4.0
♤♤♤ Blake
La lumière du jour qui traverse les volets me réveille en douceur. Mes paupières s'ouvrent délicatement et je m'étire le plus possible. Je me tourne vers Neymar pour le constater une dernière fois, mais je suis surprise de voir la place vide.
La lumière du jour ? Neymar absent au lit ? Mon coeur n'a jamais battu aussi vite de toute ma vie. Je me lève rapidement du lit pour récupérer mon téléphone dans les mains, et je manque de tomber parterre quand l'heure s'affiche : 9:17.
— Neymar ! Je m'écrie. Neymar, putain !
Je cherche mes affaires au sol qui ont volé la veille pour m'habiller tout en jurant.
— Neymar je te déteste ! Fais chier, putain. Pourquoi tu ne m'as pas réveillée merde !
J'avais pourtant mis un réveil. Pourquoi est-ce qu'il n'a pas sonné ? La panique me gagne parce que le temps presse ; à l'heure actuelle, je devrais déjà être morte.
Je ferme les yeux à cette pensée qui me fait froid dans le dos. J'ai pris cette décision qui va sauver mon frère, mais ce genre de pensées sont toujours autant difficiles à digérer.
Je n'ai toujours aucune réponse de la part du brésilien, et la colère commence à monter en moi. Comment est-ce qu'il a pu me faire une chose pareille ? Merde, c'est la vie de Cloodd qui est en jeu.
Je quitte à toute vitesse la chambre pour récupérer mes chaussures dans la salle principale. Toujours aucune trace de Neymar. Putain, mais qu'est-ce qu'il fout ? Où est-ce qu'il est passé ?
Après avoir enfilé mes chaussures, je compose son numéro et décide de l'appeler. Cependant, je tombe directement sur sa messagerie. Putain de journée de merde.
Tant pis. Je vais lui voler sa voiture, ça lui apprendra à faire l'autruche alors que j'ai une vie à sauver.
Je cherche des clefs de voiture dans toute la maison, sans succès. Je me dirige alors à l'extérieur, prête à en découdre, mais je reste pétrifiée sur place quand je me rends compte de ce qui est en train de se passer.
Neymar n'est pas à la maison. Sa voiture n'est pas garée devant. Et je suis seule.
Je passe mes mains sur mon visage puis dans mes cheveux ; comment a-t-il osé me faire une chose pareille ? A cause de la colère et de la peur, j'explose en sanglots ne sachant pas quoi faire.
Au bout de quelques minutes à chialer comme une conne, je me ressaisis et décide d'appeler Rafaella. Faites qu'elle réponde, je vous en prie.
Au moment où j'étais prête à balancer mon portable contre les arbres autour de moi, la brésilienne décroche à la dernière sonnerie :
— ... Blake ?
— Où est ton frère ? Je m'écrie. Où est Neymar, putain !? Dis lui de revenir tout de suite ou je vais le massacrer !
Il ne peut pas me faire ça, c'est pas possible... J'espérais que ce soit une blague de mauvais goût, mais il faut croire que Neymar me l'a fait à l'envers. Et je ne lui pardonnerai jamais s'il arrive malheur à mon frère avant que je n'arrive à temps.
— Attends, doucement, calme-toi. De quoi est-ce que tu parles ? Et tu es... toujours vivante ?
— C'est bien ça le problème !
Si quelqu'un me voyait actuellement, il me prendrait certainement pour une folle. Mon visage est rempli de larmes, je suis en train d'hurler et je me tire les cheveux.
— Je suis censée être morte, à l'heure actuelle ! Si je n'avais pas accepté de passer une dernière nuit avec lui, rien de tout cela ne serait arrivé. Rafaella, s'il arrive quelque chose à Cloodd...
— Où est-ce que tu es ? Je viens te chercher.
Je me tourne vers ce chalet qui me manquera énormément et lui indique le lieu.
— Ne bouge pas, j'arrive.
Pour vu qu'il ne soit pas trop tard.
*
Je claque fermement la portière avant de courir jusqu'à l'entrée de l'hôpital. Je ne peux pas perdre plus de temps que je ne l'ai déjà fait.
— Blake, attends moi !
Je n'écoute pas Rafaella, parce que tout ce qui compte en ce moment même c'est la vie de mon frère.
Je m'arrête devant le guichet, là où une infirmière est déjà au téléphone.
— Je veux voir Madame Darfi, c'est urgent. Maintenant !
— Veuillez patienter, je suis au téléphone.
La panique me pousse à faire des choses que je ne me permettrais jamais en général : je me saisie du téléphone collé à son oreille pour le balancer à terre.
— Écoutez moi bien, je suis le donneur de Cloodd O'Connell. Je veux voir le médecin Darfi tout de suite !
— C'est impossible pour le moment. Elle est actuellement au bloc opératoire.
Je la chope par le colback pour l'attirer vers moi et lui balancer :
— Je crois que je me suis mal fait comprendre : mon frère est en train de crever et je dois le sauver. Si vous ne faites rien pour arranger ça, c'est vous qui crèverez bientôt.
— Blake arrête ça !
Rafaella me tire par le bras mais je suis trop en colère contre moi-même pour l'écouter.
— Ce n'est pas en menaçant qui que ce soit que les choses vont s'arranger.
— Ce n'est pas en restant planter là à rien faire que les choses vont s'arranger.
La brésilienne pose ses mains sur mes épaules pour m'inciter à m'asseoir sur les chaises dans la salle d'attente.
— Tout va bien se passer, je te le promets.
Elle récupère ma main dans la sienne pour la serrer le plus fort possible et poursuit :
— Je suis contente de te voir une dernière fois, qu'importe ce que tu penses en ce moment même. Ton frère est un battant, s'il est encore vivant jusqu'à maintenant c'est qu'il est capable de tenir le coup encore un peu. Je ne sais pas ce qui lui a pris à Neymar de te lâcher comme ça. C'est dégueulasse, et je te promets de lui botter le cul quand on le retrouvera. D'accord ?
Je hoche simplement la tête, sans répondre quoi que ce soit. Même moi je ne sais pas ce qui lui a pris... Je lui en veux tellement.
— Madame Darfi arrive dans quelques instants. S'adresse à moi l'infirmière derrière son bureau.
Je me lève d'un coup sec, prête à partir. Cependant, Rafaella me retient par le bras et m'offre un sourire triste :
— Est-ce que je peux faire quelque chose que j'ai toujours rêvé de faire ?
Je la constate un moment avant de lui rendre son sourire et de hocher la tête.
Sans m'y attendre, je sens les lèvres de Rafaella se poser sur les miennes. Un baiser d'adieu.
— C'est Neymar que j'étais censée embrasser le dernier jour de ma vie. Je ricane.
— Il n'avait qu'à être présent. Et puis, c'est sa sœur qui t'embrasse. C'est encore mieux.
Je l'attire vers moi pour lui faire un câlin d'adieu et la serre le plus fort possible.
— Tu vas me manquer. Chuchote-elle, la gorge serrée.
— Adieu, Raf'.
Nous nous séparons et, au même moment, j'entends mon nom de la bouche du médecin de mon frère.
— Je te laisse, je dois y aller.
— Je t'aime.
J'abandonne, le cœur serré, mon acolyte de toujours puis rejoins rapidement Madame Darfi dans le couloir.
— Madame O'Connell, je ne pensais pas vous voir ici, aujourd'hui.
Je lâche un léger rire neveux, surprise.
— Vous savez que je suis le donneur. Qu'on en finisse maintenant.
Elle m'observe un instant avant de fouiller dans son carnet qu'elle tient dans ses bras.
— J'ai reçu un papier, signé par vous, par lequel vous ne souhaitiez plus être le donneur.
Mon coeur tambourine dans ma poitrine, ne comprenant pas son charabia. Je n'ai jamais fait une chose pareille. Tout ce que je veux, c'est sauver mon frère de sa maladie.
— Mais vous êtes complètement malade ! M'emportais-je. Mon frère est sur un lit d'hôpital, prêt à mourir, et soit disant je ne souhaite plus être le donneur ?
— Calmez-vous, je vous en prie.
— Me calmer ? Dis-je, encore plus fort. S'il arrive malheur à mon frère, je vous jure que-
Madame Darfi me coupe la parole en m'apportant une feuille sous mes yeux.
— Cloodd O'Connell a été pris en charge il y a quatre heures.
Mon frère a été pris en charge ? Quoi ? Mais comment est-ce possible ?
— Vous avez signé ce papier par lequel vous ne refusiez d'être le donneur, et autorisé quelqu'un d'autre à le faire.
Je n'en reviens pas, je ne comprends même pas comment ce médecin a pu avoir cette feuille.
— Je n'ai jamais vu ce papier de ma vie.
— Pourtant, je n'invente rien. C'est bien votre signature ?
J'inspecte la feuille sous mes yeux avec attention ; c'est bien un papier où je refuse d'être le donneur. Et c'est bien ma signature.
— Un donneur compatible s'est proposé il y a quelques jours. L'opération a été un succès. Une chance que votre frère ait été sauvé par une âme charitable.
Je rate un battement face à son jugement ; j'avais signé les papiers dès que j'ai su que j'étais compatible. Je donnerai ma vie pour mon frère. Et c'est ce que j'allais faire. Mais quelqu'un m'a devancé.
Mais de qui pouvait-il bien s'agir ?
— Je pourrais savoir le nom du donneur, s'il vous plaît ? Je lâche, finalement.
— Je suis navrée, mais cette personne préfère rester anonyme.
Je baisse la tête, déçue.
— En revanche, cette personne m'a demandé de vous remettre cette lettre une fois l'opération terminée.
Je pose mes yeux sur l'enveloppe qu'elle tient entre ses mains et la récupère, tremblante.
— Vous pourrez bientôt voir votre frère. Je suis heureuse qu'il s'en soit sorti.
Je la fixe se retourner et s'en aller mais une voix fait irruption dans le couloir :
— Maman ! Maman, attends !
Je me retourne vers cette personne et je suis stupéfaite de constater Judith arriver en courant. C'est une blague ? J'ai raté un épisode ? Judith est la fille de... Madame Darfi ?
— Qu'est-ce que tu fais là, toi ? Dis-je, agacée.
Mais cette dernière m'ignore royalement se contentant de s'adresser à sa mère :
— Dis-moi qu'il n'a pas fait ça, je t'en prie. Il m'a pourtant avoué qu'il était incompatible.
— Il t'a menti, ma chérie. Il est décédé ce matin, à 6h17.
Je les regarde et les écoute attentivement, ne comprenant pas de qui elles parlent.
— Il est trop tard, Judith.
Cette dernière s'effondre en larmes alors que je la fixe, les sourcils froncés.
— Pourquoi est-ce que tu te mets dans un état pareil ? Je la questionne.
— T'es si conne que ça? T'as toujours pas compris ?
Son regard est rempli de haine à mon égard et elle enchaîne :
— Si tu n'étais pas revenue dans sa vie, rien de tout cela ne serait arrivé! C'est ta faute s'il en est là aujourd'hui. Tu as détruit sa vie et à tous ceux qui tenaient à lui. Neymar est mort par ta faute. Neymar s'est sacrifié pour sauver ton frère.
*
« À l'amour de ma vie, Blake
Si cette lettre arrive entre tes mains et que tu es en train de la lire, c'est que j'ai pris ta place. Et j'en suis soulagé. Je ne me voyais pas vivre sans toi, Blake. Je l'ai vécu une fois, et j'ai bien eu du mal à surmonter mon chagrin, alors je ne me voyais pas le revivre une seconde fois. Parce que cette fois là aurait été de trop.
Ne m'en veux pas, mon amour. Dès que j'ai su que j'étais compatible, tout me paraissait évident : j'allais offrir ma vie à ton petit frère. Je t'avoue que j'aurais bien aimé connaître ce petit bout de chou avant de m'en aller.
Et si jamais je te manque, dis-toi que je suis toujours près de toi, je ne suis pas là physiquement mais mon cœur est dans le corps de Cloodd. Il t'appartiendra pour toujours et à jamais. Je te le promets.
Blake, tu es la seule fille que j'ai aimé de toute mon âme. Je n'avais jamais éprouvé de tels sentiments auparavant, et je ne pensais pas un jour connaître cet amour qui te consume, qui te donne envie de vivre et de te battre. Et je peux me vanter d'avoir été chanceux de connaître cet amour – et même l'Amour – avec toi, Blake. L'amour est un sentiment tellement puissant.
Sache que j'aurais aimé avoir eu le temps de fonder une famille avec toi, me marier avec toi, vieillir avec toi. Tu es une fille extraordinaire, et je n'aurais pas pu rêver mieux parce que tu es la fille de mes rêves, mon ange.
Ne pleure pas pour moi, parce que je m'en vais le coeur riche de souvenirs partagés avec toi. Je ne serais jamais devenu la personne que je suis aujourd'hui sans toi, sans ton amour. Tu as laissé une trace indélébile sur mon cœur.
Et je te remercierai jamais assez pour l'amour que tu m'as porté ; personne ne m'a jamais aimé de cette façon et encore moins aussi fort. Je me suis senti aimé, utile, important. Et c'était la plus belle chose que j'ai vécu.
Je me rappelle encore de cette première fois où je t'ai vue. Et je dois t'avouer quelque chose... même de dos je te trouvais déjà irrésistible. Et je me rappelle de notre premier baiser ; comment oublier une bouche si parfaite collée à la mienne ? Rien que d'y penser j'en ai des frissons et mon coeur palpite.
Tu as changé ma vie en une fraction de seconde, et je ne pensais pas que ce message sur Snapchat nous emmènerait jusqu'ici. Alors je ne regrette absolument pas ce jour où je suis venu t'aborder d'une drôle de façon !
Maintenant, profite de ta vie, Blake. Tu es jeune, belle, talentueuse, incroyable. Qui ne voudrait pas d'une femme comme toi dans sa vie ? Par contre je te préviens, choisis bien ton prochain copain sinon je t'enverrai des éclairs d'en haut !
Je plaisante, mais prends soin de toi. Tu mérites quelqu'un de bien, mon ange. La personne qui t'est destinée pointera le bout de son nez au moment venu. Et ne le repousse pas, parce que je serai fier de toi de là où je serai. Parce que tout ce qui m'importe c'est ton bonheur.
J'aurai juste une petite faveur à te demander : prends soin de ma sœur, s'il te plaît, ainsi que de mon fils. Je ne supporterai pas de les voir pleurer ma perte. Dis leur que je pense fort à eux et que je les aime plus que tout au monde. Et que je ne les oublierai jamais, parce que je veillerai sur eux à chaque instant de leur existence.
Trouve une copine pour Kylian aussi s'il te plaît, ça lui remonterait le moral de s'envoyer en l'air ! Oui je plaisante, mais c'est important parce que sinon cette lettre est complément ridicule à paraître si triste ! J'écris cette lettre en étant heureux, alors qu'ils en soient de même, et toi également. Je ne regrette pas mon choix.
Vie ta vie Blake, ma vie s'est arrêtée mais la tienne continue. Profite à fond désormais, fais toi plaisir, et si tu le fais pas pour toi fais-le pour moi. Je t'en prie. Parce que ton bonheur fait le mien. Parce que je t'aime, Blake. Je t'ai promis de t'aimer jusqu'à ton dernier souffle, et même encore après. Et c'est ce que je vais faire.
Prends soin de toi, mon ange. Et n'oublies pas de parler de moi à tes futurs enfants.
Je t'aime, Blake Da Silva Santos
L'amour de ta vie, Neymar »
— Je t'aime aussi, mon ange. Soufflais-je, les larmes dévalant sur mes joues.
Allongée sur le sable de notre plage avec la lettre collée à ma poitrine, je ne cesse de fixer ce grand ciel noir rempli d'étoiles. Là où repose désormais l'amour de ma vie. Autrement dit, mon ange gardien.
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Saluuuut tout le monde ! Comment allez-vous après ce chapitre ? 2600 mots... le plus long chapitre que j'ai écrit jusqu'à présent !
Je vous poste l'épilogue ce soir (eh oui déjà, ça passe bien vite...), déjà la fin de cette aventure à vos côtés <33 C'était incroyable, et je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous avez fait pour cette fanfic et ces personnages ❤️
Passez une bonne après-midi et à ce soir !
nyssa
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