Chapitre IV
Je n'ai pas le temps de saluer Anne à la fin du bal qu'un certain Beautemps page du roi, m'informe que ce dernier m'attend dans ses appartements. J'acquiesce et le suis. Je ne peux m'empêcher de regarder autour de moi, tout est si luxueux. Combien de fois mes professeurs m'ont décrit Versailles, mais c'est mieux que dans mes rêves. Nous passons deux grandes portes dorées qui nous mènent droit vers le roi. Il est assis et donne différentes directives aux ministres autour de lui. Quand il me voit, il se lève et sourit.
« Sarah, mon enfant entrez et prenez place. »
Je m'assois sur un des sièges vacants et le roi ne perd pas de temps pour m'expliquer ma nouvelle vie. Suis-je vraiment prête à vivre autrement et avec autant de contraintes et de règles ?
« Quand vous ouvrirez les yeux demain, vous devrez suivre à la lettre l'étiquette de la cour qui vous sera expliquée en tant et en heure par votre première dame d'honneur. Je vous la présente maintenant, voici la duchesse Rose de Caumont. » Une grande femme entre. Elle ne doit pas avoir plus de vingt ans, le visage long, de petits yeux bleus et un grand sourire. Sa façon de marcher m'indique qu'elle est plutôt extravertie et franche. « Je suis enchantée Votre Altesse, je vous servirai avec tout mon cœur. » Elle s'incline légèrement et deux autres jeunes filles de mon âge entre dans la pièce. La première est grande comme Rose, les cheveux couleur du feu et son visage est parsemé de taches de son. La deuxième est plus petite qu'elle et ses cheveux d'un blond presque blanc tombent autour de sa mâchoire carrée en mèches bouclées.
« Voici vos demoiselles de compagnie, toutes les deux sont des filles de comte. Agathe de Souvré... » La jeune fille rousse s'incline. « ... et Charlotte de Vivonne. Mesdemoiselles, vous pouvez nous laisser.
Il se tourne vers moi.
- Ces jeunes femmes vont te suivre où que tu ailles et quoi que tu faces. Tu peux leur demander ce que tu veux et elles le feront. Ce sont des personnes de confiance, de Souvré est la nièce du marquis de Louvois, mon secrétaire d'État et de Vivonne vient d'une famille de nobles très anciens et dévoués à la couronne. Maintenant, je vais vous expliquer l'emploi du temps de la dauphine. Vers huit heures et demi, la duchesse de Caumont vous réveillera, il suivra le petit et le grand levé. À dix heures, la messe commence et pour vous y rendre, vous passerez par la galerie des glaces. De onze heures à treize heures, vous aurez vos leçons avec les meilleures professeurs. Votre déjeuner vous sera servi dès la fin de votre leçon, seule ou avec des nobles choisis dans votre entourage. Jusqu'à dix-huit heures, vous pourrez faire ce qu'il vous plaira : promenade dans les jardins, lecture, peinture ou conversation dans votre antichambre avec les dames de la cour. En parlant d'antichambre, dorénavant vous occuperez les appartements de la Reine.
- De la Reine ? Mais pourquoi pas celle de la dauphine ?
- Les appartements de la Reine sont inoccupés et les appartements de la dauphine n'ont jamais été finis. Mais ce n'est pas le sujet. À dix-huit heures, quand cela sera organisé, vous serez automatiquement invitée à la soirée. Le souper, les jours où je voudrais dîner en famille, se déroulera dans l'antichambre du grand couvert situé dans vos appartements. Mais le reste du temps votre souper se déroulera comme votre déjeuner. Puis pour finir la journée, vous devrez vous plier au coucher. J'espère que tout est clair ? »
Je hoche la tête et le Roi me congédie. Rose, Charlotte et Agathe m'attendent derrière les portes des appartements du Roi. La duchesse de Caumont m'indique le chemin à prendre pour me rendre dans mes appartements parce que je rêve que d'une chose : dormir. Heureusement, nous avons juste à traverser la galerie des glaces, que je ne prends même pas le temps de regarder, pour me trouver dans mes nouveaux appartements. Nous entrons dans une pièce remplie de douze gardes, puis en tournant à gauche me voilà enfin dans ma chambre, constitué de la même façon que celle du Roi, mais de couleur or et rouge. Des tableaux vides sont accrochés sur les murs, attendant sûrement que je choisisse les personnes qui y seront peintes. Je demande à Rose de me chercher mes vêtements pour la nuit et avec l'aide de Charlotte et Agathe, je me déshabille et me revêtis de ma chemise nuit. Pendant ce temps Rose ouvre mon lit et je m'y couche. Je n'entends même pas mes dames de compagnie me souhaiter bonne nuit que je suis déjà assoupie.
En ouvrant les yeux, je ne m'attendais pas à voir Rose, je me souviens alors de ma longue journée d'hier. Elle ouvre les rideaux de mon lit à baldaquin et me présente les deux hommes près de ma cheminée. « Voici votre médecin et votre chirurgien, ils vont s'enquérir de votre santé. » Je hoche la tête et les deux médecins s'avancent vers moi. Ils me font quelques analyses et conclus que je suis en pleine santé. Mais ce n'est pas une nouvelle pour moi, je tombe si rarement malade que je ne me souviens pas la dernière fois qu'un médecin est venu me visiter. Les deux hommes quittent ma chambre, mais six autres femmes y entrent dont Anne, ma cousine. Elles s'inclinent devant moi pendant que Rose me lave les mains. Je suis perturbée et gênée par cette présence dans ma chambre, mais je dois quand même réciter une petite prière. À ce moment-là, je peux oublier ses femmes regardant tous mes moindres gestes. Je me relève de ma prière. C'est à ce moment-là que d'autres femmes entrent dans ma chambre. Je n'arrive même pas à les compter tant elles sont nombreuses.
« Votre Altesse. Voici toutes les grandes dames de la cour qui vont assister au grand lever. » Elle m'indique de la main de me mettre sur le côté du lit, ce que je fais. Une jeune femme brune parée de toutes sortes de diamants porte un plateau où une paire de chaussures bleu ciel y est disposée. Une autre femme, que Rose me présente comme étant la Princesse de Savoie, me met les chaussures. Après cela, la Princesse porte une serviette mouillée et me lave les mains. Ensuite, elle donne l'assiette à une autre noble et entreprend de m'enlever ma chemise me laissant nu devant toutes ses dames. Je fais de mon mieux pour cacher le plus de peau possible, mais c'est en vain. Heureusement, Rose tend une autre chemise à la Princesse qui me la met rapidement. Tout cela est ridicule pourquoi autant de personnes est intéressées de savoir comment et par qui je suis habillée. Je tourne la tête vers Rose d'un air désabusé, elle sourit en coin amusée par ma réaction et continue :
« Maintenant, seules les Princesses du sang et vos dames d'honneur nous accompagnent à votre garde de robe pour l'après-séance. » Elle me tend la main et elle m'emmène à ma garde-robe où cinq dames et demoiselles m'y attendent. Pour couvrir mes jambes, elles me mettent d'abord deux bas tenus par des jarretières. On me sert autour du buste un corset : mes côtes sont oppressées comme mon estomac alors que ma poitrine est très relevée. Une longue jupe à crinoline, qui donnera énormément de volume à la tenue met mise ainsi qu'au-dessus, une autre jupe rose est déposée. On m'aide ensuite à mettre le haut de la robe rayé rose et blanc, qui se ferme au niveau du buste avec des agrafes, caché par quatre rubans. Les manches sont coupées en trois-quarts, agrémentées de grosses dentelles blanches et d'un ruban.
Une fois prête, je me dirige au fond de la pièce pour m'assoie en face à mon miroir pour me faire maquiller et coiffer. Une domestique me boucle les cheveux et me les monte en un gros chignon, en laissant une mèche bouclée pendre en bas tombant jusqu'à mon bas du dos. Rose prit du temps à me trouver les plus beaux bijoux. Elle me prit des boucles d'oreilles pendantes avec des diamants, un collier ras du cou où est accroché une jolie fleur et quelques bracelets en or. Elle me donne aussi une boite que j'ouvre. Un éventail blanc avec des dessins roses et ornés de pierres précieuses y est déposé. Pour finir, on me met un chapeau décoré de plumes et de fleurs roses et blanches.
« Vous devrez toujours avoir avec vous un éventail et un réticule. Voilà alors, il est bientôt dix heures et vous allez rejoindre le Roi et votre famille pour vous rendre à la chapelle royale pour la messe. »
Je hoche ma tête et nous quittons mes appartements. Rose, Blanche et Agathe sont derrière et je marche seule devant. Heureusement, Anne se place à côté de moi et me prend par le bras. Elle m'entend souffler de soulagement et rigole doucement.
« Je vois que tout cela vous fatigue.
- Ma vie n'était pas si réglementée avant. Là, tous mes gestes sont contrôlés, c'est assez étrange et rude.
- Je comprends, mais vous devez prendre ça comme une distraction, amusée vous, toutes les dames de la cour sont à vos pieds, vous êtes la première femme de France, profitez en. Mais aujourd'hui et comme mon rang me le permet, je vais rester avec vous et vous guider.
- Merci Anne, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans vous. »
Elle resserre son bras autour du mien et sourit. Nous entrons dans la galerie des glaces, je n'ai jamais vu une pièce aussi lumineuse que celle-ci, la lumière se reflète partout autour de nous. J'aperçois le Roi et son frère plus loin devant nous, je présume que nous devons les rejoindre au plus vite.
« Vous voyez toutes ses personnes, elles ne rêvent que d'une chose : que le roi leur adresse un mot pour qu'ils deviennent, par la suite, privilégiés et recevoir des terres ou des titres. Mais aujourd'hui et les jours qui suivent, c'est de vous que les nobles attendent un mot ou un sourire, pour être bien vu du Roi. »
- Mais à qui dois-je parler, je ne connais personne ?
- Laissez-moi faire... Mmm les dames à votre droite sont trois duchesses, vous devriez leur sourire et incliner très légèrement la tête. » Quand je leur souris sincèrement, elles s'inclinent excessivement et me sourient en retour.
« La jeune femme avec le chapeau orange est une princesse de Conti, elle est appelée "Mademoiselle de Bourbon", elle est rarement à Versailles et le Roi se méfie de son mari, allez lui dire deux mots cela fera bonne figure.
- Elle est de notre famille pour se nommer Bourbon ?
- Oui, mais de très loin. Un de nos arrières arrières grands pères devaient être frère.»
Je m'avance près d'elle et incline la tête. « Bonjour, comment allez-vous aujourd'hui Princesse ?
- Bien, je remercie Votre Altesse de se soucier de ma santé. Je vois que vos débuts à la cour sont prometteurs. N'hésitez pas à venir me voir si vous avez des questions ou juste besoin de parler. » Elle s'incline et je continue à marcher pour rejoindre le roi et le reste de ma famille.
Pour le moment, aucune catastrophe en vu, j'arrive à jouer mon rôle grâce à Anne. Mais je perds mon air confiant lorsque mon oncle se place à côté de moi.
« Ne prenez pas cet air craintif quand j'arrive, je ne vais rien vous faire. Je viens juste vous prévenir que vous vous placerez à la droite du roi lors de la messe et que cette après-midi, nous aurons une entrevue.
- Une entrevue, vous et moi ?
- Exactement !
- Et pour quelle raison ? Demandais-je un sourcil relevé.
- Vous le saurez bien assez tôt. »
Les portes de la chapelle s'ouvrent, nous nous plaçons et la messe commence.
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Un chapitre plus long que les autres et vraiment différent. J'ai une demande à faire à mes anciennes lectrices (ou lecteurs) qui connaissent l'ancienne version de ce livre : est-ce vous préférez cette version ou l'ancienne ? Pourquoi ? S'il vous plait j'ai vraiment besoin de savoir ce qui va et ce qui ne va pas. Merci d'avance ! Sinon n'oubliez pas de voter.
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