- Chapitre 4 -

Lundi 9 mai 2022, Californie, États-Unis d'Amérique.



Thalia soupira en observant l'écran de son portable. Elle ne captait rien à l'intérieur de la chambre d'hôtel. Depuis qu'elles étaient arrivées avec sa mère, en milieu de matinée, elle avait dû sortir dans le mini-parc de l'établissement à plusieurs reprises. Son père lui avait envoyé des SMS réguliers pour la tenir informée du trajet.

— Maman ! lança-t-elle en quittant la fenêtre pour se diriger vers la porte. Je sors cinq minutes, pour voir si papa m'a donné des nouvelles.

— OK, reste pas trop longtemps dehors toute seule.

Maria avait levé le nez depuis le bureau où elle s'était installée pour trier des papiers. Thalia lui adressa un sourire rassurant.

— Cinq minutes, maman. Promis.

Thalia enfila sa veste en jeans et claqua la porte derrière elle. Malgré les maigres nuits qu'elle passait depuis quelques temps, elle était emplie d'énergie. Avoir été mise de côté pour l'opération la rendait d'autant plus nerveuse.

L'air frais lui fit du bien. Elle ne se priva pas d'inspirer à longues goulées en contournant l'entrée de l'hôtel pour rejoindre le parc à l'arrière. C'était un établissement minable sur bien des plans, mais Thalia devait reconnaître que la présence du jardin était un plus.

Alors qu'elle prenait garde à ne pas gripper ses collants sur les ronces qui dépassaient sur le chemin de gravillons, son téléphone sonna. Snowball apparut fugacement en fond d'écran avant qu'elle ne déverrouille l'appareil à l'aide de son empreinte. Son père lui avait envoyé un message.

« Toujours OK. On a fait une pause pour manger. Le GPS dit qu'on arrive vers 23h. Bisous »

Thalia ferma les yeux sans répondre dans l'immédiat. Même si les informations que lui communiquait Ethan depuis le début de l'opération étaient positives, elle n'arrivait pas à chasser l'anxiété de son cœur. La mission était en préparation depuis un mois, quand ils avaient appris que son frère sortirait enfin du quartier général de la Ghost Society. À partir de là, ses parents et leurs proches avaient dédié quelques heures par semaine à l'élaboration de son sauvetage. Si Thalia avait pu apporter quelques idées et remarques, son rôle se limitait à soutenir son entourage. Du haut de ses onze ans et sans formation particulière, la fillette avait dû ravaler sa déception. L'évidence était sous ses yeux : elle n'aurait servi à rien aux côtés de son père ou de Janice. Même sa mère n'avait pas participé directement à l'opération. Si Maria s'était mise en colère en apprenant la place qu'on lui avait réservée, elle s'était rapidement ressaisie. Elle était la seule adulte du groupe à ne plus travailler pour S.U.I. Ses compétences et ses réflexes s'étaient indéniablement rouillés au fil des années.

« Génial. Tu crois que maman et moi on peut appeler Jim ? On aimerait lui parler avant ce soir. Bisous »

Thalia garda les yeux rivés à son écran jusqu'à ce qu'il s'éteigne. Elle avait reçu l'appareil en cadeau pour son anniversaire, quatre jours plus tôt. Le jour n'avait pas été propice à la fête, entre le stress de l'opération à venir et l'absence de son frère. Sur le coup, Thalia avait été incapable de se réjouir de sa nouvelle acquisition. À présent, elle remerciait ses parents.

Quand le portable sonna entre ses mains serrées, elle manqua le faire tomber. Son père l'appelait. Les doigts tremblants, la fillette accepta l'appel et porta maladroitement le téléphone à son oreille.

— Allô ?

— Allô ma puce ? C'est papa. Je viens de recevoir ton message.

— OK super, souffla-t-elle d'une voix engourdie d'appréhension. Ça va ?

— Oui, on a pas eu de problèmes sur la route. Mon père conduit là, il a pris le relai de Mike. Ensuite, ce sera mon tour. Je voulais t'appeler avant.

— D'accord. (Comme le silence s'installait, elle embraya en hésitant :) E-Et Jim ?

— Il est dans l'autre voiture, avec Grace et Jane. Je peux leur envoyer un message pour leur demander de prêter un téléphone à Jeremy. Si tu veux lui parler.

— Oui. Oui, s'il te plaît.

— Très bien, souffla Ethan d'une voix douce. Restez à côté avec maman, pour que vous puissiez lui parler toutes les deux.

— Ça marche. Merci beaucoup papa.

— Je t'en prie, ma puce. On se dit à ce soir ?

— Oui, à ce soir. Bisous.

— Bisous.

Quand l'appel se termina, Thalia resta plantée quelques secondes au milieu du chemin de graviers. Son cœur frappait durement sa cage thoracique. Un peu plus et elle se serait envolée d'impatience et de bonheur.

Lorsqu'elle reprit le chemin en sens inverse pour prévenir sa mère, elle ne prêta guère attention aux ronces mal entretenues qui filèrent ses collants.


Maria repoussa les papiers avec un soupir. Elle y avait passé la journée, essentiellement pour s'occuper l'esprit et les mains. Les papiers d'identité, de scolarité, les dossiers médicaux de son fils se trouvaient sous son nez. Même si c'était froidement pragmatique, elle tenait à ce qu'il les récupère dès que possible. Pour se rappeler qui il était et d'où il venait.

Quand elles l'avaient eu au téléphone plus tôt dans la journée, avec Thalia, la conversation avait été rapide. Ils ne captaient pas bien au milieu des plaines du Nevada et le manque de sommeil de Jim le rendait laconique. Si mère et fille avaient été déçues de ne pas pouvoir échanger plus longtemps, elles s'étaient rapidement rassurées. Jeremy arrivait le soir-même en compagnie des autres. Ce n'était qu'une question d'heures.

Les yeux embrumés après s'être plongée dans la paperasse, Maria se tourna vers le lit double. Thalia avait fini par s'assoupir en lisant, vaincue par la fatigue accumulée au fil des derniers jours. Maria s'étira la nuque, le dos et les bras en se levant. Les yeux rivés sur le visage endormi de sa fille, elle s'allongea de l'autre côté du lit. Un peu de repos ne lui ferait pas de mal non plus, surtout s'il fallait tenir jusqu'au début de la nuit.

Juste une question d'heures.


Penchée à la fenêtre, Maria guettait l'arrivée des voitures. Vingt-trois heures trente venaient de passer. Sur le lit, Thalia tripotait nerveusement son téléphone. Elle n'arrivait pas à se concentrer pour avancer sa lecture sur sa liseuse. Elles échangèrent des coups d'œil fébriles quelques minutes encore avant que Maria bondisse de sa chaise.

— Ils sont là.

Mère et fille enfilèrent manteaux et chaussures en quelques secondes. Maria prit soin de verrouiller la porte derrière elle avant de s'engager dans les escaliers aux côtés de sa fille. Les joues de Thalia s'étaient colorées de rouge sous le coup de l'impatience.

Il n'y avait plus personne à la réception de l'hôtel et seules quelques appliques murales éclairaient faiblement les lieux. Maria tint la porte à sa fille et n'eut pas à cœur de lui dire de faire attention lorsqu'elle courut vers le parking. Les phares des voitures les aveuglèrent brièvement avant de s'éteindre. Maria se dirigea d'office vers la voiture grise. Celle de Mike. Le cœur furieux, elle attendit que les passagers en descendent, mais une exclamation lui fit tourner la tête.

— Thalia !

Sa fille était dans les bras d'un adolescent débraillé. Le cœur de Maria fit une embardée alors qu'elle s'éloignait de la voiture de Mike pour rejoindre ses enfants. Elle ne savait pas pourquoi son fils était monté avec Grace et Jane, mais elle s'en fichait bien.

— Thallie.

La voix rauque de son fils ne lui était pas – plus – familière. Thalia était pétrifiée entre ses bras, réduite à une statue de cire qui osait à peine respirer. Ce n'est que lorsque Jeremy desserra son étreinte pour s'assurer qu'il ne lui faisait pas mal qu'elle recouvra la parole.

— Jim.

Maria vit étinceler un sourire sur le visage de son fils. Les fossettes qui se creusèrent sur ses joues lui pincèrent le cœur. Son sourire, au moins, n'avait pas changé. Sur ce point, il lui ressemblait.

— Jeremy.

Thalia avait remonté les mains le long des bras de son frère. Ses joues avaient viré au rouge à la suite de leur course dans l'hôtel et de l'émotion soudaine. Elles furent bientôt envahies de perles transparentes qui tirèrent une grimace à l'adolescent. Jim prit le visage de sa sœur en coupe pour lui embrasser le front.

— Pleure pas, p'tit clown.

Thalia s'efforçait de ne pas sangloter au milieu des adultes qui s'étaient rassemblés autour d'eux, mais c'était trop dur. Les paumes de son frère étaient chaudes sur sa nuque, tout comme son souffle dans ses cheveux. Et qu'est-ce que ça pouvait bien faire, qu'elle pleure ? Elle retrouvait son grand frère après un an et demi de séparation. Et les témoins de la scène n'étaient que les membres de sa famille ou des proches. Elle ne voulait pas rougir de son émoi.

Bien que secouée par les sanglots, elle jeta de nouveau les bras autour du cou de Jim pour l'étreindre. Il la dépassait d'une tête, mais il courba volontiers le dos pour la serrer en retour.

— Comme t'as grandi, s'étrangla-t-il une fois qu'ils furent de nouveau séparés.

Thalia essuya ses joues en riant d'un air incrédule.

— Parle pour toi.

Un raclement de chaussures incita Jim à se retourner. Les larmes qu'il avait retenues pour ne pas peiner sa sœur s'expulsèrent hors de ses paupières à la vision de sa mère. Il lâcha la veste qu'il retenait au pli du coude pour traverser les deux mètres qui les éloignaient l'un de l'autre. Maria eut le souffle coupé quand son fils l'agrippa à bras-le-corps.

Mamma.

Maria retrouva sa respiration quelques instants plus tard. Le nez levé vers le ciel insondable, elle osa à peine bouger de peur de briser l'être qu'elle serrait contre elle. Comme il avait abandonné sa veste par terre, la chair de poule couvrait les bras de Jeremy. Machinalement, Maria les frictionna pour le réchauffer. Il était impensable que son petit ait froid.

Petit.

Maria remonta les mains vers les épaules de son fils. Comment pouvait-elle le trouver petit alors qu'il était à présent plus grand qu'elle ? Un hoquet souleva sa poitrine. C'était son petit sans être réellement lui.

— Mon trésor, chuchota-t-elle en remontant les mains jusqu'à son visage.

Comme elle l'avait fait pendant des années, elle glissa ses pouces sur les pommettes de son fils pour en sécher les larmes. Ses traits et ses yeux étaient enfoncés par la fatigue, mais c'était lui. Quand Maria lui caressa la joue, il sourit et lui attrapa la main pour s'assurer qu'elle n'arrêterait pas. Il avait oublié à quel point le contact de sa mère lui réchauffait le cœur.

— Maman.

Maria cligna des yeux embués alors que Jeremy l'observait entre des paupières à demi-closes. Ses doigts étaient toujours collés à son visage. En déglutissant, elle s'efforça de baisser le bras. Son fils ne lui lâcha pas le poignet pour autant.

— Mon chéri, lâcha-t-elle dans un souffle saccadé par son cœur déchaîné.

Avant que l'un d'eux ait pu dire quoi que ce soit, Thalia bondit dans leur direction et les enlaça simultanément. Rapprochés par la fillette, mère et fils s'étreignirent de nouveau sans rechigner. Ils inclurent Thalia au creux de leurs bras, qui profita d'être la plus petite pour se recroqueviller entre eux. Le cœur de Maria vibrait dans son dos et le souffle tiède de son frère lui frôlait les joues. Elle se demanda à quand remontait la dernière fois qu'ils s'étaient tous serrés ainsi dans les bras.

Depuis bien trop longtemps.


Quand ils se séparèrent enfin, Maria tint son fils du bout des bras pour l'étudier attentivement. Son visage avait perdu quelques rondeurs de l'enfance. Les arêtes de son nez et de sa mâchoire étaient plus acérées, sa bouche et ses yeux moins boudeurs.

Elle était encore en pleine contemplation quand Ethan se glissa près d'eux. Thalia se pressa aussitôt contre lui. Il passa une main à l'arrière de son crâne sans un mot. Il avait la gorge bien trop nouée pour parler.

— Arrêtez, je vais chialer.

Mike considérait la famille avec une moue agacée. Maria sortit de sa torpeur pour rire tout bas.

— Tu pleures déjà, Mike.

L'intéressé se contenta d'un sourire en coin alors qu'il fouillait sa poche de jeans à la recherche d'un mouchoir. Plus rapide, Ellis lui tendit un paquet complet. Michael le remercia à demi-mot avant de se moucher bruyamment.

— Espèce de bourrin, lui lança Jeremy en lâchant doucement les poignets de sa mère. Tu vas réveiller les gens.

Mike se contenta de faire une grimace à son filleul avant de lui lancer le paquet de mouchoirs.

— Essuie ta morve avant de me faire la morale.

Jim rattrapa le paquet en souriant. Il distribua des mouchoirs à sa mère et à sa sœur avant de sécher ses propres joues. Les larmes lui avaient brûlé le visage et laissé un goût de sel sur ses lèvres.

— Ta voix, lâcha Thalia en le contournant pour se planter devant lui, sourcils froncés. Elle a changé.

Elle avait déjà remarqué ceci lors de leur appel quelques heures plus tôt, mais le téléphone pouvait modifier les tonalités. C'était bien plus perturbant en face-à-face.

— J'ai mué, Thallie.

Perplexe, sa sœur croisa les bras sur la poitrine. Sans autre geste de prévention, elle planta la pointe de de chaussure dans son tibia. Une exclamation aigüe s'échappa de la bouche de son frère. Satisfaite, Thalia le regarder se plier en deux pour se frotter la jambe.

— C'est bon, tout va bien.

— Ça va pas, la tête ?!

— T'avais qu'à pas partir.

L'accusation, marmonnée à demi-mot, figea Jeremy dans ses reproches. Sa sœur avait baissé le nez, les bras toujours croisés autour d'elle dans une attitude de protection. Sa frange brune cachait ses yeux.

— Thalia, je...

Jim se retrouva à court de mots. Quand sa sœur inspira brusquement en décroisant les bras, il s'attendit à une avalanche d'accusations. Avec un sourire penaud, elle se contenta de reculer de quelques pas avant de faire volte-face. Alors qu'elle s'éloignait vers l'entrée de l'hôtel, Jim s'élança à sa suite.

— Thalia !

Maria le rattrapa par le bras au bout de quelques mètres. Elle avait encore les yeux rouges, mais ils luisaient d'apaisement quand elle força son fils à se tourner vers elle.

— Laisse-lui du temps, mon chéri. Ça fait beaucoup d'un coup.

Jim ouvrit la bouche, mais préféra se taire. Ça faisait beaucoup, oui. Pour lui aussi. L'épuisement s'abattit sur ses épaules aussi lourdement qu'une claque amicale de Mike. En remarquant son expression, Maria lui serra l'avant-bras.

— On a réservé une chambre d'hôtel, tu vas pouvoir te reposer.

Il marmonna dans sa barbe avant de se tourner vers le reste du groupe. Son père discutait avec Ellis et Jane. Ils semblèrent arriver à un point d'accord et, quand les deux femmes se dirigèrent vers les voitures, il interrogea sa mère :

— Ils restent pas ?

— Seulement Ethan. Les autres rentrent à Modros, c'est qu'à une heure de route.

Jeremy soupira puis s'avança vers Mike. Son parrain l'enlaça une dernière fois avant de lui souhaiter bonne nuit.

— On se retrouve bientôt, mon p'tit gars. En attendant, profite bien de ta famille.

— Bonne nuit, Mike. Rentrez bien.

Jim salua et remercia les trois autres adultes avant de retrouver ses parents près de la porte d'hôtel. Maria lui indiqua le numéro de chambre et lui souffla de partir devant. Ethan resta silencieux tandis que l'adolescent s'éloignait vers l'ascenseur. Il attendit que les portes de ce dernier soient refermées pour se tourner vers Maria. Elle prit la parole en premier.

— Je voulais simplement te remercier.

Ethan dressa des sourcils étonnés. Même si ses échanges avec Maria s'étaient adoucis au cours de l'année et demie écoulée, ils restaient plutôt formels. Les années de séparation avaient creusé un sillon de gêne et d'accusations mutuelles entre eux.

— T'as pas besoin de me remercier, soupira-t-il après coup. C'est mon fils aussi, Maria.

— Bien sûr, je parlais pas de ça. (Elle pinça les lèvres avant de lever le cou vers son ancien compagnon.) Je te parlais d'avoir trouvé le courage d'affronter les Sybaris.

Déstabilisé, Ethan la dévisagea un instant avant de se détourner. Comme ses mains se mettaient à trembler légèrement, il empoigna fermement ses bras.

— Comme j'ai pas pu participer, ajouta Maria d'un ton amer, j'ai eu l'impression d'abandonner encore une fois Jeremy. Je pense que c'était important que tu sois là dès que possible pour lui. Pour qu'il se rende compte qu'on a jamais arrêté de nous inquiéter pour lui.

— Oui.

Ethan s'en voulut d'avoir grommelé une réponse aussi laconique. Il ne voulait pas que Maria s'imagine qu'il lui en voulait ou regrettait. Il ne pouvait simplement pas s'empêcher d'être blessé par l'indifférence que lui témoignait Jim depuis la veille.

— Alors merci, se contenta de déclarer Maria sans insister. Pour avoir trouvé le courage d'affronter tout ça. Pour avoir ramené notre fils à la maison.

— C'était bien le minimum que je puisse faire, hein ? Après t'avoir trahie.

Dans son dos, Maria écarquilla les yeux en tressaillant. C'était la première fois depuis des années qu'il reconnaissait ce tort. Comme elle ne répondait pas dans l'immédiat, Ethan se tourna vers elle avec une grimace.

— Je sais que Mike prend ma défense et que vous vous engueulez souvent à propos de ça. Mais je suis lucide, Maria. J'avais trop peur, à l'époque. J'ai été lâche et égoïste.

Broyée par les émotions soudaines et bien trop vives qui s'étaient emparées d'elle, Maria se contenta de bredouiller des paroles inintelligibles. Huit ans plus tôt, quand leur fils était sorti de deux ans d'hospitalisation, Maria et Ethan s'étaient donné rendez-vous. Elle lui avait alors proposé de déménager, de fuir la Californie et de partir à l'autre bout des États-Unis si nécessaire. Encore ébranlé par l'incendie qui avait ravagé leur vie, Ethan avait été incapable d'accepter. Les souvenirs et les chaînes que les Sybaris avaient ancrés à son corps étaient trop lourds.

Maria n'avait jamais été capable de lui pardonner. Ils auraient pu tout reconstruire. Souder de nouveau leur famille. Éviter de cheminer seul chacun de leur côté. Élever leurs enfants ensemble.

— Si tu veux rester avec les enfants, ce soir, reprit Ethan après quelques secondes de silence, je peux dormir dans la voit...

— Ethan.

Il se tut, surpris par le regard perçant que Maria avait planté sur lui. Elle grimaça un rictus et s'approcha de lui. Ethan se raidit, prêt à affronter une tempête. Elle le prit simplement dans ses bras. Sans gêne ni insistance.

— Merci. Vraiment.

Trop hébété, il n'eut pas le temps de lui rendre son étreinte. Et le regret s'installa dans sa poitrine dès qu'elle tourna les talons vers l'ascenseur.

— Et raconte pas n'importe quoi, on va se partager les lits.

Ethan la rejoignit sans vraiment s'en rendre compte. Il sentait encore ses bras fermes autour de son torse. Une part de son être s'en voulut un peu moins, ce soir-là, quand il pénétra dans l'ascenseur aux côtés de Maria.

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