Chapitre 13
Maintenant que je sais où est-ce que Oleg planque son argent, il faut que je trouve une bonne excuse pour partir et faire 6 heures de routes avant de retrouver ma ville natale.
J'ai besoin de cet argent pour faire chanter Oleg et qu'il cesse ses menaces avec moi. Ce n'est plus un jeu, cela ne m'amuse plus.
Il faut que cette mascarade s'arrête et le seul moyen d'y arriver c'est de voler ce qui compte le plus pour lui.
Je rentre à la maison et découvre ma femme endormie sur le canapé, la télé est toujours allumée. Je mets une couverture sur ma tendre femme et pars me coucher dans mon lit.
Il est tard et une longue journée m'attend demain.
C'est là où tout va se décider. Les dés sont jetés. Il ne manque plus qu'à espérer que la chance me sourit et que je ne me fasse pas prendre la main dans le sac.
Je m'écroule exténué sur le matelas et ferme les yeux. Cependant au lieu de dormir, mon cerveau est encore focalisé sur ma discussion avec Karen.
Je n'arrive toujours pas à croire que j'ai échangé avec lui. Après tant d'années il m'a pardonné. Je ne pensais pas un seul instant qu'il le ferait.
Après tout j'avais quand même fait envoyé son pote en prison ! Il aurait pu vouloir se venger et me faire punir pour ce que j'ai fait à son ami mais il n'a rien fait. Je lui ai fait ouvrir les yeux sur la situation.
Il s'est rendu compte qu'il n'appréciait pas le chemin que prenait sa vie.
Et il a décidé de tout effacer pour tout recommencer mais surtout pour ne pas faire les même erreurs. Et il y est parvenu !
Maintenant, il a une petite vie tranquille, un boulot stable qui lui plaît et il est content. Je suis tellement heureux qu'il est pris cette décision.
Cela montre qu'il était différent de ses amis, qu'il se donnait la peine de changer. Il a toujours été différent avec moi. Il prenait mon avis en compte, il était gentil et affectueux.
J'avais l'impression d'avoir un grand-frère dans ces moments-là. Et cela me faisait énormément de bien de savoir que quelqu'un prêtait un minimum d'attention à mon égard.
Il m'a en quelque sorte redonné confiance en moi. Et pour cela, je lui en saurais toujours reconnaissant.
Notamment que grâce à lui et à ses révélations, tout ce cauchemar va bientôt cesser et je pourrais retrouver ma petite vie tranquille avec ma femme et mes enfants.
Je n'aurais plus à me soucier d' Oleg car son compte sera terminé.
Quand je lui aurais volé son butin, il me suppliera de le lui rendre car c'est tout ce qu'il a. Sans ça, il n'est rien.
Il s'excusera de tout le tord qu'il a causé et il me fera promettre de disparaître de ma vie et de ne plus s'en prendre à moi. Et il m'écoutera car il en n'a pas le choix.
C'est soit il fait ce que je lui demande, soit il se retrouve à la rue et doit se débrouiller tout seul pour subvenir à ses besoins.
Et mon petit doigt me dit qu'il n'a pas envie de galéré à survivre et à se procurer ce dont il a besoin sachant qu'il a vécu 15 ans en prison et qu'il n'a plus envie de gâcher sa vie.
Il veut sûrement profiter du temps qu'il lui reste et faire ce qu'il a envie de faire avant que la mort passe lui dire bonjour.
Toutes ces suppositions et ce questionnement me donnent un mal de crâne que je parviens à faire disparaître avec difficulté en faisant des exercices de respiration qui me relaxent.
Je réussis à me calmer et à trouver le sommeil...
▪︎▪︎▪︎
Je me réveille dès l'instant où j'entends le bruit de la cafetière. Je me lève à contre cœur voulant bien dormir encore quelques heures mais le travail m'appelle !
Je me dirige dans la cuisine, la belle rousse se sert une tasse de café tandis que mes 2 filles mangent leurs céréales.
J'embrasse Héloïse sur la joue en guise de bonjour et cette dernière curieuse me demande :
" Alors tu es allé où hier soir ?
Pris de court, je lui réponds la vérité :
- Je suis allé voir un ami.
- Un ami ? Je le connais ? Me questionne ma femme intriguée.
- Non, il n'est pas du coin. " Je lui répond en coupant court la conversation en allant prendre une rapide douche avant qu'elle ne pose plus de questions.
Une fois lavé, je m'habille rapidement, embrasse mes princesses et avant de partir pour le bureau, j'annonce :
" Je vais sûrement rentré plus tard ce soir, j'ai une réunion à 18 heures !
- Ok, pas de soucis. On t'attendra pour dîner ! Réplique Héloïse d'une voix calme.
- Je te préviendrai, si la réunion déborde ne m'attendais pas ! Je rétorque en essayant de paraître naturel face à cet énième mensonge.
- D'accord. Passe une bonne journée !
- Toi aussi, mon cœur ! "
Et je pars de l'appartement, toujours autant stressé de mentir comme ça à Héloïse. Cela me brise le cœur de lui cacher tout ça, mais je dois le faire.
Après tout ça, je vais lui dévoiler toute la vérité, et j'espère qu'elle me pardonnera pour ce que j'ai fait. Et qu'elle comprendra que je l'ai fait dans l'intérêt de notre famille.
J'arrive au bureau avec un peu retard et je m'empresse de m'installer illico à mon poste. J'allume ma session d'ordinateur et je commence le travail.
Après mettre torturé les méninges pendant de bonnes heures, je parviens à finir tous les programmes de la journée ce qui signifie que je peux sortir plutôt et accomplir ce qu'il me reste à faire.
Je salue mes collègues de travail et une fois que j'ai rejoins ma voiture, je file en douce vers l'Est, en direction de l'endroit où j'ai grandi.
Le seul lieu où je ne pensais plus jamais y mettre un pied, me voilà 15 ans plus tard à y retourner.
La ville a bien évolué depuis mon départ, si je ne la connaissais pas si bien, je dirai même qu'elle est toute neuve.
Cependant certains détails sont toujours restés en place. Comme le supermarché où je faisais mes courses avec ma mère chaque mercredi et samedi après-midi.
Ou bien encore la boulangerie du coin où il faisait le meilleur pain que j'ai jamais goûté.
En pleins dans mes souvenirs, je dépasse l'école primaire, puis le foyer et je continue ma route vers le Nord pour ensuite remonter jusqu'au fameux hangar où Oleg et sa bande m'ont hébergé.
Je pensais ne jamais revenir dans cet endroit qui est devenu ma maison pendant quelques mois.
Malgré les engueulades avec Oleg et son comportement constamment agressif avec moi, j'ai vécu de bons moments ici. Et j'en devais l'entière responsabilité à Karen, c'est grâce à lui que j'étais un peu heureux. Il m'a accepté et c'est tout ce que je demandais.
Il y avait toujours Isaac pour faire faire le clown et le frisé pour faire des blagues. Et c'est tout ces bons moments que je garde en souvenirs.
Je n'en retiens que le positif et non pas les moments difficiles auxquels j'ai été confronté lors de mes missions.
Le stress qui pesait sur mes épaules, c'était beaucoup pour un enfant. Mais je le faisais tout de même car je n'avais pas le choix et que je voulais faire partie de leur famille moi qui en n'avait plus.
En regardant ce vieil hangar, je me revois quelques heures plutôt avec Karen en train de discuter comme des amis.
Cette sensation si étrange me fait beaucoup de bien et me motive à terminer ma mission ici. J'ai fait 6 heures de route, c'est pas pour rien !
Soudain une pensée s'immisce dans ma tête : et si au contraire, j'avais fait ces 6 heures de route pour autre chose que ce que j'avais prévu.
Et si j'avais tout ce chemin pour une prise de conscience ? Pour me rendre compte que je pars trop loin ?
Devant le hangar, je suis hypnotisé, retombé 15 ans en arrière. Je n'arrive plus à bouger, je suis figé.
Je comprends enfin la raison de ce comportement : je ne peux pas entrer par effraction dans cet endroit qui m'a abrité.
Je me suis berné d'illusions si j'avais pensé ne serait-ce qu'une seconde que j'allais arriver à voler illégalement l'argent d'Oleg.
Putain mais Pholien qu'est ce que tu t'apprêtais à faire ?
Je réalise que maintenant que j'allais commettre une énorme bêtise. Moi, Pholien, j'ai vraiment cru que j'allais entrer par effraction dans cet hangar dans un simple but de voler de l'argent et de faire marchander Oleg !
Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je ne me reconnais plus ! Pourquoi être autant obstiné par cette idée de vengeance ?
Je devais vraiment être désespéré pour envisager cette hypothèse. Et si imaginons il avait installé des caméras de surveillance, j'aurais été dans la merde en enfreignant la loi. Et si je finissais en prison ?
Olala comment j'ai pu être aussi imprudent. J'étais vraiment prêt à prendre un si gros risque pour une personne qui n'en vaut pas la peine ?
J'ai vraiment pensé qu'à moi dans l'histoire et non pas à ma famille, les conséquences que cela allait engendrer sur elle ?
Étais-je tellement aveuglé par le désespoir que j'en ai oublier mon sens morale ? Je ne suis pas cet homme, je vaux mieux que ça.
Héloïse n'a pas épousé un délinquant mais un homme réglo, un homme qui réfléchit avant d'agir. Qui pèse le pour et le contre de chaque décision.
J'ai carrément oublié qui j'étais. J'avais tellement peur de ce que cet ancien détenu peut faire aux gens que j'aime que j'ai failli devenir comme lui.
Si je vole cet argent, je m'abaisse à son niveau et c'est alors que je suis tombé très bas.
Il faut que je trouve une autre solution pour faire en sorte qu'Oleg me lâche la grappe sans que j'ai recours à la violence ou quoi que ce soit.
Je regarde l'heure sur ma montre, il n'est pas encore trop tard. Si je pars maintenant, je vais peut-être pouvoir coucher mes filles dans leurs lits.
Je m'installe dans ma voiture, la démarre et me rends chez moi. Sans un regard en arrière, je regarde la route qui se trouve devant moi.
Fini le passé, il faut que je le mette de côté pour que je parvienne à avancer.
Je n'ai qu'une hâte : retrouver ma famille car ce n'est qu'auprès d'elle que je me sens chez moi et que tous mes soucis s'envolent rien qu'en voyant leurs doux visages d'anges...
***
Voilà le 13ème chapitre !
Qu'en pensez-vous ?
Selon vous il a bien fait de renoncer à son plan ?
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