- Chapitre 4 -
Environ dix minutes après le début de la soirée, McGonagall se montra sur l'estrade débarrassée pour l'occasion de la table des professeurs. Elle avait troqué sa sempiternelle robe en velours vert et son chapeau pointu noir pour une longue robe pourpre en velours, ceinte à la taille par une chainette en argent dont le bout libre descendait presque jusqu'à ses pieds et tintinnabulait à chaque mouvement, même le plus infime. Elle avait également troqué son chignon tiré pour une grosse tresse enroulée sur elle-même reposant sur sa nuque et maintenue par un filet. Deux peignes en argent relevaient ses mèches poivre et sel de chaque côté de sa tête.
Réclamant le silence, la vieille sorcière fit baisser la musique d'un signe de la main.
— À présent nous allons procéder au tirage au sort des célibataires, annonça-t-elle. Encore une fois, je vous le rappelle, les unions sont totalement indépendantes de ma volonté ou de celle d'un autre professeur. Il est inutile de venir pleurer après moi pour changer de partenaire. Ce n'est qu'un jeu. Mais, s'il vous plait, jouez-le...
La vieille femme eut un sourire et ajouta :
— Ah et... certains professeurs ont noté leur nom sur le parchemin...
— Quoi ? s'exclamèrent plusieurs voix dans l'assemblée. Mais ce n'était que les célibataires !
McGonagall haussa un sourcil surpris.
— Mes chers enfants, certains d'entre-nous le sont... dit-elle.
Elle sourit, et tout le monde vit bien qu'elle se retenait à grande peine de rire. Elle alla ensuite chercher un chaudron, probablement emprunté au professeur Rogue, et le déposa sur un piédestal devant elle en disant :
— Ce matin, je me suis amusée à découper tous les noms des parchemins, ce fut fastidieux, même avec la magie, mais j'y suis parvenue. Tous vos noms sont dans ce chaudron. Pouvons-nous y aller ? Plus personne ne peut reculer maintenant, mais rien ne vous empêche de quitter le jeu avant la fin, en accord avec le partenaire que la magie vous aura choisi.
Elle sortit sa baguette magique et s'apprêta à jeter son sortilège. Elle s'arrêta et ajouta :
— Un dernière chose... Il n'y a pas de couvre-feu ce soir...
Des cris de joie retentirent un peu partout et plusieurs couples, amoureux ceux-ci, se mirent à parler à voix basse, se préparant probablement à filer en douce pour passer une bonne soirée.
— Allons-y !
McGonagall jeta son sortilège sur le chaudron et il prit feu brusquement. Les élèves du premier rang sursautèrent et Harry grommela quelque chose dans sa chope. Il sentit soudain une présence et regarda Rogue du coin de l'œil. L'homme faisait mine de se servir de la Sangria tout en observant les élèves du coin de l'œil.
— Vous avez votre nom sur ce parchemin ? fit alors Harry.
— Merlin non, je ne suis pas célibataire...
— Mon œil.
— Croyez ce que vous voulez. Bonne soirée, monsieur Potter.
Rogue tourna les talons et Harry soupira. Il regarda vers le chaudron d'où s'échappaient des langues de feu, deux par deux, déposant les bouts de parchemin dans les mains de McGonagall qui les lisait à voix haute à la chaine.
.
En une demi-heure, le chaudron fut vide. Il ne restait qu'une poignée de parchemins au fond et Harry sentait que son tour allait arriver. Le papier portant le nom de Ron venait de sortir et il avait été « uni » à un garçon de Serdaigle, un certain Phil Conrad. Inconnu au bataillon. Cependant ils semblaient déjà avoir sympathisé car Harry les vit éclater de rire tous les deux avec une chope de Bierraubeurre dans la main. Il en ressentit une pointe de jalousie.
— Hermione Granger de Gryffondor, fit alors McGonagall. Vous passerez cette soirée avec Pansy Parkinson, de Serpentard.
— Oh... gémit Hermione. Bon, hé bien c'est le jeu, dit-elle.
Elle chercha Pansy des yeux et celle-ci se fit purement et simplement trahir par Malefoy qui héla Hermione en levant le bras.
— Bonsoir Parkinson...
— Granger...
— C'est qu'un jeu, les filles, rappela Blaise. Si vous ne voulez pas vous le dites...
Les deux ennemies se regardèrent puis Pansy soupira.
— Non, ça ira. C'est un jeu, alors jouons, dit-elle.
Hermione la regarda et l'autre lui sourit. La Gryffondor lui présenta alors son bras en disant sur un ton bourgeois :
— Si Miss Parkinson veut bien se donner la peine...
— Mais avec joie ! répliqua l'autre sur le même ton en lui prenant le coude.
Elles éclatèrent alors de rire puis s'éloignèrent vers le buffet et Malefoy se renfrogna.
— Quoi ? fit Blaise.
— Il ne reste plus beaucoup de parchemins on dirait, fit le blond. Tu t'es inscrit ?
— Oui, au dernier moment, et toi ?
— Lundi soir... Avec un peu de chance je vais tomber sur une fille super mignonne et ça va aller plus loin...
— Drago Malefoy de Serpentard, fit alors McGonagall. Avec... Oooh ! dit-elle en lisant l'autre petit parchemin.
Le blond la regarda, terrifié.
— Faites que... dit-il en croisant les doigts.
— Drago Malefoy de Serpentard passera la soirée avec Harry Potter de Gryffondor, acheva McGonagall. Dois-je faire préparer l'Infirmerie, messieurs ?
— Oh ! Oh ! s'exclama l'assemblée en explosant en applaudissements et en rires. Prévenez l'Infirmière ! Y va avoir du sang !
Il y eut des rires un peu gras et Harry regarda McGonagall, abasourdi. Elle le regarda à son tour et lui fit une moue désolée en agitant sa baguette magique, d'un air de dire « je n'y suis pour rien ». Le brun se renfrogna brusquement et soudain il vit du coin de l'œil son compagnon de soirée qui semblait aussi assommé que lui.
— Allez, fit Blaise en le poussant dans le dos. Les lions ne mangent pas les serpents...
— Blaise Zabini de Serpentard passera la soirée avec Caroline Hopkins de Gryffondor, fit alors McGonagall.
— Toi au moins t'as une nana, marmonna le blond.
— Tu la connais ?
— Pas du tout...
— Ça peut être bien alors. Au moins j'ai une nana sur qui tu n'es pas déjà passé...
Malefoy soupira profondément et Blaise lui retourna une nouvelle claque dans le dos avant de s'éloigner à la recherche de sa compagne de soirée. Il la trouva près des grandes portes et en le voyant, la jeune fille vira au rouge très soutenu. C'était une sixième année très timide...
— Bon, fit alors le blond quand Blaise se fut éloigné avec sa nouvelle copine. C'est qu'une soirée après tout...
Il aperçut du coin de l'œil les danseurs sur la piste et il vit Pansy et Hermione valser à toute vitesse en rigolant comme des folles. Visiblement elles n'avaient eu aucun problème pour mettre leur animosité de côté et elles semblaient passer une soirée fantastique.
— Si elles y arrivent, nous aussi non ?
Le blond sursauta.
— Crois-moi, fit Harry. Cela ne m'enchante pas plus que toi, mais c'est qu'un jeu comme a dit McGo...
Il tendit alors une paluche et dit :
— Tu joues le jeu avec moi ? On n'a rien à perdre ni à gagner dans l'histoire.
Le blond regarda la main tendue et un souvenir vieux comme le monde lui revint, le jour où ce fut lui avait tendu la main pour tenter de faire d'Harry son ami.
— Ok, dit-il en lui serrant brièvement la main. Mais ne t'avises pas de m'entrainer sur la piste de danse comme ces deux gazelles...
Harry pouffa en secouant la tête. Il regarda Hermione et sa compagne de soirée et dit :
— Cela dit, elles ont l'air de s'amuser comme des folles...
Le blond haussa les épaules.
— Un verre de Xérès ? demanda-t-il.
— Volontiers.
Les deux garçons se dirigèrent vers le « bar » des professeurs, là où les alcools étaient rassemblés et où seuls les septièmes années avaient le droit de faire une station.
— Allez-y doucement sur l'alcool, jeunes gens, fit Trelawney en s'approchant d'eux dans un cliquetis de breloques. Il peut faire faire des choses non désirées...
— De quel genre ? demanda Malefoy.
Harry haussa un sourcil quand la femme leur fit un sourire bizarre avant de s'éloigner en mangeant des cacahuètes.
— Elle a voulu dire quoi ? demanda le Serpentard
— Je n'en sais trop rien... Tu sais, les voyants sont souvent un peu dérangés...
— Mouais... On va faire un tour ? Je commence à crever de chaud moi...
Harry vida son verre d'alcool et hocha la tête. Les deux garçons quittèrent alors la Grande Salle et se fondirent dans la masse de couples, factices ou non, qui déambulait dans le hall et dans les jardins malgré la fraicheur, voir même la froidure, de la nuit.
— Ici c'est le pôle nord par contre... fit Harry en resserrant sa cape sur ses bras.
Malefoy haussa un sourcil. Bien évidemment, il portait sa cape en velours ornée de fourrure noire sur le col, pas étonnant qu'il ait chaud dans la salle et pas froid dehors.
— Tu n'as pas une cape plus chaude ?
— Hé nan, monsieur. Je ne suis pas aussi fortuné que toi, je te rappelle, railla Harry.
— Ça commence bien, fit le blond en levant les yeux au ciel. Au fait, lundi tu m'as demandé si tu étais un « voyou Moldu », c'est ça ?
— Heu, oui... Mais...
— Eh bien je ne crois pas non, fit le blond avec un haussement d'épaules. T'es juste un gosse qui a pas eu d'enfance et qui s'amuse maintenant.
— Tu crois ça ?
— J'en suis même certain et ce n'est franchement pas difficile à comprendre quand on te regarde ou qu'on t'écoute...
— Mais encore ?
— Ben je ne sais pas... Tu ne te comportes pas comme quelqu'un qui a dix-sept ans... Voilà, en fait, t'es déjà adulte dans ta tête.
Harry fronça pensivement les sourcils. Il ne savait pas trop pourquoi sa Némésis lui ressortait brusquement cette discussion mais il marmonna quand même un merci et se dirigea vers un kiosque éclairé où se trouvaient plusieurs couples en train de discuter. En y voyant Ron et son nouvel ami qui discutaient, assis face à face sur le banc avec deux verres et une bouteille de Xérès entre eux, il fit un crochet et Malefoy le suivit.
— Tu n'as pas envie d'être avec tes potes on dirait, fit le blond quand le Gryffondor consentit enfin à se poser sur un banc, non loin du kiosque, à l'abri du froid sous un gros buisson aux baies noires.
— Nan je trouve ce jeu stupide, fit le brun en soupirant.
— Ah ? Alors pourquoi tu t'y es inscrit ?
— C'est Hermione qui l'a fait pour moi. Elle y a aussi mis Ron, mais lui ça n'a pas l'air de le déranger plus que ça...
— Elle non plus, fit le blond. Et toi, pourquoi t'es si... énervé ?
— Je ne suis pas énervé, juste...
— Énervé.
— Bon ça va !
Malefoy eut un petit sourire en coin. Il croisa les bras et regarda vers le parc. Des lumières magiques avaient été installées un peu partout, créant une atmosphère romantique à souhait. Seul depuis plusieurs semaines, le Serpentard fit la grimace. Harry s'en rendit compte.
— Qu'est-ce qui te fait grimacer ainsi ?
— L'ambiance romantique...
— Hum... Toi, tu t'es fait plaquer...
Le blond haussa un sourcil. Il regarda Harry puis demanda :
— Je croyais que tout le collège était au courant...
— À croire que non...
— Potter, ôte-moi d'un doute... T'étais bien à Poudlard entre septembre et janvier derniers ?
— Heu... Oui pourquoi ?
— Parce que je me suis fait gentiment plaquer avant les vacances de Noël... Miss Castagnettes a fait savoir à toutes ses copines que j'étais une bête au lit mais que j'étais bien trop prétentieux...
Harry pouffa et serra aussitôt les lèvres.
— Pardon, dit-il.
— C'est sur quelle partie de la phrase que tu rigoles, monsieur je-suis-énervé-et-tout-le-monde-en-prend-pour-son-grade ? marmonna alors Malefoy.
— Sur la partie où la demoiselle dit que tu es prétentieux.
— Et ?
— Ben c'est on ne peut plus vrai, mon cher.
— Super...
— Tu es prétentieux et sûr de toi. Tu n'hésites pas à clamer haut et fort tes prouesses dans tout ce que tu entreprends, aussi bien le Quidditch que le sport de chambre, et j'en passe et des meilleures.
— Quelles éloges ! Tu tiens vraiment à ce que je me tire d'ici sur l'instant ?
Harry haussa les sourcils, surpris.
— Et pourquoi tu ferais cela ? Je n'ai rien dit de mal... dit-il.
— Non, mais venant de toi, ça fait l'effet d'un coup de poignard...
— Milles excuses, railla Harry en fronçant les sourcils.
Il se leva alors et contourna le Serpentard. Celui-ci, les bras toujours croisés sur son torse, regardait à nouveau vers l'entrée du château. On entendait la musique provenant de la Grande Salle et un flot presque continu d'élèves entrait et sortait.
Harry regarda l'herbe craquante de gel. Il frissonna sous sa cape et jeta un regard à Malefoy qui fixait quelque chose loin devant. Harry suivit le regard de glace et vit au loin deux filles discuter énergiquement, entourée d'un nuage de vapeur qui sortait de leurs bouches.
— C'est laquelle des deux ? fit alors le Gryffondor.
— La blonde...
— Jolie... Pas mon genre, mais jolie. Serdaigle ?
Malefoy hocha la tête. Il soupira alors profondément et Harry le regarda.
— Hé... dit-il doucement. Bah alors ?
— Excuse-moi, tu n'aurais jamais dû voir ça... fit le blond en se détournant.
Il se dirigea vers le banc et s'y assis, la tête basse. Harry s'assit près de lui et posa une main dans son dos en disant :
— T'as aucune honte à avoir... C'est normal...
— Ça ne le devrait pas ! répliqua l'autre avec colère mais à voix basse. Elle m'a jeté comme une baguette cassée ! Elle m'a jeté et humilié en plus !
— Mais tu l'aimes toujours...
Le blond se figea. Harry lui caressa doucement le dos et de son autre main, il lui releva la tête et dit en le faisant regarder vers les deux filles :
— C'est la Saint-Valentin ce soir... Enfin a quelques jours près. C'est maintenant ou jamais.
— Non, fit le blond en se dégageant et en secouant la tête. Non, terminé les filles.
— Terminé ? fit Harry, surpris. Allons bon, tu vas virer de bord parce que tu t'es fait plaquer ? Remarque ça m'arrangerait mais bon...
— Pardon ? fit le Serpentard.
— Quoi ? Tu n'es pas au courant ?
— De ?
— Malefoy, tout le collège doit savoir que je suis gay...
— Ah bah en voilà une bien bonne tiens ! Tu plaisantes ?
— Est-ce que c'est un sujet de plaisanterie ? fit Harry, les sourcils haussés, sérieux.
— Il est sérieux ma parole !
Le blond s'apprêta à se lever mais Harry le retint par le poignet discrètement.
— Tu n'as rien à craindre de moi, dit-il. T'es peut-être un super beau gosse, mais jamais je me frotterais à toi, je n'ai pas envie de terminer en charpie pour le calamar du Lac Noir...
Le blond déglutit. Il regarda son poignet prit dans la main du Gryffondor et celui-ci le lâcha et approcha cette même main du visage du Serpentard en disant :
— Si t'aime cette fille, Malefoy, court dans ses bras et ne la lâche jamais plus...
Il lui effleura la joue de ses doigts et le blond s'écarta.
— Excuse-moi... fit Harry. Je n'ai aucune envie de te faire fuir, crois-moi.
— Dans ce cas, ne me touche plus jamais...
Harry leva les mains devant lui et recula sur le banc.
— Très bien, dit-il. Je ne m'approche plus de toi à moins de cinquante centimètres.
— Sage décision.
— Et maintenant, on fait quoi ? demanda le brun, désireux de détendre l'atmosphère.
— J'ai la dalle... On va manger un morceau ?
— Pourquoi pas.
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