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- Te prêter ma chambre de Préfète ? Harry...

- Mione, ce n'est pas ce que tu crois, c'est pour...

Hermione soupira.

- C'est pour passer un dernier moment tranquille, c'est ça ? devina-t-elle.

Harry lui fit un pauvre sourire un peu crispé et la brunette leva les yeux au ciel.

- Tu sais ce que je pense de cette relation que tu as avec lui, alors si ca tourne mal...

- Oui, tu m'auras prévenu, je sais, fit le brun en souriant. Je t'adore ma Mione.

Il l'embrassa sur la joue deux bonnes secondes puis il tourna les talons.

- Le mot de passe est « marathon », fit Hermione avant qu'il ne quitte la Bibliothèque. Et il le restera jusqu'à minuit. Après quoi il changera.

Le Gryffondor fit volte-face, lui décocha un large sourire puis pivota à nouveau et quitta la vaste salle vide. Il était presque dix heures du soir mais la plupart des élèves était dehors à profiter un maximum du splendide parc du château. Les septièmes années étaient plus que tristes et nostalgiques, beaucoup se racontaient des souvenirs de leurs années passées et certains élèves furent victimes d'accès de larmes parfois plus fréquents que chez d'autres.

Demain jeudi aurait lieu, dès la tombée de la nuit, le dernier match de Quidditch de la saison, Gryffondor contre Serpentard, et le gagnant se verrait remettre la coupe par la Directrice en personne.

Harry songea à cette finale de Quidditch tandis qu'il allait retrouver Malefoy dans le parc pour lui dire qu'il avait les « clefs » de la chambre d'Hermione. Il descendit les marches du perron perdu dans ses pensées et entendit soudain qu'on le hélait.

- Hé Harry ! Hé mon pote, t'es sourd ?

La voix de Ron sortit le brun de ses pensées et il s'arrêta et regarda autour de lui. Il vit alors son meilleur ami, Caroline et les trois Serpentards assis autour d'un feu de bois qui projetait des étincelles dans le ciel sombre.

- Désolé, fit Harry en s'asseyant sur la couverture près de Caroline qui lui sourit. Je pensais au match de demain soir...

- Tu stresses ? fit Malefoy. Avantage pour moi ça...

- Dans tes rêves, rétorqua le Gryffondor en lui décochant une grimace. La coupe de Quidditch va une dernière fois retourner dans le bureau de McGonagall.

- Mais oui, c'est ça, fit Blaise en souriant.

Ils se mirent alors à rire doucement et soudain on entendit :

- Pouvons-nous nous joindre à vous ?

La voix froide fila un frisson à Harry qui tourna la tête. Rogue se tenait debout à deux mètres du groupe, Hermione à son bras.

- Professeur Rogue... fit Ron, surpris. Hermione, tu as réussi un exploit là...

- Je vous en prie, monsieur Weasley, grogna Rogue. Alors ? Ce feu est-il réservé aux « enfants » ou deux adultes peuvent-ils s'y installer ?

- Monsieur ! râla Blaise en croisant les bras. Et puis Granger n'est pas une adulte, marmotta-t-il ensuite.

- Étant donné qu'elle est ma compagne, si, fit Rogue en pliant ses longues jambes et se casant entre Harry et Pansy, au grand dam du premier mais au grand plaisir de la seconde.

Hermione jugea bon de se mettre entre son compagnon et Harry qui l'en remercia silencieusement.

- Que faites-vous de beau ? demanda soudain la brunette. Voilà plus de trois heures que vous êtes posés là tous... De quoi parlez-vous ?

- Du passé, fit Caroline. Même si j'ai encore une année à faire ici, je participe à votre tristesse de quitter Poudlard. Je serais probablement dans le même état en juin prochain...

- Sérieusement, fit alors Rogue. Vous avez tous passé des bons moments ici ? Votre scolarité n'a pas été rose entre la guerre, les attaques de Mangemorts, les morts et les disparus...

- Nous avons perdu beaucoup de choses en sept ans, fit Harry. A commencer par notre innocence, tous autant que nous sommes. En entrant à Poudlard, jamais je n'avais pensé que j'aurais à tuer des gens, des sorciers, des êtres de ma race...

Le brun baissa les yeux et pinça les lèvres. Il ajouta :

- Jusqu'à ce que j'aie onze ans, j'ignorais que j'étais un sorcier et tout le monde me prenait pour un attardé mental, un gamin qui ne comprenait rien à ce qu'on lui disait, qui agissait bizarrement, qui provoquait des accidents simplement par sa présence, etc... De mes sept ans ici, je ne garde que des souvenirs magnifiques même si j'ai perdu trop de monde à mon goût dans l'histoire.

- Tu en as gagné d'autres aussi, fit Ron en lui pressant l'épaule. Hermione et moi on sera toujours là pour toi, quoi qu'il se passe dans les années à venir.

Harry sourit tristement et son menton trembla. Il se mordit la lèvre inférieure et Hermione lui plongea dessus aussitôt :

- Ah bah non, Harry ! Bah alors ?

- Je suis désolé, fit le brun en se cachant dans le cou de son amie.

Ron eut un soupir saccadé et il frotta le dos de son ami. Hermione posa une main sur son poignet puis le brun se redressa et sourit.

- Ca devait arriver, dit-il.

Les autres sourirent à leur tour puis Hermione le lâcha et lui donna un mouchoir. Le Gryffondor se retourna pour se moucher et se refaire un visage puis la cloche du château sonna dix heures et demie du soir et le soleil disparu derrière la forêt interdite. Il y eut un silence et Rogue se leva en disant :

- Continuez bien la soirée, jeunes gens...

- Vous aussi, monsieur, fit Malefoy.

- Je te rejoins plus tard, dit Hermione.

Il posa une main sur son épaule puis s'en alla, les mains dans les poches, regardant autour de lui comme si c'était également la dernière fois qu'il se trouvait là.

Le groupe regarda l'homme disparaitre dans le château et Hermione soupira en baissant la tête. Assise sur une hanche, elle posa une main sur son ventre et Pansy dit :

- Tu sais Granger, que ton exploit va être marqué dans les livres ?

- Arrêtez de dire que j'ai fait un exploit, nom d'un Dragon, grogna la jeune femme. Rogue est un homme comme un autre, même s'il a subi beaucoup plus d'atrocité que les autres. Ce n'est pas un être dépourvu de sentiments, il a simplement cette épaisse carapace que seuls les plus persévérants peuvent briser. Je ne l'ai pas brisée, j'en suis même loin... J'ai simplement réussi à me faufiler à l'intérieur, par un trou gros comme une telle d'épingle, une faiblesse qu'il a eue un jour et qui m'a porté chance.

- Quel genre de faiblesse ? demanda Blaise, intrigué.

- Un Appel, fit la brunette.

Les autres froncèrent les sourcils et Harry regarda Malefoy qui dit :

- Je n'ai rien ressenti... Quand étais-ce ?

- Il y a plusieurs mois, un soir que je lui rapportais des livres, je l'ai trouvé affalé dans son fauteuil, dans sa salle de classe, le regard dans le vague et le poing droit crispé à s'enfoncer les ongles dans la paume. Il résistait à l'appel, il tenait bon, mais je l'ai distrait en arrivant et il s'est mis en colère. Je suis parvenue à le calmer tant bien que mal puis il s'est mit à parler encore et encore et moi je l'ai écouté jusqu'à pas d'heure... Enfin bref.

Hermione sourit en pinçant les lèvres. Elle reposa sa main sur son ventre et dit :

- Et voilà ce que ça a donné quelques mois plus tard...

- Tu en es heureuse ? demanda alors Ron.

- Depuis peu pour tout te dire.

- Vraiment ?

- Imagine Pansy, tu tombes amoureuse d'un homme marié ou bien plus vieux que toi, ou encore un brigand, un prisonnier ou je ne sais qui d'autre, un Mage Noir, tiens ! Cette relation est interdite, bannie de la morale par les adultes. Mais tu es amoureuse et peu importe ce que pensent les autres. Jusqu'au jour où tu t'évanouis en plein travail ou en pleine rue... et que ton médecin t'annonce que tu es enceinte d'un homme que la société a banni à cause de ses actes passés ou présents. Quand j'ai comprit que quelque chose n'allait pas chez moi, et que je me suis décidée à aller voir mon médecin qui m'a dit que j'étais enceinte, je me suis évanouie. Quand je suis revenue à moi, il m'a demandé de tout lui raconter et je lui ai alors dit que mon compagnon était un homme au passé très noir et torturé... Il m'a alors dit de ne penser qu'à nous, Severus, moi et le bébé à venir, et de ne pas prêter attention aux mauvaises langues qui allaient inévitablement s'activer dès la nouvelle officielle...

Le silence régna quand elle se tut. Pansy hocha la tête puis la discussion changea de sujet. 

Les jeunes sorciers ne rentrèrent se coucher que bien après minuit, et Hermione rejoignit Rogue chez lui, ayant brusquement besoin d'un peu de réconfort.

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