Chapitre 15 - Life is going on

Je n'ai pas envie de me lever ce matin. Le rhum d'hier soir me tape encore la tête. Ça m'a fait du bien ce petit feu de camp en pleine nuit mais ça m'a aussi fait repenser au jour le plus horrible de ma vie. Plus horrible encore que celui où j'ai perdu mon frère. Le jour où j'ai perdu l'amour de ma vie. 

Je n'ai envie de rien ce matin. Il y a un an jour pour jour nous arrivions ici avec Sacha. Tout allait si bien. Jusqu'au moment du départ où tout a basculé. 

Quinze jours. 

C'est le temps qu'il lui aura fallu pour quitter définitivement ma vie. 

Quinze jours. 

Le temps qu'il m'avait fallu pour entrer dans la sienne. 

C'était il y a un an. Je m'en souviens comme si c'était hier. En sortant de l'avion, nous nous tenions la main tels deux amoureux transis. En même temps, avec les événements récents, on ne pouvait que rayonner de bonheur lui et moi. Pendant tout notre séjour, nous étions comme au paradis. Rien ni personne ne pouvait nous enlever le sourire niais qui nous collait au visage. Ensemble et amoureux, c'est tout ce qui nous importait. Il faisait chaud, très chaud. Nous n'avions qu'une hâte : sauter dans l'eau. À peine nous avions déposé nos bagages que nous nous sommes retrouvés en maillots prêts à piquer une tête. Mais c'était sans compter notre guide accompagnateur et son conjoint. Ils nous ont rhabillé fissa pour nous emmener au spa qu'ils avaient réservé. Bon, c'était très agréable aussi. Grâce à eux, nous nous sommes laissés porter tout le séjour. 

La lumière m'éblouit. 

- Allez gamin lève-toi ! On s'en va dans vingt-deux minutes ! 

Je grogne. Je ne veux pas bouger d'ici. Je referme les yeux. De l'air frais me frappe le visage. Il a ouvert la fenêtre. Il semble décidé à me faire chier aujourd'hui. Je me lève d'un bond en ignorant son petit sermon et m'enferme dans la salle de bain. Je m'appuie contre le lavabo. Ma tête me lance des milliers de coups de marteau. Je regarde l'heure. 5h38. J'ai à peine dormi trois heures. Je souffle en me passant de l'eau froide sur le visage. En me regardant dans le miroir, je ne vois qu'un type barbu au teint livide sans expression. Je suis une merde. Voilà ce que je suis. Un an qu'il est parti et je ne suis toujours pas foutu de reprendre en mains ma vie. C'est pathétique. Il faut que je me rende à l'évidence, je dois avancer sans lui. 

Une fois sorti de la douche, je prends mon rasoir. Une petite étape pour aller mieux il paraît. Je me sens plus léger. Même si ma peine est toujours là bien en moi. Je sais qu'un jour je n'y penserai plus, je serai de nouveau heureux. Une fois préparé, je sors dehors rejoindre Daniel qui m'attend avec le taxi. Aujourd'hui, il a décidé que nous irions faire une sortie en mer. 

La dernière fois que j'ai pris le bateau c'était avec lui. Pour l'emmener là où il avait décidé de me dire adieu. Le trajet en taxi se fait dans le silence absolu. Sur le bateau, nous n'étions pas les seuls à avoir eu cette idée saugrenue. Deux filles, la vingtaine je dirais, sont avec nous. L'une d'entre elles, la rouquine, semble affreusement triste. J'ai l'impression de me voir à travers elle. J'entends sa copine la blondinette essayer de la réconforter. Elle ne semble pas très réceptive. Je me demande ce qu'il lui est arrivée pour sembler si désespérée. 

La traversée dure environ une heure. C'est un endroit peu fréquenté des touristes. L'endroit parfait pour des amoureux en quête d'intimité romantique. Pour Sacha et moi, ce fut différent. Intime et romantique oui. Mais aussi bouleversant. Voilà comment je me souviens de cette île : un bouleversement. Je décide de me mettre à l'arrière du bateau. J'ai besoin de tranquillité. Trop penser à Sacha me fait pleurer. Il me manque. Terriblement. Heureusement pour moi, le soleil n'est pas encore tout à fait levé. Il est difficile de remarquer mes yeux embués. J'essaie de chasser mes idées noires. Je m'accoude à la rambarde de sécurité. Avec pour unique vue rien que l'océan. C'est apaisant. Je sens quelqu'un s'accouder à côté de moi. C'est la blondinette. Je me permets de lui demander si tout va bien. Elle commence à m'expliquer que son ami la rouquine a perdu l'homme de sa vie il y a trois ans dans un accident de voitures et que depuis elle n'a plus goût à rien. Elle avait organisé ce voyage pour lui remonter le morale mais rien n'y fait. Elle attend. Quoi, qui, elle ne sait pas. Tout ce dont elle est sûre est d'attendre. 

- Tu lui as déjà conseillé d'arrêter d'attendre ? je lui demande bêtement.

Elle me regarde perplexe puis semble se perdre dans ses pensées un instant. 

- Mais oui ! C'est une bonne idée ça ! Depuis trois ans je lui dis qu'il faut faire face à la douleur. Mais il est plus que temps d'avancer. Merci pour le conseil l'ami. Oh et si je peux me permettre, je ne connais pas ton histoire mais j'ai le sentiment que toi aussi tu devrais arrêter d'attendre... 

C'est à mon tour de la regarder perplexe. Elle a raison. 

Un peu avant d'arriver à destination, j'entends la blondinette suivre mon conseil. Il semblerait que la rouquine soit disposée à l'écouter cette fois. Je souris. 

- Arrête d'attendre Vendredi. Arrête d'attendre l'été ou que quelqu'un tombe amoureux de toi. C'est ok de ne pas forcément aller bien tout le temps. C'est ok d'être parfois triste. C'est normal qu'il n'y ait pas que des jours ensoleillés. Tu sais, je suis souvent surpris parce que je me rends compte que les gens sont tout le temps en train de se plaindre des mauvaises choses de la vie et pourtant ils adorent les orages. On adore les jours de pluie en été. On adore.. les grands coups de vent en pleine canicule. Pourquoi on n'accepte pas que "ok j'ai loupé mon bus ce matin ou j'ai oublié de faire mes devoirs à temps, que j'ai la flemme d'aller bosser et que j'ai peur de La Réunion qui m'attend." Mais tout ça, ça fait parti de la vie. Mais je crois que le bonheur il arrive uniquement quand on comprend que ce n'est pas à l'attendre qu'on l'obtient. Non. On commence à être un peu heureux quand on profite de l'instant présent même si c'est la merde. Alors arrête d'attendre vendredi. 

Je ne suis peut être pas heureux mais je me dis que je ne peux qu'aller mieux. C'est ce que je lui ai promis. Pour lui. 

Pour Sacha. 


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Bon je sais ce petit bond dans le temps peut être perturbant.. Mais nécessaire croyez-moi ! Je suis là pour répondre à toutes vos questions (enfin non pas celles concernant la suite xD)

Sinon que pensez-vous de ce chapitre ? De ces quinze premiers chapitres ? De l'histoire en générale ? Dites-moi tout, je veux tout savoir ! Ça m'aide beaucoup pour m'améliorer car je ne suis pas un écrivain parfait ^^

Ah oui et j'ai une question : connaitriez-vous des éditeurs ? Si oui, venez me voir en privé, j'ai à vous parler ^-^

Rassurez-vous VENDREDI on retrouve Martin, Sacha, Vaïna et Noam au Château de Versailles...

Bonne semaine à vous ! 


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