Chapitre 16
Flashback : 15 ans auparavant...
Oleg jette un coup d'œil sur sa montre et constate que c'est l'heure de son rendez-vous. Il prend son casque, son colis et ouvre la porte du hangar.
Nous sortons dehors et nous le regardons chevaucher sa moto et s'éloigner de nous à une vitesse impressionnante.
Nous l'observons jusqu'à ce qu'il disparaisse de notre champ de vision.
Alors que les 2 autres adolescents s'apprêtent à rentrer, je prétexte vouloir m'aérer un peu et rester quelques secondes de plus dehors.
Ils ne disent rien et rentrent alors à l'intérieur en m'informant de les prévenir quand je veux rentrer.
Une fois qu'ils sont à l'intérieur, je m'élance en courant vers le parking derrière la supérette. Je veux absolument voir de mes propres yeux l'arrestation d' Oleg.
En quelques minutes, j'arrive au lieu de rendez-vous et je me cache derrière un arbre pour ne pas me faire repérer.
De là où je suis, j'aperçois le brun sur sa moto qui attend son client. Il est seul et commence à s'impatienter.
Soudain, surgit de nulle part un homme plus âgé, qui marche avec détermination dans la direction d' Oleg.
Ce dernier sort le paquet du coffre de la moto et alors qu'il s'apprête à le donner à son client, des sirènes d'alarmes se font entendre et tout d'un coup l'attitude de l'adolescent change brutalement.
Il se crispe et c'est la première fois que j'aperçois de la peur dans le regard d' Oleg qui est si glacial d'habitude.
Avant qu'il ne fasse un geste de plus, la policière que j'ai informé apparaît et se précipite vers Oleg qui prend la fuite en courant.
Cependant, l'agent de police parvient à le rattraper et à le menotter et l'emmène dans la voiture pour le faire interroger au poste de police.
L'acheteur s'est lui aussi fait arrêter par un policier.
Satisfait de la scène qui s'est déroulé sous mes yeux, je m'en vais heureux que la gentille policière m'est écoutée.
Heureux que justice soit rendu !
C'est comme si on m'enlevait un poids dans ma poitrine.
Je suis fier d'avoir fait une bonne action. Il mérite d'être jugé pour ses actes.
C'est comme si je respirais de nouveau de savoir que cette pourriture va aller en prison.
Je me sens de nouveau libre de mon destin. Je n'ai pas d'endroit où me rendre vu que je ne peux pas rentrer au hangar car les 2 adolescents vont s'en prendre à moi après avoir balancé leur pote.
Je n'ai pas d'autre choix que de marcher et de partir le plus loin d'ici. La nuit est tombé depuis un moment déjà et je ne suis éclairé que par les lampadaires qui émettent une faible lumière.
Je me dirige sans but, seuls mes pieds m'entraînent là où ils veulent.
Ils m'emmènent sur une route isolée dont je ne connaissais pas l'existence. Je la prends et la suis jusqu'à ce que je n'ai plus la force d'avancer.
Épuisé, je m'écroule sur l'herbe humide et m'endors précipitamment. Ce n'est qu'au lever du jour que je me réveille.
Je parviens avec difficulté à ouvrir les yeux et c'est alors que la première chose que je vois est une vieille dame, au visage doux qui me dévisage inquiète.
Elle s'empresse de me demander soucieuse :
" Ça va mon garçon ? Que fais-tu tout seul ici ?
Je la regarde dans les yeux et ne sachant pas par où commencer, je lui avoue pour ne pas l'effrayer de mes actions illégales :
- Je me suis enfui de mon foyer, je n'en pouvais plus d'être là-bas.
Je m'attends à ce qu'elle soit surprise mais son visage ne le montre pas. On dirait même qu'elle est compréhensive.
Elle me tend la main pour que je me relève et m'entraîne jusque chez elle pour m'hydrater. Je la remercie et une fois avoir bu un verre d'eau, je m'apprête à sortir de chez elle pour ne pas l'embêter plus mais elle me retient par le bras et me dit :
- Tu comptes aller où mon garçon ?
- Je ne sais pas. Je lui répond, troublé par sa question.
- Tu peux rester ici si tu veux, je n'ai pas grand-chose mais au moins tu auras un toit ou dormir. Me propose la dame âgée, d'une voix calme.
- Je ne veux pas vous déranger plus que ça madame.
- Mais tu ne me déranges pas du tout mon grand ! Et puis un peu de compagnie ne peut pas me faire de mal ! Affirme la dame en m'adressant un sourire sincère.
- Merci beaucoup, je vous en suis énormément reconnaissant, vous me sauvez la vie madame ! Je la remercie plein de gratitude.
- Appelle moi Rose mon garçon ! Et toi c'est quoi ton prénom ?
- Pholien !
- Enchanté Pholien ! Dit-elle enthousiaste.
- De même madame Rose ! "
Elle rigole face à ma remarque et me fait visiter sa petite maison, charmante comme tout.
Dans le salon, il y a une petite télévision, un canapé en velours et de la tapisserie au motif fleuries couvrent les murs. Des cadres avec des photos de familles sont présents dans la pièce.
Curieux, je m'approche vers les photos pour les observer de plus près. On reconnaît madame Rose plus jeune qui enlace un homme que je suppose être son mari.
Sur une autre il y a 2 autres enfants qui apparaissent en plus sur le cliché, tous souriants et heureux.
La vieille dame vient à ma rencontre et m'explique d'une voix douce :
" Voici Trixie et Hyssan, mes enfants et Robert mon mari qui est décédé il y a 5 mois...
- Je suis désolée, toutes mes condoléances madame Rose. Je réplique, profondément triste pour cette madame.
- Merci mon garçon. Me répond-elle d'une toute petite voix.
- Où sont vos enfants maintenant ? Je la questionne intrigué.
- Ils sont grands maintenant ! Trixie est infirmière et elle fait de l'humanitaire tandis qu' Hyssan est en Espagne, il est coach sportif.
- Pourquoi il parti en Espagne ? Je l'interroge perplexe.
- Il a rencontré sa femme là-bas, lors d'une compétition de foot où ses joueurs participaient. De suite ça a été le coup de foudre et il a décidé de s'installer là-bas et de vivre sa vie avec elle. Me raconte la vieille dame, heureuse pour son fils.
- Je ne suis jamais allé en Espagne. Je déclare pour faire la conversation.
- Moi non plus, c'est toujours mon fils qui fait le déplacement pour me voir. Rétorque madame Rose en me regardant droit dans les yeux.
Je lui souris et en contemplant cette personne au grand cœur, je remercie intérieurement dieu de me l'avoir mis sur mon chemin.
C'est tout ce dont j'avais besoin, une famille et c'est désormais ce qu'elle représente à mes yeux.
- Tu as quel âge Pholien ? Me demande la dame âgé curieuse, m'interrompant dans mes pensées.
- 10 ans, je suis en CM2 !
- Tu as raté des jours d'école mon garçon ? Me questionne t-elle.
- J'ai été absent pendant 3 mois. Je lui avoue en baissant le regard au sol, honteux.
Elle ne fait pas de commentaire face à cette révélation et dit comme si de rien n'était :
- Il va falloir rattraper ton retard ! Je crois que j'ai encore des cahiers de leçons de mes enfants ! Ça te dit qu'on les fasse ensemble pour voir ton niveau Pholien ? Me demande madame Rose si contente.
Ne voulant pas la contrarié, je réplique tel un enfant poli :
- Oui, avec plaisir madame. "
Elle sourit de plus belle et me prend par la main pour m'installer sur la table de la cuisine le temps qu'elle aille chercher les cahiers de ses enfants.
Je ne sais pas du tout où j'en suis au niveau de l'école. J'ai totalement abandonné quand je me suis échappé du foyer.
Vu la situation dans laquelle je m'étais fourré, je pensais que je n'allais jamais remettre un pied dans les cahiers de toute ma vie.
Cependant, je dois reconnaître que cela me manquait un peu de réfléchir sur des problèmes de maths.
J'étais à l'aise dans cette matière et je l'appréciais. Cela m'avait fait un petit déchirement au cœur de savoir que je n'allais plus en faire.
Heureusement pour moi, cette adorable femme est mon ange gardien. Elle va me remettre sur le bon chemin. J'en suis certain.
Madame Rose revient encombrée de pleins de livres et de cahiers qu'elle dépose sur la table. Elle me dévisage, et prend une chaise et s'assoit à mes côtés.
Elle saisit le premier livre qu'elle attrape et l'ouvre délicatement. Elle commence alors sa lecture sur une leçon que je ne connais pas.
Je l'écoute alors attentivement m'expliquer certaines notions et elle me donne des exemples pour savoir si j'ai bien compris.
Un stylo à la main, une feuille de papier devant moi, je fais l'exercice qu'elle me demande sans trop de difficulté sachant que j'ai bien assimilé la leçon.
Elle m'observe surprise et c'est à la lueur de ses yeux qui scintillent que je comprends qu'elle est fière de moi.
Un sentiment de bonheur m'envahit en voyant l'amour que cette femme transmet à mon égard. Je ne m'étais jamais senti autant aimé par quelqu'un en si peu de temps.
C'est ce moment là que je comprends que ma vie est en train de changer.
Sa rencontre la chambouler et je ne lui en serai à jamais aussi reconnaissant de m'avoir tendu la main au moment où j'en avais le plus besoin.
***
Voilà le 16ème chapitre !
Vous découvrez enfin la rencontre avec Madame Rose ! Vous vous attendez à cela ?
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