- Chapitre 6 -

En arrivant près des toilettes du rez-de-chaussée, Harry y bifurqua. Malefoy resta dans le couloir et s'adossa au mur en croisant les bras. Il n'y avait pas âme qui vive dans les couloirs du château, tout le monde étant dehors ou dans la Grande Salle. Il était pourtant plus d'une heure du matin mais la fête semblait partie pour continuer jusqu'à l'aube.

Quand Harry sortit des toilettes en secouant ses mains humides, il demanda :

— On va dehors ?
— Potter, moins trente... rappela le blond.
— D'accord alors sur un balcon...

Le blond haussa les épaules et tous deux allèrent s'installer sur un balcon, après en avoir cherché un de libre pendant plusieurs minutes...

— Apparemment, d'autres ont eu la même idée que nous, fit Harry en regardant un couple s'embrasser goulûment. Tiens, c'est Rokfer...
— Rokfer ?
— Un troisième année de Gryffondor. Je le croyais gay d'ailleurs...
— Apparemment non... Elle a l'air joli sa nana...
— Je ne la connais pas.

Harry soupira. Il s'assit sur le balcon et remonta une jambe. Malefoy en fit autant en face de lui et le brun se perdit dans le paysage sombre seulement éclairé par un mince croissant de lune.

Le silence le plus total régnait sur la Forêt Interdite. Le Lac Noir avait des airs de miroir et seules les petites silhouettes qui déambulaient dans le parc, le plus souvent deux par deux, amenaient un peu de vie. Çà et là d'épaisses plaques de neige renvoyaient l'éclat des rayons lunaires.

— A quoi penses-tu ? fit soudain Malefoy.
— A rien de spécial, répondit Harry en baissant la tête.

Il gratta de son ongle la pierre grise de la rambarde puis soupira.

— En fait, je pensais à Voldemort... dit-il finalement en reportant son regard dehors.
— Ah ? Et en quel honneur ?
— Il est mort depuis trois mois et pourtant tout est calme... trop calme même.
— C'est vrai que c'est calme, mais ça ne va pas durer, j'en suis certain, fit Malefoy. Le temps que les Mangemorts se remettent de la perte de leur maître et ils reviendront à la charge...

Harry hocha lentement la tête. Il regarda alors le blond qui haussa les sourcils.

— Quoi ? dit-il.
— Je peux la voir ? Ta Marque...

Le blond secoua vivement la tête en détournant le regard :

— Impossible, dit-il.
— Malefoy...
— Laisse tomber je te dis.

Le blond quitta alors le balcon et s'éloigna. Harry soupira et le suivit. Il le rattrapa au coin du couloir qui permettait de rentrer dans le château et tout à coup il y eut des cris de filles. Un « Peeves ! » furieux retentit et l'esprit frappeur jaillit de la coursive des balcons en jetant des bombes à sable sur les élèves qui se bécotaient tranquillement.

— Peeves ! fit Harry en regardant le petit fantôme coloré.

Celui-ci se rua dans leur direction pour échapper aux sortilèges que lui lançaient les garçons dérangés, soucieux de continuer la soirée tranquillement, et Harry baissa la tête quand l'esprit frappeur passa au-dessus d'eux en caquetant.

— Attention ! fit soudain Malefoy en plaquant Harry dos au mur.

Le brun sentit le vent d'un sortilège contre sa joue et il le vit s'écraser contre le mur en face. Il cligna des yeux puis leva les mains et les posa sur les bras du blond.

— Merci... dit-il en le repoussant légèrement. Je...

Le blond recula d'un pas et marmonna un « de rien » en détournant la tête, comme gêné. Harry le regarda alors puis il leva la main et la posa sur l'arrête de la mâchoire du blond qui le regarda.

— Non... dit-il. Ne fais pas ça...

Le brun s'appropria alors les lèvres du Serpentard, doucement, tout doucement, l'espace d'une poignée de secondes. Il le relâcha ensuite et souffla :

— Pour m'avoir protégé du sortilège... Merlin sait ce que c'était...

Malefoy avait viré au rouge brique et il s'était comme pétrifié. Harry sourit et lui caressa la joue.

— T'es mignon quand tu rougis... dit-il.

Le blond sembla soudain reprendre conscience. Il dégagea la main d'Harry d'un geste brusque de la sienne et il se détourna. Il s'en alla ensuite à grands pas vers l'escalier qui descendait dans le hall d'entrée et Harry le suivit.

—  Attends ! dit-il.
— Fiche-moi la paix !
— Malefoy, je t'en prie...

Le Serpentard dévala l'escalier à toute allure et sauta les deux dernières marches. Harry en fit autant et parvint à le rattraper. Il lui prit le poignet et le blond lui fit brusquement face, le visage déformé par la colère et le dégoût.

— Je t'ai dit me laisser tranquille ! gronda-t-il.
— Je suis désolé, fit alors Harry. Je n'aurais pas dû faire ça...
— Ah ça c'est certain ! Je ne suis pas comme toi Potter !

Harry sentit la colère l'envahir mais aussi une profonde tristesse.

—  Pardon Malefoy... dit-il alors en lui lâchant le poignet. Ne t'en vas pas...
— Pour que tu refasses encore ce truc ? Sans façons ! Maintenant tire-toi ! La soirée est terminée ! Bonsoir !

Le blond, furieux, tourna les talons et s'en alla à grands pas le long du couloir. Harry, lui, resta planté au milieu dudit couloir et soudain, ses jambes lui firent faux bond. Il s'effondra sur le sol et se traina jusqu'au mur.

— Mais qu'est-ce qui m'a pris ? dit-il en sentant les larmes monter.

Il passa ses mains sur ses joues et se releva comme il le pouvait. Il se traina ensuite jusqu'à Gryffondor et se vautra dans son lit après avoir traversé la Salle Commune entièrement déserte et silencieuse. Même le feu était sur le point de mourir.

.

— Hou, ma pauvre tête...
— Tiens, fit Hermione en souriant à Ron.

Elle lui tendit un verre rempli d'une solution blanchâtre et le rouquin l'avala d'une traite.

— C'est puissant ton truc, j'ai déjà presque plus mal, répondit-il, surpris.
— J'en ai fait plusieurs chaudrons que j'ai apportés à Pomfresh tout à l'heure...

Le rouquin fronça les sourcils et demanda :

— Quelle heure il est ?
— Plus de quatorze heures...
— Ouah ! Hé bé ! Et où est Harry ?
— Je ne sais pas, couché probablement. Non ?
— Je ne sais pas, je rentre à l'instant...

Hermione haussa les sourcils. Elle sourit ensuite et demanda sur un ton mystérieux :

— Tu as passé la nuit avec Conrad ?

Ron sourit.

— Oui mais en tout bien tout honneur, je précise, répondit le Gryffondor en levant les mains.
— Pourquoi il est gay lui aussi ?
— Non mais bon, tu pourrais te méprendre. Bon, je vais voir si le nôtre est dans son lit.
— Réveille-le du reste. Il est tard.
— Oui, chef !

Le rouquin lui fit un salut militaire puis il monta dans le dortoir des septièmes années et y entra tout doucement. Neville et Dean dormaient profondément et le lit de Seamus était vide et encore fait, signe qu'il n'avait pas passé la nuit ici. Harry lui, se trouvait bien dans son lit, pelotonné sous les couvertures.

— Eh, mon pote... fit son ami en s'approchant. Debout Harry, il est plus de quatorze heures...
— Mhm... Laisse-moi, je ne suis pas bien...
— T'as mal au crâne et envie de gerber ? Hermione a truc radical contre la gueule de bois.
— Ce n'est pas la gueule de bois, marmonna Harry.

Il se tourna alors sur le dos et dit :

— Hier j'ai fait un truc que je n'aurais jamais dû faire...
— Raconte-moi tout, fit Ron en s'asseyant au bord du lit.

Harry serra les lèvres puis dit :

— J'ai embrassé Malefoy...

Ron arrondit ses lèvres et haussa les sourcils. Le son ne vint que quelques secondes plus tard, comme une vidéo décalée...

— Oh... Oh ! dit-il.
— Je sais... fit Harry en se tournant de nouveau dos à son ami. C'était une grosse connerie... Il s'est barré presque en courant après ça...
— Tu m'étonnes...

Harry gémit tel un chien blessé. Ron lui tapota le bras puis quitta la chambre sur la pointe des pieds.

— Alors ? fit Hermione comme il s'asseyait près d'elle, une poignée de secondes plus tard.
— Il n'est pas bien, il va rester couché.
— Si c'est la gueule de bois...
— Non ce n'est pas ça. Il a fait quelque chose hier soir qu'il n'aurait jamais dû faire et ça le rend malade...
— Quel genre de chose ?
— Il te le dira lui-même je pense...

Hermione fronça les sourcils.

— Il s'est passé un truc avec Malefoy ?

Soudain ses yeux s'agrandirent et elle balbutia :

— Non, ne me dis pas qu'ils ont...
— Non, fit Ron. Harry n'a pas eu l'occasion d'aller aussi loin...

Hermione parut grandement soulagée.

— Mais alors ? dit-elle.
— Écoute, ce n'est pas à moi de te dire ça... Du reste je vais aller faire la sieste, je suis claqué. A ce soir.
— Heu... à ce soir...

Le rouquin remonta dans le dortoir et Hermione resta seule et pensive. Soudain elle saisit ses affaires et quitta la Salle Commune.

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