Chapitre 2 : Adrien...?

Chat Noir avait décidé de repasser voir Marinette pour s'assurer que tout allait bien pour elle. Après le combat de ce soir-là, il craignait qu'elle ne soit ébranlée, bien qu'elle ne lui en ait rien montré de peur qu'il ne s'inquiète pour elle. Il était donc rentré chez lui dans l'objectif de laisser Plagg souffler quelques heures, ainsi que pour prévenir à toute intrusion intempestive de Nathalie dans sa chambre. Car si la secrétaire de son père s'était aperçue qu'il ne se trouvait pas chez lui, il n'osait imaginer tous les problèmes que cela aurait engendré.

Quoi qu'il en soit, il s'était donc de nouveau rendu chez son amie brune, une fois retransformé.

Depuis le toit-terrasse de la jeune fille, il avait empli ses poumons d'air frais, avant de soulever délicatement la trappe qui descendait jusque dans la chambre de Marinette. Il avait alors eu un instant d'hésitation.

Il en était encore à se demander s'il avait le cran de pénétrer par effraction chez son amie pour s'assurer que tout allait bien, quand il se morigéna intérieurement. Il ne faisait rien de mal ! Son inquiétude était pourtant légitime... Marinette était son amie. De plus, elle venait de servir d'appât à ce Jean Jacques (quel drôle de nom pour un Akumatisé, il ne s'en remettrait donc jamais ?). Il y avait de quoi ébranler n'importe qui ! De surcroît, douce et timide, son amie paraissait si fragile !

Il secoua la tête pour couper court à son débat mental et sauta par l'ouverture. Il se réceptionna silencieusement sur le sol de la chambre de son amie. Il resta un instant immobile et tendit l'oreille. Hormis la respiration silencieuse de la jeune fille qui provenait d'un coin de la mezzanine, il n'y avait pas un bruit.

Remerciant Plagg et la vision nocturne que lui accordait le félin kwami, il se dirigea d'un pas de velours vers le lit de Marinette. Sans les pouvoirs que lui octroyait son costume, il se serait pris les pieds dans la chaise qui traînait dans un coin, puis aurait basculer à cause de l'une des malles de tissus qui étaient rangées non loin du lit.

Le jeune homme jeta un coup d'oeil par-dessus la rambarde de la mezzanine et observa le reste de la chambre. Il ne pouvait voir le bureau de son amie, ce dernier se trouvant sous lui, mais son regard se posa sur la banquette qui faisait face à la fenêtre, puis dériva sur la coiffeuse de son amie, de l'autre côté. Rien à signaler. Il n'y avait pas un chat.

Le jeune homme sourit face à ce jeu de mot involontaire et poursuivit son chemin. Lentement, à pas de loup, il s'approcha du fond de la chambre.

Quand il fut arrivé au pied du lit, la vision qui s'offrit à lui le figea.

Marinette était profondément endormie, une peluche rouge posée à côté de la tête. Cette peluche intrigua Chat Noir, car il aurait juré la voir respirer. On aurait vaguement dit une coccinelle...

Mais les yeux du jeune homme revinrent immanquablement sur Marinette. Le souffle léger qui soulevait sa poitrine faisait frémir une mèche de sa chevelure d'ébène qui lui tombait en travers du visage. A la vue des lèvres entrouvertes de la jeune fille, Chat Noir sentit une brusque bouffée de chaleur l'envahir, renforcée par le fait que la couverture de la jeune fille s'arrêtait au niveau de ses hanches et dévoilait la fine chemise de nuit blanche qu'elle avait revêtu. Au moment où il constatait qu'elle s'était changée au profit de ce vêtement qui ne cachait rien de ses formes, le jeune homme sentit ses joues s'embraser. Lui qui était seulement venu vérifier que son amie allait bien, le spectacle qui s'offrait désormais à son regard de jeune homme le mettait dans un tel état qu'il préféra détourner le regard.

Maintenant qu'il était certain que tout allait bien pour Marinette, il se dit qu'il devrait sans doute rebrousser chemin. Mais il ne pouvait plus bouger. A la fois la honte de profiter de cet instant de vulnérabilité de son amie pour l'observer et la tendresse qu'il éprouvait en la regardant ainsi dormir se mêlèrent dans son esprit.

Quand il reporta les yeux sur elle, il sentit son coeur rater un battement. Il avait toujours trouvé Marinette follement attirante, mais il n'avait jamais pu se décider entre elle et Ladybug. Maintenant qu'il l'avait sous les yeux, il se dit qu'il ferait sûrement mieux de renoncer à sa Lady qui semblait ne pas avoir d'attrait pour lui et tenter sa chance avec Marinette. Mais il devrait le faire en tant qu'Adrien, et non en tant que Chat Noir, car la situation risquerait de se compliquer. S'il la faisait tomber amoureuse de lui en tant que héros, il y aurait constamment le risque qu'elle ne découvre sa véritable identité et il ne serait pas libre de faire ce que font les autres couples avec elle : aller au cinéma, prendre un verre, l'embrasser en pleine rue ou devant chez elle. Il ne pourrait même pas l'inviter chez lui, ni l'approcher au lycée sans que cela ne paraisse suspect !

Il décida donc qu'il irait lui rendre visite le lendemain en tant que super-héros pour clore l'épisode de l'Akumatisé et prendre de ses nouvelles, puis qu'il se rapprocherait d'elle sous la forme d'Adrien, mannequin et fils du styliste le plus renommé de Paris.

Il soupira, contempla un instant supplémentaire sa jeune amie, puis déposa un léger baiser sur ses lèvres roses.

Même plongée dans un profond sommeil, la jeune fille frémit et se tourna sur le côté. Chat Noir remonta la couverture sur elle, observa avec satisfaction le léger sourire qui s'était peint sur le visage de son amie, puis s'éclipsa, aussi discret qu'une ombre...

.oOo.

Quand Marinette ouvrit les yeux, la lumière lui fit plisser les paupières. Elle avait laissé ses rideaux ouverts à cause d'un certain super-héros qui lui avait complètement fait sortir de la tête ses tâches quotidiennes.

Marinette bailla. Une impression étrange l'habitait, de celle que l'on a quand on se réveille et qu'un rêve que l'on vient pourtant de faire nous échappe, s'envole, puis s'évapore doucement dans les airs.

Elle avait le sentiment que son rêve était important. Une histoire de baiser volé... Elle secoua la tête, frustrée de ne pas parvenir à remettre le doigt sur ce fichu songe.

Agacée, elle regardait l'heure qu'affichait son réveil et poussa un cri. Elle allait encore être en retard !

Jurant, elle se leva, provoquant un couinement de Tikki qui tomba du lit. Elle ramassa la petite créature en se rependant d'excuses, mortifiée que sa minuscule amie fasse les frais de sa précipitation et de sa maladresse.

Elle dévala ensuite l'échelle qui permettait de regagner le reste de sa chambre depuis le point surélevé sur lequel reposait son lit, s'habilla en quatrième vitesse, engloutit son petit déjeuner, expédia sa toilette et se précipita dehors. Une fois dans la rue, elle se rendit compte qu'elle avait oublié son sac. Jurant de plus belle, elle courut le chercher, puis sprinta jusqu'à son lycée.

Essoufflée, elle déboula dans la cour, puis, prenant son courage à deux mains, se précipita vers sa salle de cours.

Elle ouvrit la porte et pénétra dans la classe, se rependit une nouvelle fois en excuses, puis se dirigea vers la place qu'elle occupait, à côté d'Alya. Elle s'assit enfin, et tenta de reprendre son souffle.

-Alors, lui demanda Alya avec un petit sourire entendu, c'est quoi l'excuse cette fois-ci ?

-J'avais oublié de programmer mon réveil, chuchota Marinette en réponse.

Adrien, qui écoutait leur conversation, sourit. Il avait deviné la raison qui avait fomenté cet oubli. Et en être la cause lui procurait un étrange et coupable plaisir.

-Qu'est-ce que j'ai manqué ? demanda Marinette à son amie.

-Oh, trois fois rien, Chloé à, comme d'habitude, posé ses sales pattes sur Adrien en arrivant, Ivan et Mylène nous ont offert une scène de retrouvailles romantiques à souhait -comme s'ils ne s'étaient pas vu la veille-, et Nino m'a montré la photo de sa nouvelle table de mixage.

-Je parlais du cours Alya, répliqua Marinette.

-Oh...

Adrien se retenait de rire. Il adorait écouter les échanges des deux amies. C'était toujours hilarant de voir comment Marinette arrivait à doucher la spontanéité et l'enthousiasme naturels de son amie.

Il repensa à la veille et au désir qui l'avait saisi à la gorge à la vue de Marinette endormie. Il refoula le rouge qui menaçait d'envahir ses joues. Il reporta son attention sur la classe. Quand Chloé s'aperçut qu'il regardait dans sa direction, elle fit une moue qu'elle voulait sans doute séductrice et battit des paupières. Faisant mine de ne pas remarquer son manège, Adrien se tourna vers le fond de la classe. Kim regardait par la fenêtre d'un air morne, Rose et Juleka échangeaient des mots et Nathaniel contemplait Marinette.

Quoi ?!

Nathaniel contemplait Marinette ?! Mais oui, il la dévorait même du regard ! Un intense sentiment de possessivité naquit dans la poitrine d'Adrien et l'aveugla momentanément. Il eut soudain envie de se lever et d'arracher les yeux de son camarade qui semblait vouloir dévorer Marinette tellement il était accaparé par son visage. Surpris par sa propre réaction, Adrien tenta de se calmer. Pourquoi réagissait-il aussi violemment ? Nathaniel ne faisait que regarder Marinette... Il ne la touchait, ne lui parlait pas, il ne faisait que la regarder. Malgré tout, un sentiment de jalousie brûlant vint se déverser dans les veines d'Adrien.

Le jeune homme secoua la tête, tentant de se libérer de cette ardente étreinte.

Nino finit par lui donner un coup de coude.

-Ça va mec ? On dirait que tu veux tuer quelqu'un...

Adrien lui adressa un pâle sourire. Oh que oui, il avait envie de tuer quelqu'un. Mais cette idée ne pouvait pas venir de lui, Nathaniel était son ami et n'avait jamais rien fait qui puisse l'offenser.

Jusqu'à aujourd'hui, murmura insidieusement une petite voix dans sa tête.

-T'es sûre que tout va bien ? Je peux demander à ce que tu sortes pour boire un coup si tu veux...

-Non, ça va aller, répliqua Adrien d'une voix étrangement rauque.

Le regard de Nino resta inquiet un instant, puis il haussa les épaules en signe de reddition.

-Comme tu veux mec...

Marinette, loin de se douter de ce qu'il se passait dans la tête de son voisin de devant, écoutait d'un air distrait ce que racontait leur professeur. Elle était toujours obnubilée par ce rêve qui lui échappait. Elle n'en gardait qu'une sensation diffuse, ainsi que le fantôme d'un contact sur ses lèvres. Machinalement, elle porta les doigts à sa bouche. Elle croyait se souvenir d'une légère brise à cet endroit de son épiderme qui s'était ensuite envolée, emportant son rêve avec elle.

La sonnerie de fin de cours la fit sursauter. Le professeur les retint un instant.

-Pour l'exposé, j'aimerais que vous fassiez des groupes de deux, mais mixtes. Un garçon et une fille, c'est bien compris ?

Un grognement mécontent lui répondit. Alors que ses autres camarades ronchonnaient à l'idée de se séparer de leur meilleur(e) ami(e), Marinette sentit un feu d'artifice éclater dans son bas ventre. Elle n'avait pas du tout saisit sur quoi l'exposer était censé porter, n'ayant, bien entendu, rien écouté, mais à l'idée de se mettre en groupe avec un garçon... Son regard se porta vers Adrien. Quand elle croisa son regard, elle rougit et...

-Marinette ? Fit une voix derrière elle. Ça te dirait qu'on se mette ensemble ?

Retenant un gémissement, Marinette se retourna et offrit un sourire forcé à ce pauvre Nathaniel qui ne se doutait pas qu'elle n'avait pas, mais alors pas la moindre envie de faire ce travail en sa compagnie.

Adrien, qui assistait à la scène, vit rouge. Quand le professeur avait annoncé que le travail serait effectué par des binômes filles/garçons, il avait cru que son coeur allait sortir de sa poitrine au vu de l'énergie nouvelle avec laquelle il s'était mis à battre.

Mais l'arrivée de Nathaniel avait eu sur lui l'effet d'une douche froide.

Le jeune homme se leva, et avant même de se rendre compte de ce qu'il faisait, avait emprisonné Marinette dans ses bras et déclarait d'une voix froide :

-Désolé, mais Marinette est déjà prise, vois-tu ? En revanche, Chloé serait ravie de faire équipe avec toi...

Evidemment, la fille du maire n'avait aucune envie de travailler avec le jeune homme, et la seule raison qui l'avait poussée à se lever était la certitude qu'Adrien allait lui demander de se mettre en groupe avec elle.

L'attitude d'Adrien avait jeté un blanc sur toute la salle de cours. Marinette, coincée par ses bras qu'il avait passé par-dessus ses épaules et joints devant elle, était au bord de l'évanouissement. Elle sentait la chaleur qui émanait du corps de son camarade et son odeur lui tournait la tête. Elle sentit ses genoux vaciller, et sans le soutien d'Adrien, se serait sûrement effondrée. De plus, elle se rendait à présent compte des centimètres qu'avait pris son ami durant ces trois dernières années...Il la dépassait d'une tête !

Conscient que son attitude avait légèrement devancé ses pensées, Adrien libéra Marinette, et, prenant un air placide, l'entraina à sa suite, hors de la classe, sous le regard médusé de leurs camarades.

Arrivé dans un couloir désert, le jeune homme relâcha Marinette qui s'effondra contre le mur, sous la force des émotions qui venaient la submerger.

Gêné, Adrien se passa une main dans les cheveux, puis se massa la nuque d'un air distrait.

-Excuse-moi si j'ai pu te paraître un peu...brutal. C'est juste que Nathaniel m'avait légèrement énervé auparavant et...

Stupéfaite de voir Adrien, ce garçon si parfait, avouer avoir succomber au goût de la provocation, Marinette ne sut quoi répondre.

Adrien se tourna vers elle et demanda d'un air soucieux :

-Cela ne te dérange pas qu'on soit en groupe, n'est-ce pas ?

Bouleversée, Marinette bafouilla :

-Je... Oui...enfin, non, ç-ça ne m-me dérange pas...c'est ju-uste que...enfin, ça m-ma surprise, enfi-in, tu vois...je.......laisse tomber.

Mortifiée, elle aurait aimé disparaître sous terre. Mais Adrien, qui avait saisi ce qu'elle avait voulu dire, fit naître un sourire sur son visage.

Marinette le regarda le rouge aux joues. Elle osa alors lui poser la question qui lui brûlait les lèvres, retrouvant étonnement la parole :

-Mais qu'avait donc fait Nathaniel pour te mettre...te mettre dans cet état ?

Adrien sembla réfléchir un instant, la contemplant d'un regard insondable qui la mit mal à l'aise. Il avait tellement changé...

Tellement.

Elle se souvenait de l'Adrien si gentil, si adorable avec tout le monde, si différent du jeune homme qui se tenait devant elle. Ce jeune homme qui n'avait pas hésité un instant avant de la prendre dans ses bras pour rendre un autre jaloux ... Elle sentit son coeur se serrer en pensant que si Adrien l'avait choisie, c'était uniquement dans le but de rendre la monnaie de sa pièce à Nathaniel. Le Adrien qu'elle connaissait n'aurait jamais utilisé quelqu'un pour faire du tort à un autre.

-Ce qu'avait fait Nathaniel ? Eh bien, il a osé tenter de me dérober quelque chose...répondit Adrien dans un murmure, comme perdu dans ses pensées.

Marinette le regarda, horrifié. Nathaniel avait tenté de voler quelque chose à Adrien ? Pourtant, le garçon qu'elle connaissait était timide et gentil, bien qu'un peu trop aimable avec elle parfois. Elle se sentait toujours gênée par les démonstrations d'affection que lui portait le jeune dessinateur.

-Comment... ? Comment Nathaniel aurait-il pu faire une chose pareille ? S'écria Marinette. C'est ton ami pourtant, je ne pense pas qu'il ait fait ça dans un but intentionnel, tu dois t'être trompé...

-Oh, crois-moi, il ne savait peut-être pas qu'il s'agissait de quelque chose cher à mon cœur, mais il l'a bien cherché, murmura Adrien en saisissant l'une des mèches de cheveux de Marinette qui s'étaient échappées de sa coiffure pour jouer distraitement avec.

Interloquée, Marinette le fixa. Quand il tourna son regard émeraude vers elle pour la fixer avec une intensité à couper le souffle, elle se sentit rougir. Son coeur rata un battement. Sa respiration s'accéléra. Un brasier se rependit dans ses artères, embrasant tout son épiderme. Elle sentait la chaleur du corps d'Adrien près du sien, si proche qu'elle n'avait qu'à lever la main pour effleurer son torse.

Hypnotisée par le regard magnétique du jeune homme, la jeune fille, ne réalisa pas immédiatement qu'il s'était approché d'elle. Quand elle s'en rendit compte, ses os se liquéfièrent et son coeur bondit dans sa poitrine, si fort que cela en devint douloureux. Elle baissa les yeux, comme brûlée par le regard du jeune homme. La tension qui régnait entre eux était palpable. Elle aurait presque pu la sentir ramper sur eux, étendant ses bras pour venir les envelopper de ses membres glacés.

Adrien se pencha vers l'oreille de Marinette. Quand les lèvres du jeune homme effleurèrent son lobe, un frisson la parcouru. Elle senti la bouche du garçon s'étirer d'un sourire quand il s'en rendit compte. A l'évidence, l'effet qu'il produisait sur elle ne le laissait pas indifférent.

-Je déteste que l'on convoite ce qui me tient à cœur, susurra-t-il.

Son souffle chaud fit tressaillir Marinette. Elle n'en pouvait plus. Le désir qui la submergeait était si violent qu'elle se demandait comment son partenaire faisait pour ne pas entendre son coeur battre dans sa poitrine.

N'y tenant plus, elle commença d'une voix chevrotante :

-Adrien...je..

Un hoquet de surprise franchit sa bouche quand les lèvres brûlantes d'Adrien déposèrent un baiser dans son cou. La réaction du corps de la jeune fille fut des plus violentes. Un brasier prit naissance dans son ventre, tandis que sa peau devenait hyper sensible. L'odeur d'Adrien assaillait ses narines comme il prenait appuie au mur de chaque côté de sa tête.

Adrien laissa tomber sa tête sur l'épaule de son amie, lui arrachant un autre hoquet de surprise. La tête enfouie dans son cou, il sourit. Son attitude n'avait pour but que de voir les réactions de Marinette. Il prenait plaisir à la tourmenter ainsi, tandis qu'il sentait sa respiration rapide dans son cou. La tension et le désir qui émanaient de son amie lui arrachaient un rictus de satisfaction. Il n'avait pu empêcher Chat Noir de refaire surface, joueur incorrigible qui prenait plaisir à tourmenter la jeune fille. Ce n'était que lui rendre la monnaie de sa pièce, elle qui hier l'avait mis dans tous ses états. Elle n'en était certes pour pas grand-chose, voir pour rien du tout, mais il n'avait pu s'en empêcher.

Et puis, il était tellement bien, là, le nez dans l'odeur de Marinette, délicieux mélange de pâtisserie et de fraîcheur. Il aurait été tenté de la dévorer, ici même, dans le couloir...

Mais il n'en fit rien.

Il se redressa simplement, un petit sourire désolé au coin des lèvres, avant de déposer un rapide baiser sur la joue de son amie, et de la planter là, pétrifiée et totalement déboussolée.

.oOo.

Marinette était restée environ cinq minutes, figée, incapable de bouger.

Qu'avait-il donc pris à Adrien ? Ce garçon si doux, gentil et courtois ? Ou était passé cet Adrien-là ? Il avait été remplacé par une sorte de réplique...

Oui.

Une réplique étrangement familière.

Ce regard.

Ce rictus...

...Ce baiser.

Tout lui rappelait... Chat Noir.

Chat Noir ?

Non.

Impossible.

Adrien n'avait rien en commun avec Chat Noir. Il était...

Exactement comme Chat Noir. Du moins, c'était le comportement si étrange qu'il avait eu quelques minutes auparavant qui lui permettait d'affirmer ça...Autrement, Adrien était tout l'opposé du justicier masqué. Adrien n'était ni fanfaron, ni adepte de jeux de mots douteux, ni...

...ni aussi entreprenant.

Qu'est-ce qui lui avait pris ?

Qu'est-ce qui lui avait pris ?

.oOo.

Adrien s'assit sur le banc aux côtés de Nino, après leur seconde heure de cours de la journée. Il attendait de voir surgir Marinette dans la cour. L'heure précédente, elle s'était murée dans un silence profond et même Alya n'avait su l'en tirer avant la première demi-heure. Il s'en voulait d'avoir perdu son calme avec elle, et en même temps, une intense satisfaction emplissait tout son être. Enfin il avait laissé parler ses émotions. Ça faisait du bien ! Cependant, le pincement de culpabilité qui ne le quittait pas ternissait son allégresse.

Quand la jeune fille en question jaillit du lycée, il esquissa un sourire. Le regard de Marinette vint buter contre le sien et ses joues, qu'elle avait eu tant de mal à calmer durant l'heure précédente, reprirent de plus belle, se parant d'une incroyable teinte écarlate. Elle baissa la tête et s'assit précipitamment près d'Alya qui la regarda d'un air interrogateur.

Adrien se promit de lui faire des excuses, mais pas tout de suite. Étonnamment, et assez honteusement, il préférait la faire mariner un peu...

Adrien sourit. Mariner...Marinette...Décidément, il ne cessait de faire des jeux de mots plus hasardeux les uns que les autres.

Il se renversa sur son banc la tête en arrière, essayant de démêler ses sentiments embrouillés. Nino, assit à ses côtés, était totalement accaparé par son portable. Adrien, curieux, y jeta un oeil, et découvrit avec satisfaction que son meilleur ami était en train de discuter avec sa chère Alya.

Une idée vint à l'esprit du jeune mannequin. Sortant son portable, il se mit à taper un message.

.oOo.

Marinette, assise à côté d'Alya, faisait mine d'examiner ses chaussures. Pourquoi avait-il fallu que son amie s'assoie juste en face d'Adrien ? Rhaaa ! Elle se détestait de réagir aussi excessivement chaque fois qu'Adrien était proche d'elle. Remarquez, elle avait une excuse à cet instant précis...

Son portable vibra dans sa poche, la faisant sursauter.

Elle le sortit, puis pressa l'icône de sa messagerie. Quand elle vit l'auteur du message, elle crut tourner de l'oeil. Les doigts tremblants, elle cliqua dessus.

Salut, je viens de me rendre compte qu'on avait pas décidé de l'endroit où on devait se voir pour l'exposé ni à quelle heure. Et je voudrais savoir quand placer ce rendez-vous pour le caler dans mon emploi du temps.

Les joues de Marinette, déjà d'une merveilleuse couleur écrevisse, devinrent incandescentes.

Adrien lui proposait de se voir, seul à seule ?! Bien sûr, elle s'y était attendu, c'était le principe même d'un exposé en binôme, mais...

...elle ne s'était absolument pas attendue à ce qu'il se comporte de manière si étrange une heure plus tôt ! Elle s'était rapprochée d'Adrien ces dernières années, et avait presque, je dis bien presque, réussi à se débarrasser de sa fâcheuse manie qui consistait à bafouiller et perdre momentanément la parole en sa présence.

Mais pour une raison inconnue, elle sentait que cette habitude allait resurgir...

Ah oui, c'est vrai... Et bien on a qu'à se voir à la sortie, tout à l'heure. Pour le moment, je suis avec Alya...

Attendant la réponse de son partenaire, elle se perdit dans la contemplation du ciel.

Vibre, vibre.

Oui, je vois ça... La conversation à l'air d'être passionnante !

Marinette rougit, mais avant d'avoir pu lui renvoyer une réplique bien sentie, son portable vibra de nouveau.

Et pourquoi ne pourrait-on pas fixer un rendez-vous par message ? Ce serait plus simple, non ?

Marinette mordilla sa lèvre. Elle n'avait, pour le moment, aucune idée de comment continuer cette conversation. Elle avait déjà fait le plein d'émotion dans le couloir, alors son esprit était toujours perdu.

Et bien, c'est que j'ai plein de choses à faire cette semaine et comme je préfère qu'on ne s'embrouille pas dans les dates, je pense que ce serait plus simple de te l'expliquer face à face...

Adrien sourit. Il ne s'était pas attendu à une telle réaction de sa camarade, et c'était une agréable surprise.

Il tenta de se vider l'esprit. Malgré la jubilation qu'il ressentait en cet instant, le sentiment de malaise qui l'accompagnait depuis qu'il avait rendu son amie confuse ne quittait pas le creux de son ventre.

Ce n'était même plus Chat Noir qui avait déteint sur lui, mais bien une autre face de lui-même ! A croire qu'un Dark Adrien se cachait quelque part dans sa tête...Mais cette fille le mettait vraiment dans tous ses états, si bien que ses plus bas instincts avaient refait surface. Il devait vraiment se calmer, ce n'était pas de cette manière qu'il allait démontrer son amour à Marinette !

Oui, car il l'aimait. De ça il était sûr. Seulement, il n'avait jamais encore eu à déclarer son amour sérieusement. En tant que Chat Noir, il le clamait bien à tout va, mais il n'était pas Chat Noir, bon sang ! Il n'était pas avec Ladybug non plus ! Il était Adrien et c'était à Marinette qu'il devait à présent déclarer sa flamme.

Relevant la tête, il croisa le regard de Marinette et lui adressa un sourire. Mais pas l'un de ceux qu'il lui avait offert dans le couloir, plus tôt. Non. Cette fois-ci, il s'agissait d'un sourire d'Adrien, le vrai, l'unique.

Marinette sentit son coeur s'emballer face à ce petit et timide sourire d'excuse. Elle le retrouvait enfin ! Son Adrien ! Et non ce jeune homme entreprenant et vraiment très, mais alors très, déstabilisant. Non que cela lui déplaise, mais... La situation n'en était devenue que plus intenable.

Elle lui rendit timidement son sourire.

A cet instant, la sonnerie marquant la fin de la pose retentie. Il leur restait encore plusieurs heures à tenir avant la fin des cours...

.oOo.

La fin de la journée était arrivée avec une lenteur exaspérante, mais était finalement là. Adrien attendait Marinette devant le lycée, tentant de se calmer mentalement. Son cerveau était en ébullition. Il devait absolument calmer son tempérament qui devenait excessif. Ne pas faire resurgir cette autre face de lui-même, plus sombre.

Quand son amie descendit enfin les marches pour quitter l'école, il lui fit un petit signe.

Marinette s'empourpra, puis s'approcha timidement de lui.

-Je...je tiens encore à m'excuser pour tout à l'heure... je..je ne sais vraiment pas ce qui m'a pris, bredouilla Adrien, gêné.

Marinette leva les yeux vers lui, plus rouge que jamais :

-Ce...c'est pas grave. Ça..ça arrive à tout le monde de perdre les pédales...

Le jeune homme lui sourit timidement. Il était soulagé qu'elle lui pardonne aussi facilement. Il n'aurait pas supporter qu'elle lui en veuille. D'un autre côté... il l'avait bien cherché.

-Donc... pour ce rendez-vous... ?

-Oh, je me disais que ce serait mieux si tu venais chez moi, commença son amie.

Puis elle rougit et détourna les yeux en réalisant que ce qu'elle venait de dire aurait pu être mal interprété. Elle chercha à se rattraper aux branches.

-Tu...enfin...je..Ça ne te..te..dérange pas ? bredouilla-t-elle.

Adrien rit doucement, avec tendresse.

-Bien sûr que non Princesse, je....

La mine stupéfaite de Marinette le coupa dans son élan. Il écarquilla les yeux. Venait-il juste de l'appeler...Princesse ?!

Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis la referma, incapable de trouver de mots pour se justifier. Comment avait-il pu être à ce point stupide pour se laisser aller en sa présence ?! Plagg l'avait pourtant prévenu ! La veille, son kwami lui avait dit de faire attention à ne pas laisser Chat Noir remonter à la surface en présence de Marinette...Passer trop de temps avec la jeune fille en tant que Chat Noir était dangereux, d'autant qu'il avait pris des habitudes en sa présence et que, par ce fait, il les retrouvait quand il parlait avec elle... Seulement, il n'était plus Chat Noir à ces moments-là, mais Adrien. Il se maudit intérieurement, mais fit mine de ne pas remarquer la stupéfaction de Marinette et poursuivit :

-...Je suis d'accord avec toi, ce serait effectivement mieux. De plus, je ne suis pas sûre que l'on resterait tranquille très longtemps chez moi... Nathalie, la secrétaire de mon père est parfois assez...comment dire ? Envahissante.

Mais Marinette continuait de le regarder d'un drôle d'air. Il y avait de quoi, il le savait bien mais il ne pouvait pas montrer qu'il savait qu'elle se doutait de quelque chose.

-Tout va bien ? Tu fais une drôle de tête, Marinette...

-Tu...tu viens de m'appeler...Princesse ? bredouilla la jeune fille.

-Oui... ? répliqua Adrien tentant de ne rien laisser paraître.

-Non pour rien, marmonna son amie. C'est juste que, ça m'a...rappelé quelqu'un...

Adrien se crispa. Il ne fallait pas qu'elle devine que Chat Noir et lui ne faisaient qu'un ! Bon, ça ne le dérangerait pas plus que ça, mais cela compromettrait son identité et pourrait mettre Marinette en danger si le fait qu'elle soit au courant venait à se savoir.

-Et sinon... mercredi, tu es libre ? Pour une fois, mon emploi du temps chargé comporte un trou de trois heure l'après-midi...

S'arrachant à sa réflexion, Marinette cligna des yeux. Quelques secondes plus tôt, la ressemblance avec Chat Noir avait été flagrante. Ce même petit sourire tendre, cette même façon de prononcer le Princesse... Mais Adrien ne semblait même pas avoir remarqué la bourde qu'il venait de faire. Enfin si, elle avait noté la légère tension qui lui avait raidi les épaules.

Alors Chat Noir serait Adrien ?

Sous le choc de cette révélation, elle n'entendit tout d'abord pas la dernière phrase de son ami. Comment avait-elle fait pour ne pas s'en rendre compte plus tôt !? Ils avaient la même taille, les mêmes épaules, les mêmes cuisses, les mêmes fesses ! Ainsi qu'un visage sensiblement identique, un regard du même vert printanier, la même crinière blonde !

Elle voulut se donner des claques mentales. Les deux garçons avec qui elle passait le plus de temps n'étaient sûrement qu'une seule et même personne, et elle était incapable de le voir !

La voix d'Adrien, ou de Chat Noir, la tira de ses pensées. Même leur voix avaient des inflexions identiques !

-Oh oui, pardon... Oui oui, ça me convient parfaitement ! Dit faiblement Marinette.

Puis soudain, prise d'une envie de confirmer son intuition :

-On se voit donc mercredi, chaton !

Le visage d'Adrien pâlit. Elle avait deviné. Obligé. Sinon, pourquoi l'aurait-elle appelé comme elle appelait Chat Noir ?

Oh...

Attendez...

Marinette n'appelait jamais Chat Noir « chaton » ...Seule Ladybug le faisait...

Pris de tournis, Adrien voulu retenir son amie, mais elle avait déjà disparue...

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