⚜️ | CHAPITRE 1
Il fait sombre. La nuit commence à tomber alors que le feu dans l'âtre nous enrobe de sa chaleur, assis que nous sommes à ses devants afin d'en saisir les délicieuses volutes. Malgré tout, je suis frigorifiée. Je me sens terriblement faible, le moindre effort un calvaire à fournir quand je dois lutter pour ne pas claquer des dents. Ma gorge est sèche, si sèche...
À ce moment, James arrive à mes côtés, me recouvre de la seule couverture dont nous disposons et que nous pourrions aussi bien partager, tous les trois. Je m'apprête à protester de la seule force qu'il me reste, toutefois il ne m'en laisse guère le temps et me présente sa paume déjà ensanglantée.
Pourquoi... Pourquoi fais-tu cela ?
Sans succomber à la tentation, je me tourne vers Matthew, assis contre le mur boisé, à un mètre de moi. Lui aussi, il a soif. Lui aussi, il a froid.
Alors pourquoi moi ?
— Prends du mien, aussi, lâche-t-il en me tendant sa main, sa voix rauque, enrouée, brisée.
Non... Non ! Je ne peux pas te faire ça alors que tu es dans un état aussi lamentable que moi !
Je refuse son offre en remuant la tête, déplorée de ne pouvoir l'aider. Il semble déçu, détourne son regard ambré de moi, de James. Quelques mèches immaculées au milieu de sa chevelure brune retombent sur son visage, éclairées par la lueur chaude du foyer.
Tout est ma faute...
J'agrippe aussitôt le bras de James, ses doigts devant moi, le priant silencieusement de faire quelque chose, n'importe quoi pour apaiser son frère comme il le fait avec moi. Mais celui-ci se lève, difficilement, en des gestes amorphes lorsqu'il murmure avant d'ouvrir la porte :
— Je vais prendre l'air.
Le froid glacial, mordant se glisse à l'intérieur quand il referme derrière lui, et James et moi demeurons immobiles, dans l'incompréhension de ce qu'il vient de se produire. Mais avant que je ne m'essaye à la moindre parole, l'évidence de mon pêcher éternel, mon compagnon de toujours, le seul à m'offrir ce soutien inébranlable, me caresse doucement la joue. L'odeur de son sang effleure mes narines, tente cruellement mes papilles tandis que je rive mon regard au sien.
Il m'est inutile de dire quoique ce soit, James connaît déjà ma culpabilité, l'ampleur de ces remords qui me rongent alors qu'il ne cesse de vouloir m'en libérer, soulager ma conscience de cette malédiction contre laquelle je ne pouvais pas lutter. Et il a raison. Ce soir-là, il y a six ans, tout n'était que le fruit du hasard. Mais si dans mon insouciance enfantine je n'avais pas tenu à les rejoindre, si j'étais restée sagement couchée, jamais leur mère ne serait venue les sermonner, nous sermonner. Jamais elle n'aurait chuté, écorché ses mains. Jamais son sang n'aurait rencontré mes lèvres, goûté ma langue, éveillé mes sens... ma malédiction. Jamais je ne l'aurai tuée. Et jamais Matthew n'aurait eu à achever son père en voulant nous aider. Jamais James n'aurait assisté à ce macabre spectacle. Jamais ils n'auraient été conduits à cette misérable vie guidée par la pauvreté et la survie, par leur soif.
Tout est ma faute...!
Mais il le sait. Et il continue de me soutenir, toujours, sans ciller. Alors qu'il est celui à mieux endurer son désir de sang, à l'endiguer et le supporter quand je me sens mourir d'en manquer, il se dévoue, pour moi. Matthew en ferait autant, je n'en doute pas tant ils veillent chacun sur moi, cependant je ne mérite aucun de leur sacrifice. Pas alors que je suis celle à les avoir condamnés à cette vie. Toutefois peut-être mes repentirs sont-ils amoindris par James, par ses encouragements perpétuels ? Comment expliquerais-je, sinon, que ma honte s'étiole lorsqu'il est celui à s'offrir ?
— Bois, Elisabeth. Avant qu'il ne cesse de couler... m'attire-t-il contre lui, ses lippes sur mon crâne lorsque je me blottis dans ses bras.
Matthew se confond dans sa folie. Comme moi, il est dévoré par les souvenirs sinistres de cette nuit où tout à basculé. Comme moi, il se sent affreusement seul. Comme moi... il ne demande qu'à oublier.
James me l'octroi, cet oubli. Auprès de lui, sa dévotion, sa tendresse, sa persévérance comblent tout le reste. Je ne peux m'empêcher d'aimer cette souffrance qu'il me dévoile, viscéralement. Une souffrance uniquement engendrée par la mienne. Pas pour ce qu'il est devenu. Pas pour notre vie. Mais pour moi. Pour mon tourment, ma peine. Mon châtiment.
Son frère me le rappelle bien trop.
Oh oui... Tout est ma faute !
Son ombre se dessine sur les carreaux couverts de buée. Seul, si seul...
Tellement, tellement seul !
James me rappelle à lui. Enfin, sa vitalité trouve le chemin de mes lèvres, rampe sur ma langue et apaise ma gorge. Je resserre ma prise sur lui, savourant son abnégation, reconnaissante de sa consécration. Son étreinte délicate et chaleureuse me promet son éternité, et je m'y perds volontiers. Mon unique regret, la solitude de Matthew que jamais nous ne pourrons effacer, oublier.
— Désolée... laissé-je échapper en un souffle à peine audible, mon regard échoué sur la silhouette esseulée de mon reflet, celle de Matthew.
Tout est ma faute.
— ... sa, réveille-toi.
La voix de mon amour me parvient, douce, protectrice, inquiète. Sa chaleur quand je sens sa main sur mon visage, sa proximité quand il se penche de la sorte sur mon corps. Tirée de mon sommeil, encore dans les vappes, je sens mon cœur lourd dans ma poitrine, sensible et douloureux.
— Tu pleures, me fait-il remarquer le timbre écorché, souffrant de me trouver dans un tel état.
Mes joues sont inondées, recouvertes de larmes. Jamais je ne m'accoutume à tant de remords, une culpabilité si grande qu'aucun des crimes commis par Matthew n'est de sa responsabilité. Ce souvenir nouveau, réminiscence de notre passé commun au goût amer de ma pénitence, me rappelle combien il est innocent. Combien tout aurait pu être différent si je l'avais aidé, si j'avais comblé sa solitude comme James comblait la mienne.
Tout ce qu'il a infligé à James des siècles durant, cette jalousie latente et profonde qui l'a dévoré jusqu'à le submerger, le conduire à céder à la démence, tout pour se soulager jusqu'à me tuer, arracher ma vie...
Je l'ai amplement mérité.
Mais pas James. Et tout ce qu'il a enduré est de ma faute. Matthew s'est languit de l'amour que je partageais avec son frère, et si j'avais été capable de lui en donner, ne serait-ce qu'un peu, des bribes du tourment que je me faisais pour lui, peut-être n'aurait-il pas sombré. Il s'y serait raccroché, il aurait lutté, sans flancher. Mais j'ai tout confié à James, de mes craintes à mes sentiments. Pour toujours. Et je dois en assumer les conséquences.
— Désolée... m'excusé-je encore, dans la réalité cette fois et suffisamment fort pour qu'il perçoive mes regrets.
Mon regard plonge dans le sien alors que je l'attire contre moi, mes bras enroulés derrière sa nuque, son souffle emmêlé au mien lorsqu'il me demande :
— Pourquoi ? Tu n'as rien fait.
Oh mon amour... Mon dévoué, passionné et terrible amour.
Sa lampe de chevet est allumée, et je devine au livre posé sur la couette, sur ses genoux, qu'il lisait dans l'attente de trouver le sommeil dans cette habitude que je lui ai découverte depuis que nous vivons ensemble. Du bout des doigts, il effleure ma tempe, ma pommette, repousse mes cheveux et efface mes larmes.
Je t'aime tellement. Si tu savais combien je te désire, combien je rêve de tout faire avec toi. Combien j'ai soif de ta vie, combien je suis affamée de ton attention.
Mais je ne peux rien faire. Peu importe que nous ne partagions pas le même sang. Il y a dix-sept ans, quand tout à recommencé, quand tu m'as retrouvée, cœur en main, quand tu t'es juré de me protéger, coûte que coûte... depuis ce jour et durant quatre ans, n'est-ce pas comme cela que nous avons grandi ? Comme un frère et une sœur ? Tout ce que nous avons fait, tout ce que j'aspire à faire encore avec toi relève d'une malsanité sans égal.
Pourtant, n'avons-nous pas vécu de la sorte, autrefois ? Tous les deux, de notre plus jeune âge jusqu'à... jusqu'à la fin de notre rêve. Quand je suis morte. Quand Matthew t'a tué. Nous étions pareils. Jamais liés par le sang, toutefois unis quelles que soient les adversités. Nous nous aimions, physiquement, au-delà de tout. Nous nous suffisions à nous même. Ton sang, le mien, notre amour...
— Lisa ?
Seigneur, j'ai tellement envie de lui.
Mais je ne peux pas. Je ne peux pas. Je ne peux pas. Je ne peux pas. Je ne peux pas. Je ne peux...
S'il m'embrassait, là, maintenant, je céderai, irrévocablement. Néanmoins sa patience est bien plus grande que la mienne. Si grande que je pourrais douter de la subsistance de ses failles si je ne savais pas exactement comment le pousser à bout.
Juste un baiser... Rien qu'un baiser !
Au diable notre humanité. Nous sommes déjà condamnés, maudits par la vie. Rien ne peut être pire que tout ce que j'ai déjà fait par le passé. Un baiser ? Ce n'est qu'une caresse, subtile et éphémère.
N'en meurt-il pas d'envie, lui aussi ? Me goûter, me posséder...
Je ne peux pas ! Je ne peux pas...
— James...?
Aide-moi... Touche-moi !
De tes lèvres, de tes doigts.
Je t'en supplie...
Mes bras se referment davantage sur lui, et il se laisse fondre dans mon étreinte, nos front scellés, nos regards toujours entremêlés. Le sien me priant de lui confier mes désirs, le mien l'implorant de les assouvir.
— Dis-moi, mon amour, s'évertue-t-il à m'attendre, patiemment, affectueusement, langoureusement.
Mon amour...
Tellement parfait, tellement dévoué, tellement... mien. Si fatalement mien.
Je l'aime !
Dans un sursaut désespéré, vital, écho du hurlement de mon cœur, j'efface les maigres centimètres entre nos lippes, avale son souffle moite pour le couvrir du mien, ma bouche percutant presque trop violemment la sienne lorsque nos langues se retrouvent vivement, languissantes, brûlantes. Mes gémissements fanent contre lui, et je m'accroche à sa personne, à ses épaules, ses cheveux, sa nuque, le rapprochant toujours davantage de moi.
Jusqu'à percer sa lèvre inférieure, volontairement, redécouvrant après trois semaines d'abstinence le plaisir malsain et inexplicable qui me saisit quand je plonge mes crocs en lui, qu'il se tend délicieusement contre moi. Son sang exquis se répand sur mon palais, le sien, teinte ce baiser de ma reddition, preuve de ma lutte vaine contre lui, contre nous.
Sa main s'égare sur ma cuisse dénudée, raffermit sa prise sur ma peau tandis que je l'accueille entre mes jambes. Emportée par notre fièvre, je survole son dos, agrippe le tissu fin de son haut afin de le lui ôter lorsqu'il me stoppe tout à coup, mettant un terme à nos retrouvailles ardentes :
— Attends, attends...
Tous deux essoufflés, nos cœurs battant à un rythme effréné, aliéné et discordant, je peine à comprendre son rejet quand il me tient encore si près de lui.
— Tu ne veux pas ? Tu n'en as pas envie ? parviens-je à l'interroger hors d'haleine, ma poitrine l'effleurant à chacune de mes inspirations.
À mes paroles tremblantes, vacillantes, en accord avec mes paupières semi-baissées révélant mon regard embué et brillant, vulnérable, il glisse ma cuisse plus haut sur sa hanche, se repositionne entre mes jambes et presse l'ébauche de son désir contre moi, me soutirant un geignement étouffé.
— Bien sûr que si, ma douce... Mais je ne veux pas que tu regrettes. Je veux que tu en aies pleinement conscience, que tu réalise ce que nous allons faire, si tu le veux toujours, ajoute-t-il en une caresse légère sur ma joue rougie suite à son approche.
Seigneur, si je regrette ?
— La seule chose que je regrette, ce sont ces derniers jours. Tout ce temps perdu, avoué-je désemparée, tirant sur l'extrémité de son vêtement, effleurant la peau nue de son torse dans mon besoin grandissant de le sentir auprès de moi, contre moi, en moi. S'il te plaît...
Et ses lèvres rejoignent les miennes, abdiquent face à ma supplique et se consument de tant m'aimer. Ses bras tendus au-dessus de lui, je lui retire son débardeur du bout des doigts, me raccrochant aussitôt à ses épaules quand l'une de ses mains se promène sur mon ventre, mes côtes, remonte lentement, trop lentement entre mes seins, la seconde en appui non loin de mon visage afin de ne pas m'écraser sous son poids alors qu'il se presse toujours douloureusement contre moi, entre mes cuisses.
Je me cambre par réflexe, mon souffle erratique, suspendu au moindre de ses gestes lorsqu'il relève mon t-shirt trop large – piqué dans ses affaires – juste au-dessus de ma poitrine, survolant délibérément mes tétons hypersensibles dans son entreprise. Abandonnant mes lèvres gonflées et rouges de son passage, il suit la courbe de ma mâchoire, ma carotide jusqu'à trouver le chemin de mon buste, embrassant de manière presque trop prude et pudique mes seins.
— Qu'est-ce que tu fais...? l'interrogé-je agitée et avide de ses caresses, mes yeux voilés l'admirant dans sa beauté, notre intimité.
Si beau, si tendre, si aimant.
— Je te chéris, me répond-il simplement, l'évidence de son acte ne nécessitant aucune précision supplémentaire tant sa dévotion exsude du moindre effleurement qu'il me consacre.
Mes doigts sont rivés à sa chevelure, tirent sur ses mèches brunes et soyeuses afin de soulager ma tension, ma frustration quand il se contente de couvrir ma poitrine de baisers humides. Puis il attrape mon poignet, me contraint à le relâcher pour le porter à ses lèvres et me mordre, transperçant mon derme immaculé dans une souffrance absolument exquise.
Seigneur, je...
— James... couiné-je ma respiration coupée, paralysée dans mes poumons.
Ôtant ses canines de ma chair, libérant ma vitalité sombre et écarlate de mes veines qui s'écoule doucement en deux filets vermeil, sa langue vient les cueillir, câliner l'intérieur de mon bras dans une tendresse, une sensualité insupportable. Des frissons drapent mon corps, le recouvrent sous le contraste de sa chaleur oppressante et dévorante.
Par pitié...
— Reviens-moi, l'imploré-je frémissante, mon cœur sur le point de rompre face à tant de sensations, mes mains sur son visage l'exhortant à me rejoindre.
Alors il me retrouve, son nez chatouillant le mien, ma joue. Son souffle exténué, fatigué valsant avec le mien. Son regard profond et brillant, luisant d'un désir brûlant, presque trop intense rencontrant le mien, affligé, désespéré de notre perdition inéluctable. Et sans jamais effacer cette distance infernale entre nos bouches assoiffées de se réunir, il me susurre :
— Dis-moi ce que tu veux, ce dont tu as envie. Supplie-moi de le faire.
— Embrasse-moi, me plié-je aussitôt à sa requête, lui confiant sans la moindre pudeur mes désirs les plus éhontés.
Il s'exécute, déposant ses lippes sur l'ébauche des miennes, entrouvertes et haletantes, une trop brève seconde avant de recommencer, sur le coin droit, plusieurs fois, puis le gauche.
— Comme ça ? trouve-t-il encore l'énergie de sourire, amusé par mon mécontentement manifeste.
— James...! le sermoné-je en cherchant à l'attirer toujours plus près de moi.
Son rictus s'efface, laisse la place à ses propres besoins, ses attentes qu'il me dévoile les traits torturés, animés d'un désespoir irréversible.
— Dis-moi, mon amour. Dis-moi ce que je dois faire, ordonne-le moi comme tu le fais si bien.
Voilà ce qu'il est. Ce qu'il a toujours été et ce qu'il sera toujours. Pour l'éternité.
Obsédé par ma personne, la preuve de tout ce que je veux de lui. Dépendant de mon existence, la seule octroyant une raison à la sienne de subsister. Subjugué à chaque instant que je lui voue, la moindre seconde une bénédiction que je lui accorde.
— Impose-moi ta volonté, dispose de moi comme bon te semble, reprend-il éperdu, au bord des larmes. Exige de moi que je t'aime, que je t'offre tout ce dont tu rêves, que je ne te quittes jamais. Ne me laisses aucun autre choix.
Oh mon amour... Mon si tragique, si passionné, si inconditionnel amour.
Enlaçant son visage de mes paumes, j'admire chaque aspérité de sa peau, ses paupières plissées, ses sourcils froncés, s'évertuant à ne pas flancher en dépit de sa cornée d'ores et déjà humide. Il paraît attendre ma réponse, douloureusement, alors je me hâte d'hocher la tête, accepter sa supplique authentique et le libérer de ses doutes :
— Mon amour, cesses de lutter, je suis là, avec toi. Tu n'as plus à te retenir, jamais. Fais-moi ce que tu veux, ce dont tu as envie. Embrasse-moi, mord-moi... possède-moi, pour toujours. Je ne t'abandonnerai plus James, je serai là, quoiqu'il arrive.
Ma promesse s'éteint sur sa bouche lorsqu'il mime l'esquisse d'un baiser, s'abstenant toutefois de m'effleurer et assouvir ma demande. Puis je comprends, je saisis la nature de ces chaînes qui l'entravent, l'empêchent d'exaucer mon vœu malgré la justesse de ma déclaration.
Il en veut plus.
Plus de mon brasier, ma passion, mes désirs. Plus de moi.
Plus de mes confessions.
— Je veux sentir tes lèvres sur les miennes, que ta langue caresse la mienne, que ta respiration se mêle à la mienne, qu'elles s'étouffent ensemble. Toi et moi. Je t'en prie, mon amour, le supplié-je enfin comme il s'en languissait tant.
Je crois l'entendre geindre, mais cette certitude s'étiole à la seconde où il s'abat sur moi. Telle une vague me percutant de plein fouet, il s'acharne amoureusement sur mes lippes, me comble finalement comme je l'ai tant prié de le faire. Il attire mon corps contre le sien, nos bas-ventre dénudés collés l'un à l'autre tandis que la pulpe de ses doigts coure sur le creux de ma taille, survole mes côtes avant de reposer sur mes omoplates, sous mon haut afin de m'étreindre un peu plus fort, un peu plus près.
Toujours plus près.
— James... gémis-je tremblante et pantelante.
— Oui ?
Tout aussi époumoné que moi, il me contemple un instant, la lueur dans ses iris magnifiques signifiant l'unicité de ce qu'il a sous ses yeux, reflet de la plus précieuse des richesses qu'il représente aux miens. Il m'étoffe de son amour comme je le recouvre du mien, cela dans une abondance inépuisable, jamais tarie tant nous ne pourrons un jour cesser de nous adorer si viscéralement, si ardemment.
— Déshabille-moi, exigé-je sous la sensation incommode du tissu toujours replié sur mes clavicules.
Sans s'attarder guère plus longtemps, il agrippe les pans de mon t-shirt et le fait passer délicatement au-dessus de ma tête, puis mes bras avant de le jeter parterre, aux côtés du sien arraché il y a déjà quelques minutes. Alors qu'il retrouve la moiteur de mon souffle, égaré sur ma joue, je m'empresse de lui quémander une nouvelle fois :
— Encore...
Qu'il me dévêt de ma candeur, me fasse sienne sans pudeur.
— Ici ? m'interroge-t-il dans un sourire fébrile, conscient de ma réponse, ses paumes sur mes hanches, au-dessus de mon short dont je ne demande qu'à être débarrassée.
Dans un hochement de tête précipité, impatient, je le sens se redresser, s'éloigner de moi afin de replier mes jambes entre nous. Ses mains brûlantes sur mes cuisses, il fait glisser mes derniers vêtements le long de celles-ci, emportant ma culotte avec lui.
Entièrement révélée à lui, je subis dans une vague de chaleur son regard épris honorant mes courbes, détaillant ma poitrine, mon entrejambe lorsqu'il écarte doucement mes genoux, qu'il y porte ses doigts. Je sursaute à son toucher, l'incite à me revenir de mes bras tendus vers lui. Alors je m'accroche à ses épaules quand ses lèvres retracent la ligne de ma mâchoire, quand il réitère ses caresses délicieuses sur mon sexe, quand il provoque fiévreusement mon corps.
— Seigneur Lisa, tu es déjà tellement humide, lâche-t-il dans une constatation rauque, torturée.
Incapable de rétorquer quoique ce soit, la bouche tout à coup pâteuse, je retiens un gémissement étouffé lorsqu'il s'insinue entre mes chairs, un doigt d'abord, puis un second. L'aisance avec laquelle il coule en moi fait impudemment écho à sa déclaration, ces sensations m'attirant inexorablement à reproduire ses mouvements de mon bassin, lentement, effrontément.
— C'est ça, continue ma douce... m'encourage-t-il sans jamais cesser de me torturer, son pouce cajolant toujours mon point le plus sensible.
Tandis que je me cambre terriblement contre lui, mes ongles enfoncés dans son dos, ma tête rejetée en arrière, je profite de son ralentissement pour reprendre difficilement mon souffle, parvenant ainsi miraculeusement à lui susurrer :
— Toi aussi, déshabille-toi...
Pas moins déstabilisé qu'éprouvé, il me relâche et abandonne à contrecœur les braises de mon corps pour satisfaire ma requête. Ôtant ses habits qu'il laisse choir au sol, dévoilant dans l'obscurité ambiante son membre durci, tendu vers moi, à peine éclairé par la lumière chaleureuse de sa lampe de chevet, il le survole dans ce que je devine être une maigre tentative pour se soulager, ses pupilles accablées plongées dans les miennes alors que j'admire sa nudité parfaite.
— Tu veux me toucher ? me questionne-t-il la voix grave et enrouée, me rejoignant sur le lit, de nouveau penché sur moi.
Nos bustes s'effleurent à chacune de nos respirations tant nous sommes perdus, jamais rassasiés. J'ai la gorge nouée, mes lèvres sèches, avide que je suis de tout ce qu'il me permet de faire, incapable d'y croire véritablement lorsque je hoche la tête et qu'il attrape ma main pour l'enrouler autour de lui.
Seigneur...!
Appuyé sur un bras, il câline ma pommette du bout de ses doigts, ceux-là même qui allaient et venaient en moi, ceux-là même qui ont frôlé sa verge. Saisie d'une envie soudaine, ô combien débauchée et lascive, je capture sa paume et guide son index entre mes lippes, nous goûtant simultanément sur ma langue alors que James est suspendu au moindre de mes gestes, paralysé, hypnotisé.
— Mon amour... geint-il désespéré, supplicié.
Poursuivant instinctivement mes mouvements répétitifs autour de lui, je resserre fébrilement ma poigne, son souffle brusquement coupé, ses muscles crispés. Jusqu'à ce qu'il m'implore dans une supplique brisée :
— Mords-moi... Je t'en prie, mords-moi encore, s'il te plaît...
Exactement comme je me languissais de le refaire. Pouvoir goûter de nouveau à son sang. De ma propre volonté, mes propres canines. Je l'ai fait tout à l'heure, au cours de notre baiser. Mais ce n'était pas suffisant.
Ça ne l'est jamais.
Alors je recommence. J'enfonce mes crocs dans sa peau, le plus loin possible, sans retenue aucune afin d'apaiser mes gencives. Je demeure ainsi un moment, mes lèvres pressées sur son doigt, avant d'enfin libérer sa vitalité, la sentir ruisseler sur mon menton, au fond de ma gorge.
— Lisa...
Mes iris aimantés aux siens, je le délaisse un instant, immobile, captivée par l'éclat de son exquise souffrance. Un instant suffisant pour le laisser m'embrasser, lécher la perle pourpre qui dévale mon cou, baiser sensuellement ma carotide.
Reprenant contenance à mon tour, j'effleure mon entrejambe toujours sensible, désireuse de le sentir me combler, totalement, éhontément. Dans un réflexe frustré, je resserre mes cuisses autour de son bassin, l'attirant contre mon intimité, prête à l'accueillir sans plus aucune pensée.
— Non, attends, stop, m'interrompt-il brusquement en s'emparant de mon poignet, sans toutefois s'écarter. Qu'est-ce que tu fais ?
Ce que je fais ? N'est-ce pas évident ?
— Je veux te sentir en moi, que tu me prennes...
Il est si proche ! Si proche ! D'un seul coup de rein, il pourrait s'enfoncer en moi, me posséder...
— Lisa, on ne peut pas. Pas ce soir, pas maintenant.
— Quoi ? croassé-je plus que je ne l'interroge, refusant de comprendre ce qu'il me dit.
N'avait-il pas acheté des préservatifs ? De quoi cesser de nous infliger un tel tourment, nous imposer une telle retenue ?
— J'ai tout laissé à l'appartement. Au vu de notre situation, ça ne semblait pas être un indispensable, je n'ai pas pensé à les prendre.
C'est une mauvaise plaisanterie ?
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