Chap 6, Part 2 : Keedan


Saan ne bougeait pas, mais ses sourcils étaient froncés dans son sommeil et son petit corps paraissait tendu sous la protection de tissu. Keedan savait que son ami avait raison. Quand il la regardait, une légère brise semblait le pousser vers elle. Lorsque ses grands yeux gris se posaient sur lui, il se sentait littéralement fondre sous la chaleur qu'ils dégageaient. A la façon d'une attraction puissante, naturelle et inévitable, il se sentait comme forcé à rester auprès d'elle.

C'est pourquoi il s'était aussitôt éloigné quand ses compagnons avaient soumis l'idée qu'elle reste une nuit. Il avait eu besoin de prendre l'air, de se rafraîchir les idées. Et sitôt avait-elle disparu de son champ de vision qu'il s'était senti libre avec les idées claires. Cependant qu'une envie pressante lui intimait de faire demi tour pour la surveiller. Il avait ainsi combattu son instinct et s'était contraint à rester à l'écart.

Pour mieux réfléchir.

Il en était revenu avec une détermination nouvelle, qui lui intimait d'éloigner cette fille au plus vite car elle ne lui apporterait que des ennuis. Il avait pris peur de ce qu'elle provoquait chez lui.

Et il avait eu davantage peur encore lorsque Ro'oger lui avait fait part de leur ressenti à tous. C'est pourquoi il avait été si pressé de partir. Il avait peu dormi, pourtant il se sentait en pleine forme. Et quelque chose lui disait que la jeune fille n'y était pas pour rien.

-Vous savez ce qu'elles vont me faire, quand nous y seront ?

La voix de la jeune fille ramena le Guerrier au présent. Il marmonna. Elle se tourna sur sa selle pour le toiser. Mais outre de la provocation, Keedan vit de l'incertitude briller dans son regard. Et cette fois-ci, il en était certain.

Quelque chose inquiétait cette petite. Elle n'aurait pas dû avoir peur d'une simple remontrance. Mais qu'y connaissait-il, lui, à la Caste de Il'lis ?

Il ne répondit pas. Se contenta d'attendre qu'elle poursuive. Mais il ne voulait pas savoir. Bizarrement, il avait beau ignorer ce qu'elle allait lui dire, il sentait que s'il l'apprenait, il se sentirait entièrement responsable.

Saan tira sur ses rênes, et sa monture fit halte.

-Ils vont m'exorciser, fit-elle du ton le plus neutre dont elle était capable.

Keedan vit que sa respiration s'était accélérée. Il contracta les mâchoires.

-Ne soit pas ridicule. Aller, avance, ordonna-t-il.

-Vous n'en savez rien : mais moi je sais. Il est interdit de quitter notre Caste. Nous y grandissons, nous y mourrons. J'y suis née. Personne ne s'éloigne de la voix d'Il'lis. Personne ne le souhaite. Je l'ai souhaité. C'est anormal. Elles vont croire que je suis possédée. Et elles vont extraire le démon - qu'elles croient – qui me contrôle.

Keedan eu un sourire sauvage et lui offrit son regard le plus froid.

-Je me moque bien de ce qu'il risque de t'arriver. Je doute que les sœurs soient cruelles. Maintenant, avance.

Il la vit déglutir, baisser un instant les yeux avant de se détourner. Il vit ses épaules crispées, et il se demanda si elle disait réellement la vérité. Etait-il possible que le Couvent fonctionne de cette façon ? Et si oui, que représentait un exorcisme ? Il n'avait jamais eu l'occasion d'en voir un, et les commérages n'expliquaient pas grand chose.

Le reste du trajet se déroula sans qu'ils n'échangent un seul mot. Keedan tentait de comprendre de quelle façon la jeune fille se dirigeait, mais il ne parvenait pas à voir comment elle s'y prenait. Elle ne semblait pas s'appuyer ni sur des détails ni sur des signes de végétation. Au contraire, elle gardait le dos et la nuque raides et le regard droit devant.

Parfois, elle tournait légèrement vers la gauche ou la droite, et Keedan constatait ensuite qu'elle leur avait fait contourner une zone de ronce impraticable invisible au premier abord.

Ils franchirent un ruisseau, puis un second avant de trouver un sentier. Il était persuadé de ne pas avoir emprunté ce chemin avec ses compagnons. Seul, il se serait déjà perdu depuis longtemps. Mais la jeune fille savait visiblement où aller.

Finalement, la curiosité l'emportant sur son humeur maussade. Il s'éclaircit la gorge.

-Tu connais le chemin par cœur ? Je croyais que les Sœurs ne quittaient jamais le couvent.

La jeune fille ne répondit pas de suite. Elle lui jeta un petit regard par dessus son épaule et pris un temps de réflexion, comme si elle cherchait ses mots. Alors qu'il pensait qu'elle ne répondrait jamais, elle fini par soupirer doucement avant d'avouer :

-Nous sortons très peu, il est vrai. Je ne connais pas le chemin que nous empruntons, mais la Déesse Il'lis guide mes pas.

Keedan haussa un sourcil. Il n'était pas spécialement un non croyant, mais n'était pas non plus croyant. Il connaissait vaguement l'histoire de la Création et de la Déesse, mais les guerriers ne comptaient que très peu sur les dieux pour guider leurs combats. Ceci dit, il lui arrivait régulièrement de prier Arshil ou Ashilith'on, les gardiens de la Déesse, pour survivre à une bataille.

Malgré tout, entendre cette fille parler d'être guidée par Il'lis elle-même le mettait mal à l'aise. Il perdit même aussitôt confiance en sa capacité à pouvoir les guider jusqu'au Couvent. Qui pouvait lui assurer qu'elle n'était pas juste folle, ou qu'elle le tournait en bourrique ? Peut-être avait-elle abusé de sa confiance pour gagner du temps, le perdre, passer ensuite un marché pour qu'elle le ramène à ses compagnons ? Il ne connaissait rien d'elle. Autant elle paraissait inoffensive ; autant elle pouvait être capable de lui faire du chantage.

Grommelant, Keedan talonna légèrement sa monture qui fit un bon en avant pour se retrouver au niveau de l'énorme hongre pie noir. Il s'empara ensuite des rênes de la jeune fille, qui eu une exclamation de surprise.

-Qu'est-ce qui vous prend ?! s'insurgea-t-elle, plus par frayeur que par humeur.

-On fait demi-tour, gronda-t-il. Il n'est pas question que tu m'abuses. Qui me dit que tu ne me mens pas ?

La jeune fille le regarda avec des yeux écarquillés. Il savait pourquoi elle paraissait aussi terrorisé. Il connaissait l'effet qu'il était capable de provoquer chez des gens qui ne le connaissait pas lorsqu'il prenait son apparence de guerrier insensible et inexpressif. Il savait la terreur qu'il pouvait créer chez des personnes fragiles ou sensible.
 Son regard dur, parfois de tueur, en avait effrayé plus d'un.

Et des guerriers autrement plus costaud qu'elle.

Il lâcha ensuite leurs deux chevaux, saisit la jeune fille sous les aisselles et la tira sur son étalon. Elle poussa un cri, se prit le pied dans son étrier et se retrouva allongée devant le guerrier, en sac à patate sur sa selle. Il la tira un peu pour décrocher sa cheville avant d'attraper ses rênes, prêt à faire demi tour.

Mais la jeune fille s'exclama en montrant du doigt la forêt devant eux.

- Arrêtez, nous y sommes !

Keedan regarda dans la direction qu'elle indiquait ; effectivement, a plusieurs mètres devant eux il constata une trouée dans les arbres, comme si la forêt s'interrompait brusquement. Il plissa les yeux, attrapa la Soeur par le col de sa tunique et la redressa avec la seule force de son bras. Elle fit le reste du travail en passant une de ses jambes de l'autre côté du flanc de l'animal et se redressa, haletante. Elle foudroya du regard le guerrier, toute trace de peur ayant laissé place à la colère.

-J'apprécierai que vous arrêtiez de me bringuebaler dans tous les sens à l'avenir, siffla-t-elle. Je vais être couverte de bleus.

Keedan lui retourna son regard, implacable.

-C'est bien pour ça que tu n'as rien à faire avec nous.

Il la saisit sous la poitrine et l'écrasa sans ménagement contre son torse puissant. L'air quitta les poumons de la jeune fille et elle eut soudain du mal à respirer. Le guerrier provoqua une traction, serrant les côtes de la jeune fille avec son avant bras protégé par du cuir comme les archers. La Sœur se mit à grincer des dents, le souffle coupé.

Keedan se pencha sur son oreille et murmura sur un ton à la fois menaçant :

-Je pourrais te briser les cotes avec un seul bras. Tu ne peux pas te défaire de mon emprise, comment penses tu avoir ta place parmi nous ?

Il la senti frissonner dans ses bras. Un sentiment d'écœurement le pris, mais il n'interrompit pas sa démonstration de force pour autant. Il voulait lui faire comprendre. Et peu importe s'il passait pour un homme brutal et sans cœur.
 Il se ferma à tout sentiments inutiles.

La jeune fille lui donna brusquement un coup de coude. Malgré le fait qu'il le sentit passer – davantage parce qu'elle avait le coude pointu que parce qu'elle y mit de la force – il ne desserra pas sa prise. Il utilisa son second bras pour enfermer ceux de la jeune fille, bloquant ses tentatives d'attaque, puis augmenta la pression sur son buste.
Il eu un rictus moqueur.

L'instant d'après, la Sœur tournait la tête et se tendait, dents en avant, pour mordre sauvagement la base de son cou. Le guerrier gronda, s'empara de la nuque de sa prisonnière avec le pouce et l'index sous sa mâchoire, l'emprisonnant ainsi totalement. La morsure qu'elle lui avait infligé palpita et il se demanda si elle ne l'avait pas fait saigner. 

-Bon, ça suffit, grogna-t-il.

Elle était totalement immobilisée et il avait tellement serré ses prises qu'elle hoquetait entre ses bras. Il relâcha doucement la pression qu'il avait imposé à sa gorge et à sa cage thoracique. Elle s'affala dans ses bras comme une poupée de chiffon.

 Il n'avait pas réalisé qu'il avait mis davantage de force qu'il ne le pensait. Il n'était pas habitué à affronter si faible. Elle toussota et se pencha en avant, mettant de la distance entre eux. Elle se massa la gorge, puis le ventre. Elle resta ainsi recroquevillée. Presque prostrée.

Les chevaux n'avaient pas bougé d'un iota.

Le guerrier ferma les yeux un instant pour se calmer. Il n'avait pas souhaité lui faire de mal. seulement lui faire comprendre.

-J'espère pour toi qu'on est bien arrivé, dit-il doucement.

Elle l'ignora, se redressa sans émettre une seule plainte.
Il se pencha sur son dos pour s'emparer à nouveau des rênes et sentit la jeune fille se tendre. Son cœur palpitait frénétiquement et le guerrier le ressentit comme s'il avait sa main posé sur sa poitrine. La Soeur ne bougea pas, de nouveau enfermée entre ses bras. Ils se démenaient tout deux pour qu'il n'y ait aucun contact physique, sans pour autant y parvenir.

Elle par peur, lui par respect. Pour lui laisser le temps de s'accoutumer. 

Alors que Royal avançait tranquillement, Keedan vit l'hongre les suivre, trois pas derrière. Ils approchèrent de l'orée de la forêt et purent constater que Saan n'avait pas menti ; après un petit fossé, la route s'étendait le long des arbres. Ils en émergèrent et le guerrier repéra aussitôt la haute silhouette du couvent, plus loin sur leur droite. Des champs gigantesques les séparaient de leur point d'arrivée, et la route s'y mêlait à l'horizon. Seuls les arbres délimitait l'étendue.

Keedan prit une grande inspiration, puis soupira. Il jeta un regard à la chevelure flamboyante de la jeune fille, qui ne ressemblait plus à grand chose. Sa tresse s'était défaite en une multitude de mèches qui venaient lui chatouiller le menton, lui apportant l'odeur douceâtre mais prenante de miel et de fleurs.

Saan s'était comme ratatiné à la vue du couvent. L'instinct de Keedan lui soufflait qu'elle ne faisait plus juste semblant. Quelque chose ou quelqu'un, outre Keedan, la mettait dans un état de peur presque palpable. Le soleil était maintenant à mi chemin dans le ciel, et la fraîcheur du couvert des arbres laissait maintenant la place à la douce chaleur de l'été. Pourtant, la jeune Sœur frissonna à nouveau.

Royal se mit au trot sur un simple claquement de langue de son maître et le guerrier pu entendre presque aussitôt l'hongre les suivre de près. Il s'étonna de la fidélité de l'animal du couvent, et se promit de demander qui l'avait éduqué et d'où il venait. Bien que sûrement un peu lourd, des destriers comme celui-ci pourraient être fort intéressant pour La Stora.

La distance les séparant du couvent était plus longue qu'il n'y paraissait au premier abord. Les chevaux restèrent cependant au petit trot tout du long, et les deux cavaliers n'échangèrent pas un mot, tout deux perdus dans leur propre préoccupation.

 Le doute s'était immiscé dans la carapace d'indifférence du guerrier tandis que son instinct lui soufflait de faire demi tour avec la jeune fille.
Cependant, pour la première fois depuis fort longtemps, il ne se fia pas à son impulsion. Lorsqu'ils ne furent plus qu'à quelques mètres du chemin qui quittait la grande voie en serpentant à travers champs, Saan se redressa sur la selle et se tint droite comme un i, à la manière d'une dame prête à recevoir son châtiment.


Du moins fut-ce l'impression qui traversa l'homme à ses côtés.

Le grand portail était ouvert, la cour presque déserte à l'exception faite d'une ou deux cadettes qui allaient et venaient entre la lessive et l'écurie. Lorsque les sabots des chevaliers crisèrent sur le gravier, les jeunes Soeurs interrompirent leur tâches et s'engouffrèrent dans le couvent en courant. Le Guerrier mit pieds à terre et fit mine d'aider Saan à descendre. Celle-ci l'éloigna d'une tape et sauta souplement au sol, ignorant ostensiblement le guerrier. Une Benjamine accouru pour prendre les deux montures alors que la jeune fille s'éloignait déjà, la tête haute, en direction de la grande porte.

Après avoir donné ses instructions à la Benjamine – qui se résuma à donner de l'eau et desceller sa monture avant qu'il ne reparte – il accrocha le regard de sa captive qui venait tout juste de jeter un coup d'œil par dessus son épaule.
Le contact fut bref, mais il suffit à angoisser le grand guerrier imperturbable, qui ne su plus où se mettre. Elle semblait au bord de la panique, et elle l'avait comme supplié de ses iris gris, qui paraissaient si terne et orageux en cet instant.

Le Grand guerrier serra les dents. Saan avait franchi les premières marches lorsque des Saintes émergèrent du couvent, s'immobilisant aussitôt. Toutes s'affrontèrent du regard.
 L'une des Saintes avec un énorme chignon qui lui faisait comme une choucroute sur la tête, fit deux pas en avant. Des expressions d'épouvante et de colère passèrent fugitivement sur son visage avant qu'elle ne puisse se construire une apparence neutre. Elle secoua doucement la tête.

Déjà, le Guerrier avait franchi la distance qui le séparait de la jeune Sœur. Il était maintenant dans son dos, sa main reposant machinalement sur le pommeau de son épée. Les Saintes s'inclinèrent respectueusement à sa vue, et la sainte au chignon s'adressa directement à lui avec révérence : 

-Merci, Guerrier de La Stora, de nous avoir ramené notre Sœur saine et sauve.

Elle n'en dit pas plus. Elle n'avait pas besoin. Keedan avait senti sa phrase transpirer le mensonge. Son poing se serra et il se demanda ce qu'il avait fait.

-Saan, ajouta la Sainte à l'attention de sa cadette. Je suis désolée. Tu n'aurais jamais dû partir.

De la douleur transperça dans son regard, avant qu'elle ne déglutisse. Elle se décala,  laissant place à la Mère Prima qui se positionna à ses côtés. La femme était encore plus belle que dans le souvenir du guerrier. Une robe splendide, bleu royal, couvrait entièrement son corps tout en soulignant ses formes et traînant légèrement sur la pierre lisse. Le symbole de leur caste resplendissait en or sur son ventre, et l'œil de la déesse semblait poser un regard de reproche sur le guerrier.

La Mère Prima ne souriait plus. Son visage intraitable toisait la jeune fugueuse avec désapprobation. Elle s'adressa à Keedan sans même le regarder.

-Guerrier, je vous remercie de nous avoir ramené cette jeune fille. N'ayez crainte, elle sera sanctionnée pour le désagrément qu'elle a causé.

Saan baissa la tête.

-Ainée Saan. J'en suis profondément navrée. Tu es la seule responsable de ce qui va t'arriver. Redresse la tête et affronte ton châtiment avec dignité.

Saan obtempéra. La Mère Prima descendit les marches lentement, faisant signes à deux saintes, dont celle au chignon, de l'accompagner. Lorsqu'elles se retrouvèrent toutes à deux marches de la jeune fugueuse, les deux saintes s'emparèrent des poignets de Saan tendit que leur Mère levait un doigt. Elle pointa le front de la jeune fille, ferma les yeux un instant. 

Keedan sentit comme une secousse dans son être et frémit, alors qu'une légère lumière bleutée irradiait de l'ongle de la femme pour venir frapper la peau de Saan. Cette dernière sursauta en hoquetant. Elle trébucha en arrière et s'écroula dans les bras du guerrier qui avait bondit pour la rattraper.

Les deux saintes lâchèrent ses poignets et reculèrent, surprise que le guerrier ait pris leur place. Keedan s'agenouilla, la jeune fille évanouie dans ses bras. Il vit sur son front un petit losange apparaître, comme marqué au fer rouge. Keedan redressa vivement la tête.

-Que lui avait vous fait ? s'exclama-t-il, plus inquiet qu'il ne l'aurait cru.

La Mère Prima le dévisagea sévèrement. De nouveau cet air triste et implacable. Elle secoua doucement la tête.

-Vous n'auriez jamais dû la ramener, Guerrier de La Stora. Mais nous avons des règles ; Saan'ee ne les a pas respectées. Elle doit être punie. Ceci n'est pas votre combat, Guerrier. Veuillez nous laisser cette petite et vaquer à vos priorités, murmura-t-elle avec douceur. Syl'via, Genette, reprenez-lui ce fardeau et emmenez Saan'ee au sous-sol. Prévenez toutes les saintes et les Ainées, poursuivit-elle un ton plus haut en s'adressa aux autres Sœurs les entourant avant de faire demi tour.

-Monseigneur ? Nous autorisez vous... ?

C'était la dénommée Genette. Keedan se souvenait maintenant s'être présenté à ces dames la veuille, lors du banquet. Il baissa les yeux sur le visage angélique de la fugueuse. Elle paraissait plongée dans un profond sommeil. Ses lèvres rosées et pulpeuse étaient légèrement entrouvertes et sa poitrine se soulevait avec légèreté. Son corps n'était plus qu'une poupée désarticulée, tellement détendu que sa tête roulait au moindre mouvement. S'il ne la voyait pas respirer, Keedan aurait pu la croire morte. Il se releva, sans lâcher la jeune fille. Il gravit les marches quatre à quatre, puis tendit le corps inconscient aux saintes. Des femmes suffisamment fortes qui la portèrent avec délicatesse.
Elles remercièrent le Guerrier avant de s'éloigner à grands pas.

Keedan les observa, jusqu'à ce qu'elles disparaissent au détour d'un couloir. Il pivota et se retrouva face à face avec une jeune fille qui ne lui arrivait pas même au menton. Elle avait une magnifique chevelure blonde et de grand yeux bleus qui le foudroyaient, accusateurs. Menton levé vers lui, elle lui enfonça un doigt dans le torse à plusieurs reprise, le faisant reculer de quelques pas.

-Vous ! Vous. Pouvez. Être. Fier. De.Votre. Bêtise, éructât-elle en assénant chaque mot d'un coup d'ongle pour accentuer le dégoût qu'elle éprouvait à son encontre.

Interdit, Keedan dévisagea cette Sœur, haute comme trois pomme avec le visage en forme de cœur, qui continuait à l'invectiver pour sa stupidité. 

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