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- J'ai la cervelle en compote...

Vautré dans un canapé de la Salle Commune de Serpentard, Blaise gémissait, un gant de toilette sur les yeux.

- T'arrêtes de te plaindre ? siffla Malefoy.

Blaise se contenta de ronchonner et le blond soupira.

- Dis donc Dray... fit soudain Pansy.  Qu'est-ce qu'il y a entre Potter et toi ?

Blaise ouvrit un œil et Malefoy regarda la Serpentarde de travers.

- C'est-à-dire ? dit-il.

- Bah... Je ne sais pas, je vous trouve bien complices ces derniers temps...

- T'as fumé ma grande, grimaça le blond en s'asseyant dans un fauteuil libre, croisant une jambe sur l'autre dans un mouvement nonchalant. Je ne sais pas où tu vois qu'on est complices... On a juste fait la paix, je ne vois pas de mal à ça...

- A d'autres, fit alors Blaise.

- Tu t'y mets aussi ? C'est quoi là, un consortium de soupçonneux ? Rah vous me fatiguez, fit alors le blond en se levant. Je vais prendre l'air.

- Mais ? Drake !

Mais le blond agita mollement la main en s'en allant. Il quitta Serpentard et ses deux amis se regardèrent.

- Tu crois qu'on imagine des choses ? Après tout, Potter aime ses semblables...

- Mais pas Drago, fit Pansy. Seulement, voilà que je doute...

- Et moi donc...

.

Agacé, Malefoy sortit dans le parc. Il n'y avait personne malgré le grand soleil. Les cinquièmes et septièmes années devaient probablement réviser dans leurs Salles Communes ou à la Bibliothèque, quant aux autres classes, elles étaient toutes en cours car il n'était que quinze heures.

Marchant à l'ombre des grands arbres bordant le lac, Malefoy sentit un frisson lui glisser dans le dos. Une main passa ensuite sur son côté gauche et il sentit un torse s'appuyer contre son dos.

- J'ai senti ta présence... dit-il comme Harry appuyait sa joue contre son épaule.

- Je ne me suis pas caché non plus, répondit le brun en s'approchant de l'eau.

Il prit une pierre plate et l'envoya ricocher. Le caillou fit quatre bonds et Harry sourit.

- Mon vœu va probablement se réaliser...

- Quel est-il ?

- Ce n'est plus un vœu si je te le dis...

Malefoy haussa un sourcil. Il s'adossa contre le tronc d'un arbre et Harry revint vers lui. Il passa ses mains sur la taille du blond et soupira.

- J'ai un peu de mal à admettre que tu me laisses te toucher alors que tu ne m'aimes pas... dit-il.

Malefoy baissa la tête et sortit les mains de ses poches. Il les posa sur les bras d'Harry et les caressa distraitement.

- Je ne t'aime pas de la façon dont toi tu m'aimes, Potter, dit-il. Cependant, plus les jours passent et plus je me rends compte que je m'habitue à ta présence, à tes mains sur moi et à tes baisers...

- Tu deviens accro ? fit Harry avec un petit sourire en coin.

Malefoy regarda ailleurs. Harry lui prit alors le menton et lui tourna la tête pour qu'il le regarde.

- Tu n'as pas à en être gêné... Personne ne sait et personne ne saura jamais. Peut-être qu'un jour tout cela va me passer, peut-être que je vais rencontrer quelqu'un sur qui je vais flasher direct et alors je t'oublierais...

- Tu qualifies toi-même tes sentiments de passade, Potter ? J'ai du mal à saisir le fil de ton raisonnement des fois... Tu es tombé raide amoureux de moi en quelques minutes et voilà que tu en parles déjà au passé...

- Ne me dis pas que cela te dérange... si ?

Malefoy détourna la tête. Harry replaça sa main sur la hanche du blond et ajouta :

- Je suis serein quand je suis avec toi, tous mes soucis s'envolent très haut, tu es comme une drogue pour moi... Si je ne te vois pas pendant plusieurs heures, j'en deviens fou...

- Fais attention, tu pourrais devenir accro...

Les deux garçons se regardèrent, étonnés. Ils se retournèrent ensuite et blêmirent en voyant Caroline qui les observait.

- Caro... fit Malefoy en se redressant.

Harry s'éjecta aussitôt, terrifiée et la jeune fille leur sourit.

- Votre secret sera bien gardé avec moi, vous n'avez aucune crainte à avoir...

- Tu sors avec mon meilleur ami, fit Malefoy. Tu pourrais bien lui lâcher le morceau par inadvertance...

La jeune fille secoua la tête.

- Crois-moi, quand Blaise est avec moi, il n'a pas le temps de me poser des questions...

- Épargne-nous les détails, grogna Harry. Quoiqu'il en soit, tu n'avais pas à voir ça, c'est privé ...

- Regardez où vous vous trouvez, les mecs, fit Caroline en fronçant les sourcils. Hagrid vous voit depuis sa maison, il lui suffit juste de mettre le nez contre sa fenêtre... De même que n'importe qui allant ou venant du stade peut tomber sur vous deux... Vous avez de la chance que ce soit moi qui vous ai surpris... Cela dit vous avez parfaitement gardé le secret depuis... la soirée de la St-Valentin je suppose ?

- Depuis le match de Quidditch Serdaigle-Serpentard, précisément, le premier, fit alors Harry, soudain moins tendu.

- Quoi qu'il en soit, je donne mon âme à qui vous voulez si jamais votre secret s'évente et que c'est de ma faute... dit Caroline en souriant.

La jeune fille tendit alors sa main devant elle, poing serré, attendant. Les deux garçons se regardèrent puis ils s'approchèrent et posèrent leurs mains sur celle de la jeune Gryffondor qui dit :

- Vous avez ma parole de sorcière.

Aussitôt les deux jeunes hommes se détendirent. Caroline soupira, sourit et dit :

- Il y a plusieurs minutes que je suis là... Je ne pouvais pas me détourner d'un tableau aussi adorable... Vous êtes si gracieux tous les deux... Tous vos gestes sont emprunts d'une grande douceur, surtout toi Harry... J'ai eu l'impression que vous aviez peur d'abimer l'autre... Est-ce comme cela que ça se passe dans un couple de garçons ?

Le brun rougit légèrement. Malefoy eut un petit sourire en regardant le Gryffondor puis Caroline demanda :

- Depuis quand vous vous voyez comme ça ?

- Si tu te demandes si nous sortons ensemble, c'est non, répondit Malefoy.

- Ah ? Mais alors...

- Nous ne partageons pas les mêmes sentiments l'un envers l'autre, fit Harry en regardant le Serpentard. Pour tout te dire, je suis fou amoureux de lui, mais pas lui de moi.

- Quelle tristesse... Tu dois souffrir Harry...

- Non...

- Non parce que je le laisse avoir envers moi des gestes privés et je ne le repousse pas, fit Malefoy. S'il veut m'embrasser, il le fait...

- Et s'il veut... enfin tu vois quoi ?

- Je n'en suis pas là, répondit Harry en comprenant. Ce n'est que purement physique entre nous. Et je suis content qu'il se laisse faire, sans cela je n'irais pas aussi bien. Je sais parfaitement qu'il simule la plupart du temps mais je m'en fiche. Je suis satisfait, c'est le principal.

- Tu es une sorte de... comment les enfants Moldu appellent-ils ce personnage qui leur amène des cadeaux à Noël, Harry ?

- Le Père Noël, fit le brun en souriant. Oui, on peut dire ça comme ça. Je déplore le fait qu'il m'ait fallut attendre d'avoir onze ans pour commencer à avoir des cadeaux à Noël, et dix-sept ans pour pouvoir demander tout et n'importe quoi, ou presque, à l'un de ses lutins...

Harry sourit à Malefoy.

- Lutin ? fit celui-ci en haussant un sourcil.

Le brun lui tira une langue espiègle.

- Numérote tes abattis Potter, quand Caroline sera partie, tu ne paies rien pour attendre...

- Ouh tu me fais peur, mon chéri ! fit le brun en lui faisant une grimace.

Caroline se mit à rire.

- Vous êtes trop trognons tous les deux !

Elle alla alors les enlacer tous les deux et les embrassa sur la joue en disant :

- Surtout ne changez jamais... Et essayez de rester proches le plus longtemps possible parce que moi, c'est cela que j'appelle l'amour avec un grand A même si vous prétendez le contraire devant tout le monde.

Elle les embrassa une nouvelle fois puis les quitta pour retourner en cours, cours qu'elle avait quitté à l'origine pour aller aux toilettes, profitant de cet aparté pour aller prendre l'air.

- Tu crois que nous sommes aussi... comment elle a dit déjà ? fit le blond.

- Trognons ? fit Harry avec un sourire. Je ne sais pas, je ne nous vois pas de l'extérieur... Cela dit, pour ce qui est de gestes doux et de la grâce, je veux bien la croire. Ce n'est pas la première fois que l'on me dit ça...

- Ah ouais ?

- Tu ne regardes pas avec mes yeux, fit Harry. Mais quand je vois d'autres couples d'hommes, tous leurs gestes sont gracieux, comme si l'autre était aussi fragile que du cristal...

- Dans un couple normal aussi Potter...

- Pas toujours...

Il serra les lèvres puis dit :

- On va dans un endroit moins visible ?

- Pour quoi faire ?

- Tu ne m'as pas demandé de numéroter mes abattis ?

- Ah si oui, exact... Cependant si je m'embarque là-dedans, ça va tourner au vinaigre et je ne suis pas prêt à ça...

Harry baissa les yeux. Il revint vers le blond et se coula entre ses bras en soupirant.

- Je sais que j'ai dit que je n'en étais pas à ce stade avec toi, mais toujours est-il que parfois, j'en ai cruellement envie... Seulement, j'ai de trop mauvais souvenirs de ma dernière tentative et pour rien au monde je ne veux revivre toute cette douleur que j'ai endurée...

Malefoy fit reculer le brun et demanda :

- Est-ce que tu me la racontes cette histoire ? Que je ne fasse pas les mêmes erreurs ?

Harry secoua la tête.

- Je ne m'attends pas à rester avec toi suffisamment longtemps pour qu'on en arrive au stade où Will a commencé à commettre ses premières erreurs...

- Tu tiens à rendre Caroline aussi malheureuse que les pierres ?

- Non, bien sûr que non, mais tu ne m'aimes pas, Malefoy, fit le brun en se détournant. Tes parents vont te trouver une épouse à qui tu donneras des enfants et tu m'oublieras... Et je ne veux pas t'obliger à rester près de moi, à jouer les compagnons de service derrière un masque de bonheur plus factice que Merlin lui-même...

- Merlin a existé...

- Mauvais exemple...

- De toute façon, mon père est à Azkaban pour le reste de sa vie, Potter, fit le blond en lui effleurant la joue du bout de ses doigts. Quant à ma mère, elle est trop déprimée pour s'occuper de moi. Je dirais donc que j'ai entre deux et huit ans devant moi... Peut-être même plus puisque que je vais aller à l'Université Magique de Londres pendant quatre ans...

- Là où va Hermione aussi... Moi j'arrête les études à la fin du mois.

- Tu ne voulais pas devenir Auror à tous prix ?

- Si, avant que Voldemort ne meure... Maintenant, cela n'a plus vraiment d'importance.

- Alors viens avec moi à Londres...

- Je n'irais pas à l'Université Magique de Londres, je n'ai pas les moyens, Malefoy...

- Qui te demande de venir à l'Université ?

- Mais ?

Les deux garçons se fixèrent un moment puis les yeux d'Harry s'agrandirent et il bafouilla :

- Tu... Tu es en train de me demander de venir vivre avec toi ?

Malefoy sourit.

- Il y a plusieurs semaines que j'y pense, à peser le pour et le contre... Je ne vivrais pas sur le campus, mais dans les bâtiments universitaires, juste en face... Granger a pris l'appartement juste à côté du mien, comme ça, tu ne seras pas tout seul la journée...

- Elle va habiter dans une cité universitaire sans aller en cours ?

- Elle a laissé entendre à Pansy qu'elle aimerait aller en cours à mi-temps. Quelques heures par-ci par-là lui suffiraient et son temps libre lui permettrait de se reposer et plus tard de s'occuper de son bébé.

Harry secoua la tête.

- J'ai du mal à croire ce que tu me proposes... Toi qui ne veux pas t'engager...

- Ce n'est pas une demande en mariage, Potter... Remets-toi... Disons que c'est une colocation... Bien entendu, je n'ai aucun besoin d'un colocataire pour m'aider à payer mon loyer mais une présence est toujours la bienvenue, non ?

- T'avise pas de me désigner comme ta femme à tes copains de l'Université, fit alors le brun en souriant de travers. Genre je rentre à la maison parce que ma femme m'attend...

- Pourquoi le ferais-je ? Nous ne sommes pas ensemble...

Harry grimaça. Il sourit ensuite en secouant la tête et alla embrasser le Serpentard furtivement avant de le laisser finir sa promenade et de rentrer annoncer la bonne nouvelle à Hermione.

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