- 44 -

Le repas fut animé. La cuisine étant trop étroite, la table fut finalement transportée dehors et lorsque la nuit tomba, la chaleur laissa place à une douce fraicheur et une bise délicieuse.

Un coup de vent léger balaya le jardin au ras du sol et Ginny ferma les yeux en disant :

— C'est génial ce petit vent... Ca fait trop du bien.
— Ouais, fit Charlie. Il a fait trop chaud cet été... Et dire qu'en Roumanie ils arrivent à peine aux vingt degrés en plein midi... Je les envie.

Harry sourit. Assis près de Malefoy, il ne lui avait adressé ni la parole ni un coup d'œil depuis le début du repas. Le blond ne semblait du reste pas vraiment gêné par cette ignorance à son égard dont faisait preuve son ami. Il avait passé la soirée à papoter comme une commère avec Fred et Georges, assis de l'autre côté et en face de lui...

— Et voilà le dessert !
— Aaah ! s'exclama Charlie. De la mousse au chocolat ! Merci, maman !

Tout le monde remercia Molly qui distribua des bols rempli de généreuses portions de mousse au chocolat. Harry, ainsi que Ginny, y revinrent par deux fois et finirent même par y aller carrément dans le plat pour qu'il n'en reste plus une miette.

— J'en connais qui ne vont pas très bien dormir... fit Arthur avec un clin d'œil à sa fille.
— Ce ne sera pas moi, fit Harry. S'il y a bien une chose qui descend sans aucun problèmes c'est bien la mousse au chocolat !

Il se tapota le ventre et tout le monde se mit à rire avant que Molly ne demande qui voulait café, thé ou tisane. Malefoy refusa poliment les boissons chaudes mais quand Arthur alla chercher une bouteille de Firewhisky, il en accepta aussitôt un verre.

— Gosse de riche... lui fit Harry avec un sourire.
— Hé, pas ma faute, répondit le blond avec un haussement d'épaules. Merci, Mr Weasley.

Il prit le gros verre carré que lui tendait l'homme roux au crâne dégarni et il but une gorgée du liquide ambré.

— Délicieux, dit-il.
— Pourtant c'est une marque ordinaire ...
— Je préfère les marques ordinaires aux marques hors de prix qu'affectionne mon père... Ces Firewhisky là sont souvent trop forts et leur goût en est amoindrit. On a l'impression de boire de l'alcool à 90 degrés...

Arthur sourit puis ils trinquèrent tous les deux. Molly revint ensuite avec la théière et la cafetière et chacun se servit de ce qu'il voulait. Harry prit un peu de café et empila un thé par-dessus tout en discutant de tout et de rien avec les membres de la tablée.

.

— Je suis claqué !

Harry s'effondra sur son lit, les bras en croix. Malefoy entra dans la chambre et ferma la porte dans son dos en souriant.

— Tu as mangé comme un goret, dit-il. Pas étonnant que tu sois épuisé.
— J'irais bien piquer un bon roupillon, mais si tu as mieux à proposer que dormir...

Malefoy secoua la tête en grimaçant. Harry pouffa puis se releva et se déshabilla. Il sema ses vêtements à travers la chambre et Malefoy gronda.

— Hé, ramasse tes fringues, petit goret...
— Beuh...

En caleçon, le Gryffondor ramassa son t-shirt et son short et les déposa délicatement sur le dossier d'une chaise en les lissant exagérément.

— Ça te va ? dit-il sur un ton moqueur.
— Ça ira, répondit le blond avec un sourire goguenard.

Il retira alors son t-shirt et le jeta sur la chaise. Harry haussa les sourcils et son regard devint celui du chasseur ayant repéré sa proie.

— Non... fit le Serpentard en reculant, souriant malgré tout. Non, Harry...

Il buta contre le lit et Harry lui sauta dessus. Ils roulèrent tous les deux sur le matelas et le brun entreprit de lui dévorer le cou en grognant. Il lui pinça la peau et le blond sursauta. Le Gryffondor se redressa ensuite et déposa un baiser sur ses lèvres.

— Tu sais que j'adore ces petits moments où on s'amuse comme ça ?
— Moi aussi, répondit le blond comme Harry se redressait, à cheval sur lui.

Pensivement le Serpentard dessina de son index les abdominaux de son ami. Harry frissonna, mais ne se laissa pas submerger par son désir. La moue qu'afficha l'autre lui coupa toute envie de câlins.

— Tu as l'air bien pensif... dit-il.
— Oh... Ce n'est rien, fit l'autre en s'efforçant de sourire. Je repensais juste à quelque chose...
—  Et à quoi donc ?

Harry repoussa les mains du blond et s'installa à genoux sur le matelas, à côté du Serpentard qui attendait une réponse.

— Oh, je me demandais simplement pourquoi j'étais là ce soir avec toi, sur ce lit...

Harry déglutit et baissa les yeux. Il passa son doigt sur la boucle de ceinture en argent qui ornait le jean de son ami puis il pinça les lèvres et dit :

— Tu sais, tu n'es pas obligé de rester ici jusqu'à la rentrée...
— Et j'irais où ? Je n'ai personne à part mes parents, Harry... et toi.
— Mais ce n'est pas chez moi ici... enfin pas totalement.
— Les Weasley sont ta famille sorcière, fit Malefoy en passant ses mains sur son visage. Tu nous vois débarquer chez tes Moldus en demandant asile ?
— Oh Merlin non ! Ils seraient capables d'appeler la police pour nous faire mettre dehors !

Malefoy sourit et Harry demanda :

— Tu sais... Je suis conscient de toutes les batailles qui doivent se livrer dans ton cœur et dans ta tête, et je n'ai pas envie que tu te précipites dans tes sentiments, que tu les bouscule en croyant m'aimer et qu'un jour tu te demandes pourquoi est-ce que tu es avec moi...
— N'ai crainte, je n'ai de cesse de réfléchir à tout ça.
— Je ne voudrais pas t'influencer... Tu as vu, j'ai tendance à oublier que, malgré les apparences, nous ne sommes pas ensemble... Je t'embrasse et te caresse comme si nous étions amants or il n'en est rien...
— Écoute, si je n'avais pas envie de tout ça, d'une je ne serais pas venu ici me réfugier pour échapper à mes parents, et de deux, tu ne serais pas présentement sur le même lit que moi... en caleçon...

Harry eut un petit sourire.

— Argument recevable, dit-il. Je t'aime Drago...

Le blond pinça les lèvres avec un petit sourire. Le brun l'embrassa alors une longue seconde puis il se releva et quitta la chambre pour aller faire sa toilette. Il tomba nez à nez avec Ron dans la salle de bains. Celui-ci sortait de la douche et avait une serviette autour de la taille.

— Oh, excuse...
— Bah, on est des mecs, tu sais ce que c'est, fit Ron avec un haussement d'épaules. Je vous croyais déjà couchés...
— On a... discuté un peu...
— Hum, à voir ta tête c'est encore une discussion sur vos sentiments non partagés...
— En quelque sorte. Disons qu'il va falloir que je refrène un peu mes ardeurs... Je n'ai pas envie de le bousculer... Je veux qu'il découvre s'il m'aime ou non par lui-même, sans que je l'aie influencé.
— C'est déjà un peu trop tard, non ? Vous passez vos nuits dans le même lit et... bon enfin... tu vois quoi...
— On n'a pas couché ensemble, fit Harry en secouant la tête. On se contente de dormir dans le même lit, c'est tout...
— Sérieux ? Depuis tout ce temps vous n'avez jamais... Mais pourquoi ?
— Parce que rien ne se passe quand on est ensemble... voilà pourquoi.
— Rien... Rien ? Comme au début ?

Harry hocha la tête.

— J'en ai parlé à Hermione et je suis maintenant convaincu que c'est parce qu'il ne m'aime pas d'amour. Sa conscience bloque toute manifestation physique de son désir pour moi s'il en a et c'est la même chose de mon côté. Inconsciemment j'ai bridé mon désir physique pour ne pas lui faire peur et le faire fuir avant l'heure. L'avantage c'est qu'on peu aller loin dans les câlins sans rien risquer...
— Épargne-moi les détails, fit Ron avec une grimace. Allez, bonne nuit, vieux.
— A toi aussi.

Le rouquin quitta alors la salle de bains et Harry s'appuya contre le lavabo. Il regarda son reflet dans le miroir et soupira.

— Et merde ! dit-il soudain. Ce n'est pas vrai, pas maintenant...

Fermant les yeux, il repensa au frisson qu'il avait ressenti, d'abord au Magenmagot, quand il avait revu le Serpentard après presque deux mois de séparation, puis quelques minutes plus tôt comme ils s'amusaient sur le lit... et il réalisa qu'il venait de mentir à Ron...

Appuyant son front contre ses mains, le Gryffondor renifla. Il ouvrit ensuite le robinet et s'aspergea le visage en s'injuriant mentalement. Non, ce n'était pas le moment de débloquer la jauge à désir... Pas le bon moment du tout... Or Harry ne s'y trompait pas, ces frissons ressentis dans les reins n'indiquaient qu'une chose : au prochain câlin un peu poussé, son mini-lui allait réagir... Il en était persuadé.

.

Après avoir fait sa toilette, le Gryffondor retourna dans la chambre et le blond prit sa place dans la petite pièce d'eau étriquée. Il rejoignit ensuite le brun dans leur chambre et trouva ce dernier déjà couché, lumière éteinte, tourné de son côté.

Malefoy ne chercha pas à en savoir plus. Il se coucha de l'autre côté du lit et éteignit sa lampe de chevet, dos à Harry qui soupira dans le noir mais ne bougea pas d'un pouce.    

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top