Chapitre 2

...

Harry était furieux. Tout l'après-midi il ne cessa de pester après le professeur Rogue. Il était en train de l'inonder d'insultes – encore –, accoudé à une fenêtre, quand l'homme se pointa sans prévenir en le faisant bondir de frayeur.

— Quatre heures, Monsieur Potter... Quatre heures... dit-il sournoisement.
— Quoi ? tempêta Harry. Vous n'avez pas le droit !

Rogue, qui n'avait pas cessé de marcher, se figea et tourna juste la tête.

— Pas le droit ? Voyez-vous cela... Vous en voulez deux de plus ?

Harry rentra le menton. Rogue tourna le reste de son corps et marcha sur le brun qui recula d'un pas devant la montagne noire qui se hâtait sur lui. Jaillissant de sous sa cape, Rogue saisit le brun par l'épaule et le plaqua au mur.

— Monsieur Potter, vous connaissez mon secret depuis longtemps et vous savez de quoi je suis capable lorsque je suis en colère... N'est-ce pas ? susurra-t-il.
— Ce sont... des menaces ? souffla Harry. Je pourrais le dire au Directeur et...

Rogue releva le menton.

— Non, ce ne sont pas des menaces, répondit-il en le relâchant. Je me demande simplement pourquoi diable n'ai-je pas droit au peu de respect que je vous demande en tant que professeur ? Je ne suis pas un modèle de vertu, c'est un fait, mais vous êtes en septième année nom d'un Dragon ! Vous avez dix-sept ans, vous devriez être sorti de l'enfance et penser enfin à devenir un homme, mais non, Monsieur Potter, le grand survivant, a décidé d'en faire voir de toutes les couleurs à son professeur de Potions ! Pourquoi, Potter ? Pourquoi est-ce que vous vous en prenez à moi de cette façon ? Voilà depuis le Nouvel An que vous vous comportez comme un vulgaire voyou Moldu ! Pourquoi ! Dites-le-moi !

Harry déglutit. Il recula contre le mur, mal à l'aise et rentra le menton.

— Je ne sais pas, Monsieur. Je...
— Vous ne savez pas ! Il ne sait pas ! s'exclama Rogue en levant les bras au ciel. Elle est bien bonne celle-là ! Que vous ai-je fait, au nom de Merlin, pour être traité de façon aussi humiliante ? Avez-vous oublié le nombre de fois où je vous ai sauvé la vie ? Le nombre de fois où j'ai intercédé en votre faveur auprès du Directeur pour que vous ne soyez pas renvoyé ?

Harry ferma les yeux. Il n'avait jamais connu le « remontage de bretelles façon papa », mais là il avait l'impression d'en subir un et ce n'était pas agréable du tout.

— Répondez-moi ! aboya Rogue. Que vous ai-je fait ?
— Rien, Monsieur...
— Alors c'est donc cela ?
— Pardon ?
— Il vous fallait une tête de turc et c'est tombé sur moi ? Vous êtes pitoyable Potter... Vous feriez mieux de vous en prendre à quelqu'un de votre âge qui n'a pas le bras aussi long que moi. Si je le décidais, vous pourriez avoir de gros ennuis et être même renvoyé du collège ! C'est cela que vous voulez ? Être renvoyé définitivement ?

Le brun déglutit. Rogue tourna soudain les talons et s'en alla dans un tourbillon de capes noires. Le brun attendit qu'il soit loin pour se détendre complètement et il sentit les larmes monter. Il renifla et haleta.

— Nom d'un chien ! jura-t-il en s'essuyant les yeux d'un geste rageur.
— Hé Potter, on a une poussière dans l'œil ?
— Oh non, manquait plus que lui... fit le brun en passant ses mains sur ses joues. Dégage !
— Quel accueil, railla Malefoy, les mains dans les poches. Qu'est-ce que tu fiches ici tout seul ? Où sont tes deux poteaux ?

Harry haussa les épaules. Malefoy haussa un sourcil, puis s'éloigna de quelques pas sans plus se préoccuper de son éternel ennemi.

— Malefoy... l'interpella soudain le brun. Est-ce que je suis vraiment un... un voyou Moldu ?

Le blond se retourna en haussant un sourcil.

— Un « voyou Moldu » ? répéta-t-il. T'as pêché ça où ?
— Laisse tomber, fit alors le brun. Tu ne peux pas comprendre...
— Pas comprendre ? Hé, je suis très intelligent je te ferais dire ! répliqua aussitôt le Serpentard en revenant sur ses pas.

Harry se redressa en se poussant contre le mur à l'aide de ses mains puis il s'éloigna dans la direction opposée à celle que Rogue avait prise, faisant un signe de la main au blond qui sentit les nerfs s'échauffer. Il serra ses poings, mais se contint. Il avait des choses à faire de plus urgentes que de se foutre sur la gueule avec Potter, bien que l'envie soit brusquement très forte...

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Durant le dîner de ce lundi soir, McGonagall fit passer un mot sur les tables, accompagné d'un parchemin, enjoignant les élèves célibataires qui le voulaient à inscrire leur prénom et leur nom ainsi que leur maison sur le parchemin en précisant que rien ne les y obligeait et qu'un refus n'entraînerait aucune sentence.

Beaucoup le firent, jouant le jeu, mais certains restèrent sceptiques, comme Ron et Harry. Cependant, quand le parchemin arriva devant Hermione, la brunette inscrivit son nom et, rapidement, nota ceux de Ron et Harry. Elle passa ensuite le parchemin à Neville qui la regarda, surpris. Elle lui fit signe de ne rien dire et le parchemin continua sur sa lancée.

McGonagall les récupéra d'un coup de baguette magique quand elle vit qu'ils étaient revenus en bout de table et tout en les rassemblant, elle prit la parole.

— Si vous avez tous bien lu l'affichette que j'ai fait mettre dans vos Salles Communes, samedi soir, lors de la fête organisée pour la Saint-Valentin, ceux d'entre vous qui ont inscrit leurs noms sur les parchemins seront unis à d'autres élèves célibataires, rappela-t-elle. Encore une fois, je précise que ce n'est qu'un jeu pour la soirée, en aucun cas vous n'êtes obligé de participer et vous pouvez venir me voir à tout moment jusqu'à dix-neuf heures samedi soir si vous changez d'avis et que vous désirez ajouter ou retirer votre nom de la liste. Le tirage au sort sera magique, un sortilège décidera qui passera la soirée avec qui. Je ne serais en rien responsable et je tiens à vous prévenir qu'il ne sera pas exclu qu'un garçon se retrouve avec un autre garçon ou une fille avec une fille. Je n'ai qu'une chose à vous demander, jouez le jeu, soyez loyaux et par pitié, évitez les scandales si d'aventure l'un de vous se retrouve avec son pire ennemi...

Il y eut quelques sourires dans la salle puis la cloche sonna, indiquant non pas la fin des cours, mais plutôt huit heures et demie du soir. Aussitôt les élèves se ruèrent hors de la Grande Salle pour aller vaquer à leurs occupations de soirée. Hermione se hâta de rejoindre la Bibliothèque et Ron resta avec Harry qui sortit en traînant les pieds.

— Allez, aux travaux forcés... dit-il, la mort dans l'âme.
— Bah, ce n'est pas si terrible que ça les colles avec Rogue, si ?
— C'est atroce, il ne lâche pas un mot de toute la colle et tu sens qu'il te regarde... brrr...

Harry eut un violent frisson et Ron lui donna un coup dans le dos avant de filer en direction de Gryffondor. Le brun soupira. Il se dirigea ensuite vers le bureau de Rogue, situé au troisième étage, et frappa mollement contre le panneau.

— Entrez, Monsieur Potter, grogna l'occupant.

Le brun obéit et soupira.

— Je suis aussi très en joie de vous revoir, persifla Rogue en se levant de son bureau.

Il alla prendre une grosse clef suspendue à un clou près du tableau noir et ajouta :

— Venez avec moi, vous allez effectuer votre colle dans mon placard à potions.
— Où ça ?
— Suivez-moi... grogna Rogue.

Il quitta son bureau et longea un couloir sombre. Harry le suivait de près, pas rassuré. Quand Rogue tourna au coin d'un couloir, le brun le perdit de vue et sentit son cœur s'affoler. Ils avaient beau être au troisième étage du château, là où Rogue avait son bureau d'hiver, l'endroit était sombre et glauque à souhait.

— Allez, peureux, par ici, grinça alors Rogue avec un sourire mauvais. Je croyais le Survivant plus courageux que cela...
— Je suis fatigué, mentit Harry.
— Eh bien, dégottez-vous un peu d'énergie parce qu'il n'est pas question que vous vous endormiez dans mes potions pendant les quatre heures à venir !

Harry haussa les sourcils puis soupira.

— Vous aviez dit deux... gémit-il.
— Plus une que vous ai rajoutée quand vous m'avez inondé de gentilles paroles en sortant de ma classe, et une heure de plus pour votre comportement envers moi de cet après-midi. Allez, entrez là-dedans.

Le brun entra dans la pièce totalement noire en tendant un bras devant lui. Ses doigts heurtèrent soudain un poteau en bois et Rogue alluma la lumière.

— Échelle... marmonna le Gryffondor. Eh bah... dit-il ensuite en regardant autour lui, surpris. C'est tout à vous ?
— Bien entendu... Ce sont des échantillons de toutes les potions que j'ai fait fabriquer en cours ou que j'ai moi-même fabriquées. Certaines ont plus de trente ans... et la poussière qui est dessus aussi.
— Je vais devoir tout nettoyer ?! s'exclama Harry, les yeux ronds.
— Non, simplement les ranger un peu, les classer par année dans un premier temps puis par ordre alphabétique dans chaque année, fit Rogue. Après, si vous voulez leur donner un coup de chiffon dans la foulée, ma foi... Bien ! Je vous laisse ! Si vous avez besoin de quelque chose, je suis dans mon bureau. Travaillez bien, Monsieur Potter... Et pas de magie, compris ?

Rogue eut un sourire mauvais et Harry hocha la tête. L'homme s'en alla alors et ferma la porte sur lui. Harry se retrouva ensuite seul et leva la tête ; il se tordit le cou pour voir le plafond plongé dans la pénombre et soupira de plus belle. Il y avait des étagères jusqu'au plafond, il allait en avoir pour toute la nuit !


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Chapitre corrigé le 22 octobre 2020

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