Chapitre 33
Xavier
Avant
Les funérailles d'Elizabeth, la mère de Colombe, ont lieu cinq jours plus tard. Colombe n'ouvre pas la bouche de toute la cérémonie. Cramponnée à la main de Gaby, ses lèvres restent scellées et serrées en une fine ligne tremblante qui trahit toute sa détresse. Elle ne prend la parole que plusieurs heures plus tard, lorsque nous arrivons chez elle et que je m'apprête à la suivre dans sa maison :
— J'aimerais être seule, ce soir, Xavier.
Je fronce des sourcils en jetant un regard par-dessus son épaule, vers le vestibule plongé dans le noir. Je me reconcentre sur Colombe, la mâchoire crispée.
— Ouais... je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Tu viens d'enterrer ta mère, c'est le pire moment pour être toute seule.
Comme elle garde le silence, je pense avoir gagné et fais à nouveau mine d'entrer, mais elle me surprend en levant rapidement le bras pour me barrer le passage. Elle se décale de quelques centimètres pour se placer devant la porte ouverte. Ses prunelles grises et scintillantes de larmes s'accrochent aux miennes, à l'instar d'un singe avec sa branche.
Elle se passe la langue sur les lèvres et plonge ses mains dans les poches de sa veste.
— Je crois être la mieux placée pour savoir ce qui est meilleur pour moi. Je vais bien, je te le promets. J'ai juste besoin de digérer tout ça. Toute seule, ajoute-t-elle, détachant bien chaque syllabe pour que ça me rentre bien dans la tête.
Même si l'idée de la laisser ne m'enchante pas, je hoche toutefois la tête. Lentement, avec raideur. Je dois me forcer, car la seule chose dont j'ai envie, c'est la prendre dans mes bras et la réconforter. Mais je ne peux pas, alors je reste immobile. Colombe m'offre un piteux sourire et s'approche d'un pas de moi. Elle pose les mains à plat sur les joues et dépose un délicat baiser au goût salé de ses larmes sur mes lèvres. Quand elle disparaît dans sa maison, je ne la retiens pas. Elle me claque la porte au nez, j'entends ses pas s'éloigner. Je soupire avec lourdeur et, après une minute d'hésitation, tourne les talons pour rentrer chez moi.
Le lendemain, je me pointe à nouveau chez elle. Il est un peu plus de huit heures du matin et je tiens entre mes mains une boîte pleine de sandwichs beurre de cacahouète et confiture — les préférés de Colombe. Je cogne, patiente et offre un sourire à Colombe quand elle m'ouvre la porte. Elle m'arrête avant que je fasse le moindre mouvement.
— Ça ne fait même pas vingt-quatre heures, Xavier. Rentre chez toi.
Elle ne me laisse pas placer deux mots et me claque la porte au nez. Je cligne des yeux, mais décide de ne pas le prendre comme une défaite. Je reviens le jour suivant et les jours d'après. Chaque fois, elle m'envoie bouler, mais je tiens bon. Parce qu'elle a besoin que quelqu'un tienne bon pour elle. Son monde s'écroule autour d'elle, il lui faut au moins un pilier solide. Une personne sur qui elle peut s'appuyer lorsqu'elle aura besoin d'une oreille attentive.
Pourtant, chaque jour, ça devient un peu plus compliqué. Parfois, je ne viens pas, car je me dis qu'elle a besoin d'un peu d'espace. Puis, j'arrête complètement de venir. Je me contente de lui envoyer des messages de temps en temps, mais cette distance qu'elle instaure entre nous commence à me tuer. Ça me fait mal de me dire que j'ai les moyens de l'aider. Je pourrais la décharger d'une partie de son chagrin, mais Colombe ne m'en laisse pas l'opportunité. Je lui tends la main pour la sauver de la noyade, mais elle préfère se faire engloutir par l'océan.
Plus d'une semaine s'est écoulée depuis les funérailles, et je n'ai aucune nouvelle d'elle. Elle lit mes messages, mais n'y réponds pas. Il m'arrive de passer devant sa maison et l'apercevoir par la fenêtre de sa cuisine. Je n'ose pas cogner, si elle veut de la solitude, je vais lui en donner.
— Je viendrais la voir quand elle me donnera le signal. Pas avant, confié-je à ma sœur en levant les yeux vers elle.
Couchée au travers de mon lit, ma sœur m'observe avec les sourcils froncés. Elle cligne lentement des yeux avant de planter un coude dans le matelas pour se redresser. Je ne sais pas comment je me suis retrouvé à lui raconter toute cette histoire avec Colombe. Elle s'est pointée dans ma chambre pour prendre mon appareil photo, puis s'est retrouvée à m'écouter me vider le cœur.
— C'est complètement con, dit-elle finalement. Tu aurais dû insister, Xavier.
— Tu crois ?
Adossé contre mon mur, je tends une jambe devant moi. Je tapote le sol du bout des doigts, nerveux.
Ma sœur secoue la tête.
— Elle pense vouloir être seule. Au fond, elle croit peut-être que c'est la meilleure chose à faire, mais ça ne fait que l'enfoncer encore plus. Elle a perdu sa mère. Sa mère ! répète-t-elle en ouvrant grand les yeux. Pas son poisson rouge. Ce n'est pas une épreuve facile et il ne faut surtout pas la traverser en mode solitaire. Elle devait attendre que tu insistes, que tu la prennes dans tes bras et reste avec elle à sécher ses larmes. Mais non. Au lieu d'en faire qu'à ta tête, tu as décidé de respecter son choix.
— Je trouvais ça logique. Je dois respecter ses décisions, Hélène.
— Pas quand elles sont complètement débiles ! Elle n'hésite pas à acheter une voiture rouge ou une voiture noire, idiot, mais elle fait son deuil ! Toute seule ! Tu ne vois pas ce qui cloche dans cette phrase ? Elle est seule contre sa tristesse.
Je me frotte le front avec deux doigts et continue à ruminer ce qu'elle vient de dire même lorsqu'elle s'en va, mon appareil photo entre ses mains. Je me traîne jusqu'à mon lit, me laisse tomber sur le dos et débranche mon téléphone, l'ouvrant sur ma discussion avec Colombe. Je fais défiler les nombreux messages que je lui ai envoyés au cours de cette semaine. Je commence à lui en écrire à nouveau, mais m'arrête à la moitié.
Mais qu'est-ce que je fais, putain ?
Hélène a raison sur toute la ligne. J'ai abandonné Colombe au moment où elle avait le plus besoin de moi. Ce n'est pas en lui envoyant un énième message que je vais me rattraper auprès d'elle. Elle a besoin de moi en chair et en os. Et moi, j'ai besoin de la prendre dans mes bras pour m'assurer qu'elle va bien. La mort de sa mère n'était peut-être pas une surprise, elle a quand même été douloureuse. Surtout qu'elle n'avait qu'elle.
Mais maintenant, elle m'a, moi. Et je ne vais pas la laisser tomber.
***
Je gare ma voiture devant la maison de Colombe dans les alentours de dix-huit heures. J'aurais aimé venir plus tôt, mais mes parents m'ont retenu. Ils voulaient me parler, s'excuser de leur comportement. Ils ont réalisé qu'ils se sont montrés injustes envers moi, et qu'ils auraient dû respecter mon choix même s'ils n'étaient pas en accord avec. Comme ils l'ont dit, c'est ma vie et je devrais être celui qui la contrôle. Ils m'ont promis que, si je souhaitais reprendre mes études, ils seraient là pour me soutenir. Ils m'ont aussi demandé pardon pour ne pas avoir été à mes côtés pendant ma rupture avec Eleanor — ils me voyaient souffrir de loin, mais n'osaient pas me demander comment j'allais. Ma mère avait ensuite éclaté en sanglots, imité par mon père, puis par moi. Nous nous sommes retrouvés à sangloter bêtement dans le salon, sous le regard perdu d'Hélène, qui s'était empressée de prendre ce moment en photo.
Après ça, ils m'ont laissé partir. Donc, me voilà, dans l'habitacle de ma voiture, à reprendre ma respiration pour calmer les battements frénétiques de mon cœur. Je suis nerveux de la réaction que Colombe pourrait avoir — elle peut se montrer imprévisible parfois. Elle pourrait très bien m'embrasser en me voyant sur son porche ou m'enfoncer son genou dans l'entre-jambes. Avec elle, c'est quitte ou double. Mais je prends le risque. Parce qu'elle le mérite.
En secouant la tête, je puise dans le peu de courage que je possède et m'extirpe de ma voiture, claquant la portière. Je me dirige à grandes enjambées vers la maison et donne trois petits coups sur la porte, puis cinq plus fort. Je croise ensuite les mains derrière le dos, ensuite devant, à nouveau derrière avant de décider de les enfoncer dans les poches de mon jean. Je me balance d'avant en arrière et patiente. Une minute, deux minutes, dix minutes... Je toque à nouveau, me disant qu'elle n'a sûrement pas entendu. Elle est peut-être dans sa chambre ou dans la salle de bain. Malheureusement, la sonnette est brisée depuis plusieurs semaines.
Je sors mon téléphone pour lui envoyer un message.
De Moi : Colombe, je suis devant ta porte. Ça serait sympa de m'ouvrir.
Je regarde mon écran, à l'affut d'une réponse de sa part. Plusieurs minutes s'écoulent, mais elle n'a même pas vu mon message. Je fronce des sourcils et décide d'insister.
De Moi : Allô ?
De Moi : Colombe ?
De Moi : Ouh ouh ? Tu as un téléphone, ça serait bien de l'utiliser.
De Moi : Tu peux m'ouvrir. S'il te plait ? Je veux te voir.
De Moi : Je m'inquiète pour toi, tu me manques.
De Moi : J'ai été bête, je sais. J'aurais dû rentrer au moment où tu m'as dit vouloir être seule. Désolé de ne pas savoir lire entre les lignes.
De Moi : Je suis patient comme mec. Je suis prêt à attendre longtemps.
De Moi : Tu veux parier ? Très bien.
— Avant la fin de la soirée, tu vas m'ouvrir cette porte, Colombe ! hurlé-je pour qu'elle puisse m'entendre depuis chez elle. Et si ta voisine appelle la police pour porter plainte, t'as intérêt à me défendre !
Je me passe une main dans ma tignasse et m'installe sur la chaise à bascule à proximité de la porte. Je commence à me balancer, puis sors mon téléphone pour jouer à Candy Crush — il n'y a pas grand-chose d'autre à faire, de toute manière. De temps en temps, je m'assure qu'elle n'a pas vu mes messages, et soupire à chaque fois. Ils sont tous en « non lu ». Soit elle dort, soit elle me fait la gueule. Je penche davantage pour la deuxième option.
Une heure passe, puis deux. Ma mère m'appelle pour me demander où je suis et je lui réponds que je suis chez Dave et que je ne rentrerai sûrement pas de la nuit. J'envoie ensuite un Sms à mon meilleur ami pour qu'il me couvre si ma mère décide d'investiguer. Il m'envoie un pouce en l'air.
Je me lève souvent pour cogner à la porte. Je m'attends chaque fois à ce qu'elle m'ouvre, mais ça n'arrive jamais. À chaque minute qui s'écoule, mon espoir se distille. Du coin de l'œil, je vois la voisine de Colombe, une vieille femme à l'allure lugubre, me surveiller derrière son horrible rideau acajou. Quand elle se rend compte qu'elle a été découverte, elle disparaît.
— Tu dois bien te marrer ! dis-je à voix haute pour Colombe. Je te jure, Colombe, je vais t'étrangler quand je te verrais pour m'avoir fait attendre aussi longtemps. Avec gentille et amour, bien sûr.
Vingt-deux heures. Le ciel n'est plus qu'un profond océan noir dénué de la moindre étoile. Un vent frais fait frémir les feuilles des arbres et m'arrache un frisson. Je cours jusqu'à ma voiture pour prendre mon blouson et retourne sur la véranda. Je sautille un peu pour conserver ma chaleur et donne un coup de pied à la porte. Je suis patient, mais j'atteins mes limites, là. J'espère pour Colombe qu'elle est en train de dormir, car elle joue sur mes nerfs.
À vingt-trois heures, la fatigue commence à se faire sentir. Je ferme les yeux, les cuisses endolories à force de rester assis. Je la bombarde de messages qu'elle ne voit pas, l'appelle jusqu'à noyer sa boîte vocale. Je me pince l'arête du nez en faisant des ronds devant sa porte. Je suis un peu surpris que la police n'ait pas débarqué. Ses voisins ne sont-ils donc pas alertés de voir un pauvre type brailler et marteler une pauvre porte ? Il est nul, ce quartier.
Mes yeux tombent sur la poignée de porte. Plus d'une fois, l'idée de forcer la serrure m'a traversé l'esprit, mais je n'ai jamais osé sauter le pas. Mais là, je suis désespéré. Je suis là depuis bientôt six heures, il est temps de prendre les choses en main. Elle ne veut pas me laisser entrer ? Très bien, je le ferais à sa place.
Allumant la lampe de mon téléphone, je fouille la véranda des yeux, à la recherche d'une clé de secours que Colombe aurait peut-être dissimulée. À genoux, je passe près de dix minutes à tâtonner, puis, quand je suis à deux doigts d'abandonner, mes doigts touchent quelque chose de glacé. Je sors de sous la chaise à bascule une petite clé métallique qui reflète la lumière de la lune. Un sourire victorieux m'échappe et me relève d'un bon.
Enfin...
Je l'insère dans la serrure et frissonne presque quand j'entends le cliquetis annonçant que la porte est déverrouillée. Je l'ouvre prudemment, me glisse dans l'embrasure et referme derrière moi. J'allume l'interrupteur et désactive la lampe de mon portable que je glisse dans la poche de mon blouson. Sans retirer mes chaussures, je fonce dans la cuisine, la seule pièce ouverte de la maison. Je m'attends à trouver Colombe assise derrière le comptoir, mais il n'y a personne. Un mauvais pressentiment me gagne alors, et je me dépêche de le repousser. Je me rends ensuite dans le salon, vide lui aussi.
Je fais chacune des pièces et elles sont toutes vides. La chambre de Colombe est bien rangée, seul son lit est défait, comme si elle s'était levée le matin et avait oublié de le faire. Une légère odeur de vanille embaume l'air et un sandwich à moitié mangé jonche son bureau. Comme le pain est encore moelleux, je comprends qu'il doit dater de cette après-midi maximum. Elle était encore là ce matin.
En me grattant la nuque, je fais un tour sur moi-même. Je me pose une seule question : où est-elle, bon sang ? Impossible qu'elle soit au bar, elle a été virée et, à ce qu'elle m'a dit, Travis n'est pas le genre d'homme à donner une seconde chance. Je retourne dans la cuisine et m'installe derrière la table, décidé à l'attendre. Je me masse les tempes et en allongeant les bras devant moi pour m'étirer, je fais tomber une feuille de papier que je n'avais pas remarqué. Je fronce des sourcils et me penche pour la ramasser. Qu'est-ce que c'est ?
Après une pluie de secondes d'hésitation, je décide de l'ouvrir. Je reconnais immédiatement l'écriture délicate de Colombe. C'est une lettre. Une lettre pour moi. Mon prénom et mon nom sont écrits en haut.
Mon mauvais pressentiment revient au galop et mon cœur rate un battement, puis arrête complètement de battre lorsque je me prends conscience du contenu de la lettre.
Cher Xavier Johnson (mon Dieu, c'est ridicule),
Tu vas sûrement me détester. Non, tu dois sûrement déjà me détester. Mais là, tu vas me détester encore plus. Ta colère se verra décuplée et je veux m'excuser d'avance. Désolée de te faire du mal, Xavier. Je ne voulais pas tout ça, tu sais. Te rencontrer. M'attacher à toi. Tomber petit à petit amoureuse de toi. Parce que oui, je crois que je suis tombée amoureuse de toi. Je ne sais pas quand c'est arrivé, mais c'est arrivé. Ça m'a frappée de plein fouet. Comme une vague qui nous submerge lorsqu'on ose enfin nager à la plage.
Tomber amoureuse était peut-être la plus belle et la pire chose qui aurait pu m'arriver. Ma mère était mourante, je devais me vendre pour payer les factures de l'hôpital de la maison. Je t'ai rencontré au moment le plus difficile de ma vie, quand je ne voyais plus rien d'autre que du noir. Tu m'as illuminée, et je ne te dirais jamais assez merci pour ça. Merci d'avoir été mon phare, ma lumière, l'étoile qui m'a permis de me retrouver.
Le truc c'est que ce n'est pas suffisant. L'amour que je porte pour toi et celui que tu portes peut-être pour moi ne suffisent pas. Ne me suffisent pas. Je ne suis pas comme les autres filles, celles dans les films. Un mec n'est pas la solution à tous mes problèmes. Tu n'es pas la solution à tous mes problèmes, même si je l'avais voulue.
J'ai besoin de prendre du recul sur ma vie, me reconstruire. Pendant plus d'un an, ma vie ne tournait qu'autour de ma mère et sa maladie. Maintenant qu'elle est morte, il ne me reste plus rien. Je ne me connais plus. Je ne sais plus qui je suis, ce que je veux, ce dont j'ai besoin. Mais je sais ce dont je n'ai pas besoin. Un copain, un ami, quelqu'un qui compte pour moi. J'ai trop perdu, et ça fait trop mal. Pour le moment, m'attacher serait la pire des choses. Je ne peux pas m'appuyer sur toi, car je sais que tu t'en iras un jour. Et je ne peux pas revivre ça. Avec ma mère, c'était trop douloureux. Mais avec toi ? Ça m'achèverait.
Alors j'ai pris la décision de m'en aller avant que toi, tu t'en ailles. Je prends les devants. Tu me perds avant que je te perde, toi. Tu dois penser que c'est égoïste, et je ne vais pas prétendre le contraire. Oui, ça l'est. Mais je dois me protéger, Xavier, tu comprends ? Et si pour protéger ton cœur, je dois blesser le tient, je le ferais des centaines de fois. J'ai trop longtemps pensé aux autres, il est temps que je me mette en avant. Que je pense à moi et juste à moi. Je suis tellement, tellement désolée.
Je te sacrifie pour mon bonheur. Je nous sacrifie nous. Ce qu'on aurait pu avoir, toi et moi. Je suis sûre que ça aurait été beau. On aurait pu avoir notre putain de conte de fées. Oui, on aurait été heureux. Ensemble. Mais ça ne se fera pas. Nous étions les bons, mais nous ne nous sommes pas rencontrés au bon moment. Je m'en vais et je ne compte pas revenir. Avec le peu d'argent qu'il me reste, j'ai acheté un billet de train, je m'en vais aujourd'hui, à dix-sept heures. Je ne sais pas quand tu tomberas sur cette lettre, mais quand tu la liras, je serais déjà loin.
Avec cette lettre, je te donne une partie de mon cœur. Sache que je ne t'oublierai jamais. Tu resteras gravé dans ma mémoire comme étant celui qui m'a fait sourire quand ma vie était catastrophique et que mon monde s'écroulait autour de moi comme un château de cartes. Je t'aime aujourd'hui, demain, pour toujours. Merci d'avoir été toi, merci d'avoir permis un nous, même s'il a été court.
P.S : Tu pourras prendre soin de la tombe de ma mère ? Lui mettre des fleurs ?
P.P.S : Tu diras merci à Gaby d'avoir été une si bonne amie. J'ai été heureuse de la rencontrer.
Encore une fois, je t'aime,
Colombe.
Mes mains tremblent quand je lâche la lettre. Une larme tombe dessus et je me dépêche de la repousser avant qu'elle ne s'abime. Je sanglote bruyamment, mon cœur se brisant dans ma cage thoracique. Je secoue la tête en murmurant que c'est une blague, qu'elle ne peut pas me faire ça, nous faire ça, mais c'est malheureusement la réalité.
Une putain d'heure. Si j'étais arrivé une heure plus tôt, elle serait encore là. Elle ne serait pas partie. Je ne lui en aurais pas laissé l'occasion. Mais... je suis venu trop tard. Elle est partie. Je n'ai même pas pu lui dire au revoir.
Je me prends la tête entre les mains.
Colombe m'a abandonné, et je n'ai même pas pu lui dire au revoir.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top