- Chapitre 26 -
Vendredi 23 décembre 2022, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d'Amérique.
Un soleil timide pointait à travers les nuages quand Ellis descendit du train à la gare de Modros. La place circulaire, dont les pavés formaient un motif bicolore en arc-de-cercle, était balayée par un vent froid. Planté sous un arbre dénué de ses feuilles, l'un des passants lui fit un signe de la main. Ellis sourit, tira sa valise jusqu'au concerné.
— Bonjour Ethan.
Son fils lui rendit le salut avant de tendre spontanément la main vers son bagage.
— Tu as fait bon voyage ?
— Un peu long, mais sinon ça va. Sharon te passe le bonjour.
— Et tu lui rendras. (Ethan fronça les sourcils.) Papa, tu es sûr qu'elle ne voulait pas venir ? Comme on est déjà nombreux, un de plus ou un de moins...
— Elle fait Noël du côté de sa famille, cette année, le rassura Ellis d'un ton tranquille. Alors, vous l'avez organisé chez qui cette fois ?
— Grace. Elle a la plus grande maison. Et Maria vit chez elle, en ce moment. (Devant la moue surprise de son père, il ajouta :) Je t'expliquerai tout. Mais, pour faire bref, les enfants sont chez moi jusqu'à nouvel ordre.
— Mais ils la voient encore ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Oui, oui ! Il y a eu un gros problème avec Will, le compagnon de Maria. Enfin, son ex.
Comme Ellis s'assombrissait, Ethan lui indiqua sa voiture garée à quelques mètres.
— Je te raconte tout ça sur le trajet. Mais n'en parle pas trop à la maison. J'essaie de faire oublier aux enfants ce qui s'est passé.
Perturbé par la colère sous-jacente, contenue, dans la voix de son fils, Ellis se contenta d'acquiescer. S'il avait rapidement remarqué la frustration explosive d'Ethan pendant son adolescence, elle s'était dissipée avec les années. À présent, Ellis avait du mal à se rappeler la dernière fois qu'il l'avait vu dans une colère bouillonnante. L'idée que des événements l'aient amené à cette irritation palpable lui nouait la gorge.
Les enfants d'Ethan avaient appris sa venue le matin-même. C'était censé être une surprise, mais Thalia avait repéré un message d'Ellis sur l'écran de portable de son père. Elle avait fini par tirer les vers du nez d'Ethan et sautillé de joie pendant quelques minutes. Même s'ils ne s'étaient pas beaucoup vus ces deux dernières années, chaque rencontre avait été pour Ellis comme pour elle un agréable moment de partage.
Ellis inspira profondément tandis qu'Ethan déverrouillait la porte. Sans avoir eu l'opportunité d'élever réellement ses fils, il se sentait hésitant dès qu'il s'agissait de traiter avec des enfants. Encore plus si lesdits enfants étaient de sa famille.
Thalia et Jeremy étaient installés à la table de la cuisine, penchés sur un puzzle incomplet, quand ils entrèrent. Ils se levèrent aussitôt pour les saluer, gauches mais souriants.
— Houlà, lâcha Ellis d'un ton étranglé sans pouvoir s'en empêcher, comme vous avez grandi.
Ethan rit doucement avant de pousser la valise à l'intérieur pour fermer derrière lui. Subjugué par ses petits-enfants, Ellis s'avança de quelques pas prudents. Il les avait vus pendant l'été, quelques mois plus tôt, mais l'homme avait l'impression de rencontrer de nouvelles personnes. Thalia tendait de plus en plus vers l'adolescence et Jeremy était plus grand que lui à présent.
— Salut, papi, lança Thalia en constatant que son grand-père n'osait en dire plus.
Sans se soucier de sa surprise, elle traversa le séjour pour l'étreindre. Ellis cilla, hésita une seconde avant de lui rendre la pareille. La boule dans sa gorge fondit comme miel dans du thé.
— T'es tout froid, constata sa petite-fille en lui prenant les mains. Tu veux du chocolat chaud ?
— Pourquoi pas. Merci, Thalia.
Elle lâcha ses doigts en souriant, ses yeux verts pétillant sous sa frange brune. Ellis se tourna vers son petit-fils, qui restait planté maladroitement à côté de la table de la cuisine. La blessure dont Ethan lui avait parlé ressortait encore vivement sur son arcade. Après l'avoir considéré un instant, Ellis s'approcha.
— Eh bien, tu vas être aussi grand que ton père.
— Pour l'instant, il est encore plus petit, précisa Ethan depuis l'entrée avant que Jim puisse répondre. S'il me dépasse un jour, ça me fera un sacré coup.
Comme Jeremy fronçait les sourcils en faisant la moue – on parlait de deux centimètres seulement – Ellis rit doucement.
— Mets-toi à ma place ! Quand je vous ai vus ton frère et toi la première fois... Vous étiez déjà quasiment adultes.
Ethan fit une grimace avant de les rejoindre dans la kitchenette.
— On avait l'âge de Jem.
L'intéressé zieuta tour à tour son père et son grand-père, s'étonna de leur ressemblance. Il n'y avait pas trop fait attention ces derniers mois, préoccupé par le besoin de retrouver ses repères et de reconnecter avec son quotidien. Il retrouvait les jumeaux dans les traits d'Ellis. Plus particulièrement Ethan dans ses épaules droites et son sourire tranquille. Edward dans son regard sérieux, intelligent, dans l'assurance posée de sa démarche.
— D'ailleurs, souffla Ellis en basculant de nouveau vers sa petite-fille en pleine préparation du chocolat, tu as des nouvelles d'Edward ?
Ethan posa une main sur le dossier de la chaise près de lui, donna un petit coup de menton vers son fils.
— J'en ai par Jeremy. Il est resté en contact avec Rebecca.
Ellis cligna des yeux étonnés, haussa des sourcils encore blonds à l'adresse de son petit-fils.
— Vous vous parlez souvent ?
— Au moins une fois par semaine, acquiesça Jim en s'asseyant pour considérer le puzzle entamé. Pour Edward, y'a pas grand-chose à dire. Il a laissé tomber l'idée de me faire revenir à la Ghost. Il passe la plupart de son temps à bosser.
— Mmh, fit Ellis d'un air défait.
Il était déçu de ne pas en apprendre plus, mais la faute lui incombait. Sa famille n'avait pas à jouer les pigeons voyageurs pour lui. Ses lèvres finirent par se courber de nouveau quand Thalia lui tendit un mug fumant de chocolat chaud. Une fois qu'il l'eut remerciée, Ellis s'installa à la petite table. Les pièces restantes du puzzle s'éparpillaient sur le plateau.
— Je peux vous aider ?
Ethan changeait les draps de son lit pour laisser son père y dormir quand Ellis le rejoignit. L'homme poussa la porte dans son dos jusqu'à entendre claquer le verrou puis dévisagea son fils.
— Comment tu te sens ?
— Ça va. (Ethan adressa un sourire doux-amer à son père.) Papa, je t'ai déjà dit...
— Je ne t'analyse pas, Ethan. Je... je te demande juste ça en tant que père.
— OK. (Ethan rassembla ses draps sales, l'air gêné.) Ça va un peu mieux depuis hier. Pour tout le monde. Jem était pas en forme avec ce qui s'est passé avec Will.
— Oui, j'ai vu qu'il avait maigri. Mais si tu me dis que ça va mieux... En tout cas, je l'ai trouvé plus ouvert et souriant que lorsqu'on l'a ramené du Nevada.
— C'est normal, il sortait d'un an et demi de captivité. Mais on tient le bon bout. Je crois.
Son hésitation arracha un rictus à son père. Ellis détailla le visage d'Ethan, nota les cernes et les ridules. La lueur vacillante de ses yeux ambrés.
— Et... ça ne t'a pas trop secoué ? Tu as eu l'impression de faire un transfert sur ton fils ?
— Papa, tu recommences, soupira Ethan en lâchant les draps au pied du lit pour les emmener plus tard à la salle de bains. Tes mots compliqués, ta psychologie...
— Ethan, bon sang, s'agaça Ellis en se rapprochant, je ne joue pas au psychiatre avec ma propre famille. Ce serait la pire chose à faire.
Son fils le sonda pendant quelques secondes avec des lèvres pincées et un visage fermé. Il avait du mal à y croire. Ellis avait toujours eu ce penchant un peu intrusif – sans qu'il s'en rende compte – qui irritait Ethan. Il savait que le fond était sincère et bienveillant, mais la forme le mettait mal à l'aise.
— Alors ? insista Ellis avec un pli d'inquiétude au milieu du front.
— Je ne sais pas, grommela Ethan en fouillant son armoire à la recherche de linge de lit propre. Évidemment que ça m'a choqué et énervé.
— J'imagine. Mais ça n'a rien fait ressortir de... traumatisant ou de violent pour toi ?
Les épaules d'Ethan se contractèrent sous son pull. Cette intonation prudente l'agaçait encore plus qu'une affirmation. Il se tourna d'un bloc vers son père, les traits crispés.
— Bordel de merde, si. Savoir que Will a insulté et frappé mon gamin m'a donné envie de lui casser la gueule. Mais comme Maria s'en est chargée, le problème est réglé.
— Oh, Ethan, je te parlais pas de ça. Je voulais dire, à propos de...
— Du fait qu'Alexia m'a maltraité ?
La façon dont il avait coupé Ellis, brutalement, froidement, lui en apprit bien plus que les mots. L'homme plissa les yeux, leva une main apaisante.
— Jeremy sait ?
— De quoi ?
— Ce qu'Alexia vous a fait subir, à Edward et toi ?
— Bien sûr que non, siffla Ethan en dépliant brusquement un drap sur son matelas nu.
— Il doit se douter de quelque chose, tu sais, souffla Ellis d'un ton soucieux. Il ressent bien plus vos émotions, à Maria et toi, que vous ne vous en rendez compte. Ce petit est une vraie éponge. Il a du mal à gérer ses propres ressentis, alors si vous ajoutez les vôtres...
— Comment il pourrait savoir ? grogna Ethan d'un air peu convaincu. Je lui ai rien dit volontairement. Je ne veux pas qu'il s'en fasse pour ça.
— Je croyais que, Maria et toi, vous lui aviez promis de ne plus rien lui cacher.
Mouché, les joues soudain chaudes, Ethan se figea dans son mouvement. Il finit par se laisser choir au bord du matelas, aussi froissé que les draps à ses pieds.
— C'est vrai. Je ne sais pas quoi faire. Lui en parler, c'est... J'ai peur qu'il ne comprenne pas.
— Oh, au contraire, le rassura Ellis d'une voix adoucie. Je pense qu'il comprendra. Et plus encore, il comprendra un paquet de choses sur ton rapport à Alexia. Sur les raisons pour lesquelles elle vous pourrit la vie depuis toujours.
Ethan se frotta la joue de nervosité. Ellis lui mettait la tête à l'envers. Il lui en voulait – cette impression qu'il usait de son expérience en psychiatrie ne quittait pas Ethan. En même temps, il n'avait jamais été de mauvais conseil depuis qu'ils se fréquentaient.
— Et il n'a plus cinq ans, Ethan, ajouta son père en se déplaçant jusqu'à la fenêtre pour observer les immeubles alentour. Il a seize ans dans trois mois.
— M'en parle pas, soupira Ethan d'un ton rauque. Je sais que c'est plus un petit garçon, mais je veux le protéger. Du mieux possible. En même temps, je sais qu'il nous a demandé d'être transparents avec lui. Qu'il s'attend à ce qu'on soit honnêtes.
— Je ne dis pas que ça sera facile, confirma Ellis d'un air désolé. Mais je crois que c'est important. Jeremy a besoin que tu t'ouvres à lui pour qu'il puisse faire pareil. Il a besoin de te connaître et de te comprendre. Ça crève les yeux, quand il est avec toi.
— Quoi donc ?
— Qu'il essaie de se rapprocher de toi, de renouer les liens. Mais qu'il n'y arrive pas. Il se met ses propres barrières. Tu dois lui donner ta confiance et lui montrer tes failles. Il fera de même, Ethan.
L'intéressé déglutit péniblement, serra les bras contre ses flancs. Il les ressentait, les sentait grouiller sous son épiderme. Les coups, les marques, les cicatrices. Les preuves sur sa peau, les souvenirs dans son crâne.
— Je vais lui en parler, se décida-t-il avant de se laisser la possibilité de changer d'avis. Je vais sûrement lui pourrir son Noël, mais...
— Il sera reconnaissant, je t'assure. Tu fais la bonne chose.
— J'espère. (Ethan échangea un regard dépité avec son père.) J'espère vraiment. Que je ne vais pas casser le peu qu'il y a entre nous.
Ellis lui adressa un sourire tordu. Derrière les verres de ses lunettes, ses yeux restèrent indéchiffrables.
— Tu pourras entièrement m'en vouloir si je me suis trompé. Mais j'ai confiance en toi et j'ai confiance en lui. Vous méritez de vous retrouver complètement.
Ethan hocha la tête, se passa une main sur le visage en riant nerveusement.
— Tu peux lui dire de venir me voir, s'il te plaît ?
Ellis haussa des sourcils étonnés – c'était rapide – mais ne contesta pas. En passant près de son fils pour rejoindre la sortie, il lui serra l'épaule.
— Tu es courageux. Et je suis fier de toi. Je voulais te le dire.
— Merci papa.
Quand la porte se fut refermée dans son dos, Ethan vint se caler contre la fenêtre. Les doutes l'assaillaient aussi violemment que les brumes de coups et d'insultes contre son double plus jeune, coincé dans les réminiscences de son enfance volée.
C'était pourtant la meilleure chose à faire, il le savait. Ses enfants lui avaient fait promettre de cesser les mensonges, les non-dits et les secrets. Tout ce qui avait émietté leur famille ces dernières années.
Jeremy resta de longues secondes silencieux, à dévisager son père comme s'il le voyait pour la première fois. C'était un peu le cas. Ethan lui rendit la pareille, dos à la fenêtre, bras croisés. Il se sentait incapable de se détendre, pas après avoir raconté de telles monstruosités à son fils.
— Papa, commença-t-il d'une voix à peine audible, c'est pour ça que...
Le menton tremblant, Jim ne termina pas sa phrase. En écho à l'attitude d'Ethan, il se ratatina au bord du lit, les yeux dans le vide. Tant de choses se déroulaient en lui. Se dénouaient, s'élucidaient. Amenaient un nouveau millier de question.
— Thalia ? Elle sait ?
— Non. Non, je lui dirai... quand elle sera plus grande.
— Et maman ? Mike ?
— Oui, ils savent. Depuis longtemps.
— Mais... Edward aussi ? Je veux dire, pourquoi... Pourquoi il reste ?
Le regard d'Ethan se voila. Une question si vaste. Des réponses multiples. Et l'explication la plus probable : parce qu'il n'avait rien eu d'autre. Ed avait tout perdu le temps de son enfance et de son adolescence. Et Ethan avait choisi de se protéger, de s'assurer un avenir, plutôt que de tomber avec lui.
Deux décennies plus tard, cette constatation lui laissait encore un goût amer en bouche. Mais, à voir ses enfants, sa complicité avec Mike et son épanouissement professionnel, les regrets se diluaient. Il y avait bien des dépôts, au fond de sa tasse, mais l'eau avait gagné en clarté.
— Et Rebecca ? enchaîna Jeremy, aussi blanc que les draps propres sur lesquels il s'était assis. Il la laisse avec elle ? Alors qu'elle...
— Il paraît qu'elle aime sa petite-fille, l'interrompit Ethan d'une voix rauque. Celle-ci, au moins. J'aurais aimé qu'elle vous laisse la même chance, à défaut de pouvoir m'aimer.
Le visage de son fils se tordit. Il s'en voulait de ne pas avoir fait le lien avant. Il savait depuis un moment que sa grand-mère n'avait jamais accepté ses fils. Qu'elle avait haï les accomplissements d'Ethan. Il aurait dû réfléchir plus loin.
— Pardon, lâcha-t-il d'un ton étouffé. Je suis désolé pour toi.
— Jemmy, ne t'excuse pas. Je voulais que tu sois au courant. Pour que tu comprennes mieux les choses.
L'adolescent hocha la tête, la gorge trop nouée pour parler. Les mois passés aux côtés de son oncle lui revenaient en pleine face. L'incendie de sa maison. La mélancolie de son père, la colère et l'incompréhension de sa mère. La véhémence de Mike quand il s'agissait de défendre son ami d'enfance.
— Tu sais, le matin où tu es rentré de chez Jason, ajouta Ethan après avoir inspiré brusquement, j'ai été sec avec toi. Je voulais pas te brusquer, Jem. Mais j'ai tellement peur pour toi. Tout le temps. Avec maman, on s'est imaginé beaucoup de choses. L'idée qu'Alexia parvienne à vous mettre la main dessus, à Thalia ou toi, ça me...
Il serra les poings dans son dos, incapable de faire sortir l'effroi. De donner corps aux pensées sanglantes et cendreuses qui étouffaient son crâne.
— Et pour Will, ajouta-t-il finalement, ça a été la goutte de trop. Maria et moi, on s'est promis de jamais lever la main sur vous. On ne voulait pas être ces parents qui se font obéir par les fessées. Qui se justifient d'une bonne gifle qui remet les pensées en place. On voulait pas s'approcher d'un millimètre de ce qu'on avait nous-mêmes connu. Surtout pour moi.
Comme son fils restait recroquevillé dans son angle de lit, visage blême et yeux fuyants, Ethan se décida à se décoller de la fenêtre pour s'asseoir à côté de lui. Il lui glissa un bras en travers du dos.
— Ce qu'a fait Will n'est pas correct. Il n'avait pas le droit de t'insulter et de te frapper.
Jeremy hocha faiblement la tête, nauséeux. Le geste de Will l'avait marqué physiquement, mais surtout psychologiquement. Il se ressassait chaque jour la scène, s'imaginait contrer, protester. En vain. Il lui semblait manquer de mots pour affronter une telle chose.
Alors que devait-il se passer dans la tête de son père ? Dans la tête d'un enfant abusé devenu adulte avec des pièces cassées ? manquantes ?
Le cœur au bord des lèvres, Jim posa la joue contre l'épaule d'Ethan. Il avait un peu moins l'impression de tanguer, comme ça.
— Merci de l'avoir dit.
Son père ferma les yeux pour en chasser les larmes, serra l'adolescent contre lui.
— Merci d'avoir écouté. Je suis désolé de t'imposer encore plus de souffrance. Mais c'était important. Je t'avais promis qu'il y aurait pas de mensonges entre nous.
Comme Jim hochait de nouveau la tête, trop bousculé pour vraiment parler, Ethan le lâcha.
— Bon, je change complètement de sujet, mais tu as quelque chose à te mettre sur le dos pour Noël ?
Dérouté par la question, Jeremy répondit par la négative après quelques secondes de silence. Un sourire amusé aux lèvres, Ethan se redressa pour ouvrir sa porte de placard.
— Alors, on va tâcher de remédier à ça. En plus, ça fera plaisir à ta mère.
L'adolescent fit la moue à la mention de Maria. Ce qu'il ressentait à ce propos le taraudait. Il lui en voulait, pour ne pas avoir remarqué le comportement problématique de William. En même temps, il se demandait à présent ce qu'elle avait pu vivre de douloureux de son côté. Avait-elle privilégié les non-dits, à l'instar de son père jusqu'à aujourd'hui, pour le préserver ?
— Tu crois que maman voudra bien me parler ? murmura-t-il en se tordant les doigts.
Ethan lui jeta un regard étonné, pinça les lèvres pour s'obliger à réfléchir à sa réponse plutôt que de lui adresser de fausses vérités. Comme son fils se décomposait à vue d'œil, il lui assura :
— Je crois qu'elle n'attend que ça, Jem. De pouvoir poser les choses à plat. Comme on l'a fait tous les deux.
Jeremy reprit quelques couleurs, expira un souffle resté bloqué dans sa poitrine glacée d'appréhension. Après quoi, il se frotta le visage et rejoignit son père face à l'armoire.
— Je peux te piquer des vêtements ?
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