Chapitre 29 ; Discuter de ses problèmes

01/08/2027 :

PDV Zoé, dans la nuit :

J'ouvre lentement les yeux. Autour de moi, le décor me fait penser à un palais de justice, comme celui présent aux enfers, la première prison gardée habituellement par Minos, mais régit par Rune en son absence.
Pourtant, ce lieu n'a rien à voir. Aux enfers, le palais est sombre et silencieux, ici, la lumière fuse en abondance et je peux entendre les bruits extérieurs.

Je regarde autour de moi et je peux voir l'armure de la Balance qui siège sur une des chaises.
Je ne m'y connais pas bien en tribunal de justice alors, je ne saurais dire la place où elle trône.
Aussi bizarre que ça puisse paraître. Je sens une étrange énergie flottée dans la pièce. Je sens que ça provient de l'armure.

Je porte ma main à ma poitrine, prise d'une étrange sensation. Je peux sentir la cosmos-énergie de l'armure qui semble entrer en résonance avec mon cosmos divin. Je trouve cette sensation étrange, rien de tel ne s'est produit avec les autres armures. Est-ce parce que je suis moi-même du signe de la Balance ?

Avant que j'aie pu me faire une réponse claire dans ma tête, une étrange Balance géante se dessine devant moi, me faisant reculer.
La sensation de bien-être que me procure l'armure quelque seconde plus tôt disparaît pour laisser place à un écrasement brutal et une pression qui paraît sans limites.

« Coupable ! Une espèce de voix tonitruante résonne. »

Je porte ma main à ma poitrine, prise de court. Je sens une onde de choc me repousser contre l'immense porte de bois.

Je me réveille brutalement au moment où mon dos va percuter la porte.
Je sens mon cœur battre à mille à l'heure ainsi qu'une horrible sensation d'être toute transpirante et suintante, que je découvre ne pas être seulement une sensation.

Je tente de calmer ma respiration, mais j'ai l'impression de paniquer encore plus.
J'entends soudain Kanon remuer à côté de moi. Il se redresse quand il me voit en état de choc.

« Zoé ! Il m'attrape par les épaules et me secoue légèrement, Qu'est-ce qui s'est passé ? »

J'essaye de parler, mais les mots se bloque dans ma gorge et je suffoque. Le Gémeau paraît le remarquer et m'entoure de ses deux bras puissants. Je sens enfin ma respiration se calmer, bien que légèrement, et de plus, je me sens bien dans les bras du chevalier.
Kanon caresse lentement mes cheveux pour me rassurer en susurrant que tout va bien se passer et qu'il est là pour m'épauler.

Je reprends doucement mon calme et il finit par me lâcher. Il reste néanmoins très proche et son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien.

« Ça va mieux ? »

Je vois son regard neutre, presque froid me regarder. Je ressens dans ces yeux une certaine douceur qui cache elle-même une grande tristesse. Il semble aussi étrangement inquiet.
Je rougis en le voyant me fixer si longtemps.

Je remarque après coup que Kanon paraît s'approcher dangereusement de mon visage, à tel point que je peux sentir son souffle se mélanger au mien.
Je réduis encore l'écart entre nous, fasciné et attiré inlassablement par son faciès.
Il ne lui en faut pas plus pour réduire définitivement la distance qui nous séparent et plaquer ses lèvres sur les miennes.
Je suis tout d'abord surprise par son geste avant de me laisser totalement aller.

Le cadet des Gémeaux place sa main derrière ma tête pour approfondir le baiser tandis que je pose mes mains sur son visage pour le maintenir près de moi.
Je ressens des papillons qui me chatouillent le ventre, faisant monter la chaleur en moi et sur mon visage qui doit actuellement virer au cramoisi.
Je sens sa langue passer délicatement sur mes lèvres pour m'en demander l'accès.
J'allais le lui accorder quand un bruit nous fait tous deux sursauter.

« J'étais sûr qu'ils faisaient des cochonneries ! Masque de Mort et Aphrodite se tiennent devant la barrière dans ma chambre, je m'étonne d'ailleurs de ne pas les avoir entendus monter.

- Arrête un peu ! Aphrodite lui accorde une tape derrière la tête avant de se tourner vers nous, On vous dérange ?

- Pas du tout. »

Kanon répond pour nous deux. Il se sépare de moi et finit par me lâcher entièrement, ce qui me vaut un petit pincement au cœur.
Je ressens soudain la froideur dans son ton.

« Nous avons fini. »

Il quitte la pièce sans plus de cérémonie et me laisse la béate, en bousculant les deux chevaliers pour passer.
J'entends ses pas disparaître en même temps que la porte du placard se ferme. Je sens les larmes montées face à mon incompréhension de la situation, à ma frustration et à ma soudaine et extrêmement violente tristesse. J'ai l'impression de me faire poignarder brutalement dans le dos.
Pourquoi ce soudain revirement de situation ? C'est à cause de Rhadamanthe ?

Je baisse les yeux, coupable et consciente de ma bêtise. C'est en effet à cause du spectre que le cadet est parti. Aussi étrange que cela pouvait paraître, je ressens un étrange lien entre Kanon et moi.
Je laisse cette fois-ci les larmes coulées, très déçus de ma propre naïveté. L'émoi que je viens de partager avec Kanon, n'a pas été interprété de la même façon par ce dernier.
Je le sens bien. Ces sentiments d'amour profond et délicat, ce déchirement intérieurs et cette tristesse infini. Ce n'est pas pour moi que le cadet des Gémeaux ressent tout cela, mais bien pour le spectre et juge le plus puissant des enfers, Rhadamanthe de la Wyverne.

Je ne sais pas par quels moyens, ni en quoi d'ailleurs, mais Kanon semble avoir vu un court instant le juge en moi.
Pourquoi ? Comment ? Je ne suis actuellement pas en mesure de répondre à ses questions et finalement, je ne pense pas que j'ai envie d'en connaître la raison.

Je secoue la tête pour revenir à la réalité et je vois le chevalier des Poissons s'approcher et s'asseoir à côté de moi.

« On arrive au mauvais moment ? Le chevalier pose sa main sur mon dos pour me rassurer en la caressant lentement.

- Oh non... j'essuie mes larmes d'un revers de la manche, pas du tout.

- C'est parce que j'ai dit que vous faisiez des cochonneries ? Masque de Mort me regarde perplexe et je peux lire une pointe de culpabilité dans ses yeux.

- Ne t'inquiète pas Masque de Mort, je souris tendrement au chevalier, c'est loin d'être ta faute. Je baisse la tête, C'est moi qui ai été trop naïve.

- Ne dis pas ça ! Aphrodite me procure la même tape qu'il a mise au Cancer, Kanon est un idiot voilà tout !

- Non ! Je regarde le Poisson furieuse, Il n'est pas idiot... il est seulement... perdu, troublé... Je souris tristement, je suis juste trop bête d'espérer quoi que ce soit.

- Arrête de dire que tu es bête. Aphrodite me met un autre coup, Je pense que, pour vous deux, il serait préférable de prendre un peu de distance.

- Quoi ?! Je regarde le chevalier, accablée.

- Juste le temps que vous réfléchissiez tous les deux à ce que vous voulez vraiment. Il me caresse les cheveux avec délicatesse, Je sais que c'est dur, mais essaye de ne pas trop y penser. »

J'opine en sachant très bien que je regrette déjà. Masque de Mort se racle soudain la gorge.

« On était pas là pour ça à la base. Il me jette un regard mauvais et je souris en sachant très bien pourquoi.

- Ne t'inquiète pas, je sais pourquoi vous êtes là et je te rassure, je vais pas te le volé. Je pointe le Poisson, Tu pourras continuer à lui... faire des cochonneries, comme tu dis. »

J'ai eux droit à une nouvelle tape sur l'arrière de la tête, mais ça valait le coup de voir leur visage rougissant tandis qu'ils essayent de fuir le regard de l'autre.
Aphrodite détourne le regard, fier.

« Va rejoindre Dohko au lieu de dire n'importe quoi. »

Je rigole amusé par leur réaction et descends. Je prends une bonne douche bouillante histoire d'enlever toute trace de mon cauchemar.
Alors que l'eau ruisselle sur mon corps, je ferme les yeux en repensant à ce matin.
Je serre les dents et ne peux m'empêcher de pleurer.
Pourquoi ? Pourquoi diable Kanon fait-il cela ! Je m'accroupis et laisse couler l'eau entre mes mains.

Je soupire et me relève en appliquant avec rage mon shampoing sur ma tignasse brune en désordre.
Il sait que je tiens à lui... il ne peut pas le faire exprès. Je laisse l'eau rincer mes cheveux sans esquisser le moindre geste avant de passer ma main dedans pour les rincer en profondeur. Non, c'est sûr qu'il ne le fait pas exprès. Ce n'est pas son genre.
Je réfléchis à un moyen de le comprendre quand j'entends frapper à la porte.

« Tu as fini Zoé ? C'est le Scorpion qui de sa voix somnolente et pressente réclame sa bonne douche du matin.

- Presque, attend un peu. »

Je me rince en vitesse et sort pour enfiler un jean simple et un t-shirt qui l'est tout autant.
Le Scorpion entre en furie dans la salle de bain au moment où j'ouvre la porte.

« Presse-toi donc un peu, le maître t'attend.

- Je sais. Je baisse la tête coupable, Je rêvassais désolé.

- Oh, mais je pense que tout le quartier a senti que tu 'rêvassais'

- P-Pourquoi ? Je ne suis pas sûr de comprendre.

- Bah, c'est normal que tu ne le saches pas. Milo enlève son haut et se tourne vers moi, Quand un être possède du cosmos, sa puissance peut être perçue par n'importe qui tant qu'elle est assez proche, ou si elle a un niveau élevé. Pour les êtres vivants allant de la plus petite pierre à un soldat du sanctuaire, relâcher du cosmos de manière involontaire est presque impossible, il faudrait user d'une trop grande concentration.

- Ça ne serait donc plus involontaire... je penche la tête pas sûre de comprendre.

- Exact. Il retire son bas et je pris pour qu'il n'ose pas tout enlever, En revanche pour un être au cosmos plus élevé, allant majoritairement du chevalier de bronze à une divinité, relâché du cosmos de manière involontaire est plus probable. C'est handicapant surtout quand il s'agit d'être discret, bien que le problème soit réglable par l'entraînement.

- Où veux-tu en venir ? Je ne comprends toujours pas ce que veut dire Milo.

- Que quand tu 'rêvasse' tout le monde peut profiter de tes vagues émotionnels. Il me regarde

de manière sévère, Alors ressaisis-toi et arrête d'en faire profiter toute la maisonnée, ça fout le cafard tes ondes négatives ! »

Il me pousse hors de la salle de bain et je regarde la porte ahurie. Si ce que Milo dit est vrai est-ce que ça veut aussi dire... que tous les chevaliers d'or de la maison, on ressentit mes émotions de ce matin ?!
J'espère de tout cœur que non, car c'est vraiment très confus. Après s'ils ont pu sentir ce que je ruminais pendant la douche... je préfère pas imaginer.
Je traverse le couloir en priant pour ne pas croiser les Gémeaux qui a forcément dut sentir mon cosmos lui aussi.

Je fonce dans le couloir, pensive, sans vraiment regarder et je percute quelqu'un.
Grand dieu ! C'est pas vrai ! Le cadet des Gémeaux se tient devant moi et il me jette un regard encore plus glacial que la technique suprême de Camus.
Je tente un sourire amical qu'il ne me rend pas. Il se dirige vers la chambre dans laquelle il crèche et me tourne le dos.
Vexer d'avoir été ainsi ignoré, je lui tire la langue.
Il se retourne soudain, me surprenant et fait un sourire en coin, probablement amusé par ma réaction.

« Tu devrais arrêter de ruminer. »

Il ne dit rien de plus et ferme la porte avant que je ne puisse répliquer.
Je me tourne furieuse et marmonne.

« Je te signale que c'est ta faute si je rumine... crétin ! »

À nouveau, je ne prends pas garde à ce qui m'entoure et je fonce dans un autre chevalier. Je reconnais cette fois-ci immédiatement le maître qui semble amusé.

« J'espère que ce n'est pas moi le crétin. Il rit.

- Oh du tout maître ! Je secoue les bras en tous sens, paniquée.

- Ne t'inquiète pas. Il pose une main sur mon épaule, Je sais très bien à qui s'était destiné. Nous en discuterons tranquillement sur la route. »

J'hoche la tête. En effet, en parler m'aidera sûrement à moins torturer mon esprit, mais la priorité était à l'armure de la Balance qui était actuellement coincée dans un palais de justice.
Nous prenons la route et j'explique ce qu'il s'est passé au maître qui m'écoute attentivement.

« Tu penses que ces sentiments ne te sont pas adressés ? Il me regarde confus.

- J'en suis persuadée. Je baisse les yeux un instant avant de me reconcentrer immédiatement sur la route.

- Pourquoi ça ? Dohko continue de me bombarder de question.

- Je ne sais pas vraiment. C'est un sentiment qui me prend à chaque fois que je suis en sa présence. Avant, je n'avais pas fait le rapprochement, maintenant, je comprends que chaque geste, chaque action de sa part... ne m'est jamais vraiment destiné. Je ne sais pas ce qu'il voit en moi qui peux lui faire penser à Rhadamanthe...

- Attends ! Le maître lève les mains en signe de temps mort, Rhadamanthe ? Le spectre de la Wyverne ? Celui que Kanon à tuer de ses propres mains ?

- Oui. Oui. Et... oui. Quelque chose lui fait penser à lui sans que je sache si ça vient du Gémeau ou de moi, mais ses pensées dérivent immuablement vers le juge des enfers, et c'est pire depuis que nous avons été dans la galerie des miroirs et qu'il l'a « vue ». Je me trompe peut-être... mais entre l'apparition du spectre des miroirs et la disparition inopiné de son frère... je crois que Kanon perd pied...

- Ah ! Le maître rit de ma conclusion, Désolé, mais je pense qu'il en faut plus à un guerrier de la trempe de Kanon pour perdre pied. Il se peut en revanche qu'il ait été perturbé par cette apparition.

- Vous pensez.

- Je peux juste affirmer une chose. C'est dur d'être séparé de l'être aimé.

- Oh ça, je me mords la lèvre, je ne peux que vous croire.

- De nous tous, seuls trois des chevaliers d'or sont apparus sans partenaire. Aldébaran qui, à ma connaissance n'en a pas, Aiolia, qui ne montre rien de la douleur que lui procure son éloignement avec Marine et... Kanon, qui semble pour le moins plus qu'affecté.

- Évidemment. Rhadamanthe lui manque... c'est bien normal. »

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