⚜️ | CHAPITRE 3

Comme convenu hier, James s'est levé suffisamment tôt ce matin pour se rendre à la pharmacie dès son ouverture : l'efficacité des comprimés que je prendrai à son retour diminuant drastiquement au-delà des douze heures suivant le rapport. Et cela va bientôt faire onze heures... Alors qu'il m'a assuré faire au plus vite quand il me coûtait de le laisser partir, toujours cette crainte de le voir me torturer, m'achever en l'absence de mon amour, je me rendors étonnement vite, sa promesse résonnant à mes oreilles en une douce berceuse, sa chaleur et son odeur partout dans les draps, sur mon corps.

C'est un effleurement sur ma joue qui me tire de ce bref sommeil, rouvrant mes paupières pour renouer aussitôt mon regard à celui de mon amant. Assis au bord du lit, à ma gauche, sa main glisse de mon visage jusqu'à ma nuque lorsque je me redresse, nous rapprochant autant que possible.

— Tu es rentré il y a longtemps ? l'interrogé-je en l'étreignant tendrement, enfin comblée de sa présence.

— Je viens juste d'arriver.

Je fixe ses lèvres un moment, nos fronts scellés et nos respirations entremêlées, avant de retrouver ses iris sombres rivés sur moi.

— Tu m'observais, remarqué-je dans un sourire compatissant.

Je ne me lasse jamais de le contempler dans sa quiétude, si vulnérable et apaisé, magnifique. Sûrement se plaît-il à en faire autant pour moi – si tant est que mes songes soient plaisants.

— Je t'écoutais.

— Je parlais dans mon sommeil ?

Je fronce les sourcils, surprise. Mi-honteuse et mi-curieuse de ce que j'ai bien pu dire. Les lippes de James s'étirent largement, visiblement amusé par ma question.

— Non, j'écoutais ton souffle, ton cœur. J'aime l'entendre s'affoler sous mes caresses, mes baisers... énonce-t-il en survolant la peau sensible de ma gorge qu'il libère de ma chevelure éparse. Mais je préfère par-dessus tout lorsqu'il se repose, qu'il est en paix.

Seigneur, je l'aime.

En écho à ses paroles, mon palpitant accélère subtilement sa course, jamais accoutumé à ses déclarations bouleversantes. Ce constat nous arrache un petit rire commun, et James pose une main sur ma hanche avant de tourner la tête vers deux sacs en papier posés sur le lit. Il en saisit un qu'il ouvre entre nous pour dévoiler deux boîtes de comprimés.

— La pharmacienne m'a dit qu'il y avait deux types de pilules du lendemain, l'une à prendre avant la période d'ovulation, l'une après, m'explique-t-il soigneusement. Il me semble que tu as eu tes règles la semaine dernière, mais dans le doute, j'ai pris les deux.

Il avait eu raison, je les avais bien eu la semaine dernière. J'avais passé la journée de lundi pliée en deux par les crampes, et lui, il avait pris soin de moi. Comme toujours.

Malheureusement, le vampirisme ne supprime ni les menstruations, ni les douleurs qu'elles provoquent.

— Tu aurais pu m'appeler pour me demander, lui rappelé-je doucement, un sourire amoureux collé aux lèvres de par la beauté de cet instant d'intimité en dépit des circonstances quelque peu singulières.

— Je ne voulais pas te déranger si tu dormais.

Et il avait eu raison, encore.

Bon sang, il est parfait.

— Merci.

Prenant l'emballage cartonné entre mes doigts, j'en extrait la plaquette pourvu d'un seul cachet en son centre, ainsi que la notice explicative. Nous la lisons ensemble, et James me demande si ça ira, si je suis prête à l'avaler en toutes connaissances des effets secondaires : de la nausée aux maux de têtes, en passant par des douleurs aux seins et une fatigue accrue. Rien que je ne puisse pas supporter durant les vingt-quatre prochaines heures, et surtout rien qui ne me fasse regretter mon impatience de la veille. Je le referai sans hésiter tant j'avais besoin de lui à ce moment précis.

— Tiens, je me suis aussi arrêté à la boulangerie, je me suis dit que quelques croissants à déguster au lit pour le petit-déjeuner, ça pourrait te plaire, lâche-t-il en me tendant le second sac rempli de viennoiseries, la mine ravie. En plus, il est conseillé de manger quelque chose avec.

Il désigne d'un mouvement du menton la pilule entre mes mains, attentif à ma réaction, à ce bonheur qu'il me procure par toute cette attention qu'il me voue.

Pas moins heureuse, une question me taraude, tourmente mon esprit et m'empêche de totalement savourer sa bienveillance :

— Est-ce que... tu es allé à l'appart ?

Mon souffle se bloque dans mes poumons, avide et soucieux de sa réponse. Ce ne serait pas si grave s'il n'y était pas allé, mais...

— Pourquoi ? Ça te manque déjà ? me nargue-t-il d'une caresse atrocement sensuelle le long de mon échine, la moue attendrie.

Prenant une brusque inspiration, je ma cambre par réflexe, mon visage relevé et mon corps parcouru de frissons dès l'instant où il m'effleure.

Évidemment qu'il me manque.

Même quand il est auprès de moi, qu'il me comble ainsi de sa prévenance. Jamais je ne me rassasie de son amour, sa dévotion et tout ce qu'il peut bien m'offrir. Mon bas-ventre se tord, possédé par ce même désir qui m'a envahie la veille.

Évidement qu'il me manque...

— Pas toi...?

Je devine des rougeurs teindre mes joues, couvrir ma poitrine tendue vers lui, tandis que j'agrippe l'une de ses épaules, crispée.

— Bien sûr que si. Je pourrais te faire l'amour à longueur de journée, ma douce. Regarde-toi, déjà brûlante et essoufflée... Si belle.

Sa voix se fait plus rauque, hypnotisé par la moindre de mes réactions, le plus infime de mes gémissements.

— Si mienne, ajoute-t-il en posant ses lèvres sur la courbe de ma nuque, contre ma carotide dont il savoure les pulsations qui y vibrent.

Boum boum. Boum boum. Boum boum...

Je perçois les battements de son palpitant résonner en lui, retentir en moi. Preuve de notre dépravation flagrante.

— Et donc...? le relancé-je incertaine de sa réponse tacite. Tu y es allé ?

Quittant ma gorge dans un dernier baiser humide, il noue de nouveau son regard au mien et survole ma mâchoire de ses doigts, toujours ce tendre sourire que je m'impatiente d'embrasser.

— D'après toi ?

— Oui ?

Et il hoche la tête, ma poitrine sur le point d'imploser, accablée par la force de ces émotions qu'il est le seul à me faire vivre. Soulagement, contentement et empressement.

Incapable de tenir plus longtemps, je relâche la boîte encore dans ma main et capture le visage de James pour me jeter avec frénésie sur ses lèvres. Je l'embrasse de toute mon âme, toute ma passion, ma déraison. Je l'embrasse comme au premier jour, mon espoir sur cette langue qu'il honore –, comme au dernier jour, ma reconnaissance dans ce souffle qu'il dévore. Je l'embrasse comme un adieu, un au revoir... de tout mon cœur, mon désespoir.

Hors d'haleine suite à cet élan impétueux, nous reprenons tous deux notre respiration, tempe contre tempe, allègres et assouvis, unis dans ce bonheur.

— Je vais chercher un plateau, des serviettes et du jus de fruit. Je reviens, m'informe-t-il en se détachant de moi, déposant un bref baiser sur mes lippes.

Et c'est ainsi que nous nous trouvons à petit-déjeuner au lit quelques instants plus tard, dans une ambiance particulièrement agréable et renforcée par l'importance de ce petit comprimé que j'avale sous les yeux aimants de James, témoignage de notre nouveau départ. Je n'ai pas la nausée en mangeant, je n'ai pas fait le moindre cauchemar depuis notre étreinte de la veille, et je n'ai pas non plus senti ma poitrine se déchirer, me supplicier comme à l'accoutumée.

Je me sens simplement légère, étrangement radieuse. Capable de savourer sans crainte la présence de mon amour, nos caresses et notre proximité languissante. Capable de croire en nous, en notre avenir en paix. Capable d'être heureuse. Un sentiment qui se prolonge les jours suivants, tel un rêve éveillé dont je ne discerne aucune fin à l'horizon.

Quelques haut-le-cœur m'empêchent parfois de terminer mon repas. Quelques songes horrifiques, réminiscences de mon existence passée, me tirent parfois de mon sommeil. Quelques tiraillements cruels me coupent parfois le souffle. Mais rien que je n'ai pas déjà enduré incessamment et simultanément des semaines, des mois, des années durant. Rien qui ne me fasse oublier cette pure félicité de vivre avec James, me lever à ses côtés, me coucher à ses côtés. Rien qui ne me rappelle ma mort, surpasse ma vie.

Parce que je vis. Enfin.

Plus que jamais, j'en savoure chaque seconde. Comme lorsque nous nous promenons dans la forêt aux alentours de chez nous, ma main dans la sienne, dans sa poche, à l'abri du froid. Une balade revigorante d'environ une heure que nous avons pris l'habitude de faire chaque jour, après le déjeuner. Une routine m'offrant la possibilité de m'accoutumer à cette exacerbation de tous mes sens. L'ouïe notamment, entre le bruissement d'un petit ruisseau, ses clapotis, les chants d'oiseaux, leurs sifflements, le froissement des feuilles, leurs murmures... L'odorat aussi, comblé par la senteur des bois, l'humidité du sol, la fragrance de la mousse échouée sur quelques écorces, les diverses fleurs sauvages fraîchement écloses et tant d'autres parfums.

Boum boum. Boum boum. Boum boum...

Et bien évidemment, le cœur de James. Si proche de moi. Une résonance à laquelle je me suis tant habituée qu'il me serait insupportable de ne plus l'entendre, la sentir, sous mes doigts, contre mes lèvres, mes crocs. Une mélodie si hypnotique, si tentatrice qu'il m'arrive parfois d'interrompre notre marche et céder au rythme de sa partition, réaffirmant mon amour pour lui dans un refrain seulement interrompus par nos soupirs moites et épris, éreintés par ce chant d'amour au chœur éternel.

Tant et si bien que nous rentrons à la hâte, empressés que nous sommes de nous abandonner à ce désir mutuel et intarissable. Nos bouches se dévorent presque littéralement alors que nous délaissons nonchalamment nos manteaux sur le buffet derrière nous. L'acidité de nos deux sangs recouvre savoureusement mon palais, et je me sens perdre la tête lorsque James dérive sur ma mâchoire, puis ma gorge qu'il embrasse avant de mordre abruptement et dénué de remords. J'ai chaud... et affreusement mal au cœur, aussi.

C'est si douloureux de l'aimer ! Mais si bon ! Tellement bon...

Mes mains se crispent sur son pull que je me languis de lui ôter, l'attirant au plus près de moi alors que ses doigts dans mon dos, sur ma nuque m'irradient. Ses lèvres me brûlent, et je tire encore davantage sur son vêtement... Quand il glisse ses paumes sous le mien, sur mes côtes qu'il effleure.

— Je peux ? me demande-t-il fébrilement en remontant le tissu de ses caresses atroces et absolument exquises.

Sa mine toujours aussi démunie, soucieuse de ma réponse et tellement fragile m'abîme un peu plus, juste un peu plus...

Tout ce que tu veux. Absolument tout.

Mon haut tombe en premier, puis le sien. Et je m'attèle déjà à lui soustraire son pantalon alors qu'il retrouve mes lèvres gonflées. Haletante, je peine à le déshabiller et le supplie de me venir en aide, tout pour enfin nous soulager :

— James... S'il te plaît...

— Tu veux le faire ici ?

À sa question tout à fait légitime, – car d'ordinaire nous préférons monter à la chambre pour un meilleur confort, et aussi parce que notre seul moyen contraceptif est rangé dans sa table de chevet – je hoche vivement la tête, impatiente. Non pas que je fasse une nouvelle fois preuve d'insouciance, mais même si j'adore le sentir en moi, je sais aussi que nous n'en avons pas nécessairement besoin pour nous procurer du plaisir.

Nos corps nus se pressent l'un contre l'autre, avides de se sentir, se toucher, se retrouver encore et encore. Vêtue seulement de ma culotte, James ne me laisse pas le temps de m'en débarrasser qu'il me prie de me retourner. Et comment le lui refuser lorsque je suis si terriblement tentée par la moindre de ses pensées les plus décadentes ? Au cœur de son étreinte incandescente, je clos les paupières avec force, accrochée à sa nuque et ma tête rejetée sur son épaule tant je suis comblée de lui.

Il embrasse ma gorge, aspire ma peau entre ses lèvres et sans m'avertir, nous fait avancer jusqu'à buter contre l'accoudoir du canapé par-dessus lequel nous nous penchons. Prise de court, j'ai tout juste le temps de rouvrir les yeux avant de m'étaler contre l'assise, ma respiration saccadée. Mon amour effleure mon dos, mes hanches avant de glisser son sexe entre mes cuisses, contre le tissu humide de mon sous-vêtement, son souffle ardent chatouillant mon lobe d'oreille. Des frissons recouvrent mon corps tandis que je jette un œil curieux, excité aussi dans sa direction.

— James... gémis-je en croisant son regard voilé et irrévocablement épris de ma personne.

— Mon amour, lâche-t-il en se redressant, après avoir déposé un tendre baiser sur mes omoplates, si belle, si fragile, si...

Je tremble, foudroyée par la virulence de son amour pour moi, cette dévotion si proche de l'aliénation qui nous caractérise depuis la nuit des temps. Une vision tellement biaisée et si magnifique de mon être que je ne peux que l'adorer en retour.

— ... mienne, conclut-il comme s'il en doutait encore, entamant un lent va-et-vient entre mes jambes pour appuyer ses propos, se forcer à y croire.

Ma parole arrachée par sa torture des plus délicieuses, je serre les poings contre un coussin non loin de ma tête et étouffe tant bien que mal des geignements suppliciés, ma lèvre inférieure ensanglantée sous mes efforts. Puis je sens ses doigts trouver l'élastique de ma culotte et la faire glisser le long de mes cuisses, son membre quittant la moiteur de mon intimité pour la retrouver au plus près et poursuivre son terrible martyr.

Seigneur, je regrette déjà d'avoir voulu le faire ici !

Je me cambre sous la friction douloureusement savoureuse de nos sexes, incapable de taire un énième gémissement quand James semble aussi tourmenté que moi par notre proximité.

— Ja... mes...

— Je sais. Attends. Juste encore un peu...

Il se frotte si vigoureusement contre moi que c'est un miracle qu'il n'ait pas cédé à la tentation de me pénétrer. Ses à-coups se font plus vifs, moins nombreux jusqu'à totalement s'arrêter, et je suis complètement perdue lorsqu'il s'éloigne et ramasse son pantalon près de la porte d'entrée, loin de moi.

Il ne me faut pas longtemps pour comprendre qu'il cherche un préservatif, lequel il trouve dans l'une des poches et s'attèle déjà à ouvrir en revenant vers moi.

— J'ai bien fait de prendre mes précautions, au cas où nous nous laisserions aller en-dehors de la maison... ou même ici, avoue-t-il en se repositionnant derrière moi, ses lèvres câlines remontant ma colonne vertébrale jusqu'à trouver ma bouche entrouvertes et lécher le sang qui la recouvre.

Sa main glisse dans mes cheveux, caresse doucement mon crâne, puis ma tempe alors que nos pupilles assombries par le désir ne se quittent pas un seul instant. Pas même lorsqu'il s'enfonce en moi, ni lorsqu'il se penche davantage pour m'étreindre contre lui, ses bras enroulés autour de ma poitrine. Il demeure immobile d'interminables secondes, si longtemps que je commence à remuer contre lui, frustrée de ne pas le sentir se mouvoir.

— James, qu'est-ce que tu fais ?

Mes paupières papillonnantes sous la pression de son corps, cette sensation exquise d'être écrasée contre lui, comblée de le sentir partout en moi et sur moi, je frémis d'impatience, son immobilisme le pire des calvaires à endurer.

— Attend, s'il te plaît...

— Quoi ?

— Laisse-moi savourer ton corps, ta chaleur...

À ces mots, il resserre son emprise sur mes côtes et poursuit en nichant son visage dans le creux de mon cou :

— ... ta vitalité, ton désir entre mes bras. Laisse-moi m'infliger ta souffrance, mon amour.

Seigneur, comment suis-je censée survivre à ça ?

Mon cœur se débat violemment dans ma cage thoracique, menaçant de la transpercer, et James choisit ce moment pour presser son bassin avec plus d'ardeur contre ma croupe, s'enfouissant au plus loin dans mon intimité.

— Lisa, laisse-moi t'entendre, tes gémissements, tes soupirs, tes suppliques... Mon nom, m'implore-t-il désespéré, déploré par nos sentiments réciproques et l'affliction qui en découle.

Un couinement tout à fait incontrôlé s'échappe d'entre mes lippes tandis que j'essaye difficilement de reprendre mon souffle, étouffée par cette brusque vague de chaleur qui nous submerge et me monte à la tête. J'ai affreusement chaud, le sang dans mes veines semblable à de la lave en fusion tandis que nos peaux se consument, bouillonnantes et presque sur le point de se désagréger tant elles semblent dévorées par les flammes.

— James... S'il te... plaît...

À ma prière défaillante, langoureuse, il se retire lentement, de quelques ridicules centimètres, avant de revenir si prudemment qu'un sanglot m'écorche les cordes vocales.

— Encore, mon amour, réclame-t-il en se redressant sur ses bras, ses mains de parts et d'autres de ma taille, sur le canapé. Dis-le encore.

— Je t'en prie...

Il recommence. Plus loin. Plus vivement. Plus savoureusement.

— James...!

Jusqu'à ne plus s'interrompre, ses allers et venues au rythme de ma respiration hachée et lourde, l'une de ses mains survolant mon dos, mes hanches, mes seins et mon bas-ventre, avant de retrouver cette zone tellement sensible à ses effleurements. Du bout de son index, il cajole mon bouton, retrace un cercle autour de lui pour finalement le pincer contre son majeur.

Je suffoque, des étoiles éclatent sous mes paupières quand tout s'efface autour de moi. Tout, sauf lui. Je ne pense qu'à lui, ne respire qu'avec lui, n'existe que pour lui.

Boum boum. Boum boum. Boum boum. Boum boum...

Il poursuit ses coups de reins, toujours plus vigoureusement, et mon cœur s'ébrèche, toujours plus cruellement.

Je l'aime tellement, tellement, tellement fort...!

Les larmes me montent aux yeux alors que je m'agrippe à son bras, mes ongles s'enfonçant dans son derme comme exutoire à ma détresse.

— Lisa... geint-il proche de l'orgasme.

Mes parois se contractent de plus en plus rapidement, et sous ses doigts divins, ce n'est plus qu'une question de temps avant de flancher et me perdre avec lui.

Et lui, il m'aime tellement, tellement, tellement... trop !

— Arrête, le supplié-je larmoyante, arrête, arrête...

Dans l'incompréhension de ma requête, il ralentit à peine, même pas assez pour me laisser reprendre mon souffle.

— Stop !

Ma voix se brise, et James s'immobilise, réalisant tout à coup mon état.

— Ça ne va pas ? Tu as mal quelque part ? panique-t-il à la recherche de mon regard, ses mains sur mes épaules.

Mon front tout contre le canapé, j'essaye de stabiliser ma respiration, mon palpitant sur le point de rompre tant il m'élance. Incapable de répondre à ses questions, je lui demande de se retirer et il s'exécute dans la seconde, soucieux de mon bien-être.

— Aide-moi à me relever, exigé-je encore de lui, tremblante.

Il me tend sa paume, laquelle je ne manque pas de saisir, et de son autre bras autour de mon buste m'attire vers lui. Une fois sur mes deux jambes, je prends quelques secondes avant de me retourner et enfin lui faire face.

— Dis-moi ce qui ne vas pas, s'enquiert-il encore, balayant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Tu as mal au cœur ?

Pour toute réponse, je me dresse devant lui, admirant la magnificence de son inquiétude, les traces de ses récents efforts discernables à sa peau moite, aux rougeurs sur ses joues, aux plis sur son front et à ses lèvres d'un rouge terriblement foncé. Mes doigts s'accrochent à sa nuque, sa chevelure, et je me penche sur sa bouche jusqu'à l'embrasser, délicatement.

— Je t'aime, avoué-je mon unique tourment entre ses lippes.

Et c'est si douloureux de t'aimer !

Enlaçant mon visage, effaçant mes larmes, James me retient fébrilement contre lui, comme s'il n'osait pas me toucher de crainte de me briser.

— Je t'aime aussi, ma douce. Mais est-ce que tu vas bien ? Je peux faire quelque chose pour t'aider ? Je t'en prie, dis moi... Je ferai n'importe quoi...!

Et je l'embrasse, encore, le goût de ses lèvres une fragrance dont je ne me lasse jamais. Je le tire vers moi, recule de quelques pas sans me détacher de lui une seule seconde et le pousse dépourvue de force sur le canapé. Totalement abandonné à ma volonté, il se laisse tomber sur l'assise et m'aide à m'asseoir à califourchon sur ses cuisses.

— S'il te plaît, dis quelque chose, m'implore-t-il de ses paumes sur mes joues humides, toujours ruisselantes.

— Comment fais-tu pour m'aimer ?

— Quoi ? lâche-t-il dans un froncement de sourcils, perdu.

Parce que j'étais morte et que tu ne m'as pas oubliée ! Comment l'as-tu supporté...?

— Ça fait si mal de t'aimer...! confié-je en déposant sa main sur ma poitrine, contre mon cœur écorché. Mon amour, comment tu... Comment...

Entrecoupée de sanglots, je fonds dans son étreinte, la sérénité de ses bras, le confort de sa dévotion.

— Doucement, ma douce. Je suis là, prends ton temps et respire.

Mais je n'étais pas là, moi !

— Suis-je vraiment la seule ? trouvé-je la force de l'interroger, affligée par la simple idée de le savoir abandonné, torturé par ma mort. N'y avait-il personne d'autre, après moi ?

— Mais bien sûr que non, tu es la seule, Lisa ! Comment aurais-je pu...

— J'étais morte, James. Morte ! Tu aurais pu, tu en avais le droit... Pour mieux vivre, pour mieux l'endurer, le persuadé-je d'une main sur sa pommette, l'autre toujours entremêlée à la sienne, contre mon buste. Pour toi.

Sans un mot, il me contemple les yeux plissés, embués de se remémorer ainsi cette pénible période.

— Parce que c'est trop douloureux, continué-je sans le lâcher. Je ne peux pas imaginer un monde sans toi, alors si tu étais mort...

— Tu m'aurais oublié dans les bras d'un autre ?

— Non ! me justifié-je scandalisée qu'il ait pu penser ainsi, puis honteuse en réalisant que c'est exactement ce que j'espérais de lui. C'est juste que... Je... Je ne m'en serais jamais remise, je ne l'aurai pas supporté. Je n'aurai pas pu...

Déposant un tendre baiser sur le coin de mes lippes, il souffle :

— Je sais, ma douce. Parce que je t'aime, je t'ai souhaité le meilleur toute ta vie d'humaine. Je te l'ai dit, j'aurai tout accepté tant que tu étais heureuse. Même un autre homme. Alors je comprends tes sentiments. Mais parce que je t'aime, jamais je n'aurai été capable de trouver une autre femme. Tu es la seule, depuis toujours et pour toujours. Ne me demande plus jamais de t'oublier pour une autre.

— Désolée, pardon...

Mon visage baissé, James embrasse mon front, puis ma tempe dans une invitation à relever mon regard vers lui. Chose faite, il fait passer mes bras sur ses épaules, derrière sa nuque afin de nous rapprocher au plus près.

— Ça ne fait rien, ne t'en veux pas pour si peu Lisa. Plus important, est-ce que ça va mieux ? Tu as moins mal au cœur ?

Oui... Non.

Il vibre toujours atrocement entre mes côtes, comme tordu, déchiqueté, implosé.

— Je ne sais pas, je...

Ça va passer. Ça va forcément passer.

Parce que je suis avec lui, dans ses bras, et qu'il est le seul qui parvient à m'apaiser.

— Est-ce que tu veux que je te morde ? susurre-t-il contre la peau sensible de mon bras, tout près de mon aisselle. Pour te soulager, te faire oublier ta douleur...

Oui... Oh, oui !

Hochant précipitamment la tête, je clos les paupières en sentant ses lippes se presser contre mon derme, dans l'attente tortueuse de son baiser vampirique. Lorsque ses crocs trouvent une veine, la percent sans remords, je vacille contre son torse et mon palpitant flanche, dangereusement heurté par cette exquise souffrance qu'il m'accorde.

Un picotement aiguë prend naissance à la base de sa morsure, et mon bras m'élance, ne demande qu'à s'échapper de cette position inconfortable, toutefois James le retient contre lui, ses canines toujours profondément logées dans ma chair jusqu'à s'en libérer. Il recueille du bout de sa langue les deux perles pourpres qui en émergent puis remonte jusqu'à mon épaule, effleure la courbe gracile de ma nuque en croisant mon regard voilé, désireux de percevoir mon accord avant de récidiver.

Alanguie contre son corps imposant, rassurant, je m'abandonne totalement à ses caresses prudentes, ses marques d'amour dévorantes et ses murmures hypnotisants. Si bien que le sommeil se mêle à son étreinte, alourdit mes paupières, mes membres et menace de m'emporter.

— Tu m'as l'air bien fatiguée, remarque-t-il faiblement, survolant ma mâchoire, ma carotide de ses doigts délicats. Repose-toi, mon amour. Je suis là. Je reste auprès de toi.

Rassérénée de sa promesse, je sombre dans les limbes d'un répit bientôt écourté – une boule d'angoisse inexplicable prenant forme dans mon ventre, à me retourner l'estomac et me filer la nausée. Rien à quoi je ne sois pas déjà habituée, si ce n'est cette inquiétude grandissante et tout à fait invraisemblable entraînant une telle panique que mon cœur s'affole, à l'agonie de ce tourment. Rien qui ne résiste à l'attention minutieuse de mon amant, à sa compréhension hors-norme de mes pensées, mon état et ma personne. Mais rien que je ne puisse comprendre dans ma perdition amoureuse, ma décadence inexorable et mon ignorance candide.

Non, rien que je puisse deviner et encore moins éviter...

⚜️⚜️⚜️

Tin-tin-tiiin 🤓

Un chapitre toujours très doux, dans la continuité des précédents, mais qui laisse présager une suite beaucoup moins amusante...

J'espère qu'il vous a plu tout de même, j'ai eu énormément de mal à écrire la scène hot, j'avais l'impression de pas réussir à les retrouver, mais je suis finalement parvenue à trouver les bons mots pour eux (enfin, je crois) 🙈

Pour ceux qui ont hâte que tout parte en cacahuètes, n'ayez crainte, ça ne saurait tarder 🙃

Sur ce, je vous dis à bientôt (je ne pense pas le week-end prochain, mais j'espère celui d'après), gros bisous ! ❤️

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