Chapitre 13 - Tout va bien

Il va devoir enfiler une cagoule noire...

Je viens à peine de réaliser ce qu'il vient de sortir comme connerie qu'il essaie déjà de se lever du lit. 

- Attends Martin, tu n'es pas en état ! 

- Je n'ai pas le choix ! Tu vois une autre solution toi ? 

Je baisse la tête. Bien sûr que je vois une autre solution mais il ne sera jamais d'accord. Je pourrais très bien lui avancer la somme avec les économies de ma mère grâce au divorce. Il ne voudra jamais. 

- Non, c'est hors de question. N'y pense même pas Sacha. 

J'ai du penser trop fort. 

- Alors quoi ? Tu comptes vraiment faire un casse alors que tu n'es même pas rétabli ? 

Son téléphone sonne. Le temps s'arrête une seconde. C'est Josh. Martin se rassoit. Je fais non de la tête. Il se mord la lèvre. Il ne va pas m'écouter. 

- Oui ? 

J'en étais sur. Je lui chuchote de mettre le haut parleur. Quitte à ne pas l'aider autant que je sois au courant de tout si ça tourne mal. 

- T'as l'argent ? 

- Non. Je t'ai dit qu'il allait me falloir quelques jours. 

- Je n'ai pas ton temps moi frérot ! Tu m'en dois une. Bon t'es où là ? 

Je n'aime pas du tout le ton qu'il emploi. La mine inquiète, je me demande comment va se finir cette conversation. 

- Je suis à l'hôpital. Tu sais à cause du type qui m'en a foutu une ce midi ! 

- Oh ça va calme-toi, t'es en tort je te signale. Si t'avais dit oui de suite, je ne me serais pas énervé contre toi. 

- Oui bah j'ai failli y passer moi. 

- J'y ai été aussi fort que ça ? 

- D'après les médecins ouais. 

- Excuses-moi alors. Tu tiens debout ? 

- Oui pourquoi ? 

- Parfait. Il nous manquait un gars pour faire diversion à l'entrée. 

- Faire diversion ? Mais vous êtes combien déjà ? 

- Une petite dizaine. Je t'expliquerai sur place mais moins tu en sais mieux c'est. Rendez-vous demain huit heures devant les grilles du château de Versailles. 

J'écarquille les yeux en même temps que Martin. Comme moi, je pense qu'il ne s'attendait pas à un tel casse. Le Château de Versailles ce n'est pas rien. Josh vient de raccrocher. Ce doit être l'un des bâtiments les plus surveillés du pays. C'est perdu d'avance.

- J'ai fait un rêve étrange tout à l'heure... 

Il marque une pause.  

- Bah raconte, il se passait quoi dans ton rêve ? 

Ses yeux brillent de tristesse. Je m'assois à ses côtés. Il semble vraiment perturbé. 

- Nous étions sur les quais de Seine seulement toi et moi. Le soleil se couchait, il faisait doux. Tu étais silencieux. Pensif. Et moi je poussais innocemment ton fauteuil roulant. 

- Mon fauteuil roulant ?

- Oui... Je t'avais mis une couverture pour que tu n'ait pas froid. C'était l'un des rares jours où tu acceptais de sortir prendre l'air. J'étais si heureux. Tu m'avais dit que tu voulais absolument voir le coucher de soleil sur les bords de Seine. Tu voulais sentir sur toi les derniers rayons. Je t'ai habillé chaudement. Je suis allé voir le médecin pour avoir son autorisation de sortie. J'avais même pris le temps d'allumer le chauffage pour que tu sois bien à notre retour. Sur le chemin tu avais beaucoup toussé mais dès que la Seine apparut dans ton champ de vision ta toux inquiétante se calma. Tu étais si calme, si apaisé. Cela faisait quelques jours que tu avais arrêté de parler. Le médecin m'avait prévenu que c'était bientôt la fin. Je profitais de chaque instant avec toi même si tu n'étais pas toujours présent. À un moment donné de la promenade, au crépuscule, tu m'as juste dit merci tout en faisant rouler une larme sur ta joue. Puis avec ta main droite tu as pointé de ton index le soleil et au moment de sa disparition tu as claqué des doigts. Je t'ai pris dans mes bras mais ... tu n'étais déjà plus là. Ton claquement de doigts...

Il se met soudain à sangloter.  

- Hey petit chat, je suis encore là. Je ne suis pas mort ok. 

- Oui mais... ce rêve, nos retrouvailles, ta maladie, la tempête, ça fait beaucoup pour moi. Je me rends compte que je tiens énormément à toi. Quand je me suis réveillé tout à l'heure tu étais là à côté de moi bien vivant. Et j'ai réalisé que j'allais te perdre bientôt. Et ça tu vois je ne le supporte pas. Je ne veux pas te perdre Sacha. 

Je n'ai pas les mots. J'aimerais lui dire que ça ira, qu'il ne me perdra pas mais c'est impossible. C'est une bataille perdue d'avance. Je vais mourir. Rien ni personne ne pourra changer ça. J'ai été diagnostiqué beaucoup trop tard... On ne peut plus rien faire. Mis à part attendre. Attendre de mourir. Attendre un miracle qui ne viendra pas. Je n'ai pas la force de le contredire car il a raison. Je crois que c'est le moment d'affronter la triste réalité. Je dois nous y préparer. 

- Petit chat... c'est trop tard pour moi. Le sida a gagné. 

- Mais il existe des traitements maintenant, je ne comprends pas pourquoi tu n'y as pas droit... 

- Oui il en existe mais au stade où j'en suis de la maladie, cela me fera gagner seulement des mois ou un an tout au plus. Je ne veux pas passer mes derniers jours allité. Je veux profiter à fond de chaque jour, de chaque heure, de chaque minute, de chaque seconde qu'il me reste. Je veux rester moi. Jusqu'à la fin. 

- C'est injuste... 

Je le prends dans mes bras. 

- Bien sur que c'est injuste. Mais c'est comme ça. Le jour où ça arrivera, je veux que ce soit une putain de belle journée. Tu sais comme l'une de celles que l'on a passé l'année où l'on s'est follement aimés. Tout ce que je souhaite c'est être heureux avec toi jusqu'à la fin. La dernière image que je veux avoir de cette vie c'est toi, nous, notre amour. Mais je veux que tu me promettes qu'après mon claquement de doigts tu continueras de vivre. 

- Je ne peux pas te promettre ça Sacha... 

- S'il-te-plaît Tintin... promets-le moi... J'en ai besoin pour partir en paix. Je t'en supplie, promets-le... 

C'est à mon tour de craquer. Je me mets à sa place et je sais bien au fond que c'est impossible. Il est l'amour de ma vie. Jamais je ne pourrais refaire ma vie, continuer de sourire, rire, chanter, si je devais le perdre... 

Il ne me répond pas. Perdu dans ses pensées noyées. 

Ça toque à la porte. 

Il se lève pour l'ouvrir. 

- Vava ? No ? Mais qu'est-ce que vous faites là ? 


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Je n'ai rien à ajouter si ce n'est de vous souhaiter une belle soirée pluvieuse ^^

La suite VENDREDI ! 

Bye ^^

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