Assise sur une chaise de la terrasse, l'adulte presque vieille surveillait sa fille jouer dans le jardin, un sourire attendri aux lèvres tandis qu'elle lui faisait un bouquet de fleurs, comme elle l'avait clamé il y a à peine une minute.

Ils vivaient dans une maison aux volets bleus, comme elle l'avait rêvé plus jeune, et apparaissaient comme la petite famille parfaite.

La mère, le père, et la fille.

Et même si ce n'était pas toujours réellement le cas, ils étaient bien. Elle aimait sa vie. Les petites voix qui lui criaient dessus lorsqu'elle était jeune n'étaient plus là, le calme avait enfin pris le dessus, et elle était fière. Fière de ce qu'elle avait vécu et traversé. Fière de ce qu'elle était devenue, même si la plupart des gens ne pensaient pas la même chose.

Elle peignait encore, de temps à autre ; moins qu'avant, elle en ressentait moins le besoin, elle n'avait plus besoin d'oublier et de s'oublier. Mais elle n'avait jamais arrêté de donner vie à ses idées et pensées à travers ses peintures.

Elle quitta un instant sa fille des yeux pour reprendre sa couture ; elle réparait un pantalon que la petite avait troué en tombant, lorsqu'elle était partie faire du vélo avec son papa. C'était une vraie aventurière, prête à tout affronter, tout escalader, tout découvrir. Du haut de ses cinq ans, elle voulait déjà voyager à travers le monde, voler en deltaplane, nager avec les dauphins et grimper sur les plus hautes des montagnes. Alors, elle serait la « princesse exploratrice du monde », comme elle aimait le dire tout haut et à tout-va.

Le portrait craché de sa mère à son âge, quand on y pensait. Elle était même presque persuadée que si elle se fabriquait une cape, elle pourrait voler. Curieusement, c'était le seul souhait que ses parents avaient refusé d'exaucer, ayant trop peur que leur enfant saute par la fenêtre en pensant qu'elle ne s'écraserait pas. La petite avait bien boudé pendant quelques jours, mais c'était passé.

D'ailleurs, elle finit par revenir auprès de sa maman en courant, un bouquet de fleurs de toute sorte en mains. Elles rentrèrent donc toutes les deux dans la cuisine pour les mettre dans un joli vase blanc, décoré de quelques roses. En sautant partout, un grand sourire aux lèvres, la fillette finit par s'arrêter devant un tableau représentant de belles fleurs jaunes. Se retournant vers sa mère, elle s'exclama ;

« Maman, je veux aller cueillir des tournesols ! »

Alors, bien sûr, elle accepta.
Et évidemment, elle souriait de fierté, la petite fille devenue grande.