Elle me nargue.

Cette personne, la en face de moi, me nargue a coeur ouvert, me fixant de ses yeux verts remplis de jugement. Je soutiens quand même son regard. Mais si je ne suis pas lâche, je ne suis pas non plus courageuse, et je détourne les yeux. Elle en fait de même.
Elle en fait de même, cette personne qui copie chacun de mes fais et gestes.
Je ne mérite pas d'être copiée.
Je ne suis rien.
Mon reflet mérite plus.
Mon reflet ne mérite rien. Je pose la main sur la sienne, (la mienne en quelque sorte) glacée, froide, plate, sans vie. Je suis peut être comme ça a l'intérieur. Un désert. Vide et gelé. Les seuls habitant de ce vide sont des sentiments qui m'assaillent, me prennent a la gorge, ou me secouent dans tous les sens. Jusqu'à ce que je lâche prise. Et parfois, je tombe. Je retire ma main du miroir. Détourne les yeux de nouveau. Observe mon bras, mon vrai bras, pas celui que me montre mon reflet ignoble. Puis mes mains, a qui personne ne fait attention. Mon ventre, que je n'aime pas. Je passe mes doigts dans mes cheveux courts. Ils ne me vont pas. 

La vie m'a bien frappée, maintes fois.
M'a fait me mettre à genoux devant elle.
Mais je me relève.
Et mon reflet me sourit.