- Onze heure -

L'heure à laquelle Erwin avait décidé de réveiller son amant qui dormait encore. Oui. On parle bien de Levi. L'homme qui ne dormait que trois heures par nuit. Il s'avère que depuis qu'il était avec le Major, ses nuits étaient de plus en plus complète. Et parfois, un peu trop..

Le blond ne souhaitait pas réveiller son amant, mais si il ne le faisait pas, Levi allait s'endormir tard cette nuit et ce serait le début d'un nouveau cycle de sommeil très peu approprié. S'installant sur le bord du lit, il passa doucement sa main sur la douce joue légèrement rosée du noiraud. La couleur de sa joue montrait parfaitement le début de l'été qui commençait avec une chaleur quelque peu étouffante. Mais Levi, étant de nature frileux, souhaitait dormir avec la couverture, et ce, peu importe la température. Caressant son front, Erwin leva les yeux au ciel.

- "Tu meurs de chaud." dit-il en chuchotant.

Venant tirer doucement sur la couette, Erwin descendit cette dernière jusqu'au bassin de l'homme qu'il aimait. S'abaissant doucement, il vient déposer un premier bisou sur sa joue gauche. Et puis la droite. Remarquant que le noiraud gigotait légèrement, Erwin sourit et commença à lui bisouter le visage, ce qui fit ouvrir difficilement les yeux du noiraud.

- "Bonjour petite marmotte. Il serait temps de se lever." dit-il en venant déposer un baiser sur ses lèvres.

Mais Levi n'était pas de cette idée. Encore dans les vapes, il râla et lui tourna le dos, comptant bien rester dans le lit encore quelques heures si il le pouvait. Soupirant, Erwin avait compris. La manière douce pour réveiller Levi ne fonctionnait pas. Et bien que cela ne l'enchantait guère de le forcer à se lever, il le devait.

Se redressant, il tira d'un coup l'un couverture, laissant Levi sans couette. Fronçant les sourcils, Levi tourna la tête et ouvra un œil.

- "Erwin, remet la couverture." ordonna le plus jeune, ce qui n'eut que pour effet de faire rire le blondinet.

- "Si tu penses qu'en me parlant ainsi je vais t'obéir. Nous sommes en été Levi, alors tu vas remplacer tes pyjamas de petit vieux par un simple bas pour commencer. Mais ça, nous verrons ce soir."

S'abaissant, il attrapa le corps musclé de son amant, et il le porta en mode princesse dans ses bras. Mécontent, Levi râla davantage avant de cacher sa tête dans le torse du blond.

- "Laisse-moi dormir ! Tu te plains lorsque je dors peu et pour une fois que je dors très bien, tu m'empêches de dormir."

- "Mh, tu dors un peu trop bien, douze heures par nuit c'est très bien, mais ne commence pas à prendre de mauvaises habitudes. Il faut un entre-deux mon ange." lui dit Erwin, se dirigeant vers la table où il avait préparé le petit déjeuné pour son homme.

Le déposant ainsi sur la chaise, Levi avait fini par ouvrir les yeux. Ses cheveux retombant devant son visage, il soupira en voulant les remettre en arrière, mais rien n'y faisait. Voyant que Levi était en difficulté avec ces derniers, il sourit et se mit derrière lui pour venir attraper ses cheveux et en faire une petite queue à l'aide de l'élastique qu'il avait autour du poignet.

- "Tu ne veux toujours pas les couper hein ?"

- "Non. Je n'ai plus confiance en Hange." répondit Levi.

- "Mais tu sais qu'il y a bien d'autres personnes compétentes pour te couper les cheveux ? Je sais que tu n'as pas énormément confiance aux autres, mais moi je pourrais essayer si tu veux ?"

Relevant la tête pour regarder son amant, Levi haussa un sourcil.

- "Toi ? Tu es maladroit comme je n'ai jamais vu. Alors avec une paire de ciseaux dans les mains ? Tu rêves."

Levant les yeux au ciel, Erwin ricana. Après tout, il n'avait pas tords. C'est vrai que depuis la fois ou Hange avait raté la coupe de Levi, à cause de ses pensées..

 Coupant les cheveux du noiraud comme elle en avait tant l'habitude, elle finissait quelque fois par partir dans ses pensées. Cependant, cette fois-ci elle était tellement ailleurs qu'elle coupait par réflexe, coupant par conséquent trop court derrière. Levi avait donc dû porter un chapeau pendant un long mois. Et depuis, il refusait que l'on touche à ses cheveux pour les couper, et la vue d'une paire de ciseaux le faisait frissonner. Erwin avait donc pris l'habitude de porter un élastique autour de son poignet pour attacher les cheveux du caporal lorsque cela devenait nécessaire. Bien qu'il ne désespérait pas à l'idée qu'il se recoupe les cheveux à nouveau un de ces jours. Il savait bien que Levi ne supporterai pas trop longtemps que ses cheveux repoussent. Même si pour l'instant, sa coupe ne changeait pas vraiment, et Erwin appréciait bien de pouvoir lui attacher les cheveux, ça lui donnait un énième charme.

- "Tu n'as pas tort. Enfin bon, mange. Je t'ai fait un thé avec une tartine de confiture. Je n'en ai pas trop fait car tu n'auras pas faim pour ce midi sinon."

Hochant la tête, Levi le remercia, il commença à boire dans sa tasse se perdant dans ses pensées. Erwin lui, vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon noir, préparait une tenue pour son amant. Cela faisait maintenant sept mois qu'ils étaient ensemble, et Levi avait déménagé la plupart de ses affaires ici. Il ne dormait plus dans ses appartements depuis bien longtemps. Il arrivait parfois au blond de choisir les habits du noiraud, qui ne s'en plaignait jamais. Et puis, Erwin ne sortait pas de l'extravagance. Il lui prépara donc un short, car oui, l'été voulait dire, habits légers. Sortant un short en jeans et une chemise à manche courte blanche. Ce qui ne ressemblait pas du tout à la tenue du blond qui lui était loin d'être frileux, mais il avait pris l'habitude de porter ce genre de tenue depuis bien longtemps, et il avait beaucoup de mal à s'en détacher. Sûrement par peur de l'image qu'on puisse lui faire. Être Major n'était pas tache simple. Et bien que Levi essayait souvent de lui faire porter autre chose, les seules fois où il avait accepté était lorsqu'ils étaient en repos et qu'ils ne sortaient pas d'ici.

Déposant les affaires dans la salle de bain, Erwin revenu vers Levi qui avait croqué dans sa tartine. Le regardant, un sourire attendrit se déposa sur ses lèvres. Partant ranger de nouveaux livres qu'il avait acheté, une question trottait dans la tête du blond. Et il devait la poser à Levi, même si la question risquait de paraître quelque peu... Etonnante.

- "Levi ?"

- "Mh ?" répondit le noiraud, la bouche encore pleine.

Laissant un instant de silence, Erwin se lança.

- "Ça te dirait qu'on ait un enfant ?"

Écarquillant les yeux, Levi avala de travers et se mit à toussoter, ne s'y attendant pas. Se retournant, Erwin senti ses joues se chauffer, il tourna rapidement sa tête vers les livres et continua de les ranger.

- "Pas tout de suite hein. Et puis, c'est juste une question." rajouta Erwin.

Finissant son thé pour faire passer ce qu'il venait d'avaler de travers, Levi laissa à son tour un petit silence, réfléchissant au sens de cette question. Et à une réponse correcte. Mais après un silence qui commençait à se faire pesant, il lui répondit.

- "Non."

Une sensation qu'Erwin ne saurait décrire envahi son estomac, le faisant s'arrêter pendant quelques instants de ranger. Remarquant bien qu'Erwin avait l'air d'être déçu, Levi lui retourna la question, assez intrigué.

- "Et toi ?"

- "Mh, je ne sais pas. Sûrement pas."

- "Ne me mens pas Erwin. Si tu me poses cette question, c'est qu'il y a une raison. Tu veux un enfant ?" se retournant finalement pour regarder son amant, Erwin tourna également la tête.

Un long frisson lui parcouru tout le corps, avant de se décider à lui répondre.

- "Effectivement, tu as raison. Ça fait pas mal de temps que cette question trotte dans ma tête. Et je me demandais ce que ça ferai si un mini nous existait."

- "Un mini nous ? Tu sais bien qu'on peut pas procréer pas vrai ? Enfin sauf si l'un de nous se décidait à faire un enfant à une femme qui le veut bien. Mais je refuse ça. Je n'accepterai pas que tu puisses avoir des rapports avec quelqu'un d'autre que moi, et en plus, les femmes qui acceptent ne le font que pour l'argent, ce serait ignoble d'en arriver là." se justifia le noiraud.

Laissant un petit sourire se former sur son visage, Erwin hocha la tête. Il aimait voir Levi et son côté possessif. Enfin, après tout, Erwin non plus n'aurait pas accepté que Levi puisse aller voir ailleurs, même pour procréer.

- "Oui bien sûr, nous ne choisirions pas cette méthode. Mais on peut adopter. Il y a tant d'enfants qui n'attendent que ça." répondit Erwin, avec son calme habituel.

- "La plupart de ces enfants n'ont pas de parents car ils sont morts tués au combat. Et les autres ont été abandonnés. Ils sont traumatisés Erwin. Et tu penses que si l'on adopte un enfant, on va l'aider ? Et si on meurt hein ? En plus nous sommes deux hommes, cet enfant n'aura pas une belle vie."

Les deux se fixaient. Il y avait une sorte de tension qui venait de se créer entre les deux, et Erwin n'arrivait pas à comprendre. Il avait simplement posé une question qui, certes était différente de celles que l'on pouvait poser habituellement, mais il ne s'attendait pas à ce que Levi ai autant à débattre dessus. Erwin aurait pu s'arrêter là, mais il ne le voulait pas. Il n'était pas d'accord avec les dires de son amant.

- "Certes, ces critères rentrent en compte. Mais ne penses-tu pas que l'enfant aura une meilleure vie que celle qu'il a déjà ? C'est vrai que certaines choses peuvent compliquer la tâche, mais il sera toujours plus heureux qu'enfermer dans les bas-fonds ou dans une maison avec un tas d'enfants qui n'ont même pas l'opportunité d'apprendre à lire et à écrire."

Et voilà, Erwin le savait, il suffisait de parler des bas-fonds pour que le regarde de Levi s'assombrisse.

- "Qu'insinues-tu par le fait de vivre dans les bas-fonds ? Tu penses qu'il n'aura pas une belle vie simplement car il vit là-bas ?"

- "N'importe quoi Levi. Ne déforme pas mes propos." répondit Erwin en levant les yeux au ciel. "Et cesse ce regard à mon égard. Je n'ai fait que poser une question." renchérit-il.

Se levant, Levi attrapa sa tasse et parti la déposer dans l'évier. Tandis qu'il reprit la discussion.

- "Je ne déforme rien. Tu as clairement dit qu'il aurait une meilleure vie ici que dans les bas-fonds."

- "Oui, je le pense. Je ne dis pas que sa vie serait horrible. Mais elle sera forcément moins bien. Ne le prends pas comme une critique envers ton passé Levi."

Les mains du plus jeune étaient déposées sur le rebord du comptoir. Il serra doucement ce dernier et tourna à nouveau le regard vers Erwin.

- "Je ne le prends pas ainsi. Mais j'ai comme cette impression que tu crois encore que si l'on est dans les bas-fonds, on ne peut pas réussir sa vie. Il y a des personnes qui sont bien mieux dans les bas-fonds, et qui sont heureux."

Remarquant qu'Erwin entrait dans un mauvais terrain en employant ce sujet, il soupira. Devait-il se taire ? Mais en même temps, à chaque fois qu'ils parlaient de ça, Levi se vexait, et il ne pouvait pas toujours accepter cela.

- "C'est vrai, tu as raison. Mais pour la plupart, ils deviennent des voyous. Et je ne dis pas que c'est de leur faute, ils doivent se débrouiller seuls, tout comme toi tu as du. Et ose me dire que ta vie était mieux dans les bas-fonds, à voler et à fuir."

Le regard grisâtre de Levi s'assombrissait davantage. Lâchant le comptoir, il s'approcha d'Erwin. Ayant arrêté depuis plusieurs minutes de ranger ses livres, le blond savait pertinemment qu'une confrontation allait avoir lieu, mais cette fois-ci, il n'allait pas laisser passer la chose.

- "Elle était plus simple. Et j'avais encore mes amis."

Se pinçant l'arête du nez, le plus âgé ferma les yeux et inspira profondément. L'histoire de ses amis était la cause de leur mésentente qui avait duré plusieurs années. Enfin, Levi avait décidé de mener la vie dure au blond, lui en voulant. Mais depuis, de l'eau avait coulé sous les ponts, et Erwin pensait que cela avait fini par s'arranger. Et leur couple en témoignait un certain arrangement.

- "Si tu as encore des choses à me reprocher, fais le maintenant Levi. Je pensais qu'on en avait assez discuté et que les choses étaient mise à plat. Mais je vois que ce n'est pas le cas. Alors vas-y, exprime toi, je t'écoute."

Ouvrant les yeux, il croisa les bras et fixa intensément son amant. L'endroit dans lequel ils se trouvaient avait pris une toute autre ambiance.

- "Je ne suis pas là pour te reprocher quoique ce soit. Je trouve ça simplement facile de tirer ce genre de conclusion sur les bas-fonds lorsque l'on a eu une enfance de riche." dit Levi, le ton beaucoup moins posé que précédemment.

- "Une vie de riche ? Je n'ai pas eu une vie de riche. C'est vrai que j'ai eu plus de chance que toi et ça j'en suis amplement conscient, mais ne commence pas à comparer nos vies. Et je ne fais que dire ce que j'ai vu. Après si tu te mettais à me parler un peu plus de cette fameuse vie dans les bas-fonds, je pourrais peut être changer d'avis. Mais pour l'instant, ce n'est pas le cas. Et puis, ne me dit pas que je ne te comprendrais pas. J'ai essayé d'aller dans là-bas avec toi, tu n'as jamais accepté."

- "Aller dans les bas-fonds avec moi ? Mais tu t'entends parler ? Tout le monde te connaît. Tu crois qu'ils apprécieraient ta présence là-bas ? Et la mienne, c'est encore pire. Je me retrouve dans le bataillon d'exploration, alors qu'en bas, tout le monde nous hais. Et ce n'est pas qu'un simple sentiment. C'est une réelle haine Erwin. Alors non. Nous n'irons pas là-bas. Et je n'ai rien à te raconter de plus sur mon passé que ce que tu sais déjà."

Le ton avait sérieusement commencé à augmenter. Les voix se faisaient de plus en plus sèches, et aucun des deux ne détachaient son regard de l'autre.

-"Bien. Mais ne me reproche pas de penser ainsi. La personne que tu étais il y a quelques années montre la preuve même de mes croyances sur les bas-fonds."

Un silence c'était à nouveau installé dans la pièce. Levi sentait une sorte de colère monter en lui, mais que dire ? Erwin avait raison. Et bien qu'il voulait défendre l'endroit où il avait vécu, il ne le pouvait guère.

- "Tu as cette fâcheuse tendance à croire que je ne montre que les points négatifs sur les choses qui font de toi ce que tu es, et que je valorise les miennes."

Se rendant à l'évidence, Levi avait décidé de ne rien répondre à sa phrase précédente, mais celle-ci était de trop.

- "Ce n'est pas toi qui m'a dit que je devais apprendre à me contenir ? Pourquoi tu fais tout pour qu'on arrive au conflit ?" demanda Levi, tentant de garder une voix calme.

- "Je ne fais pas en sorte d'arriver au conflit. Habituellement, je ne dis rien. Mais là, j'en ai décidé autrement. Bien que pour une fois, c'est toi qui décide de ne rien redire, et je te félicite pour ça." la voix du blond était tout sauf celle qui avait l'habitude d'employer avec Levi. Cette fois-ci, il donnait l'impression de parler à une recrue, ce que Levi détestait fortement.

- "Ne me parle pas avec une telle intonation. Et ne me félicite pas comme si j'étais un enfant. Tu es déterminé à me mettre sur les nerfs ?"

Se rendant compte qu'effectivement, il dépassait peut-être un peu les bornes au vu du comportement presque exemplaire de son amant, Erwin se résigna et hocha la tête, s'en voulant presque d'avoir réagi ainsi.

- "C'est vrai. Excuse-moi. Mais puis-je au moins savoir pourquoi tu ne veux d'enfant ? Enfin mis à part les raisons que tu viens de me donner. Je sais qu'il n'y a pas que ça" demande Erwin, intrigué.

Semblant réfléchir quelques instants, Levi haussa les épaules et parti faire la vaisselle en même temps qu'il commença à parler.

- "Ce n'est déjà pas facile pour nous de devoir supporter certaines critiques vis à vis de notre couple. Heureusement, on est assez fort pour supporter cela. Mais un enfant ? Penses-tu qu'il le pourra ? Tu pourras lui donner autant de protection possible pour qu'il ne subisse pas de traumatisme, finalement, il en aura. Si on le protège de trop, il ne sera pas prêt pour cette vie. Et si on le laisse vivre, il va en voir de toutes les couleurs."

Réfléchissant aux dires du noiraud, Erwin devait avouer qu'il n'avait pas tort. Cependant, le blond était un homme rempli d'espoir, comparé au noiraud qui tentait toujours de rester un maximum dans la réalité pour éviter d'être déçu.

- "Je suis d'accord avec toi. Mais imagine que non ? Imagine que l'effet sera inversé et qu'au contraire, cet enfant aura une belle vie ? Imagine que grâce à nous, il évite un destin tragique ? Et puis, bien que tu ne le montres pas aux yeux de tout le monde, tu es doté d'un amour puissant. Tellement puissant que j'en suis tombé amoureux de toi. Et je te vois, regarder ces familles, s'amusant avec leurs enfants. Alors oui. Notre vie est loin d'être parfaite. Oui, on risque de mourir à tout moment. Mais si à notre retraite nous ne sommes pas mort, ça pourrait être une bonne idée non ?"

Un long frisson parcouru le corps du noiraud lorsqu'Erwin avoua qu'il était tombé amoureux de lui. Levi le savait. Il l'avait déjà entendu. Mais il avait beau l'entendre encore et encore, il ressentait toujours ces papillons dans son estomac, les mêmes qu'il avait ressenti lorsqu'Erwin lui avait avoué ressentir plus que cette simple relation Major et Caporal.

Décidant tout de même de ne pas rappuyer sur ses dires, il se contenta de ne répondre qu'à la dernière phrase.

- "Nous serons bien trop vieux." dit-il simplement, ce qui provoqua un haussement de sourcil de la part du plus âgé.

- "Trop vieux dis-tu ? La retraite se fait à quarante-cinq ans Levi. Trouves mieux comme excuse."

Soupirant, Levi arrêta de rincer sa vaisselle. Il se tourna vers le blond et le fixa longuement dans les yeux. Erwin savait lire en lui comme dans un livre ouvert. Il peinait à lui cacher les choses, et à lui mentir, c'était pire.

- "Tu veux réellement savoir pourquoi je ne veux pas hein ?" N'attendant même pas qu'Erwin lui réponde, il reprit. "J'ai passé une terrible enfance. Je n'ai pas été heureux, pas un seul moment depuis que mon oncle ai pu m'abandonner. Cet homme, bien qu'il était réputé pour faire peur à tout le monde, et qu'il était dur, il m'a toujours protégé. Alors quand il est parti, je me suis débrouillé seul. Le seul espoir que j'avais à cette époque a disparu. Imagine simplement qu'on adopte un enfant. Qu'on s'occupe de lui et que finalement, on ne lui donne pas une bonne enfance ? Imagine qu'on le fasse souffrir ? Et si finalement, ce serait nous qui lui causions du tords ? Et comme tu as dit, lorsque j'aime, j'aime réellement. Et je sais que si nous avions un enfant, je l'aimerai si fort que si il lui arrivait quelque chose, je ne m'en remettrai pas. Et c'est pareil pour toi. Je ne pourrais pas supporter davantage de perte."

Le plus jeune n'avait pas flanché une seule fois. Bien que sa voix le menaçait de temps à autre pendant qu'il avait tout débité. Et sa gorge le faisait souffrir tant il retenait ses larmes. Se remettant à nettoyer pour qu'Erwin ne le remarque pas, il lava sa tasse.

Tandis que pour le blond, il venait de comprendre. Levi avait beaucoup de mal à avouer ce qui lui pesait sur le cœur. Mais lorsqu'Erwin arrivait à lui faire cracher le morceau, ce n'était pas rien. Ayant arrêté de ranger ses livres depuis déjà plusieurs minutes, le blond s'approcha de l'homme qu'il aimait.

Se plaçant derrière lui, il déposa ses mains sur ses hanches avant de venir le retourner, lui enlevant la tasse des mains au préalable. Une fois face à face, Erwin sourit doucement et vient l'enlacer. Venant coller la tête de son homme contre sa poitrine, il vient doucement lui caresser le dos.

De son côté, le noiraud se senti en sécurité. Une simple attention de la part du Major et c'était comme si toutes ses craintes et son stresse s'effaçait à ses côtés. Lui rendant son étreinte, il laissa une petite larme perler le long de sa joue.

- "Je suis fier de toi Levi, vraiment." vient dire le blond, la voix basse.

Les papillons étaient de retour pour le plus jeune. C'était des mots simples, mais sorti de la bouche d'Erwin, cela prenait un tout autre sens.

- "Je sais que ce n'est pas facile pour toi de me parler de ça. Mais tu sais, tu as le droit de ne pas être bien. De retenir tes larmes ou même ta souffrance. Tu es un humain, et tous les humains ont des émotions."

Laissant une seconde larmes couler, les autres suivirent sans même qu'il puisse le contrôler. Se collant davantage à son amant, il ne répondit rien. Pour l'instant incapable de le faire. Et Erwin l'avait remarqué, continuant de le consoler, il reprit :

- "Si tu n'en veux vraiment pas, ne t'en fait pas, je l'accepte. Ce qui m'importe, c'est toi et ton bonheur. Mais sache que si tu n'en veux pas par peur qu'il souffre, ce sont des regrets qui arriveront dans le futur. Et je pense que nous en avons déjà assez que pour en avoir d'autres. Et puis, ce ne serait pas maintenant. Nous avons largement le temps d'en reparler. Mais quoi que sera ta réponse, je la respecterai."

Se redressant, Levi releva finalement la tête vers le blond, qui déposa ses pouces sur ses joues pour venir essuyer ses larmes.

- "Tu as raison. Je suis encore bloqué dans mon passé et je le sais."

Se collant à nouveau contre son amant, il ferma les yeux en soupirant.

- "Mh. Un jour nous irons dans les bas-fonds tous les deux. J'ai envie d'y retourner. Non pas car j'ai envie de vivre à nouveau là-bas. Mais je crois que j'en ai besoin pour passer à autre chose sur... Mon passé."

Erwin hocha la tête. Il était fier de Levi. Il y a encore quelques mois de cela, le noiraud ne voulait rien entendre en ce qui concernait son enfance. Et plus le temps passait, plus il se livrait. Entendre ceci était donc une réelle fierté pour Erwin.

- "Nous irons, ensemble. Quand tu seras prêt."

Reculant légèrement Levi pour pouvoir le regarder dans les yeux, Erwin lui donna un regard rempli de confiance. Il voulait lui montrer qu'il était là pour lui, et qu'il le serait toujours. Il y avait une fusion entre les deux que personne ne saurait expliquer. Parfois, ils n'avaient pas besoin de parler pour se comprendre, leurs regards disaient tout.

A son tour, Levi hocha la tête et lui offrit un petit sourire.

- "Merci. Merci beaucoup Erwin."

Erwin qui lui souriait déjà depuis quelques secondes, agrandi ce dernier en entendant les mots de Levi. S'abaissant doucement, il vient doucement frotter son nez contre le sien, tandis que leurs lèvres n'étaient qu'à quelques mini mètres. Prenant la parole, Erwin chuchota ses mots :

- "Mais c'est normal mon ange."

Sentant le souffle chaud du blond contre son visage, Levi ne put résister plus longtemps à la tentation de venir embrasser les lèvres qui s'offraient à lui.

S'échangeant un doux baiser, les mains du noiraud étaient passées sous la chemise du blond, caressant avec lenteur les abdos de ce dernier. Allant jusqu'à ses hanches et son dos. Tandis qu'Erwin lui, avait déposé une main dans le bas de son dos, et l'autre dans ses cheveux, tirant légèrement dessus.

Une fois à bout de souffle, leurs lèvres se séparèrent, restant le front collés l'un à l'autre. Tous deux un sourire aux lèvres.

- "Et pour l'enfant, si on est encore vivant pour notre retraite, on pourra voir ça." fini Levi, ricanant doucement.

Attrapant Levi dans ses bras, Erwin déposa un nouveau baiser sur ses lèvres.

- "Je t'aime Levi."

Et c'était reparti. Le cœur du noiraud venait de louper un battement. Ces mots étaient comme un couteau, rempli d'amour, se déversant dans son corps. Et du côté du blond, c'était le même ressenti. Ce genre de sensation inexplicable, mais à la fois si plaisante.

- "Je t'aime aussi, Erwin Smith."