Chapitre 11
Je contemple le carnet rouge qui contient les révélations sur Oleg. Quelles informations je pourrais utiliser contre lui ?
Je relis certains passages pour être sûr de bien les avoir en-tête. Après un certain temps de réflexion, j'ai une illumination : Karen et Isaac ont arrêté de venir le voir au bout de 5 ans.
Que s'est-il passé pour que cela arrive ? Ils étaient les meilleurs amis du monde ! Ils faisaient tout ensemble !
Peut-être qu'ils se sont disputés ? Peut-être qu'ils en ont eu assez de lui rendre visite ?
Peut-être qu'ils voulaient recommencer une nouvelle vie, une vie meilleure et qu'il les en empêcher ?
Ou peut-être qu'ils se sont eux aussi fait arrêter et jeter en prison ? J'en sais rien !
Mais qui de mieux pour découvrir des infos sur son ennemi que les personnes qui le connaissent le mieux ?
Je saisis mon téléphone et je commence à faire des rapides recherches internet sur les 2 personnes qui ont partagé la vie d'Oleg.
Je découvre aucune information sur Isaac, c'est comme s'il avait disparu de la civilisation. Il s'est volatilisé, c'est comme s'il n'existait pas.
En revanche, après des recherches plus approfondies, j'apprends que Karen est plombier dans une ville voisine à deux heures de route.
J'observe les photos que je trouve sur lui : il a grandi et vieilli mais il a toujours ses cheveux frisés qui le définissent tant.
Sur chacune des photos que je trouve de lui, il a l'air souriant, accueillant. En même temps il a toujours été gentil avec moi.
Il avait l'air de se soucier de moi, même s'il était dans le coup avec ses potes. Même s'il ne remettait pas en cause ce qu'ils me faisaient faire.
De toute façon je n'avais rien à dire, c'est moi qui me suis mis dans cette situation. Si je voulais survivre, je devais accepter les tâches qu'ils me demandaient d'exécuter.
Cependant je me souviens que des fois quand Oleg s'emportait et me hurlait dessus alors que je n'avais rien fait, c'était le seul à prendre ma défense.
C'était celui que j'appréciais le plus, parce qu'il me donnait de l'importance pas juste quand je devais être leur larbin mais aussi en dehors.
Il jouait avec moi à des jeux de sociétés quand ils avaient pas cours ou qu'ils n'étaient pas occupé avec leurs magouilles.
Il regardait la télévision avec moi, commentait les émissions, faisait des blagues.
Il se rapprochait un peu du grand frère que je n'ai jamais eu en quelque sorte.
Et cela me faisait de la peine de savoir qu'il était de mèche dans ces embrouilles. Il méritait d'avoir une belle vie et non de la finir dans une prison.
Je ne savais pas pourquoi il était ami avec Oleg car ils étaient si différents. C'était les opposés !
Karen était respectueux et blagueur tandis qu'Oleg était insolent et froid. Isaac quant à lui était un peu entre les deux.
Il n'était pas arrogant avec moi. Il était normal, il me considérait comme un membre de l'équipe.
Mais de temps en temps il ne pouvait s'empêcher de me taquiner ou de se moquer de moi.
Mais je sais que ce n'était pas méchant, il est comme ça Isaac, il ne peut s'empêcher de dire tout ce qu'il pense.
Il est ironique et joue beaucoup avec le premier degré. Il faisait souvent ce qu'il veut.
S'il avait envie de sécher les cours il le faisait, s'il avait envie de manger une glace en hiver il le faisait.
Personne ne lui disait quoi faire. Il profiter de la vie à fond, il l'a croqué à pleine dents.
C'est pourquoi cela ne m'étonne pas qu'il n'y ait pas de signe de lui sur internet ou les réseaux sociaux.
Il ne veut pas qu'on le retrouve donc on ne le retrouvera pas. Il a sûrement pris une nouvelle identité et doit être dans un autre pays.
Je continue de lire tous les articles que je trouve sur Karen. Rien n'évoque son passé, son adolescence à faire des choses illégales aux yeux de la loi. Il ne s'est pas fait chopé.
Je suis soulagé pour lui, il a réussi à reconstruire une nouvelle vie maintenant qu'il est plombier. J'imagine qu'il a tiré un trait sur son passé.
Accepterait-il de me parler si je le rencontrais ? Ou avertira t-il Oleg de ma visite pour la crasse que je lui ai faite ?
J'en ai aucune idée. Mais pour le savoir, il faut que je tente.
Soit ça passe, soit ça casse. Dans tous les cas, j'aurais essayé.
Je sors de la chambre, prend les clés de ma voiture, une veste et j'annonce à ma femme de que je sors. Cette dernière me dévisage surprise et réplique :
" Mais Pholien le dîner est presque terminé ! Qu'est-ce tu as à faire à 20 heures du soir ? Tu as un rendez-vous ? "
Je la fixe droit dans les yeux et j'y lis de l'inquiétude dans son regard.
Je la prends dans mes bras et je lui réponds d'une voix douce :
" J'ai juste besoin de sortir prendre l'air, ne t'en fait pas pour moi. Ne m'attend pas pour manger, je rentrerai tard.
- D'accord, si tu en as besoin vas-y mais soit prudent d'accord ? Me répond Héloïse en déposant un tendre baiser sur mes lèvres.
- Promis. "
Je lui adresse un sourire sincère et je sors de l'appartement. Je m'installe dans la voiture et la démarre.
Soudain, une boule se forme dans ma gorge et je sais déjà la raison : le mensonge.
Je déteste cacher des choses à Héloïse, elle qui m'a toujours soutenu dans toutes mes décisions.
Un sentiment de culpabilité m'envahit mais je me ressaisis. C'est pour son bien que je fais cela, pour elle et les filles.
Bientôt je lui dirai toute la vérité mais pour l'instant je dois voir si je peux récolter des informations sur Oleg auprès de Karen.
Je saisis l'adresse de son domicile que j'ai trouvé sur les pages jaunes dans le GPS puis la voiture me conduit jusqu'à lui.
Arrivé devant sa porte, j'ai une terrible envie de prendre mes jambes à mon coup et de m'enfuir loin d'ici.
Mais je n'ai pas fait tout ce chemin pour m'arrêter en cours de route ! J'ai besoin de réponses et c'est ici que je vais en trouver.
Je prends mon courage à deux mains et je toque. J'entends des pas se précipiter devant la porte et quelqu'un saisir la poignet.
Je me retrouve alors face à Karen en pyjama dans l'incompréhension la plus totale. Il me scrute avec attention et c'est alors qu'il me reconnaît.
Il reste abasourdi face à ma visite, en même temps cela fait 15 ans qu'on ne s'est pas vu.
Et le dernier souvenir qu'il a de moi c'est que j'ai dénoncé Oleg à la police donc il ne doit pas être très content de me voir.
Pendant quelques secondes, il reste immobile à me dévisager comme s'il n'arrivait pas à y croire.
Puis sans un mot, il m'invite à entrer chez lui. Je le suis dans son salon et m'assois à côté de lui sur le canapé.
J'allais prendre la parole quand ce dernier me devance et lâche spontanément :
" Putain tu dates ! Je me suis toujours demandé ce que tu étais devenu après l'avoir balancé aux flics... ''
Ces dernières années j'ai pris de l'assurance. Je ne me laisse plus marcher sur les pieds.
Et c'est ce qui me permet de lui répondre d'une voix sèche :
" Je ne regrette rien de ce que j'ai fait Karen.
Il m'observe étonné puis réplique d'une voix calme :
- J'ai beaucoup réfléchi pendant ces dernières années. Au début je n'ai pas compris pourquoi tu as piégé Oleg et non pas Isaac ou moi. Je t'en ai voulu pendant longtemps. J'avais confiance en toi et tu nous l'as fait à l'envers.
- Je suis désolé ! Je le coupe précipitamment.
Il m'adresse un rapide regard comme s'il acceptait mes excuses et continue son récit :
- Mais au final j'ai compris que ce que tu avais fait, même si c'était cruel cela m'a fait me remettre en question. Tôt ou tard ça allait nous arriver de nous faire choper de toute façon ! Et je me suis rendu compte que j'en avais assez de faire des conneries. J'avais envie de reprendre la vie en main et de m'en sortir, de vivre une vie normal. Une vie où je respecte les règles, une vie dont je peux être fier. Du jour au lendemain, j'ai arrêté de rendre visite à Oleg. Je voulais l'oublier même si cela avait été mon meilleur ami, nous avons fait des mauvaises choses. Et je m'en voulais d'avoir causé du mal autour de moi. Je regrette de ne pas mettre affirmé quand on t'a utilisé. On t'a mis en danger, on aurait jamais dû te mettre dans le coup. Tu n'étais qu'un gamin, on était tellement irresponsables à l'époque. On aurait juste dû t'héberger sans contre partie, sans chantage. C'est ce que toute personne normal aurait fait. Mais on était des cons à l'époque, on ne pensait qu'à nous et pas aux autres. Je ne pouvais plus me regarder dans une glace tellement j'avais honte de mes actes. Je ne pouvais pas réparer mes erreurs, ce qui était fait était fait. Cependant je pouvais faire en sorte de ne pas les refaire. Pour avancer, je devais tout oublier et tout recommencer. Et c'est ce que j'ai fait. Maintenant je vis une vie paisible, sans soucie...
Je suis choqué de ses propos et en même temps non. S'il y en a bien un qui pouvait changer c'était Karen. Et je suis heureux qu'il l'est fait.
- Tu as des nouvelles de Isaac ? Je le questionne curieux.
- Non, dès que j'ai arrêté de rendre visite à Oleg, il a fait de même et il est parti de son côté sans un mot.
- Tu en as aucune de lui ?
- Non pas même d'Oleg, ce qui m'arrange. Me confie le frisé.
L'embarras s'empare de moi et il le remarque aussitôt. Il m'interroge :
- Pourquoi tu es venu me voir Pholien ?
C'est alors que je lui déballe tout : les messages de menaces d'Oleg, son carnet...
Et il comprend immédiatement la raison de ma visite :
- Tu veux lui donner un avertissement avant qu'il s'en prenne à ta famille c'est ça ?
- Exactement.
- Écoute Pholien, je suis désolé pour ce que tu subis mais il ne faut pas que tu prennes ses menaces à la légère. S'il est au courant que tu as une femme et des enfants il va s'en prendre à eux pour te faire du mal. Il veut que tu souffres. C'est tout ce qui l'importe. Je ne veux pas me mêler de tout ça mais je veux bien apporter mon aide. Tu es un mec bien, je t'ai toujours apprécié. Tu ne mérites pas que ta vie soit bousillé par un gars qui est rongé par sa rancœur et qui n'a pas toute sa tête.
- Merci Karen ! Il adore l'argent n'est-ce pas ?
- Ouais même plus que lui-même je crois ! Dit-il en rigolant.
- Saurais-tu où il le planque ?
- À mon avis, si j'étais lui je le cacherai dans un endroit qui passe inaperçu à l'abri des regards... me révèle l'homme en face de moi.
- L' hangar inhabité où vous m'avez hébergé ?
- C'est fort probable. Acquiesce le plombier.
- Et tu as une idée de où est-ce qu'il le planque exactement ?
- Si c'est la même cachette que nous avons à l'époque c'est sous le plancher en dessous du canapé. M'informe le frisé.
- Merci beaucoup Karen ! Je n'aurais jamais pensé à cela sans toi ! Tu me sauves la vie.
- De rien, c'est normal ! Après tout on est amis non ? Me questionne t-il un sourire complice sur ces lèvres.
- Oui, on est amis. Je confirme, étonné de cette nouvelle qui me donne quand même du baume au cœur vu que c'est une personne qui comptait tout de même pour moi à l'époque.
- Fais gaffe à toi Pholien. Soit prudent surtout ! Si tu as besoin de quoi que ce soit appelle moi d'accord ? Me dit Karen en me notant son numéro de téléphone sur un bout de papier.
Je le saisis et le range dans la poche de ma veste. Je le remercie et je pars de chez lui.
Maintenant que j'ai la réponse à ma question. La seule question qui me reste c'est : quand vais-je passer à l'action ?
Le temps presse, il faut que je me dépêche ou c'est lui qui va me rattraper...
***
Voilà le 11ème chapitre ;)
Je suis désolée, il est plus long que d'habitude (2100 mots environ), j'espère que cela ne vous a pas dérangé et que vous avez quand même apprécié votre lecture ^^
Hormis cela, que pensez vous de ce chapitre ? Que pensez-vous qu'il va se passer ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top