Je me réveille en sursaut. 

Martin s'est aussi endormi devant la comédie romantique à la con. 

Je suis en sueur. Et non pas à cause de ce que l'on a fait à bord de l'avion tout à l'heure. Mais à cause du texto que j'ai reçu avant décoller. 

Après cinq années de silence, je sais enfin la vérité. 

Sans le vouloir, je me suis refait le film de comment tout ça est arrivé. De comment j'ai été contaminé.  

*

- On dirait que les plombs ont sauté...

- On devrait en profiter pour aller se coucher !

- Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu me fais tes yeux ronds Sacha ? 

- Mec, arrêtes d'agiter ton pénis devant moi !

- Pourquoi ça t'excite ?

- Arrêtes... j'ai envie de toi...

Le temps d'un instant, nos regards se croisent. Il semble être en plein combat avec lui-même. Lui aussi doit surement se dire qu'il ne faut pas, qu'on le regrettera. Mais l'envie est là. Ardente. Succombante. Enflammée. 

Il écarte les yeux. Ses pupilles se dilatent encore plus. Brutalement, ses mains agrippent mon cou. Je me retrouve plaqué sur le dos. Il prend le dessus. 

Il se jette sur moi comme une bête en rut. Je sens tout son corps sur moi. Il s'empare de mes lèvres avec force. Je savoure son érection contre la mienne. Le temps semble s'arrêter. 

D'un coup sec, il retire ma ceinture, descend ma braguette. Il embrasse mon sexe à travers le tissu. Il n'ose pas me regarder dans les yeux. Nous savons tous les deux ce qu'il va faire. Nous allons franchir un cap. Tout doucement, il me débarrasse de mon pantalon. Il fait durer le plaisir. Comme s'il savait exactement comment me rendre dingue. Tout mes sens sont en émois. La bosse de mon boxer n'a jamais été aussi grande. Ou du moins, je ne l'ai jamais constaté. Cela devient presque douloureux. Heureusement, il doit lire dans mes pensées puisqu'il libère mon sexe pour le prendre en main. Je crois atteindre le septième ciel. Mais c'était certainement le sixième avec ce qu'il vient de faire. Je gémis de plaisir. Je me pince même les lèvres pour ne pas crier tellement c'est divin. Je suis sur le point de jouir.

Et soudainement. Mais très très soudainement. Une soudaineté rare dans l'histoire de la soudaineté. Je me retrouve sur le dos les quatre fers en l'air. J'hurle de douleur. Il m'encule. Je suis projeté en dehors du lit par la douleur. Mon corps entier a fait une sortie de lit, entièrement. Mon corps lui-même a fait un rejet de sa bite. Je suis parti comme une grenouille en réflexe. Ma tête vient de s'encastrer dans un coin de la pièce. Je me retrouve tout nu, ratatiné dans un coin de la pièce sur le plancher. Il se rapproche de moi tel un animal se rapprochant de sa proie. Je n'ai pas le temps de lui dire stop, minute de silence, mon anus est décédé. Il me rattrape par les jambes, me tire et me ré-encule. La douleur s'estompe. L'orgasme prend place. La rigidité du sol nous importe peu. 

Nous jouissons à l'unisson.

Les lumières se rallument. 

- J'ai adoré.

- Moi aussi putain. Mais ça ne doit pas se reproduire.

- Te prends pas la tête, je ne vais pas tomber amoureux de toi. Nous sommes juste deux amis consentants qui ont pris leur pied ensemble c'est tout. 

- J'aime ta façon de penser. Nous nous en souviendrons de cette coupure de courant... 

*

Tommy . . . 

C'est lui qui m'a refilé sa merde. C'est à cause de lui que j'ai ce foutu Sida. C'est de sa faute à lui si je ne verrais jamais mon fils grandir. Il a gâché ma vie. 

Il me l'a dit dans un simple sms au pire des moments : les plus beaux jours de ma vie. 

" Je ne vais pas m'éterniser, c'est la dernière fois que tu entends parler de moi. Je me suis enfui de ton mariage une fois avoir appris que tes jours étaient comptés. J'étais bouleversé. Je t'ai vu si heureux que je n'ai pas eu le courage de gâcher ta journée alors je préfère agir en lâche et soulager ma conscience de cette façon. Quelques jours avant notre escapade à Londres, j'ai effectué un test VIH. J'ai reçu les résultats qu'à notre retour. J'étais positif. Mais contrairement à toi, je m'en suis sorti. Je n'ai aucune excuse, j'aurais du te prévenir. J'ai souvent hésité mais avec tout ce que tu traversais je me disais que le moment était mal choisi. Et puis le temps a passé, je me suis ensuite dit que je ne t'avais rien refilé. Mais à en croire le récit que ma fait ta petite sœur avant la cérémonie, je sais qu'après moi et Martin il n'y a eu personne d'autre. Bref, tu as compris et tu as le droit de me détester. Nous sommes deux. Je suis désolé. Tommy. "

Je sens que je vais craquer. Heureusement qu'il n'a pas eu les couilles de me le dire en face. Je l'aurais tué. S'il m'avait prévenu au bon moment, je n'aurais peut-être pas cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête à l'heure qu'il est. 

Je ressens une chaleur sur ma main. Martin vient de poser la sienne dessus. 

- Ça va bébé ? Tu n'as pas l'air bien ? Tu as besoin de quelque chose ? 

Je dois lui dire. Je ne peux pas garder ça pour moi. C'est beaucoup trop grave. Mais comment avouer à celui que je viens d'épouser que je l'ai trompé lorsque j'ai voulu le reconquérir et que c'est cette même nuit qui va bientôt me coûter la vie ? Je ne réfléchis pas et me lance. Au fur et à mesure que ma langue se délie, je vois le visage de mon taiseux se fermer. La main qui se voulait rassurant il y a encore quelques instants s'est retirée pour rejoindre sa jumelle. Il m'en veut, je sais qu'il m'en veut. J'ai l'impression qu'il va exploser. Je conclus mon récit. 

- ... je suis désolé. 

Son regard s'est assombri. Je viens de briser quelque chose en lui.

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Je vous l'avais promis, un nouveau chapitre est sorti. Certes assez court mais essentiel pour la suite... 

Je vous laisse à vos avis qu'il me tarde toujours de connaître et vous dis à bientôt ! 

Bon weekend à vous ! 

La bise <3