Chapitre 10

Flashback : 15 ans auparavant ...

Je suis de près le groupe de jeune, curieux mais aussi effrayé de découvrir où est-ce qu'ils m'emmènent. 

Je ne réalise toujours pas que je ne suis plus dans ce foyer. Je suis libre de faire ce que je veux. Cette liberté me donne un nouveau souffle.

 Je vais enfin pouvoir mener la vie que je veux.

 Enfin, jusqu'à ce que ces garçons me demandent de faire ce qu'ils attendent de moi. Je n'essaie pas trop d'y penser pour le moment. 

Je me focalise sur le chemin que nous empruntons. Nous marchons une bonne vingtaine de minutes puis nous arrivons devant un hangar lugubre abandonné.

 L'endroit parfait où personne n'osera penser que je suis caché là-dedans. Il passe inaperçu, c'est parfait pour ma situation. Je me demande comme ils ont réussi à trouver cet endroit. 

C'est vrai quoi on trouve pas un hangar inhabité tous les jours ! C'est la planque parfaite ! Oleg sort de sa poche un trousseau de clé et ouvre la porte. 

J'observe émerveillé l'intérieur : il y a un canapé en pas très bon état mais qui a l'air confortable. Une table est placé au milieu de la pièce, il y a aussi un micro-onde, un petit frigo...

Et il y a même une télé ! Mais c'est incroyable ! C'est comme une deuxième maison ! 

Je ne comprends pas pourquoi ils ne déménagent pas ici, c'est géniale comme endroit. Je suis surpris de cette découverte, c'est tout ce que je pouvais rêver de mieux.

 Je m'empresse de remercier les adolescents. Le chef de la bande fait la sourde oreille tandis qu' Isaac et Karen m'adressent un sourire complice. Ils vont se servir une bière dans le frigo et m'en propose même une ! 

Je n'ai que 10 ans, je suis un enfant ! Sont-ils si irresponsables ? Je refuse, ce qui me parait le comportement le plus correct à adopter sachant que je suis mineur. 

Les 3 jeunes s'installent dans le canapé et c'est alors qu'ils commencent une conversation. 

C'est Isaac qui ouvre le bal :

" Alors c'est pour quand la prochaine livraison ? 

- Mais dis pas ça devant lui ! T'es con ou quoi ? Rugit Karen en m'épiant du regard.

- Ça va on n'a rien à craindre ! Pholien est avec nous maintenant, il ne dira rien de nos petits secrets ! N'est-ce pas Pholien ? " Réplique le blond en se tournant vers moi, convaincu.

J'opine docilement de la tête, tel un bon élève. J'observe Oleg qui ne prononce pas un mot mais qui suit la discussion avec attention. 

Son visage reste impassible, c'est comme s'il ne ressentait aucune émotion. Comme s'il possédait un cœur de pierre. 

Je ne sais pas si c'est un rôle qu'il joue ou bien s'il est réellement comme cela. S'ils dupent tout le monde même lui-même, arrivera t-il à trouver un jour la personne qu'il est réellement ? 

Cela doit être difficile de se faire passer pour quelqu'un d'autre sans arrêt. Ne pas assumer qui l'on est juste à cause du regard des autres. 

Le chef de la bande peut bien jouer les dures avec moi ou bien avec tout le monde, j'espère pour lui qu'il est bien sans cœur. 

Si ce n'est pas le cas et qu'il joue les mauvais garçons pour que son image c'est qu'il est tombé bien bas... 

Enfin bref, ce n'est pas à moi de juger leurs actes car au final je suis moi-même dans une situation délicate. Je ne peux que me taire et me faire discret. 

Oleg me dévisage comme s'il tentait de lire dans mes pensées. Je le fixe droit dans les yeux en essayant d'apercevoir ne serait-ce qu'un soupçon de peur ou de tristesse ou de je ne sais quel sentiment.

 Mais rien, il ne bronche pas et se dirige vers ses potes pour leur chuchoter quelque chose à l'oreille.

 Je reste bien à l'écart, pour ne pas qu'on se soucie de ma présence. Même si je sais pertinemment qu'ils parlent de moi en ce moment même.

 Après leur cachotterie que j'ignore en faisant sembler de me fasciner pour le plafond ; Karen s'approche de moi et se baisse pour être à ma taille. Je m'attends à ce qu'il me fasse mal ou, qu'ils aient reconsidéré leur offre et qu'ils me chassent de leur abri. 

Mais non, il ne fait rien de tout cela et pose une main sur mon épaule. Exactement comme me faisait l'agent de police qui m'a annoncé la mort de mes parents. 

Ce qui me paraissait un geste affectueux avec elle, cela ressemble plus à de l'ironie avec l'adolescent. Ou peut-être de la manipulation, je ne sais pas. Ou de la sincérité ce que je doute fort. Je ne sais plus à qui me fier avec toute cette histoire... 

Cependant, je ne me laisse pas impressionner par toutes les pensées qui se bousculent dans ma tête et je me concentre sur ce que le frisé va me dire :

" Faut qu'on file en cours. Il ne faut pas qu'on soit en retard sinon on va encore choper une heure de colle ! Reste sage et attend ici tranquillement, tu as de quoi t'occuper si tu veux et tu as à manger et à boire. Les toilettes sont au fond à droite si tu veux pisser.

- Vous êtes en quelle classe ? Je demande innocemment.

- En terminal. Me répond sèchement Oleg qui perd impatience.

Je lui adresse un sourire que j'espère convaincant, lui montrant que je ne veux pas me fâcher avec lui et que c'est lui le patron. 

Ma liberté dépend de cet personne aux iris bleus glaçants. J'aurais préféré que ce soit Isaac ou Karen qui sont bien plus gentils et respectueux à mon égard mais bon tant pis je vais devoir faire avec. 

De toute façon je n'ai pas le choix. C'est soit ça, soit le foyer. Soit je m'adapte à mon nouveau mode de vie soit je tire un trait sur tout cela et je retourne à ma vie d'avant avec toutes les pensées sombres qui l'accompagne. 

Le brun me scrute comme s'il cherchait à me déchiffrer puis s'en va, suivit des deux autres sur ses talons. J'entends un verrou de clé, des pas qui s'éloignent puis plus rien. Le silence le plus totale s'installe autour de moi. 

N'ayant rien d'autre à faire, je décide d'explorer les environs. Comment cela se fait-il que des lycéens possèdent autant d'objets de valeur ? Comment gagnent-ils autant d'argent ? Ça je n'en sais rien, mais je tarderai bientôt à le découvrir ! 

Vont-ils m'embarquer dans leurs affaires louches ? Probablement ! Quel sera mon rôle ? Serais-je en danger ?

Comment savoir si j'ai fait le bon choix ? Ne serait-ce pas plus raisonnable de sortir d'ici et de trouver une autre solution ? 

Je suis perdu, je ne sais pas quoi faire. Je m'écroule dans le canapé et je réfléchis. Je me suis échappé de mon ancienne vie, tout ce qui me tourmentait, je vais pouvoir l'oublier. 

Je vais pouvoir effacer ces souvenirs douloureux, ces cauchemars que je faisais sans cesse dans mon lit au foyer. 

Je visualisais leurs morts chaque soir, et cela me torturais de me faire toujours le même scénario chaque fois que je fermais les yeux. 

Mon cerveau faisait un blocage, j'ai été traumatisé de perdre mes parents du jour au lendemain ce qui est compréhensible.

 Et à force, pour pouvoir échapper à cette souffrance j'ai commencé à essayer de ne plus dormir. De rester éveillé le plus longtemps possible.

 Chaque soir je faisais des records jusqu'à ce que j'arrive à faire une nuit blanche ce qui pour moi était un véritable exploit ! 

Je m'étais installé une routine qui nuisait à ma santé.

Je le savais mais je continuais quand même pour ne pas penser à eux. Ne pas ressentir l'immense trou qui s'est inscrit en moi et qui me brise le cœur en mille morceaux. 

Dans ce foyer je me sentais seul plus que quiconque et pourtant ce n'était pas le cas. Tous les pensionnaires étaient dans la même situation que moi et n'avaient pas de famille. 

Mais cette solitude me pesait énormément. Mon mode de vie, le fait d'être enfermé entre ses murs et de ne pouvoir sortir que pour aller à l'école ; tout cela m'agaçait.

 Et j'ai perdu pied en m'échappant de là-bas, j'aurais bien pu mourir mais cela m'importait peu. Je voulais les rejoindre. 

Mais miraculeusement, j'ai survécu. Et je suis toujours en vie, alors qu'eux n'ont pas eu cette chance. 

Je me dois de les honorer et de vivre ma vie à fond. Et c'est ce que je compte faire. 

Maintenant que j'ai ma liberté, je vais pourvoir envisager les choses sous un nouvel angle. 

Je suis peut-être seul ici, mais cette solitude est différente de celle que je ressentais autrefois. J'ai le sentiment que celle-ci est presque apaisante. 

Elle me réconforte dans un sens. 

Et même si je ne sais pas ce que me réservent ces lycéens, je vais tâcher de faire en sorte de reprendre les reines en main, de retrouver le contrôle de ma vie. Pour que mes parents soient fiers de moi. 

Eux qui sont là-haut représentaient ce que j'avais de plus beaux. Il ne faut plus que ce soit un fardeau mais un cadeau. 

Un signe du ciel qui me fait comprendre que j'ai ma place dans ce monde et que je la trouverais qu'importe les obstacles que je devrais surmonter. 

J'y arriverai car c'est eux qui me donnent de la force pour avancer...

***

Voilà le 10ème chapitre !

Alors quels sont vos avis là-dessus ? Je suis curieuse de les connaître mdr

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