⚜️ | CHAPITRE 15
⚠️ Ce chapitre contient plusieurs scènes de violences pouvant heurter la sensibilité des lecteurs. ⚠️
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Je me réveille péniblement, la sensation d'être momifiée par mon propre corps me tirant bien vite de ma léthargie. Car si je peux ouvrir les yeux, je suis incapable du moindre mouvement, comme paralysée de la tête aux pieds. Je ne peux même pas tourner la tête, ni ouvrir la bouche. Seulement respirer.
Observant les lieux qui m'entourent dans une panique incontrôlable, cette chambre dans laquelle je séjourne depuis bien trop longtemps, j'aperçois Allan qui se hâte à mes côtés.
— Tout va bien, me rassure-t-il vivement en comprenant ma situation. Ça va, c'est normal. Ça fait presque vingt-quatre heures que tu es... morte, ton corps s'est figé, tu viens juste de te réveiller, c'est normal que tu ne puisses pas bouger. Attends un peu.
Une journée entière ? La dernière fois, il ne m'a fallu que quelques ridicules heures pour récupérer.
Mon bébé...!
Si je le pouvais, je constaterai par moi-même ce qu'il en est. Mais j'en suis incapable. Je rive sur Allan mon regard le plus désespéré, avant de le baisser sur mon ventre et recommencer plusieurs fois, priant pour qu'il saisisse l'objet de ma requête.
S'il te plaît, aide-moi ! Sauve-moi...
Je veux savoir.
Je dois savoir.
Savoir si mon espoir à survécu, ou s'il a succombé à cette énième torture. Savoir si je dois continuer d'espérer ou tout abandonner. Savoir si...
Mon ami semble avoir compris, puisqu'il pousse la couverture qui me recouvre et lève sa main au-dessus de mon abdomen avant de me demander :
— Je peux ?
Bien sûr que oui ! Je n'attends que ça...!
J'aimerai hocher la tête, mais je n'y parviens pas. Quoique peut-être imperceptiblement... En revanche ma volonté doit probablement vibrer tout autour de moi puisque cela suffit à Allan pour s'exécuter. Il dépose sa paume sur mon bas-ventre, et même au travers de la lingerie que je porte, il devrait parvenir à sentir quelque chose. S'il est encore là.
Pitié...
Il accentue la pression, comme s'il ne trouvait rien.
Dis-moi que mon enfant est en vie.
Ou je n'aurai plus aucune raison de tenir le coup.
— C'est bon, Lisa. Il va bien. Il est là. Il...
Il quoi ?
Je ne comprends pas. S'il va bien, pourquoi Allan prend-t-il cet air si triste ? Pourquoi en perd-t-il ses mots ? Pourquoi ne me lâche-t-il pas ?
— Son cœur bat. Je sens son cœur battre. C'est...
Oh...
Le poids de mon angoisse me libère brusquement la poitrine, volatilisé.
Mon enfant va bien.
Je clos les paupières en prenant une grande inspiration, plus soulagée que jamais.
— ... incroyable.
Quant à Allan, il ne se remet pas de cette découverte. Saisi par l'émotion, il ne parvient pas à détacher son regard de mon ventre. Et je devine sans mal pourquoi : c'était le rêve de toute sa vie, fonder une famille. Avec Amber. S'il a insulté mon enfant hier, ce n'était que sur le coup de la colère. Comment haïr un être qui n'est même pas encore né ?
— Il est si petit, et pourtant, son cœur bat déjà si fort.
« Il tient déjà tellement à vivre ! » ai-je envie d'ajouter.
Dans un sourire triste presque invisible face à cette vision qui m'est offerte, je m'octroie enfin un court répit.
Tout va bien. Je vais bien. Mon bébé aussi.
Et je m'en tiens à cette certitude les jours qui suivent. Car si j'ai recouvré l'usage de mon corps après quelques heures, Matthew, ravi de ma résurrection, n'a pas tardé à me faire part de son exaltation, son désir toujours plus fou de me posséder. Il respecte sa promesse – pour le moment du moins –, alors je me plie à mes obligations. Sans volonté aucune et le cœur au bord des lèvres.
C'est pourquoi il est le seul à me maintenir la tête hors de l'eau : mon enfant, mon espoir. Il va bien, et c'est tout ce qui compte. Ainsi que, peut-être, la compassion tout nouvellement renouvelée d'Allan. Il fait des efforts, je n'y suis pas aveugle. À commencer par se montrer moins froid. Il ne s'est pas excusé pour tout ce qu'il a pu me cracher au visage, et encore moins pour tout ce qu'il a fait, cependant je crois que ses agissements en sont un substitut plutôt évident.
Et après trois jours à vivre cloîtrée dans cette chambre, emmitouflée dans des draps qui recueillent la délivrance de mon bourreau, parce que je ne suis plus du tout en mesure de me déplacer à moins de m'effondrer après deux pas, je pensais sincèrement que le temps continuerait de s'écouler ainsi. Lentement, certes, mais dans une routine encore assez supportable. Je pensais que cela suffirait à Matthew. Je le pensais comblé par ma seule présence.
Quelle présomption.
Je ne suis ni Eve, ni Elisabeth. Et ça ne lui plaît pas du tout.
Quand il vient me chercher en fin de matinée, je ne comprends rien à rien.
— J'ai une surprise pour toi, Elisabeth, déclare-t-il dans un engouement à peine dissimulé lorsqu'il me prend dans ses bras.
Cette fois, il ne me laisse pas marcher. Et dieu soit loué puisque je n'aurais assurément pas tenu jusqu'à notre destination.
— Où allons-nous ? quémandé-je après avoir descendu le premier étage.
— Tu le sauras bien assez vite, mon cœur. Ne sois pas pressée.
Oh, je suis loin de m'impatienter. Seulement, j'ai un très mauvais pressentiment. Un nœud se forme dans ma gorge, et de raison : ce n'est jamais bon signe lorsque Matthew prépare quelque chose. De surcroît une surprise.
Mon inquiétude se confirme quand nous arrivons devant la porte conduisant au sous-sol. Il pousse celle-ci, et à chaque marche qu'il dévale, une effluve qui ne m'enchante pas le moins du monde me monte aux narines.
Du sang.
Et ce n'est absolument pas celui de Matthew. Je ne reconnais pas non plus l'odeur d'Allan, seulement celle d'inconnus.
Seigneur, qu'a-t-il encore fait...?
Nous arrivons dans une pièce aux murs en pierres grises, le sol une dalle de béton, seulement éclairée par une ampoule jaune suspendue tel un lustre en son centre. Devant moi : un homme et une femme aux poings liés et attachés par une chaîne épaisse au plafond de façon à ce que leurs pieds ne touchent à peine le sol. Bâillonnés et leurs yeux bandés, ils ignorent tout d'où ils se trouvent.
L'antre du diable. Leur tombeau.
Pourtant, ils savent déjà ce qu'ils sont en train de perdre.
La vie.
De là où je me tiens, je sens la peur battre dans leurs veines.
— Matthew, qu'est-ce que tu as fait...? réalisé-je horrifiée.
Il me porte jusqu'à un fauteuil en cuir, face à ces deux inconnus afin de pouvoir assister pleinement à sa mise en scène.
— Je les ai choisis spécialement pour toi, mon cœur, susurre-t-il contre mon oreille en me déposant. Regarde comme tout est parfait, je pensais être obligé de t'attacher, mais c'est inutile.
C'est atroce.
Une violente nausée me plie en deux et je retiens un filet de bile qui me brûle la trachée.
— Voyons ma chère, ne sois pas si sensible. Pas tout de suite du moins. Je vais te rappeler ce que tu t'en-têtes à ignorer. Là, tu pourras t'en émouvoir.
Je ne veux pas voir ça. Je veux partir. Je dois partir !
Matthew me tourne le dos dans un sourire narquois pour rejoindre ses prochaines victimes. Il vient arracher le tissu qui couvrait la vue de l'homme et déclare :
— Ne trouves-tu pas qu'il ressemble à James ? Il a son regard...
Terrorisé, ce dernier observe tout ce qui l'entoure jusqu'à tomber sur moi. Il ne comprend rien à ce qui lui arrive.
Et moi, je m'y refuse.
— Quant à sa bien-aimée, poursuit mon bourreau en délivrant la jeune femme de son bandeau, je te l'accorde, elle n'a pas ta beauté. Peut-être tes cheveux ? C'était déjà difficile de trouver deux personnes qui s'aimaient suffisamment, j'espère que tu ne m'en veux pas.
Sa bien-aimée ? Non...
L'homme rive son attention sur sa promise, hurle à travers son bâillon. Il semble désespéré. Elle... elle fond en larmes et prononce ce que je devine sans mal être des suppliques.
— Matthew, arrête, ne fais pas ça, s'il te plaît ! Tues-moi encore, mais arrête ça, je t'en prie...
Je ne le supporterai pas.
Je tremble de tout mon corps, penchée en avant et mes mains crispées sur les accoudoirs. Incapable de me lever.
Je me déteste d'être si impuissante.
— Te tuer, je peux le faire quand bon me semble. Je veux que tu contemples chaque seconde de cette sanglante représentation, que tu te rappelles. Je te l'ai dit : je les ai choisis spécialement pour toi. Ce sont les proies que tu préférais. De celles qui s'aiment si fort que tu n'assistais pas seulement à leur mort, mais à celle de leur amour. Tu te languissais de voir combien il était vain et inutile.
— Non, je...
Comme moi. Terriblement inutile.
Je ne suis plus Eve. Je n'étais pas moi-même. J'étais dépassée, possédée par une folie dénuée d'émotions.
— Je...
— Nies-le autant que tu le veux, je sais ce qu'il en est, souligne-t-il en revenant face à moi, plus sombre. J'ai veillé la moindre de tes actions. Elisabeth, je veux te retrouver. Il est temps que tu te souviennes.
Il se penche sur moi, caresse ma joue du dos de sa main et ajoute dans un murmure vicieux :
— Au fait, elle est enceinte.
— Non ! m'écrié-je en m'accrochant tout à coup à lui. Tu ne peux pas faire ça ! Je te l'inter...
— Surveille ta bouche ou je ne serai plus aussi clément, me coupe-t-il dans un ordre sec en me repoussant brusquement. Si tu penses être en mesure de m'interdire quoique ce soit, peut-être devrais-je songer à t'arracher cette vie à laquelle tu tiens tant.
Remuant précipitamment la tête, chassant les larmes qui me submergent, je ne peux que l'implorer misérablement d'épargner mon enfant.
— Bien, alors contente-toi d'observer sagement. Et tâche de te souvenir, mon petit Sacrilège. Je fais tout ça pour toi.
Mais je me souviens. Je n'ai rien oublié. Comment le pourrais-je...?
J'étais seule. Mère m'avait quittée un an auparavant. Autant de temps que je m'évertuais à tenir la promesse que je lui avais faite, un demi-siècle plus tôt. Demeurer cet Ange Béni auquel elle croyait tant. Ne jamais sacrifier la vie d'innocents pour étancher ma soif. Jusque-là, j'y parvenais. Péniblement, certes, mais je me tenais suffisamment loin de ces humains pour m'éviter un désir incontrôlable. Je me nourrissais principalement de sang animal. Car si les poches de sang n'existaient pas encore à cette époque, les bêtes étaient ma seule alternative pour ne pas risquer de dévoiler mon identité. Et en dépit de leur très mauvais goût, je savais m'en contenter.
Jusqu'à ce jour fatidique.
Matthew avance entre les deux corps suspendus et rejoins un établis débordant d'outils de tortures.
— Tu regorgeais toujours d'une inventivité sans borne pour abîmer leurs corps. Ils étaient tantôt couverts d'hématomes, tantôt écorchés vifs, tantôt mutilés de parts et d'autres. Parfois même, leurs os étaient réduits en miette, ajoute-t-il en se munissant d'une batte de baseball enroulée de barbelés.
Il se repositionne face à l'homme et lui ordonne sans pour autant lui imposer par la force :
— Pas un bruit, et peut-être épargnerai-je ta femme.
Il réajuste sa prise sur le manche de son arme, lève les bras puis...
Le jour où j'ai rencontré cet homme.
Le bois enrobé de métal fend l'air dans un sifflement sourd avant de s'enfoncer dans les côtes de sa victime, arrachant quantité de chair sur son passage. Du sang gicle tout autour de lui, sur Matthew d'abord, et sur sa compagne qui cesse tout à coup de hurler, transie d'effroi.
La nuit commençait à tomber, baigner le monde de son obscurité. J'errais dans la rue, seule, toujours, parce que c'était l'heure la plus opportune pour vagabonder sans étouffer au milieu de la foule, avant d'être avalée par la pénombre et craindre une rencontre de mauvaise fortune.
Et peut-être était-il trop tard...
Puisqu'il est apparu devant moi, tel un don du ciel. Une bénédiction d'apparence, occultant la déchéance qu'il représenterait aux yeux d'innombrables défunts.
Les ruelles se vidaient peu à peu lorsqu'il a surgit devant moi :
— Excusez-moi, milady...
Vêtu d'un pourpoint vert sombre surmonté d'un manteau assorti aux échancrures immaculées sur ses manches bouffantes, son haut de chausse et ses bottes brunes remontant jusqu'à ce dernier pour compléter son costume, nul doute qu'il s'agissait d'un homme aisé. S'il ne m'avait pas interpellée aussi respectueusement, j'aurai pu croire qu'il me prenait pour une prostituée.
Ôtant son chapeau de feutre pour se pencher vers moi, j'en eu le souffle coupé.
Il ressemblait bien trop à l'homme de mes rêves.
Peut-être le destin me mettait-il à l'épreuve. À moins que je ne sois vouée à cette perdition, car j'ai lamentablement échoué.
Bien sûr, ce n'était pas James. Encore moins Matthew. Si je ne me rappelais pas de leurs noms, je les aurais néanmoins reconnus parmi des milliards. Ses yeux étaient un peu plus tombants, ses lèvres plus épaisses, son nez infimement plus long et son visage plus fin. Quelques subtiles différences bien trop insignifiantes pour entraver mon épanchement. Puisque mon cœur s'en est trouvé douloureusement bouleversé.
Mon fléau exacerbé par notre proximité saisissante – la dernière fois que je m'étais retrouvée aussi proche d'un être humain remontant à l'année passée, auprès de ma mère –, je me sentais perdre tous mes moyens. Non seulement je mourrais d'envie de plonger mes crocs dans son derme, mais mon rythme cardiaque s'emballait terriblement vite à la vue de cet homme que j'aimais viscéralement, autant que je l'abhorrais.
— Puis-je vous raccompagner ? Il se fait tard et je crains qu'il ne soit dangereux pour une demoiselle comme vous de rentrer seule.
Tard, il l'était oui. Bien trop tard pour empêcher l'inévitable.
Comme l'homme que Matthew vient d'éventrer si éhontément.
Seule, je l'étais aussi. À chaque seconde de ma vie et jusqu'en mon cœur absent.
Sa proposition était des plus suspicieuse et quiconque y aurait perçu un esprit malsain, mais je n'y discernais aucune arrière pensée. Il se souciait sincèrement de ma quiétude. Et il n'espérait rien d'autre que simplement me raccompagner.
En réalité, la différence la plus notable que je remarquais en acceptant son offre, après avoir déambulés ensemble dans le quartier, était son humeur joviale. Il ne seyait aucun chagrin, pas le moindre désespoir.
Pourtant, il lui ressemblait tellement.
C'était si troublant que j'avais espoir de prolonger cet instant partagé. Je n'étais rien, si ce n'est peut-être un peu jolie, quoique nécessitant une mise en beauté. Dépourvue de richesse. Je n'avais que ma malédiction à offrir. Lui, en revanche, était un gentilhomme sur bien des aspects. Courtois et jamais irrévérencieux envers ma condition.
Je me demandais si, peut-être... nous pourrions nous revoir.
Là fut ma faute.
Il a accepté. Et les jours suivants, nous nous vîmes de nombreuses fois. À chaque nouvelle entrevue, je nourrissais un désir de normalité de plus en plus vorace. Je pensais sincèrement que mère avait tord, que là était ma chance de vivre de la plus banale des façons, d'être heureuse.
Je rêvais de cet avenir idyllique.
Toutefois c'était sans compter sur mes cauchemars récurrents, cette douleur lancinante dans ma poitrine. Celle-là même qui se trouvait amplifiée lorsque j'étais en compagnie de mon tendre ami. Je parvenais à endiguer ma soif en sa présence, la contenir afin de l'étancher plus tard, mais je n'avais aucun pouvoir sur mes maux.
Tout se passait trop bien, et je n'avais pas encore appris combien la vie était cruelle. Elle y a vite remédié. Un soir que nous nous promenions à travers les dédales de rues, comme le jour de notre rencontre quelques semaines plus tôt, sa main effleura la mienne et mon cœur se renversa. Il accéléra vivement sa course, si subitement que j'en perdis mon souffle. Il se contractait si fort que je le soupçonnais d'être sur le point d'imploser.
J'avais mal, toujours, aujourd'hui comme autrefois. Ce même tourment dont est coupable Matthew.
Recroquevillée près d'un mur, mon ami s'est accroupi à mes côtés, inquiet d'une crise à laquelle il n'avait jamais assisté.
— Tout va bien, Eve ? Vous êtes souffrante ? Puis-je vous aider d'une quelconque manière ? s'enquit-il en posant une main rassurante dans mon dos.
— Ça va, pa... pardonnez-moi. Ce n'est rien.
En cet instant, je priais Dieu pour qu'il me vienne en aide. Si seulement il l'avait fait...! Tant de vies auraient été épargnées. Sûrement est-ce à cause de mon précédent crime, celui d'avoir tué les parents de James et Matthew, de les avoir conduits à cette fatalité, mais aucune de mes prières ne fût exaucée. Peut-être est-il devenu sourd à ma voix ?
Je ne pouvais compter que sur moi-même, et je n'y parvenais pas. Ma faiblesse me rongeait. Tandis que je me tournais vers mon compagnon, profondément accablée, une soif virulente me dévorait les entrailles. Mes canines me brûlaient autant que mon palpitant se consummait.
— Je suis désolée, Attwell, avais-je déclaré dans une forme de promesse à me repentir toute mon éternité durant lorsque je fondais dans cette étreinte qu'il m'offrait. Vraiment, vraiment désolée...
Le pauvre ne comprenait rien à mes excuses répétitives. J'étais en larmes, effondrée contre son torse, accrochée à lui de toutes mes forces – les dernières qu'il me subsistait avant de craquer. Ce rapprochement devait déjà sûrement lui paraître invraisemblable, lui qui tenait tant à respecter coutumes et devoirs. Il osait à peine m'enlacer alors que moi...
Moi, j'enroulais mes bras autour de sa nuque et plongeais mon visage contre sa gorge, enfonçant aussitôt mes crocs dans une artère qui pulsait précieusement contre mes lèvres au rythme de la vitalité qui lui échappait.
Il allait mourir.
Je venais de signer son glas. Parce qu'il était on ne peut plus humain, sans une seule goutte de sang maudit coulant dans ses veines. Parce que mon poison se répandait déjà dans tout son organisme pour l'achever. Parce qu'il se vidait de ce liquide carmin sous mes yeux horrifiés.
Comme cet homme que Matthew continue de torturer, non plus à la batte mais au scalpel, tranchant ses bras nus qui entourent son visage, toujours accroché au plafond.
Le sang coule abondamment.
Le sang coulait abondamment.
Se répand en une marre pourpre à ses pieds.
Se répandait en une marre pourpre à nos pieds.
Sa compagne blêmit et manque de perdre connaissance en réalisant son état abominable.
Je blêmis et manquais de perdre connaissance en réalisant son état abominable.
Tout est ma faute.
Je les ai condamnés par ma seule existence.
— À l'époque, reprit Matthew en délaissant l'homme ensanglanté de la tête aux pieds, presque inconscient, tu te serais repue de tout ce sang. Pas entièrement, je te l'accorde. Et j'en faisais autant, même si aujourd'hui, je n'ai pas soif de leur vitalité. Seulement de leur mort. Et de toi.
Il me lance un regard audacieux, séducteur aussi, comme s'il faisait écho à un secret que nous seuls connaissions. Pleinement confiant du moindre de ses actes. De l'unicité de notre relation.
Attwell ne me portait pas cette dévotion toute particulière propre à James, mais je lui plaisais. Et à force de temps, son regard luisait d'un attachement sincère. Pourtant, cette nuit-là, ses pupilles déjà allongées par l'obscurité s'étaient totalement dilatées. J'ai cru un instant qu'il me contemplait, moi, la faucheuse de sa vie, mais lorsque je me relevai, saisie d'une panique dévastatrice, je quittais son champ de vision sans qu'il ne me suive.
J'étais terrorisée. Non pas des conséquences que je risquerais, mais de la personne que je pouvais être. Cet Ange Maudit que j'avais promis de ne jamais devenir. Je me haïssais d'avoir brisé cette chance de goûter au bonheur – la seule que je connaîtrais jamais, peut-être. Je craignais que ma vie ne sois désormais soumise qu'à cette faim dévorante, ce désir grisant que j'ai néanmoins ressenti alors que le plasma de mon ami dévalait ma gorge.
Parce que c'était si bon !
Et parce que je refusais de croire que mère avait eu tord. Elle avait donné sa vie pour moi. Elle s'était entièrement consacrée à ma survie. Jusqu'à son dernier soupir, elle n'espérait que mon bonheur. Du jour où elle m'avait trouvée, nourrisson fragile et abandonné après que Matthew m'ait arraché puis dévoré le cœur, à celui de sa mort, étendue sur notre lit de paille, ses cheveux grisonnant dessinant une auréole autour de son visage, elle n'avait vécu que pour moi. Pour mon existence misérable.
Je ne pouvais pas gâcher tous ses efforts. Rendre vains ses enseignements et le travail de toute sa vie. Et pourtant... n'était-ce pas exactement ce que je venais de faire ? La plus irréversible des erreurs ? De celles à nous condamner pour le restants de nos jours ? Si les miens étaient infinis, je devais porter cette responsabilité pour l'éternité.
— Alors ? Cela t'évoque-t-il de délicieux souvenirs ?
Matthew, de nouveau près de moi, glisse sa main poisseuse, sanguinolente sous mon visage, redresse mon menton afin de lier nos regards.
Le sang jaillissait en une fontaine cramoisie. À chaque nouveau coup qu'il lui portait, son abdomen se vidait de son contenu. Sa chair luisait, déchirée et en lambeaux. Ses gémissements sourds et fanés au cœur de ce silence tortueux.
Le sang jaillissait en une fontaine cramoisie. À chaque nouveau coup que je leurs portais, leurs abdomens se vidaient de leur contenu. Leur chair luisait, déchirée et en lambeaux. Leurs gémissements sourds et fanés au cœur de ces silences tortueux.
Nos pupilles se croisent, les siennes me pénètrent éhontément alors que moi, je ne suis plus qu'une ombre. Celle de mon passé qui se mouvoie fiévreusement sous mes rétines, en mon esprit lointain.
— Je suppose que oui, constate-t-il en s'inclinant devant moi, son souffle effleurant mes lèvres tandis qu'il caresse mes tempes, mes joues avant de me quitter.
Je n'avais rien de ces vampires héroïques comme on en trouve dans ces romans d'amour surnaturels. De ceux qui s'en prennent uniquement à des criminels. Qui, pour étancher cette soif incontrôlable, n'ont toujours tué que des monstres n'ayant d'humain que leur nature. Qui ont mis à profit leur servitude pour rendre ce monde meilleur. Ceux-là même qui en dépit de toute leur bonne volonté se jugent ridiculeusement effroyables, ou encore illégitimes à recevoir la bénédiction de Dieu. Sans âme, pour certains.
Quelles inepties !
Qu'étais-je dans ce cas ? L'incarnation du Mal ? Le diable ? Un Ange Maudit ?
Quoique j'ai été, mes crimes demeurent. Inchangeables et lourds sur ma conscience. Ces victimes innombrables qui n'ont rien fait, rien mérité du sort que je leur ai réservé. Je ne puis les compter, et pourtant, ils me hantent.
Comment ai-je pu continuer ? Pourquoi ai-je seulement recommencé ? Je me haïssais déjà tellement...
J'avais tué mon seul ami. La seule personne que je connaissais après ma mère. Les jours ont passé sans que je ne cède plus à mes envies. Pour m'infliger la souffrance de cette perte, je me suis assoiffée. Je voulais mourir. Rejoindre mère, si tant est que je puisse la retrouver au paradis. À moins que je ne l'ai condamnée à l'enfer ?
Si je passais la majeure partie de mon temps mi-assise, mi-allongée dans les recoins d'une ruelle sombre pour échapper à la lumière du jour, j'étais obligée de m'en extirper à la tombée de la nuit. Parce qu'il m'était impossible de lutter contre cette brûlure qui m'écorchait la trachée, m'irradiait les canines sans m'occuper. Ma marche nocturne avait le mérite de me vider l'esprit.
Un zéphyr vivifiant traversait les rues pour mordre chaque parcelle de ma peau découverte, occultant l'espace de quelques instants merveilleux les tourments incessants qui m'accablaient. Toutes les nuits, j'errais dans ces lieux privés de vie. À l'heure la plus lugubre, j'étais ce spectre vagabond. Ce fantôme perdu, rachetique, qui côtoyait la mort sans jamais avoir le droit d'y succomber.
Et finalement, sûrement étais-je prédestinée à m'enliser dans la folie. Le destin ne semblait attendre que cela : ma déchéance. Sinon, il n'aurait pas tout fait pour conduire exactement les mauvaises personnes sur mon chemin. Attwell, d'abord, pour me donner l'illusion d'un bonheur inatteignable. Puis cette femme, accompagnée de sa fille.
Ça aurait pu être n'importe qui d'autre...!
Un homme. Ou un femme, seule.
Mais il a fallu qu'elle ait une fille.
Une petite fille.
Le soleil s'était couché depuis peu, aussi le ciel avait-il pris la couleur de l'or à l'horizon, tirant dans un dégradé d'incarnat, ambre et saphir vers l'onyx la plus ténébreuse des cieux. Leur route a croisé la mienne à l'intersection d'une ruelle habituellement déserte. J'étais une femme, que pouvaient-elles avoir à craindre de moi ?
Sans un coup d'œil, elles me sont passées devant, poursuivant leur chemin d'un pas décidé. J'aurai pu tourner à droite, de là où elles venaient. M'éloigner d'elles le plus possible. J'aurai pu... oui. Mais j'avais trop envie de les suivre.
Cette femme me rappelait ma mère, et son enfant, moi. La petite, âgée de six, sept ans tout au plus, s'agrippait à la main de sa mère et peinait à suivre le rythme. Je voulais la prendre dans mes bras, la rassurer et pouvoir lui promettre un avenir radieux. Lui épargner les misères de la vie, à défaut de sa mère qui n'en serait pas capable.
Mais en dépit de tous les manquements de cette dernière, actuels et à venir, j'enviais cette enfant d'avoir toujours cette main à laquelle s'accrocher. Cette ligne de mire à laquelle se fier, aveuglément. Parce qu'une mère est prête à tout pour sa progéniture. Parce que rien ne compte plus à ses yeux que le bonheur de ses enfants. Parce qu'elle fera toujours le meilleur pour nous, quel qu'en soit le prix.
C'est ce que ma mère avait fait.
Je l'aimais pour cela, plus que tout. Mais je la détestais de m'avoir abandonnée. De m'avoir livrée à ce monde sans merci. De ne pas m'avoir appris combien il serait difficile de lutter. De vivre. D'être heureuse. Et surtout, d'être seule. Car sans elle, je n'étais plus rien.
Sans le vouloir, je les avais rattrapées. C'est en posant mes paumes tout à fait involontairement sur les épaules de la petite que je réalisais le contrôle que prenaient mes pensées. Elle s'immobilisa sous ma poigne, et au lieu de crier, paniquer ou appeler sa mère, elle se retourna pour m'observer, simplement curieuse. Sa mère, dont la main avait été lâchée un instant auparavant, fit volte-face à un mètre de moi. L'incompréhension habilla ses traits, très vite remplacée par une agressivité somme toute logique : je n'avais aucun droit de tenir sa fille de la sorte.
— Que faites-vous ? Lâchez-la ! me somma-t-elle en se rapprochant.
Elle n'eut le temps que de tendre le bras. Tout se déroula trop vite. Je sentais les épaules de la petite frémir, sursauter sous la voix tranchante de sa mère. Elle avait peur. Je ne voulais que la sauver. Et punir sa mère de lui infliger une telle frayeur, d'être si mauvais parent. Mes doigts glissèrent sur son petit cou où pulsait frénétiquement son cœur.
Elle ne méritait pas cette vie. Elle ne méritait pas cette souffrance. Elle ne méritait pas de vivre pour souffrir, pour survivre.
Alors je la lui épargnais.
Instinctivement, je plaçais une paume à l'arrière de son crâne, contre moi, l'autre sous son visage, et d'un mouvement sec et rapide, tournais celui-ci vers le ciel nocturne en exerçant une pression suffisante sur sa mâchoire. Sa nuque se brisa sous mes doigts dans un craquement qui retentit tout autour de nous.
— NOOOON...! hurla sa mère dans un écho qui secoua mon cœur.
— NOOOON...! hurle la femme dans un écho qui secoue mon cœur.
Matthew, qui avait repris sa torture sur l'homme, vient de lui ouvrir la carotide. Ses tripes débordent de son ventre déchiré, ses bras sont mutilés de parts et d'autres, baignés de sang, mais il respirait encore. Cette fois, il l'a achevé. Le liquide carmin et épais coule de sa gorge tranchée pour teindre le haut de son torse encore immaculé.
Et moi, je me courbe sur l'accoudoir de mon fauteuil, dégobillant un mélange de bile et du peu de nourriture que contenait encore mon estomac.
Sa femme sanglote bruyamment, ses pommettes couvertes de larmes. Elle ne parvient pas à s'arrêter, même lorsque mon bourreau, le sien et celui de son amant s'approche d'elle. Il glisse ses mains sous son haut, contre sa taille et annonce :
— Tu sais quoi ? Ta seule chance en ce jour est la présence de cette femme ici.
Quoi ?
Même s'il ne me regarde pas, je pensais jusque-là qu'il s'adressait à moi. Mais force est de constater lorsqu'il me désigne d'un mouvement de la tête à la jeune femme entre ses mains que ce n'est pas le cas.
— Aussi impuissante soit-elle, poursuit-il en effaçant une larme sur sa joue, elle t'épargne une proximité dont tu n'aurais évidemment pas voulu.
Effondrée, elle pleure tout son soûl la perte de son compagnon.
Effondrée, elle pleurait tout son soûl la perte de son enfant.
Rampant à mes pieds, elle serrait le corps inert de sa fille, priant Dieu pour qu'elle ne soit pas morte. Je retenais une envie viscérale de lui dire qu'il n'écoutait aucune de nos prières, que s'il les exaucait, la chair de sa chair ne serait pas en train de gésir au creux de ses bras. Et si la patience n'était pas l'une de mes vertus, je me découvrais un plaisir innommable dans la contemplation de son désespoir. Ainsi, je n'étais pas la seule à souffrir.
Non seulement je venais d'offrir la paix à une âme innocente, mais je pouvais également examiner avec la plus grande attention le chagrin d'un être égoïste ne méritant que cela : un calvaire digne de celui qu'il s'apprêtait à infliger pour avoir donné la vie. Je la châtiais pour avoir cru au bonheur, pour avoir aimé. Car si j'étais privée de ces joies, de quel droit pouvait-elle les savourer ? C'était injuste. Alors je la laissais souffrir. Suffisamment longtemps pour apaiser mon cœur. Et lorsque j'en eu assez de ses sanglots, de ses suppliques vaines, que l'élancement dans mes crocs devint insupportable, ce ne fût plus mon cœur que je soulageais de cette satisfaction, mais mon corps, ma soif que je retenais depuis des jours interminables par son sang.
C'est ainsi que débuta cette longue errance. Le commencement d'une démence alimentée par la solitude. Un désir profond de voir l'amour faner là le mien ne fleurirait jamais. Une jalousie latente et vicieuse, avide d'atrocités, de larmes et souffrances.
Jusqu'à ce jour de neige où j'ai retrouvé James. La première fois en six siècles d'existence que le destin faisait preuve de bonté à mon égard. Peu importe que j'ai ressenti une douleur telle que je n'en avais pas enduré depuis plusieurs centaines d'années, que j'en sois venue à m'arracher cet organe qui me tuait à petit feu... Retrouver James valait bien tous les maux du monde.
Mon amour. Le seul à donner un sens à ma vie. Le seul à m'offrir cet amour dont je me suis tant languie. Le seul à m'aimer pour qui je suis.
Même si cela incluait Matthew, je ne regrette rien. Je l'ai aimé, lui aussi. Il y a une éternité, et pourtant, je m'en souviens encore.
Si les souvenirs s'effacent, les sentiments demeurent. J'aimais James de toutes mes forces, au point de devenir folle de son absence. Ce n'est pas tant celle de ma mère que la sienne qui m'a fait perdre la raison. Il hantait mes rêves, je ne savais rien de lui, si ce n'est qu'il était sûrement ce même monstre à m'arracher le cœur. Et malgré tout, je l'aimais.
Quant à mon bourreau, mon sacrilège... Je ne peux que m'imputer ses crimes. Je suis la seule à blâmer, l'unique raison de sa déchéance. La mienne n'a aucun autre coupable que la solitude, mais lui n'a fait que suivre mes pas, tenter de survivre après chacune de mes erreurs. Je suis celle à l'avoir enchaîné à cette vie d'illusions, à l'avoir rendu ainsi.
Tout est ma faute...
— Si elle n'avait pas été là, continue-t-il dans une résonance terrible à mes pensées, je t'aurai fait mienne à t'en arracher des larmes d'extase. Bien sûr, tu aurais adoré cela, je t'en aurais persuadé. Tu aurais été convaincue que j'étais... eh bien, lui. Et moi, je t'aurai traitée comme si tu avais été elle. Avant de te tuer.
— Matthew... l'interrompé-je dans une supplique lamentable, n'en pouvant plus.
Mon palpitant s'abat à chacune de ses pulsations contre mes côtes dans une violence inégalée. Je suis à deux doigts de me laisser glisser au sol pour me traîner jusqu'à lui tant je perds la tête. J'ai envie de hurler, pleurer et mourir. Tout résonne sous mon crâne, les hurlements brisés de toutes ces personnes que j'ai tuées, les paroles de ma mère m'implorant d'être son Ange Béni, tous ces instants précieux avec Attwell, ce craquement sourd qui éclate encore, encore, encore... dans mes tympans et sous mes doigts. Tout se mélange. Cette béatitude au goût de fantasme que j'ai connue avec James. Passé, présent...
Je n'ai jamais eu droit au bonheur !
Je n'ai fait que rêver. Je n'ai fait qu'errer. Je n'ai jamais fait qu'aimer. Je n'ai toujours fait qu'arracher.
— Et bien, tu es vraiment chanceuse. Je t'aurai bien torturée un peu avant de te tuer, mais vois-tu, je crois qu'elle s'impatiente... Enfin, je vais quand même t'offrir un mort digne du sort que je réserve aux femmes qui lui ressemblent. Et c'est un grand honneur ! Ça ne va pas durer longtemps, crois-moi. Quelques secondes, et tu seras déjà partie.
— Matthew ! insisté-je dans un désespoir criant.
Je n'en peux plus... Je n'en peux plus du tout !
Penchée en avant, j'essaye de me lever mais chute misérablement. Écroulée sur le sol en pierre, j'ai tout juste le temps de relever la tête pour voir Matthew enfoncer sa main sous la poitrine de la jeune femme et lui arracher son organe vital, qu'il jette tel un déchet dans la marre de sang à ses pieds.
Il ne s'en repêt même pas...
— Je sais à quoi tu penses, mon cœur, se targue-t-il en revenant vers moi, survolant ma joue du bout de ses doigts ensanglantés après s'être accroupi. Mais je n'ai besoin de rien d'autre que toi.
J'attrape aussitôt sa main, m'accroche à son bras pour me tirer vers lui et le supplier :
— Fais quelque chose, s'il te plaît... N'importe quoi !
J'ai mal. Je n'en peux plus. Ma tête va exploser...
— N'importe quoi ? Es-tu sûre de ce que tu me proposes, Elisabeth ? me tourmente-t-il un sourire en coin, absolument ravi par cette situation.
— Je t'en prie, Matthew... J'ai mal, je... je n'en peux plus, apaise-moi...!
Tout ce sang. Sur mes mains. Dans mon esprit. Ces cris. Ces morts. Ces sentiments. Ces douleurs. Crac ! Entre mes doigts. Ces blessures. Ces prières. Cette immortalité...
Sa moue enjouée s'envole dans une caresse sur ma tempe alors qu'il souffle en me regardant droit dans les yeux :
— Tout ce que tu voudras, Elisabeth.
Il désire Elisabeth à en perdre la raison.
Il idolâtre Eve à en sacrifier sa passion.
Moi, il m'aime à en souiller mon abnégation.
Et pourtant, il ignore que je suis aussi bien Lisa qu'Eve et Elisabeth. Si je suis née en tant qu'Elisabeth, que j'ai vécu une seconde fois en tant qu'Eve sans avoir connaissance de ma première vie, au cours de cette existence-ci j'ai pleinement conscience de toutes de ces vies.
Je suis chacune d'elles.
Et c'est seulement maintenant que je le réalise.
Tandis que je place toutes mes espérances en lui, il enlace mon visage et murmure sans me quitter du regard :
— Endors-toi, mon Sacrilège. Endors-toi et tout ira mieux à ton réveil. Je serai là, je te le promets.
Doucement, mes paupières se ferment et mon esprit se vide. Je sombre peu à peu dans le sommeil, priant pour recouvrer ma conscience saine à mon prochain réveil.
⚜️⚜️⚜️
Hellooo ✨
C'était une bête de chapitre celui-là, j'espère que vous l'avez savouré (ou pas...) 😌
Bon, toujours plus horrible, je sais, on ne me refait pas 🤣 Eeet j'ai encore eu envie de vomir en l'écrivant. Et vous ? Quelques nausées durant votre lecture ?
Sinon, on en parle du point de non-retour vers lequel se dirige progressivement Lisa ? Ça va devenir très compliqué pour la suite... J'espère que vous appréciez toujours son personnage en dépit de la profondeur que je lui donne et de son passé qui est tout, sauf blanc 🤭
Je vous embrasse et à bientôt ! ❤️
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