- Dans quelques mois je ne serai plus là. 

Ce sont les mots que j'ai prononcé juste avant que tout dérape. Je me suis perdu dans son regard. Il ne disait rien. Il n'y avait rien à dire. Que peut-on dire à quelqu'un dont les jours sont comptés ? Rien. C'est comme ça. 

Foutue maladie. 

Nous sommes restés de longues minutes sans un mot, sans un geste. La tempête était de plus en plus forte au dehors. Mais nous n'entendions rien. Enfin, moi je n'entendais plus rien. Je réalisais la bombe que je venais de lâcher à celui que j'aime depuis des années. J'avais peur de sa réaction. Encore plus de sa non réaction. Et puis, il y a eu ce déclic. Il m'a pris le cou pour me plaquer contre le mur. J'ai commencé à manquer d'air. Il n'a pas relâché la pression immédiatement. D'un seul coup, il s'est emparé de mes lèvres. J'étais surpris, du moins au début. Je ne m'attendais pas à cette réaction. Il était comme possédé. Comme si une sorte d'animal l'habitait. Il eut envie de moi. Follement. Il m'a déshabillé sauvagement. C'était étrange mais j'ai aimé ça. Il a entré son sexe en moi d'un seul coup sans m'y préparer pour ensuite accélérer son rythme effréné. À un moment il a ralenti la cadence en déposant un doux baiser dans mon cou. Ça m'a valu un énorme frisson. Comme l'un de ceux que j'éprouvais parfois en sa présence. J'ai eu l'impression de retrouver Tintin cette nuit-là. Mais je ne dirais pas que nous avons fait l'amour. Je qualifierais cette nuit comme étant celle où mon taiseux m'a baisé comme une bête. Une bête qui savait y faire. Je n'avais pas joui comme ça depuis des années. Depuis lui en fait. Je ne sais pas d'où lui est venu cette soudaine rage bestiale mais je dois avouer qu'il me tarde de recommencer. Enfin si cela arrive de nouveau... 

Nous sommes restés dans la cave toute la nuit. Heureusement, il restait de vieux matelas avec des couvertures qui nous ont servi pour dormir. Martin est resté silencieux. Par moment il sursautait dès que le tonnerre se faisait entendre. Nous nous sommes allongés l'un contre l'autre. Je ne crois pas qu'il est beaucoup dormi. Moi non plus d'ailleurs. Trop de choses se bousculaient dans ma tête. Beaucoup trop de questions sans réponse. Pourquoi la seule réponse de Martin à l'annonce de ma maladie a été sexuelle ? Pourquoi avait-il couché avec moi s'il avait besoin de temps ? M'aimait-il encore ? Qui était la femme sur la photo avec mon père ? Je sentais que j'avais mis le doigt sur un vieux secret bien gardé. Je n'avais qu'une hâte : sortir de la cave et demander des explications à ma mère. Et surtout la principale préoccupation de cette nuit-là : qui était ce Josh à qui mon taiseux avait donné rendez-vous ? Je n'allais pas tarder à le savoir. 

Au petit matin, ma mère avec l'aide de quelques fermiers alentours, sont venus nous libérer. La tempête était passée. Le soleil resplendissait. Comme si rien n'avait eu lieu. Nous étions frigorifiés. Martin grelottait. Une fois à l'intérieur, il se cala près du feu. Aucune parole. Je retrouvais bien là mon taiseux. Dès qu'il m'aperçut, mon petit ange me sauta dans les bras. Il avait les yeux tout bouffis. Il sentait encore le dodo. Je suis resté avec lui toute la matinée devant les dessins animés. Cela me faisait du bien de lui faire des papouilles dans les cheveux et de ne penser à rien. Je n'étais pas assez en forme pour tenir la moindre conversation avec qui que ce soit. De toute façon, ma mère était repartie travailler après nous avoir sortis de la cave. Et ma petite sœur restait dans son lit à raconter sa nuit horrible à toutes ses copines au téléphone. Au fond de moi, j'attendais avec impatience le moment où j'allais enfin découvrir qui se cachait derrière le fameux Josh.  

Cela faisait déjà une demie-heure que je m'étais installé au fond du Starbuck rue Rivoli. Martin s'était posé tranquillement en terrasse à la vue de tous. Il ne savait pas que j'étais là tout près à l'observer. Tout comme lui, j'attendais l'arrivée de ce Josh. Après le repas du midi, j'ai prétexté un rendez-vous médical pour pouvoir m'échapper plus tôt et surtout arriver avant Martin. Quelques minutes plus tard, je vis Martin lever le bras en direction d'un homme sur le trottoir d'en face. Ce devait être lui... Josh. L'homme traversa et plus il approchait plus ses traits me semblaient familiers. Ce n'est qu'après quelques instants que je le reconnus. Josh était un diminutif. Il s'appelait en réalité Joshua. Joshua Ardouin. Une des dernières affaires de mon père du temps où il était juge pour enfants avant de passer sénateur. Elle avait fait beaucoup de bruits. En même temps, un gamin de douze ans qui se retrouve incarcéré pour vol à mains armés et séquestration dans le collège où il étudiait, ça ne passe pas inaperçu. C'est d'ailleurs grâce à cette affaire que mon père eut beaucoup plus de visibilité. 

Martin ne souriait pas. Joshua non plus. L'idée saugrenue de leur liaison disparut aussitôt. Joshua semblait nerveux et à cran. Martin n'arrêtait pas de se triturer les pouces. Il ne leur fallu pas longtemps avant de bouger. J'ai essayé de les suivre mais je n'avais pas été assez rapide. 

Pour l'heure, j'ère dans les rues de Paris à la recherche de Martin. Je me demande où est-ce qu'ils sont passés. Je décide de retourner sur mes pas. J'entends une femme crier à l'aide. Je tourne la tête en sa direction. 

Un homme me bouscule légèrement. 

Je crois reconnaître Josh. Seul. Mon sang ne fait qu'un tour. À quelques mètres de là, un petit groupe de passants s'est formé. Je me fraie un passage pour voir ce qu'il se passe. Martin est allongé au sol. Inconscient. Du sang s'écoule le long de son front. 

J'ai envie de hurler. 

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Que s'est-il passé ? Je parie que vous aussi vous vous posez la question... 

J'espère que l'attente de ce chapitre n'aura pas été trop longue... Le suivant arrive vendredi et il sera du point de vue de Martin. Comme dans le 2e tome le titre du chapitre sera en anglais donc forcément du pdv de Martin ^^

Sacha revient chaque mardi et vendredi ! 

Belle nuit à ceux qui ne dorment pas ! Et belle journée pour les autres ! 

À vendredi ^^