Chapitre 7 : Ne crie pas

-Marinette ?

La jeune fille se figea. Cette voix...n'était autre que celle d'Alya !

-Oh non non non non non ! gémit la jeune fille en regardant Adrien, paniquée, les yeux grands ouverts.

Que se passerait-il si jamais sa meilleure amie les découvrait là, à moitié nus, dans un petit placard exigu ? Elle croirait qu'ils...Non ! Il ne fallait absolument pas qu'elle les trouve ici !

Au bord de la crise cardiaque, Marinette s'éventait d'une main, se retenant au mur à côté d'elle. Ses jambes flageolaient tellement qu'elle était sûre de les entendre s'entrechoquer. La jeune fille gardait le regard braqué sur la poignée de la porte. Elle tremblait de tous ses membres. Elle devait rêver. Oui c'était cela, elle était en train de rêver et Alya ne les retrouverait pas ici. Sinon, comment expliquer que ce genre de situation tordue n'arrive qu'à elle ?

Ne vis pas dans le déni Marinette ! persifla une petite voix venue des profondeurs de son cerveau.

Marinette secoua la tête. Cela ne servait à rien de s'apitoyer sur son sort. Cela aurait pu être pire...Non ?

-Marinette ? répéta Alya. Je t'ai vu entrer. Tu peux sortir, il n'y a plus personne ici.

Marinette secouait la tête comme pour dissuader son amie de continuer. Un filet de sueur glacée coula le long de sa colonne vertébrale, lui arracha un frisson incontrôlable.

Adrien était livide. Il regardait la porte, puis Marinette, puis la porte, puis Marinette... Il essayait d'empêcher son regard de se porter sur le corps de la jeune fille qu'il devinait dans l'obscurité. La pâleur de la peau de Marinette paraissait phosphorescente et la vue des courbes presque non dissimulées de la jeune fille lui tournait la tête. Il décida donc de se concentrer sur le mur, soudainement fasciné par le manche à balais qui y était appuyé.

Pendant de longues minutes les deux jeunes gens écoutèrent dans l'espoir qu'Alya abandonnerait finalement, croyant à un mirage. Malheureusement, sa voix se fit une nouvelle fois entendre :

-Marinette, je sais que tu es là ! Je t'entends respirer ! s'impatienta Alya. Marinette ?

La poignée s'abaissa, mais Marinette la retint d'une main.

-Oh ? La poignée semble bloquée par quelque chose...

Puis après un temps de silence qui leur parut interminable :

-J'ai compris, tu t'es enfermée toute seule ! Ne panique pas, je vais chercher le prof...

-NOOOOON !!

Le hurlement de Marinette avait fait tressaillir Adrien. Il tourna son visage livide vers celui de sa coéquipière et croisa son regard horrifié. Les deux amis étaient en pleine crise panique.

-Je...je vais ouvrir la porte Alya, mais s'il te plait, s'il te plait, ne crie pas ! supplia Marinette.

Lentement, elle appuya sur la poignée de la porte, le coeur battant à tout rompre. Elle poussa alors la porte, comme l'aurait fait une condamnée à mort. En grinçant, le dernier rempart qui séparait fatalement les deux amis de l'incorruptible amie de Marinette pivota sur ses gonds.

Quand les yeux d'Alya se furent habitués à l'obscurité qui régnait dans le placard à balais, ses joues rosirent, ses yeux s'écarquillèrent et sa bouche forma un O parfait. Puis son visage passa par toutes les couleurs possibles et imaginables. Elle resta plusieurs minutes, figée, au point que Marinette finisse par s'inquiéter de la santé de son amie.

-Heu...Alya ? Ça va ? demanda Marinette soucieuse.

La voix de son amie sembla tirer Alya de sa pétrification. Elle rougit fortement, puis repoussa Marinette à l'intérieur tout en pénétrant dans le placard, puis ferma la porte derrière elle.

-Vous allez tout de suite m'expliquer ce que vous faites ici ! vociféra-t-elle.

Écarlates les deux compères se regardèrent. Comment pouvaient-ils expliquer leur présence dans ce placard où ne se trouvaient que des seaux et des serpillières, en sous-vêtements de surcroît, sans que cela ne paraisse tiré par les cheveux ? Adrien finit par prendre la parole :

-Heu...en fait heu... J'ai entendu les cris, donc je suis sorti pour voir ce qu'il se passait...mais j'avais oublié que j'étais en caleçon... donc je me suis réfugié dans ce placard pour attendre que l'attaque passe sauf que...heu... Marinette était déjà à l'intérieur...

-Et bien sûr, tu ne pouvais pas changer de cachette ! ironisa Alya.

Sa réplique jeta un froid pendant un court instant. Adrien ne savait plus quoi répondre à l'apprentie journaliste, un peu trop inquisitrice. Marinette prit donc le relais.

-J'allais pa-pas le laisser repartir en ca-caleçon dans le couloir a-alors qu'un super-vilain était dans les parages ! balbutia la jeune fille plus rouge que jamais.

-Humpff.

-J'ai insisté pour m'en aller, mais...elle avait peur qu'il ne m'arrive quelque chose, ajouta Adrien. Mais...il ne s'est absolument rien passé !

C'était la plus stricte vérité, mais Alya ne pouvait pas le savoir.

La journaliste les observa à tour de rôle, suspicieuse et dubitative. Au bout d'un certain temps, elle sembla remarquer les bras de Marinette qui essayaient de dissimuler ses formes, les mains d'Adrien qui tentait de cacher ses parties intimes, ainsi que leurs deux visages, d'une magnifique couleur écarlate. La jeune reporter senti la gêne monter en elle. Elle venait de se rendre compte que la situation n'était pas très propice à un interrogatoire en bonnes et dues formes et décida d'abréger les souffrances de ses amis.

-Bon, d'accord... je...je vais aller vous chercher quelque chose à vous mettre sur le dos, dit-elle enfin en tournant les talons pour ouvrir la porte. Mais pas de bêtises, hein ?

Ses deux amis acquiescèrent comme de petits enfants pris en faute. Satisfaite de leur réponse, la jeune fille sortis et couru leur trouver de quoi se couvrir.

Elle revint rapidement, et les deux jeunes gens s'empressèrent de revêtir leurs habits. Ils ne se posèrent pas de questions sur leur provenance ni sur la manière dont Alya se les était procurés, surtout en ce qui concernait Adrien, puisque ses vêtements étaient restés au vestiaire des hommes et qu'ils étaient miraculeusement de retour entre ses mains.

Une fois vêtus de pieds en cape, Marinette et Adrien se précipitèrent dans le couloir et inspirèrent une grande bouffé d'air. Ils commençaient à se sentir légèrement à l'étroit dans leur minuscule placard à balais et savouraient ce retour à la liberté.

-Ça va mieux ? demanda Alya, souriante.

La situation avait commencé par l'intriguer, puis par la mettre mal à l'aise et désormais, elle l'amusait. Elle regarda ses deux amis reprendre leur souffle, encore rouge d'émotions. Le t-shirt d'Adrien était devant-derrière et sa chemise était toute froissée, tandis que le short de Marinette était de traviole, une jambe plus retroussée que l'autre, ses cheveux en bataille.

-Merci Alya, dit finalement Adrien, les joues encore roses, ses yeux fuyant ceux des deux filles.

-Mais de rien ! Maintenant, si tu ne m'en veux pas, je t'emprunte Marinette !

Le jeune homme balbutia quelques mots face au sourire étrangement carnassier de la jeune fille, puis s'éloigna dans le couloir non sans avoir jeté un petit regard furtif vers la jeune brune aux yeux si bleus.

Marinette le regarda partir avec désespoir, puis se tourna vers Alya, qui la fixait d'un oeil goguenard et gourmand. La jeune fille gémit intérieurement. Elle n'était pas encore prête pour affronter sa terrible amie... Elle savait mieux que personne à quel point Alya pouvait être redoutable. De plus, elle était bien placée pour dire que la jeune fille était d'une tout autre trempe que les super-vilains qui terrorisaient Paris, puisqu'elle affrontait les deux à longueur de journée.

Alya, surexcitée, entraina son amie vers une traumatisassions certaine...

.oOo.

-Plagg, réponds-moi !

-Pourquoi ferais-je une chose pareille ? Je te signale que j'ai dû passer plusieurs affreuses minutes coincé dans ta chevelure puant la transpiration !

Adrien soupira. Plagg ne lui avait toujours pas pardonné sa rencontre avec Alya quelques heures plus tôt. Quand il s'était détransformé, il avait bien été dans l'obligation de cacher son kwami quelque part. Et malheureusement pour ce dernier, il s'était avéré qu'il était en caleçon à cet instant précis.

-Vous n'avez vraiment aucune jugeote ! Heureusement que Marinette et toi avez les cheveux plutôt longs ! Imagine le scandale si sa stupide amie nous avait découverts, Tikki et moi ! Non mais vraiment, il va me tuer ce gamin un de ces jours ! Passe le camembert, et fissa !

Adrien s'empressa de refiler le fromage à la petite créature furibonde. Il n'avait jamais vu Plagg dans cet état-là, et le soupçonnait d'avoir eu une belle frayeur. Lui-même ne s'en était toujours pas entièrement rétabli et espérait que Plagg se remettrait rapidement de ses émotions car il n'avait, hélas, plus énormément de camembert en stock...

Le jeune homme se prit la tête entre les mains en se laissant choir sur un fauteuil qui faisait face à sa fenêtre. D'aventure, il faudrait qu'ils élaborent une meilleure stratégie de repli, sa Lady et lui. Il n'avait pas la moindre envie de se retrouver dans une telle situation à l'avenir et se doutait que sa Princesse non plus.

Il rougit fortement au souvenir des récents événements. Mon dieu. Qu'avaient-ils fait pour se retrouver dans des situations si rocambolesques ? Avaient-ils offensé le dieu de la bienséance ? Ou bien étaient-ils juste condamnés à passer le restant de leurs jours dans des conditions plus que gênantes ?

Adrien pouffa. Son imagination divaguait décidément légèrement trop loin. Il se leva et sortis de sa chambre. Il avait rendez-vous devant chez lui avec Nino, et ne comptait pas le laisser attendre plus longtemps.

-Plagg ! Tu viens, oui ?

-Non mais espèce de petit vaurien ! Qui t'as autorisé à me parler sur ce ton !? Je suis furieux tu m'entends ? FURIEUX ! Alors n'en rajoute pas gamin !

Adrien se tourna vers la petite boule de poil furibonde qui approchait de lui. La tête du kwami avait pris une étonnante couleur...rouge écarlate. Ses yeux semblaient lancer des éclairs. Adrien leva les yeux au ciel.

-Tu n'en fais pas un peu trop ? Je comprends que tu ais pris peur mais de là à me faire ce cinéma ... !

Plagg se figea. Son visage vira du rouge au noir. Un sourire éclaira son visage félin. Son regard se mit à étinceler de malice.

-Oh...il se peut en effet que j'ai légèrement profité de la situation, ronronna-t-il en tournoyant jusque sur l'épaule d'Adrien.

Le kwami fit entendre son rire si particulier quand il se glissa dans la poche d'Adrien. Ce dernier eu presque envie de l'écraser et resta un instant figé de stupeur. Ce petit vaurien lui avait passer un savon pendant trois heures -TROIS HEURES- pour s'amuser. Il lui avait crié après pour le plaisir ! Et Adrien qui pensait qu'il avait simplement eu peur. Le jeune homme se frappa le front du plat de la main. Plagg n'était jamais -ou presque- sérieux. Comment avait-il fait pour se laisser prendre à son jeu aussi aisément ? Cela n'allait plus du tout, il perdait la main avec ce chat-cripant !

Adrien retrouva Nino devant chez lui, après s'être remis de la trahison de son kwami, et les deux amis se rendirent à une terrasse voisine pour boire un verre. Nino s'empressa de lui faire part des projets qu'il avait pour le week-end, et qu'il avait été engagé pour s'occuper de l'ambiance lors d'une soirée mondaine dans quelques semaines, à son grand étonnement. Adrien sourit face à son enthousiasme, mais bientôt, à son grand désespoir, la conversation dériva sur un sujet qu'il aurait préféré éviter.

-Alors ! Raconte ! Alya m'a parlé de ta...petite altercation plutôt coquine avec Marinette...

Adrien manqua de s'étouffer avec la limonade qu'il était en train de boire. Alya n'aurait franchement pas pu taire cet épisode de sa vie ? Mais non. Bien sûr que non. Elle était journaliste dans l'âme ! Comment avait-il fait pour l'oublier ?

-Il ne c'est absolument rien passer ! protesta le jeune homme quand il eut fini de s'étrangler avec sa boisson.

-Je sais pas...Alya m'a juste dit qu'elle vous avait trouvés à moitié à poil dans un placard, je suis curieux c'est tout, ricana Nino en regardant son ami qui avait plongé sa tête entre ses mains.

-Nino, crois-moi...C'était déjà assez gênant comme ça ! Comment j'aurais pu savoir que j'allais me réfugier dans le même placard qu'elle ? Et encore plus, comment j'aurais pu savoir qu'elle était en...sous-vêtements ?

-Ok, ok, du calme mec ! Je te crois ! rit Nino devant la réaction de son ami. Mais tu as bien vu des trucs non ? Elle était pas beaucoup habillée à ce que j'ai cru comprendre...

Adrien regarda son ami avec désespoir, et se surpris à regretter de ne pas avoir subi l'interrogatoire d'Alya à la place. Quoique... la jeune fille était peut-être aussi avide de détails croustillants que son ami, qui sait ?

.oOo.

Effectivement, de son côté aussi, Marinette eut droit à toute les questions gênantes et imaginables qu'aurait pu lui poser Alya. Mais contrairement à son petitami, elle finit par se faire une joie d'y répondre, toute réticente qu'elle avaitété au départ. Adrien était un sujet sur lequel elle était pratiquement intarissable, et elle se fit un plaisir de partager tous les détails de la musculature du jeune homme à son amie une fois qu'elle fut remise de son choc. Enfin, tous les détails qu'elle avait pu entrapercevoir dans leur minuscule cachette sombre.

Une fois Alya rassasiée, ce qui mit approximativement deux ou trois heures, la jeune fille rentra chez elle et Marinette se mit joyeusement à coudre une de ses nouvelles robes. Elle avait fini de découper le tissu en fonction de son parton, et était en train de les assembler. La toile qui lui avait tout d'abord servit d'esquisse était toujours déposée sur la marquise, et on pouvait deviner à quoi sa création ressemblerait une fois qu'elle en aurait terminé. Elle était en train de piquer le jupon pour le rattacher au buste quand elle entendit un bruit sourd. Cela ressemblait à un coup frappé, et un petit sourire aux lèvres, elle s'empressa de monter ouvrir la trappe qui menait à son toit-terrasse. Son sourire s'agrandit quand elle aperçut Chat Noir, nonchalamment appuyé contre le mur.

Marinette se dirigea vers lui, et ils échangèrent un baiser passionné. Le gout de la peau d'Adrien lui avait manqué, bien qu'ils n'aient été séparés que quelques heures. Quand elle abandonna enfin les lèvres du jeune homme, elle poussa un soupir de regret.

-Bonsoir ma Lady ! Je venais te rendre une petite visite nocturne... Tu me fais entrer ? murmura Chat Noir à son oreille.

-Bien sûr mon chaton, après toi !

-Ah non ! La politesse veut que ce soit toujours les dames d'abord !

En levant les yeux au ciel devant sa bêtise, Marinette sauta chez elle, Chat Noir sur les talons. Le héros se détransforma pour laisser place à Adrien qui s'installa sur le petit sofa de Marinette.

-Oh, je te dérange en plein travail ? demanda le jeune homme en avisant la machine à coudre de la jeune fille et son travail commencé.

-Mais non Adrichou, tu ne la dérange absolument pas, comme je ne te l'avais absolument pas dit ! ronchonna Plagg en sortant de sa poche.

Marinette rit devant le regard meurtrier que lança le kwami à Adrien alors qu'il venait s'asseoir près de Tikki qui était installée sur le rebord de la fenêtre.

En effet, Plagg avait essayé de dissuader Adrien de venir chez Marinette, car, sous prétexte qu'elle avait été traumatisée par les évènements du placard, elle était sûrement en train de creuser sa tombe. Adrien avait bien sûr balayé les excuses extravagantes de son kwami, et s'était empressé de rejoindre sa douce amie.

Marinette vint se blottir dans les bras de son partenaire tout en déclarant qu'il ne la dérangeait évidemment pas.

Pendant plusieurs minutes, ils parlèrent de tout et de rien, échangeant de tendres baisers de temps à autres, puis Marinette se décida à poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis un petit moment déjà.

-Tu ne crois pas qu'on devrait dire aux autres qu'on sort ensemble ? Au moins Alya et Nino ?

Adrien se tu un instant puis répondit :

-Si. Ça commence à devenir légèrement gênant tous ces secrets. Mais dans seulement quelques jours alors, sinon Alya va croire qu'on était dans ce placard pour autre chose que ce qu'on lui a affirmé.

Marinette pouffa tout en acquiesçant. Au souvenir de la fougue dont avait fait preuve l'apprentie journaliste quand elles avaient enfin été seules dans sa chambre, elle se dit qu'effectivement, Alya méritait d'être au courant, si elle ne voulait pas subir un interrogatoire forcé chaque fois qu'elle les découvrirait dans une position compromettante.

La jeune fille se blotti davantage dans les bras du jeune homme et senti bientôt le sommeil l'envahir. Elle s'endormit, le doux parfum masculin d'Adrien flottant dans les limbes de ses rêves.

Quand elle se réveilla, elle se retrouva dans son lit, la chaleur du jeune homme disparue. Elle poussa un soupir, et attaqua la semaine qui allait immanquablement la mettre face à des révélations qui menaçaient de finir sur des discutions houleuses si jamais Alya découvrait qu'elle cachait sa relation avec Adrien depuis un petit moment...

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