10. Des Démons et un Ange

J'étais resté chez moi, dans une église abandonnée que j'avais détruite il y a quelques années. Et dire que ces religieux n'avaient plus l'argent pour la remettre en état... Mon père était passé, il m'a donné quelques bijoux à revendre et ma dit quelques mots. Il n'est pas resté plus longtemps.

- J'espère que tu t'amuses bien avec ces sales anges...
- Ouais, ouais, t'inquiète.

Le seul défaut agaçant qu'il me trouvait était ma passivité envers ces personnes secrètement ailées. Il m'avait dit qu'ils étaient responsables de tout ce qui a gâché mon enfance tranquille. Mais je pardonnais. J'aimais bien cette vie. Même si je n'avais plus de mère que je pouvais pleurer... Parce que je ne l'ai jamais réellement connue.

Je me faisais tellement chier alors je me suis dis qu'une petite balade dans la forêt pourrait peut-être m'arracher de cet ennui continuel.
Et je vis cette grande bâtisse pour la énième fois. Une grande et ancienne maison tombée en ruines, se trouvant à l'orée de la forêt. Un terrain magnifique et dégagé l'entourait. Et pour une fois je me suis dis qu'aller y piller quelques bijoux ne feraient pas de mal à ma pauvre bourse. Alors j'y entrai, par une fenêtre brisée au rez-de-chaussée.
Mais en arrivant, je ne m'attendais pas à entendre, et très distinctement, un coup de lame et des paroles étouffés de deux personnes.
Les bruits venaient de la cave. Il y avait sûrement un trésor là en bas, que deux personnes avaient trouvé avant moi...
Alors je descendis, silencieusement, et pus y rencontrer Akari et Akeno.
Akari avait une dague en glace dans la main, d'une couleur qui me rappelait quelque chose. Et puis... La voix de mon père résonna dans la pièce...

- Pourquoi veux tu savoir qui je suis? Pour me tuer peut-être ?

Le félin s'était transformé en une copie conforme de lui. J'étais toujours caché dans l'ombre, ayant peur de me recevoir une punition ayant comme motif ; espionnage du prince Toryama. Nan c'est juste parce que je ne veux pas qu'on me lie à ces problèmes.

Akeno était couché sur le sol, visiblement apeuré. Je compris en lisant dans ses yeux que ce dragon, qui n'était que mon ascendant, lui refoulait de terribles douleurs, lui rappelant des souvenirs qu'il ne voulait pas revoir.
Puis tout cela finit. Akari reprit sa forme originelle et consola le renard. De paroles que je n'écoutais pas.

Je remontai en douce. Mais je ne pouvais pas passer inaperçu aux yeux du goupil polaire.

- Arc...

Sa voix était faible, tel un chuchotement, comme si l'on avait volé toute sa force, mais son regard restait perçant, visant ma queue encore présente sur les marches.

- Faites comme si je n'avais jamais été là.
- Impossible.

C'était sûr... Impossible. Parce qu'il avait compris lui. Bien avant moi.
Je descendis, et me mis face à lui.

- Alors?
- C'est bien ton père, hein...?
- Ouais. Le benjamin Desescard se trouve devant toi.
- Amène le à moi pour que je finisse ce que j'ai à faire.

Akari fit un sourire incompréhensible.

- On devrait seulement le punir. Sinon c'est Arc qui se vengera après et ça n'en finira pas.
- Pft, personne voudra se venger quand Akeno aura disparu.
Je riais comme un con au milieu de cette "dispute"
- Je te punirai dans ce cas.
Et il sourit.

Akeno fixait le sol, visiblement pas content de voir que mon père était celui qu'il recherchait?

- Akeno, dis moi ce que tu me caches, depuis notre rencontre...

Il soupira longuement, je sentais que j'allais déjà lui enlever un poids qui lui rongeait depuis quelques semaines.

- Il y a 5 ans de cela, la guerre ravageait encore les régions envahies de démons, mais pourtant tout s'arrêta du jour au lendemain. Le jour où leur commandant prouva aux anges qu'il ne pouvait pas les mener éternellement... Celui où il mourut, d'une dague de glace enfoncée profondément dans son cœur, tué sans pression, et sans pitié. Et ce chef de guerre n'était que mon père. Il voulait se venger des démons qui avaient assassiné, tué, massacré, violé, tous nos compères de leur sang pur.

Il marqua une pose, et leva les yeux sur moi.

- Il a été massacré, au pas de la porte. Il pleurait de joie car il nous avait terriblement manqué. Il était certes blessé mais en vie. Et qui a osé la lui ôter? Un dragon bleu, semblable à toi, aux yeux mauves perçants, maléfiques, froid comme l'hiver et dégoûtant. Et il se trouve que son nom de famille commence par D ... Comme le tien...

Je dis mine de compassion mais un peu de pitié aussi.

- J'aurais osé pardonné, même si c'est horrible ce qui s'est passé. Et puis tu es très égoïste. J'ai perdu plus de famille que toi durant ces batailles. Et je n'ai encore tué personne par vengeance.

- Tu n'as sûrement pas la même rage de vivre que moi.

Il décrocha un sourire empli pourtant de haine.

- Si je ne peux tuer ton père, pourquoi aurait-il eu le droit de prendre la vie de ma petite soeur...

À ce moment là, j'ai eu l'impression que le temps s'était arrêté.
Mon père aurait donc voulu lui aussi de se venger, et non de stopper la guerre en tuant le chef de tous les problèmes. Bien entendu qu'il détestait lui aussi les anges, bien entendu que les Kyotane détestaient les démons... Le début de ce combat sans fin entre nos deux familles avait déjà commencé depuis longtemps... Et je n'en savais rien...

Akeno avait toujours un regard aussi tranchant, ses yeux semblaient briller dans la noirceur de la cave, je pouvais même entendre nos respirations, vu que le silence s'était interposé.

Et je sentis que quelque chose bougea derrière moi. Aria, j'étais content de la revoir. Elle sortit de sa cachette, pensant pouvoir briser ce silence qui pouvait sembler éternel.

-Il y avait donc une raison à tous ces combats qui ont détruits vos enfances... À vous trois.

- Aria...

Akeno prit la parole en premier. Sa voix était restée calme mais... Il avait gardé son attitude sévère.

- Comment oses-tu avoir toi aussi rejoint le côté des démons... Pourquoi ? Je pensais que tu resterais neutre à cela, que tu étais quelqu'un de sensée et responsable, capable de pouvoir rester dans le bon côté. Mais maintenant que tu n'es qu'un démon toi aussi, peu importe la raison, comment pourrais-je vous laisser vous trois vivants, vu que l'occasion semble la meilleure?! Personne ne trouvera jamais vos corps, et personne ne se soucie de démons tels que vous!!

Un sourire se dessina sur ses lèvres.

- Mourrez, et participez au nettoyage de ce monde

Le renard polaire avait perdu la raison à force de rester calme face à moi, Akari et maintenant... Aria.

Et Akari l'assomma d'une brique à l'arrière de la tête.

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