Chapitre 14
Flashback : 15 ans auparavant ...
Une fois le colis déposé , je me précipite le plus vite possible vers le hangar. Je suis en retard, Oleg va encore m'engueuler !
Ce n'est pas de ma faute si le client était en pleine conversation avec une fille. Je ne voulais pas les interrompre dans leur discussion, c'est mal poli !
Essoufflé, je toque 3 fois devant la porte et c'est le brun qui m'ouvre en me lançant un regard glacial. Je m'empresse de rentrer à l'intérieur et lui tend l'argent.
Il me l'arrache des mains, agacé et alors que je vais dans la salle de bain pour ne pas voir où il le cache, ce dernier m'interpelle d'une voix sèche :
" Pourquoi t'es encore en retard ?
- M. Baris parlait avec une fille, je ne pouvais pas les interrompre ! Je lui avoue la vérité en baissant le regard.
- Mais qu'est-ce qu'on s'en bat les couilles qu'il parle à sa meuf ! Tu n'es pas là pour être courtois, t'es là pour lui donner sa commande et réceptionner l'argent le plus rapidement possible ! Rugit-il en haussant la voix.
- Oh ça va Oleg, il n'a que 15 minutes de retard t'exagères et au final tu l'as l'argent non ? Essaye de me défendre Karen en me lançant un regard compatissant.
- Non ça ne va pas ! J'avais besoin de cet argent pour remplir les stocks pour la grosse commande de ce soir ! Que vous êtes cons ! Maintenant à cause de ses conneries, je n'ai plus que 5 minutes pour aller voir notre fournisseur ! Aboie le chef de la bande, furieux.
- Calme toi Oleg, t'as juste à appeler Dean et lui expliquer calmement la situation il ne va pas nous planter on est ses clients les plus fidèles. Tente Isaac pour détendre l'atmosphère.
Oleg me dévisage en colère, et impuissant je m'excuse :
- Désolée, je ne recommencerai plus.
- T'as intérêt sinon je te jette dehors sale morveux ! Tu nous causes plus de problèmes qu'autre chose ! T'es un boulet, un moins que rien ? tu m'es inutile ! Si tu es encore ici c'est parce que Karen et Isaac t'apprécient sinon cela ferait déjà un bon bout de temps que je t'aurais renvoyé d'où tu viens. '' Hurle l'adolescent à mon visage.
Blessé par ses propos que je trouve plus que vexant, je baisse les yeux vers le sol n'osant pas affronter son regard de vainqueur.
J'attends qu'il parte avec les garçons dans la cuisine pour m'enfermer dans les toilettes et laisser les larmes couler.
C'est la première fois qu'il me traite de la sorte, à être aussi méchant envers moi. Il a été odieux et je ne l'ai jamais vu aussi rancunier.
D'habitude il me fait des reproches mais il n'a jamais été jusqu'à être malveillant. Aujourd'hui il a franchi la limite et je commence à en avoir assez de son comportement irrespectueux.
Je suis à deux doigts de craquer. Qu'ai-je fait pour qu'il soit aussi offensant avec moi ? Je fais tout ce qu'il me demande de faire ! Je ne vois pas ce que je peux faire de plus pour qu'il m'apprécie.
Peut-être que c'est moi le problème ou lui je n'en sais rien. Mais il n'a pas le droit de me rabaisser, il est qui au juste pour m'humilier ? Personne, c'est juste un adolescent qui est un gros con voilà ce qu'il est.
Et parce qu'il est plus âgé que moi il se croit supérieur et se permet des choses dont il ne devrait pas avoir le droit ?
J'en ai assez de me laisser marche sur les pieds. Il faut que tout cela cesse. Il faut que je le fasse tomber. Comme cela il ne m'embêtera plus.
Je sors de la salle de bain et je m'installe dans le canapé le plus discrètement possible. Comme d'habitude, j'allume la télé et fais mine de la regarder alors qu'au contraire j'écoute avec attention ce que disent les jeunes dans la cuisine.
Malgré leurs messes basses, je réussis à percevoir les infos dont j'ai besoin : À 23 heures tapante, Oleg ira seul vendre de l'herbe à un certain Diego qui est un gros camé sur le parking derrière la supérette du quartier.
C'est l'occasion idéal pour faire envoyer Oleg en prison vu qu'il sera seul et qu'il n'y aura ni Isaac ni Karen.
Je veux que seul le chef de la bande paye ses erreurs, je ne veux pas que ses amis se fassent prendre. Eux qui ont été si gentils avec moi, ce serait horrible de ma part de leur faire ce coup.
Il n'y a qu'une seule personne qui doit payer pour ses actes et c'est Oleg. C'est le seul qui s'est comporté comme un salaud avec moi, c'est le seul qui doit récolter ce qu'il sème : les problèmes.
Maintenant que j'ai le lieu et la date du rendez-vous, il ne me manque plus que prévenir les flics pour qu'ils le chopent sans qu'aucun d'eux ne me reconnaissent et ne me renvoient au foyer.
Cela va être la partie la plus difficile à exécuter. Je ne peux contacter personne, je n'ai aucun moyen de communication.
Je n'ai d'autre choix que de sortir d'ici et d'aller chercher de l'aide dehors. Mais comment parvenir à quitter ce hangar sans que les adolescents ne se doutent de quelque chose ?
Mon regard se pose sur les toilettes et je marche dans cette direction pour vérifier s'il manque du papier toilette. Bingo, il y en a plus.
Voilà la raison de ma sortie, maintenant il ne me reste plus qu'à les convaincre de me laisser sortir aller en acheter.
Je me dirige vers Karen et tapote son épaule pour qu'il me remarque. Il se tourne, m'adresse un regard interrogateur et je me lance :
" Il n'y a plus de papier toilette. Vous voulez que j'aille en chercher ? "
Le frisé me sourit, interroge ses amis du regard et ne voyant aucune objection, il me donne de l'argent et me dit de ne pas traîner dehors. J'opine de la tête et il ouvre la porte du hangar.
Je sors et il referme la porte en me faisant un clin d'œil amical. Je le lui rends et j'observe le monde autour de moi.
Les gens vont et viennent sans prendre le temps de se regarder et d'apprendre les uns des autres. Ils sont tous dans leurs bulles avec leurs soucis dans la tête.
Ceux qu'ils n'ont pas encore compris c'est que c'est en s'entraidant qu'on règle les problèmes. Personne n'arrive à survivre seul.
Je scrute chaque personne mais ne connaissant personne, je ne sais pas quoi faire.
Soudain, comme si le ciel m'envoyait un signe je repère la silhouette d'une femme qui m'est familière.
Je la suis discrètement et voyant qu'elle rentre dans une boulangerie, je fais de même.
Quand je ne suis qu'à quelques mètres d'elle, je la reconnais : c'est l'agent de police qui m'a annoncé la mort de mes parents.
Avec un peu de chance, elle va me reconnaître et m'écouter. Peut-être qu'elle va avoir pitié de moi et elle ne va pas me dénoncer à ses confrères...
Je décide de saisir ma chance et je l'interpelle :
" Excusez, moi madame ... "
Elle se retourne furtivement et quand elle croise mon regard, je comprends à la lueur de ses yeux qu'elle se souvient de moi.
"Comment vas-tu Pholien ? Me questionne t-elle soucieuse.
- Est-ce que je peux vous demander quelque chose ? Je la coupe stressé.
- Oui, tout ce que tu veux mon garçon ! Me répond la policière d'une voix douce.
- Est-ce que vous pouvez vous rendre à 23 heures ce soir au parking derrière la supérette ? Je lui demande en mettant tout mon espoir entre ses mains.
- Il y a quelque chose dont tu veux me parler ? M'interroge la femme, inquiète.
- Non, juste aller à ce rendez-vous, je vous en supplie ! Je l'implore en fondant en larmes.
Elle me prend dans ses bras, et me chuchote à l'oreille qu'elle ira. Rassuré, je la remercie et avant que je parte elle ajoute :
- Fais attention à toi mon grand. "
Je lui souris et je quitte la boulangerie pour me précipiter vers la supérette. J'achète en 4ème vitesse le papier toilette.
Heureusement pour moi, il n'y avait pas beaucoup de monde à la caisse. Et je retourne au hangar.
Je toque 3 fois et Isaac m'ouvre toujours de bonne humeur. Je lui tends la monnaie et il me remercie.
Je pose le papier toilette sur la table et je m'écroule dans le canapé à côté de Karen qui visionne un match de foot.
Je constate qu' Oleg n'est pas là, il est sûrement aller voir son fournisseur pour la commande de ce soir.
Sans sa présence, je me détends et je rigole avec les 2 adolescents en faisant des commentaires sur les joueurs et en critiquant les arbitres.
A ce moment-là, je ne suis plus sur mes gardes, je profite de la vie à fond.
Je m'amuse et je suis serein car je sais que justice sera rendu dans quelques heures...
***
Voilà le 14ème chapitre !
Alors quels sont vos avis sur ce chapitre ?
Vous avez aimé ?
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