrir la porte. Tiens, t'as qu'à mettre ça en attendant.

— Merci.

Quelques rougeurs lui chatouillèrent les joues à l'idée de mettre un vêtement que lui-même avait porté auparavant, mais elle le passa quand même par-dessus sa tête avant qu'Atsumu ne la taquine en la voyant hésiter. Ou pire, le lui reprenne. Ce dernier revint dans la chambre à l'instant même où l'habit de coton retombait sur ses cuisses fatiguées, où son regard noisette s'arrêtait un peu trop pour que son cœur ne s'affole pas. Et le volleyeur fit la moue, pensif.

— Je sais pas si je te préfère avec ou sans, commenta-t-il alors en désignant le t-shirt, et Mahiru arqua un sourcil sceptique tandis qu'il se laissait tomber contre elle sur le lit.

— Toi par contre, pas besoin de se poser la question ; avec ou sans cerveau, t'es toujours un idiot.

Il éclata de rire, nullement vexé par ses mots auxquels il était habitué, puis entoura un bras autour de sa taille afin de la ramener contre lui. En dépit de sa moue boudeuse, la reporter se laissa faire, se blotissant même contre le torse tiède de son petit-ami qui remonta la couverture sur leurs corps enchevêtrés sans se défaire de son rire troublant. Puis, après un ou deux haussements de sourcils insolents à sa reporter qui le toisait avec une moue blasée, il tendit un bras vers la table de chevet où, profitant du fait qu'elle avait la tête sous son t-shirt, il avait déposé un sachet en papier à son retour. Et le cœur de Mahiru, son pauvre cœur définitivement vaincu par toutes ses attentions, ne put que s'emballer quand elle comprit ce que c'était, avant même qu'Atsumu ne lui tende un taiyaki doré comme tous les jours passés avec lui.

Un sourire lui chatouilla alors les lèvres. Un sourire nerveux. Un sourire amoureux. Un sourire qui lui donna le courage d'abandonner son torse pour quelques secondes de reconnaissance, pour un regard rempli d'amour, pour un baiser tout contre la joue d'Atsumu – le même que le tout premier bisou sur la joue à l'ombre d'un érable quand il lui avait soigné la main. Et ses mots volèrent dans l'air, cri du cœur à travers le silence de la chambre.

— Tu restes un idiot, mais t'es mon idiot préféré.

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