- 21 -
- Mione n'est pas là ?
- Non, à l'Infirmerie.
- Quoi ?
- Rassure-toi, tout va bien, fit Ron en voyant le visage brusquement décomposé de Harry. Elle est simplement allée prendre un truc contre le mal de crâne...
- Tu m'as fichu la trouille, fit le Gryffondor en s'asseyant près de son ami.
Il regarda alors furtivement autour de lui et Ron dit, un œil plissé :
- Toi t'as un truc à raconter...
- Comment tu le sais ?
- Tu vérifies si personne ne peut t'entendre et d'ordinaire tu te poses dans un fauteuil et pas dans le canapé où je suis moi-même installé...
- Ah ? Ah oui... Heu... Oui, j'ai un truc à raconter, je suis super content.
- Mon petit doigt me dit que ça à un rapport avec l'autre...
- Hé, hé, ricana Harry.
- Bon ben accouche !
Harry sourit puis dit tout bas :
- Il m'a demandé d'aller vivre en colocation avec lui à Londres...
- Sérieux ? Hé bé... Ose encore dire qu'il n'y a rien entre vous après ça, fit le rouquin.
- Ben non, il n'y a rien... se renfrogna le Gryffondor.
Ron haussa un sourcil et Harry dit :
- Je n'ai aucune envie de revivre ce que j'ai vécu quand Will m'a plaqué... Avec Malefoy c'est différent. Il ne partage pas mes sentiments mais il me laisse le traiter comme un jouet si j'ose dire. Il joue mon jeu et je ne m'en porte que beaucoup mieux. Cela dit, j'ai l'impression qu'il change petit à petit. Je pense que d'ici six mois un an, il est à moi.
- Tu as de la patience toi... Faire virer de bord quelqu'un est très risqué... Et si tu te casses encore le nez...
- T'auras pas intérêt à me dire « Je te l'avais dit » parce que là, le nez, le tient je précise, il sera cassé pour de vrai...
Ron lui tira la langue. Ils se mirent ensuite à rire et Hermione apparut dans l'entrée de la salle. Elle regarda autour d'elle, surprise de ne voir personne puis elle sembla se souvenir que tous les autres étaient en classe ou en train de réviser. Elle vit alors ses deux amis et elle vint s'asseoir entre eux dans le canapé en soupirant.
- Ça va mieux ta tête ? demanda Ron.
- Bien mieux, Pompom m'a donné quelque chose de spécial pour moi... Et vous ne savez pas quoi ?
- Non ? fit Harry.
- Pompom m'a parlé de McGonagall quand elle était jeune.
- Non ??
- Si ! J'ai du mal à m'imaginer McGonagall sans rides et sans cheveux blancs...
Harry ferma un œil et fit une grimace puis il secoua la tête.
- Rien à faire, dit-il. Et de quoi elle t'a parlé ?
- Vous savez tous que Pomfresh travaille ici depuis bientôt quarante ans...
- Sérieux ??? s'exclama Ron. Mais non elle a à peine quarante ans !
- Est-ce que tu donnais ses presque deux siècles à Dumbledore ? fit Harry.
- Heu non... Hem, continue, Mione...
- A l'époque, Pompom était une Aide-soignante, elle naviguait beaucoup entre St-Mangouste et Poudlard... mais le jour où McGonagall, notre directrice alors âgée de trente-quatre ans environ, vient la voir en lui disant qu'elle ne se sent pas bien et qu'elle, Pomfresh, lui annonce qu'elle est enceinte, elle s'en souviendra toute sa vie !
- McGonagall a vécu Poudlard pendant qu'elle attendait un enfant ?
- Et oui... J'attendais mon quatrième garçon tout en enseignant...
- Professeur ! firent les trois Gryffondor en sursautant.
- Vous avez parlé avec Mrs Pomfresh, Hermione, on dirait...
- Oui, Madame, pardon, ce sont des choses privées...
- Allons voyons, il y a longtemps que plus grand-chose de ma vie n'est privé, miss... Je peux ? fit la vieille sorcière avec un sourire.
Elle montra un fauteuil défoncé de libre et Hermione hocha la tête.
- Bien sûr !
- Comment allez-vous, Hermione ? demanda alors la vieille femme.
- Bien, madame, merci...
- Ils savent ? fit McGonagall avec un regard pour Ron et Harry.
- Oui, je le leur ai dit ce matin...
- C'est une grosse nouvelle, fit Harry. J'avoue avoir encore un peu de mal à y croire...
- Leur avez-vous dit qui est le père ? fit alors McGonagall.
Hermione rougit brusquement et Harry croisa les bras.
- Je vois... dit-il. Pas de Stefan, n'est-ce pas ? Et c'est peut-être un élève finalement, un Gryffondor...
- Non, non, fit Hermione en secouant la tête. Non, ce n'est pas un élève, je vous ai dit la vérité... Madame, supplia alors la jeune femme. Si cela se sait, il risque gros...
- Et vous aussi miss, mais ces messieurs sont vos deux meilleurs amis... Voudriez-vous qu'ils débarquent un jour chez vous pour voir le bébé et tombe nez à nez avec le père ? Ou alors à l'hôpital alors que vous venez d'accoucher et que vous êtes incapable de vous expliquer...
- Mais je...
- Mione, si tu veux on peut te faire une promesse sorcière, fit alors Ron.
- Monsieur Weasley ? fit McGonagall, surprise.
- Professeur, Hermione est comme notre sœur, fit Harry. Si son secret est aussi lourd alors nous voulons le porter avec elle.
- C'est admirable, fit la sorcière en hochant la tête, visiblement impressionnée. Mais je ne pense pas qu'une promesse sorcière soit indispensable... si ?
- C'est à Hermione de décider, fit Harry.
- J'aimerais autant vous éviter cela, fit la brunette. Mais je vais aller habiter à la cité Universitaire, à Londres l'année prochaine, dans l'appartement voisin de celui que Malefoy a réservé... Harry et lui s'entendent bien à présent et il se peut qu'il vienne voir l'un ou l'autre régulièrement et... Bon, je n'ai pas envie qu'il, ou Ron, tombe par inadvertance sur le père de mon bébé... Là ils ne me le pardonneront jamais...
- Tu nous a bien dit qu'il avait le double de ton âge, fit alors Harry.
- Oui... Environ... Pourquoi ?
- Parce que si ce n'est pas un élève... c'est peut-être un professeur, raisonna Ron.
Hermione blêmit brusquement. Elle regarda McGonagall avec une certaine pitié, comme si elle lui demandait de l'aide, et McGonagall soupira.
- Très bien, dit-elle. Messieurs, promettez-moi de ne pas crier au scandale... Je vais vous dire qui est le compagnon de miss Granger depuis un peu plus de sept mois maintenant...
Le silence se fit. Les deux garçons hochèrent la tête et soudain Harry ouvrit de grands yeux.
- Attendez... dit-il. Hermione ne nous dit pas que c'est...
- Dis son nom Harry, fit alors la brunette. Je veux que tu le dises...
- Mione mais enfin !
- Vous avez promit, rappela McGonagall. Qui avez-vous en tête ?
- Le professeur Rogue, fit Harry. C'est ça hein, Mione ?
- Hermione... fit Ron, aussi pâle qu'un linge.
La brunette se redressa soudain en disant :
- Oui, c'est le professeur Rogue le père de mon bébé et j'en suis fière.
- Tu ne devrais pas ! s'exclama Ron.
- Monsieur Weasley ! tonna McGonagall. Calmez-vous !
- Hermione enfin... fit Harry. Il nous déteste... Il a passé les sept dernières années à nous martyriser... Pourquoi ?
- Tu t'es bien acoquiné de Malefoy, toi ! répliqua la Gryffondor.
- Monsieur Potter ! fit McGonagall, impressionnée. Eh bien, on en apprend tous les jours avec vous trois...
- Ce n'est pas vrai, bougonna Harry. Il n'y a rien entre Malefoy et moi...
- Menteur... siffla Hermione.
- Dites, fit soudain Ron. On parle d'Hermione pour le moment...
McGonagall hocha la tête et dit :
- Vous avez raison, monsieur Weasley. Sachez messieurs que j'ai autorisé cette relation. Le professeur Rogue est venu de lui-même m'en parler dès qu'il s'est rendu compte que les choses changeaient entre Miss Granger et lui. Je ne vous cache pas que j'ai fait à peu près votre tête quand il me l'a appris, cependant j'ai autorisé qu'ils se voient, au sein même du château et à l'extérieur. Miss Granger étant Préfète-en-Chef, elle jouit d'un statut particulier qui la hisse au niveau des professeurs, de même qu'elle n'avait aucun compte à rendre, ni à vous, ni à moi, sur quoi que ce soit. Il m'est arrivé plusieurs fois de la croiser au détour d'un couloir en pleine nuit après le couvre-feu, mais son statut la protège de pas mal de choses... Je devrais d'ailleurs peut-être revoir certains détails de ce statut en question... L'année prochaine, cela va sans dire.
- Professeur, fit alors Harry. Le professeur Rogue est, pardonnez-moi l'expression... vieux !
- Allons, monsieur Potter, répondit la sorcière. Il n'a que... tiens, je ne connais pas l'âge exact du professeur Rogue... Hum, je regarderais. Quoi qu'il en soit, il a moins de quarante ans... Je le conçois, il pourrait être le père de Miss Granger, mais le professeur Rogue est un homme qui possède un bon fond malgré ses antécédents et je pense que si Miss Granger en est à ce stade avec lui, c'est qu'elle a réussi à briser la dure carapace qu'il s'est faite au fil des années. N'est-ce pas ?
- En effet, fit Hermione. Sev... Le professeur Rogue est un homme à deux faces... L'une dure et froide, impitoyable envers ses élèves, et l'autre humaine et douce, envers moi et l'enfant que je vais avoir... et ses amis aussi. En le fréquentant j'ai découvert une face cachée qu'il ne montre à personne, une partie de lui qu'il considère comme faible et vulnérable. Une partie que Voldemort aimait torturer et humilier...
La brunette remua les mâchoires et regarda ses genoux étroitement serrés. Elle passa sa langue sur ses lèvres et reprit :
- Entretenir une relation avec un professeur est très dangereux, j'en suis parfaitement consciente. Si maintenant être renvoyée ou lui perdre son travail, ne nous fait plus peur, il fut un temps où nous hésitions même à nous saluer dans les couloirs, de peur que quelqu'un se doute de quelque chose et en parle autour de lui. L'effet boule de neige des rumeurs est catastrophique pour un couple... Harry, tu dois faire très attention si jamais ton amitié avec Malefoy bascule de ce côté-là. Vous pourriez vivre des jours très douloureux si le monde apprend qu'Harry Potter sort avec son pire ennemi Drago Malefoy...
- Rassure-toi, Mione, lui et moi c'est une simple amitié, fit Harry en souriant. Nous avons réussi à mettre notre haine mutuelle de côté, c'est déjà bien et c'est suffisant pour le moment. Mais merci pour le conseil, il me servira peut-être un jour.
La brunette lui sourit puis ajouta :
- Je sais que vous allez mettre un peu de temps à vous faire à l'idée, et qu'il se peut que vous ayez envie de m'éviter pendant ce temps, mais si vous le faites, jurez-moi de revenir vers moi un jour et de ne pas m'abandonner.
- Jamais de la vie, fit Ron en secouant la tête. Tu es ma sœur, Hermignonne, au même titre que Ginny, et quoi que tu fasses, même si tu tuais quelqu'un, je resterais près de toi.
- Moi aussi, fit Harry.
McGonagall regarda les trois amis et sourit. Elle soupira soudain et dit :
- De toutes ma vie je n'ai vu qu'une seule autre fois une amitié telle que la vôtre...
- Ah oui ?
- Le clan de votre père, Harry... Les Maraudeurs, comme ils se faisaient appeler. Leur amitié était sans failles et à toutes épreuves... Ils ont bravé des interdis nationaux pour protéger Remus Lupin chaque soir de pleine lune, ils ont commis d'énormes impairs mais si l'un d'eux se faisait prendre, les autres suivaient. Ce fut malheureusement le cas jusqu'au bout...
Harry baissa les yeux et un silence gêné s'installa. Harry soupira puis la sorcière se leva et les quitta pour aller donner son cours. La cloche sonna comme elle passait le portrait de la Grosse Dame et Hermione enlaça ses deux amis qui la serrèrent dans leurs bras en l'embrassant sur les joues.
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