Chapitre 2
Flashback : 15 ans auparavant
Installé dans ma chambre, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Il n'y a pas un soir depuis que je suis dans ce foyer où j'ai dormi une nuit complète.
Je me réveille toujours en plein milieu de la nuit à cause d'un cauchemar qui me suit à chaque fois que je ferme les yeux. A cette heure là, tous les pensionnaires ainsi que toute la ville dorment profondément.
Et moi je suis le seul réveillé à attendre patiemment le levé du jour. Cet instant précis ne fait qu'accroître le sentiment de solitude qui me saisit et qui ne me quitte pas depuis qu'on m'a envoyé ici contre mon gré.
Cela fait 3 ans et 23 jours que je suis enfermé entre ces murs avec l'impossibilité de sortir. 3 ans et 23 jours que je suis sans tuteur. 3 ans et 23 jours que je vis seul. Je suis en cage, et je n'en peux plus. Ce manque de liberté me tue à petit feu.
Le seul moyen de sortir d'ici c'est d'avoir la majorité, il n'y a pas d'autre possibilité. Or, c'est inenvisageable. Je ne vais pas attendre 8 ans pour partir de cet endroit ! Sinon je vais finir par devenir fou.
Non, il faut que je trouve un plan pour me barrer d'ici. De toute façon personne ne veut de moi, c'est la raison même pour laquelle on m'a envoyé ici. Les gens ne remarqueront même pas mon absence.
Je suis invisible, inexistant à leur yeux. Je suis juste un pensionnaire comme un autre qui n'a pas de famille. Cependant, j'estime que je suis plus que cela. J'estime avoir le droit de faire ce que je veux de ma vie puisqu'il n'y a plus personne pour m'en empêcher.
Tout ce que je veux, c'est ma liberté. Et une fois que je l'aurais, je ne sais pas où j'irai ni même ce que je ferai. Tout ce qui m'importe c'est de m'enfuir de cet endroit le plus loin possible et ne jamais remettre un pied là-dedans.
Cela fait trop longtemps que je suis là, j'étouffe. J'ai besoin de m'aérer de découvrir autre chose que ce foyer si lugubre. Ce lieux est censé nous aidé, on est censé se sentir en sécurité mais pour moi c'est tout le contraire. Je me sens piégé, incapable de m'envoler et tracer ma route. Je ne peux pas rester là, sans agir.
Mes parents ne sont plus là et je pense que s'ils le seraient, ils voudraient que je sois heureux, que je trouve ma place. Et elle n'est pas ici, je ne sais pas où elle est mais il n'y a qu'un moyen pour le découvrir c'est de partir.
Le problème c'est que cela risque d'être compliqué vu qu'il y a des gardes qui font la ronde dans les couloirs chaque soir pour éviter qu'un pensionnaire comme moi envisage l'idée de s'en aller.
Donc il ne me reste qu'une issue possible : par la fenêtre. C'est très risqué, il doit bien avoir bien 6 mètres de hauteur, si je me loupe je peux finir à l'hôpital voire même pire encore. Comment minimiser les dégâts en sautant par la fenêtre ?
Je réfléchis un bon moment et soudain je me souviens d'un conte allemand que ma mère me lisait pour m'endormir : Raiponce des frères Grimm. C'était son conte pour enfant préféré. Elle adorait me raconter les périples de la princesse aux cheveux d'or.
C'était son héroïne préférée car elle se sentait proche d'elle. Un jour, je lui ai demandé pourquoi elle se retrouvait en cette princesse en particulier. Elle m'avait dévisagé, étonnée de ma question et elle avait répondu en rigolant que c'est parce qu'elle était blonde comme elle.
Mais cette justification était absurde car il existait pleins d'autres princesses à la chevelure de la couleur du soleil comme La Belle au Bois Dormant ou Cendrillon...
Pour ne pas la vexer, j'opinais docilement la tête en faisant mine de comprendre alors que ce n'était pas le cas. Elle m'embrassait sur le front et partait de ma chambre en éteignant la lumière derrière elle.
Aujourd'hui, je regrette de ne pas connaître la véritable réponse à cette question. Je me remémore rapidement le conte allemand dans ma tête et je constate que malheureusement pour moi je n'ai pas à ma disposition une longue chevelure.
Je regarde autour de moi et je repère des rideaux. Bingo, je tire d'un coup sec en mettant toute la puissance que je possède. Et après cet effort intense, je parviens enfin à les arracher. Maintenant il ne manque plus que les liés entre eux en faisant un nœud en huit comme mon père me l'a appris à faire lors de nos rivés en mer le dimanche après-midi.
Une fois le nœud bien serré, j'attache l'extrémité du rideau au lit de mon compagnon de chambre qui est le plus proche de la fenêtre en faisant attention à ne pas le réveiller.
Puis, je balance le rideau par la fenêtre, malheureusement il est toujours assez court et il reste tout de même environ 3 mètres où je serai dans le vide.
Est-ce que je tente le tout pour le tout et je me lance ? Ou bien je choisis d'être raisonnable et de trouver un autre échappatoire ?
C'est maintenant ou jamais, je suis si prêt du but. Avec un peu de chance je ne vais pas me faire mal, je vais retomber sur mes pattes tel un chat. Il faut juste du cran, il faut oser !
Il faut savoir saisir une opportunité quand elle se présente à nous.
Et c'est ce que je fais.
Je souffle un bon coup pour me donner du courage et je m'accroche au rideau et me laisse glisser , mort de trouille.
Arrivé au bout du rideau, je panique, mon cœur bat à la chamade, j'ai du mal à respirer. Je fais quoi maintenant ? C'est tellement haut ! Qu'est-ce qu'il m'a pris de faire ça ? Le désespoir est la seule réponse qui me vient à l'esprit.
J'essaye de repérer quel est l'endroit le plus stratégique pour que je me fasse le moins mal. Je visualise un buisson juste en dessous de moi, et je me dis que c'est la seule alternative. À bout de bras, n'ayant plus de force, je ferme les yeux et je lâche les mains me laissant tomber dans le vide.
J'atterris brutalement dans le buisson sur le dos ce qui me fait un mal de chien. Je réussis à me remettre sur pied avec difficulté en faisant abstraction à la douleur imminente que me procure mon dos.
J'escalade le portail et me voilà enfin dehors.
Enfin libre !
Un sentiment de joie surgit en moi. Je n'avais jamais été aussi heureux depuis tellement longtemps, c'est comme si je revivais. Comme si je pouvais déceler des parties de moi qui étaient enfouies si profondément que j'avais fini par les oublier.
Cet élan d'optimisme me pousse à courir le plus loin possible de ce foyer pour ne pas me faire prendre. Une fois que la façade disparaît de mon champ de vision, je marche pour reprendre mon souffle.
Je jette un dernier coup d'œil derrière moi, pour être bien sûr que tout cela est bien réel. Que je suis enfin mettre destin.
Fatigué, j'erre dans la rue sans savoir où aller. Je ne reconnais pas le paysage qui s'offre à moi. Je suis perdu, je ne sais pas où est-ce que je me trouve.
Avec le peu de force qu'il me reste, mes pieds m'emmènent vers d'un banc et je m'allonge dessus. Exténué par ce périple, mes paupières se ferment toutes seules.
Un sentiment de plénitude m'envahit et comblé, je m'en vais pour le pays des rêves que je n'ai pas revu depuis tant d'années...
***
Voilà le second chapitre !
Qu'en pensez-vous ?
Cela vous plaît ?
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