03.10 :: 𝙋as une simple justification

nda - je sais, je sais, je date- la fin de l'année a fait du mal à mon rythme d'écriture de cette ff, d'où l'attente qui a précédé ce chapitre et qui va le suivre. c'est bien le dernier de la troisième partie ; mais la suite n'arrivera sans doute pas tout de suite, parce qu'elle n'est... pas écrite.

(de base j'avais trois chapitres mais j'ai changé de plan en les relisant oups)

ainsi donc je vous laisse sur cette fin de asanoya, et pour une fois je vous annonce tout de suite le duo suivant qui va mettre un peu de temps à venir : Akaashi et Bokuto. eh oui, l'un ne va pas sans l'autre après tout :)

bonne lecture !

CHAPITRE DIX ― PAS UNE SIMPLE JUSTIFICATION

Sous la surprise, Yû en oublia de finir sa mission et de presser la détente : le facteur criminel de la jeune femme était, de toute manière, supérieur à 300.

Tirer aurait été comme signer son arrêt de mort.

Les trois membres d'Eitpheil en profitèrent pour partir en courant ― et le jeune homme n'eut pas le cœur de leur courir après. La révélation qu'on venait d'abattre sur lui était rude. Bien sûr, il savait déjà très bien que Saeko Tanaka avait dû suivre son frère, voire plus logiquement, que c'était lui qui l'avait suivie.

Mais au moment ou leurs regards s'étaient croisés, il y avait lu la confirmation de l'hypothèse qui s'était formée dans son esprit depuis qu'il avait parlé à Keiji Akaashi.

Il était une ― voire la ― raison pour laquelle Ryu était parti et avait décidé de se révolter contre Sybille.

Parce que lui, son meilleur ami de l'époque, était devenu un criminel dormant privé de son avenir.

Le jeune exécuteur resta un bon moment à fixer le vide devant lui, son Dominateur redevenu inactif, ses pensées tournées uniquement vers ce fait dont il venait de prendre conscience. Il ne sortit de son état végétatif que lorsqu'il entendit la sonnerie de sa montre résonner dans ses oreilles ― l'inspecteur Sugawara l'appelait.

« Noya. Où es-tu ? » Il pouvait le localiser, songea le jeune homme, mais le concerné était reconnaissant qu'il ne l'ait pas fait.

« Dans la cage d'escalier. Ils m'ont échappé. Il y a deux membres d'Eitpheil avec Keiji Akaashi.

On sait. Ils ont quitté la tour. » Cette réflexion réveilla le jeune homme telle une claque.

« Quoi ? s'écria-t-il.

Ils sont montés dans une de nos voitures. On est en train de la tracer la voiture.

Comment est-ce possible que... »

Il ne parvenait pas à finir sa phrase sans qu'elle ne sonne offensante. Il voulait bien admettre qu'il avait manqué de jugeote en refusant de tirer sur Saeko, mais il restait quarante étages à descendre et ils étaient une vingtaine d'inspecteurs et d'exécuteurs. Leur système de sécurité avait été réparé. Les rebelles n'auraient pas dû pouvoir s'en sortir... Sauf si...

« Encore le traître ? soupira-t-il.

Ils ont obtenu une accréditation d'exécuteur pour ouvrir les portes du bâtiment même si le système de sécurité était relancé. Omizu est fou de rage. » Le jeune homme n'avait pas de mal à s'en douter. Déjà que leur supérieur était de mauvaise humeur avant cette attaque...

« Il faut absolument qu'on trouve de qui il s'agit. » souffla Nishinoya.

Il ne voyait même pas qui pouvait avoir une raison de trahir leur société. Et surtout, comment il était possible que Sybille ne le considère pas comme un danger pour lui. Cela semblait tout bonnement inconcevable ― et une pensée insidieuse en lui lui murmurait qu'i était bien injuste que quelqu'un puisse aller aussi loin sans être inquiété quand lui était un criminel dormant sans raison.

Cela confirmait que le coupable était au moins un exécuteur, déjà identifié comme menace potentielle. Mais qui cela pouvait-il bien être ? Le jeune homme n'en avait absolument aucune idée.

Une autre pensée lui revint soudainement et chassa son trouble.

« Vous avez trouvé l'inspecteur Asahi ?

― Oui. Il a été pris en charge par nos drones médicaux, tu n'as pas à t'en faire. Il devrait survivre malgré la perte de sang. » Le jeune exécuteur laissa échapper un soupir qu'il retenait sans s'en rendre compte. C'était au moins cela de pris comme bonne nouvelle.

Ils n'en avaient déjà pas beaucoup, autant se satisfaire de peu.

« Rejoins nous dans le bureau de l'unité une. Tout le monde s'y rassemble pour faire un point.
Ne devrait-on pas partir à leur recherche ? De Keiji Akaashi et Eitpheil je veux dire.
On a déjà quelqu'un sur l'affaire, lui répondit posément Sugawara. Ne t'en fais pas. Rejoins nous simplement. »

Il raccrocha sur ces mots et Nishinoya finit par se mettre en mouvement après quelques secondes de flottement. Il rendit au drone son Dominateur au passage ; il n'en avait plus besoin, semblait-il.

Il se dirigea ensuite vers leur bureau. Des éclats de voix en provenaient lorsqu'il sortit de l'ascenseur ― il avait eu sa dose d'escaliers pour la journée ― et quand il entra, il aperçut la quasi totalité de leur service rassemblée là.

Ne manquaient que les inspecteurs Asahi et Yaku, ainsi que Daishou et Hyakuzawa.

« Nishinoya, installe-toi où tu peux. » le salua Sugawara avec un petit sourire contrit.

L'exécuteur observa tous ses collègues du coin de l'oeil. Certains étaient amochés ― il repéra Takahiro Kageyama dont la main gauche était enroulée dans un pansement qui semblait se colorer lentement de rouge, et Lev qui se tenait l'épaule et grimaçait régulièrement comme si des vagues de douleur le traversaient.

Que des inspecteurs soient blessés était peu surprenant ― ils ne recevaient pas le même entraînement physique qu'eux ― mais voir des exécuteurs arborer aussi des blessures était inquiétant. Comment avaient-ils pu laisser un simple réseau de résistants les mettre autant en difficultés ?

C'était inconcevable.

(Omizu allait tous les renvoyer.)

« Bon, soupira Sugawara après un instant de silence où tout le monde se regarda sans parler, c'est déjà une bonne nouvelle que nous soyons encore tous là.

Ils n'ont pas essayé de nous tuer, fit remarquer Futakuchi sans sa morgue habituelle. Ils voulaient juste faire en sorte qu'on ne les gêne pas.

Ils ont quand même poignardé l'inspecteur Asahi, fit observer Noya.

Mais il n'est pas mort.

Tuer un inspecteur ou un exécuteur les aurait condamnés eux aussi, observa Sugawara. En procédant ainsi, ils voulaient sans doute s'assurer de ne pas dépasser les 300.

Mais ce n'est pas le cas. » lâcha Yû sans réfléchir.

Plusieurs paires d'yeux se tournèrent dans sa direction et il réalisa qu'il venait d'officialiser le fait qu'il avait vu l'identité de Saeko Tanaka, ou Mellori comme elle semblait s'appeler au sein du réseau. Il hésita. Les mots de la jeune femme et la confirmation indirecte qu'il n'était pas étranger à la décision de Ryunosuke tournaient toujours dans son esprit.

Il finit néanmoins par expliciter :

« J'ai pu obtenir le facteur criminel de l'un d'entre eux. Et son identité, du coup. » Tout le monde resta ébahi devant cette information.

« Quand ? s'interrogea Takahiro.

Tout à l'heure. En sautant, son masque s'est légèrement déplacé et... Le scanner l'a identifiée. Les données ont dû être envoyées dans la base. » Il ne précisa pas que c'était une des raisons pour laquelle il expliquait tout cela ― son historique de scan allait être envoyé au bureau de toute façon. Il n'avait aucun moyen de dissimuler réellement la vérité.

« Qui était-ce ? » lui demanda immédiatement l'inspecteur Suga. Yû songea qu'il pouvait avoir cette réponse d'une simple recherche, mais répondit :

« Saeko Tanaka. »

Il y eut un petit silence dans la salle tandis que tout le monde enregistrait son information. Ce n'était pas réellement une surprise, ils étaient déjà arrivés par eux-mêmes à la conclusion que la jeune femme avait fui avec son frère et sans aucun doute rejoint le réseau. Cependant, cela n'enlevait rien au côté toujours déroutant résultant de la prise de conscience que, oui, certains citoyens modèles de Sybille désiraient malgré tout renverser le système.

« Je ne comprends toujours pas comment il est possible qu'ils aient fait autant de dégâts, soupira Takahiro. Qu'ils s'infiltrent dans le bâtiment est une chose, mais qu'ils parviennent à neutraliser notre système de surveillance pendant un temps et à libérer un prisonnier en est une autre.

Même le générateur, commenta, l'air sombre, l'inspecteur Aone.

J'ai cru qu'ils avaient réussi à le détruire pour de bon, admit Yû en se souvenant du moment où tout s'était éteint.

Ils sont juste parvenus à l'éteindre. Ce qui est déjà beaucoup. Ils n'étaient même pas si nombreux que cela... Mais ils étaient clairement préparés, lâcha à nouveau le père de Tobio Kageyama.

Il est certain qu'il y a une taupe parmi nous, conclut Sugawara. Ils avaient trop d'informations en leur possession pour que cela ne soit pas le cas. »

Il y eut un long silence au cours duquel tous se dévisagèrent. Nishinoya sentit la tension monter d'un cran ― nul doute que, dans l'esprit de tout le monde dansait la question fatidique : Lequel d'entre nous est un traître ?

Nishinoya ne savait même pas lequel de ses collègues aurait pu en être un. A ses yeux, aucun n'avait de raison de vouloir vendre son honneur et la Sécurité Publique a un groupe de rebelle dont on ne comprenait même pas réellement les objectifs. Cela semblait tout bonnement idiot et illogique ― s'ils avaient choisi ce poste, c'était pour servir Sybille et les citoyens non...?

Enfin... Yû savait que ce n'était pas le cas de tous. Au sein des exécuteurs, on ne leur laissait qu'un choix de façade. Travailler pour le pays ― ou passer le restant de leurs jours enfermés entre quatre murs, en ne voyant pour ainsi dire aucun autre être humain. Lui-même considérait l'offre que Sybille lui avait faite comme l'occasion de réintégrer la société et de faire une bonne action. Mais il savait que cette opinion n'était pas unanimement partagée. Daishou, Futakuchi et Kyôtani par exemple n'étaient pas les exécuteurs les moins conciliants pour rien ― ils n'avaient pas choisi ce travail de gaïeté de cœur.

L'un d'eux était-il le coupable de cette traîtrise ? Ils avaient tous les trois des bonnes motivations pour en vouloir au système ― Yû n'était pas sûr pour Daishou et Futakuchi, mais il savait que Kyôtani n'avait plus aucun contact avec sa famille depuis son enfermement en centre de thérapie et que son père l'avait même renié de crainte que son statut de criminel dormant ne déteigne sur leur famille.

Sybille n'était pas tendre avec ceux qui vivaient en marge des règles qu'il avait étiquetée.

Il peinait tout de même à croire qu'un de ses collègues soit réellement le traître, d'autant plus en l'absence d'une hausse significative de psycho-pass dans leur service. Il était peut-être temps d'envisager l'hypothèse que les fuites d'informations ne venaient pas d'eux ― s'ils étaient les véritables coupables, leurs facteurs criminels auraient dû montrer des signes de dégradation.

(En somme ― Yû était totalement perdu.)

« Quand on est rentrés à la SP, déclara Takahiro, brisant le silence par la même occasion, on a tous juré de servir Sybille et la nation japonaise. Je fais confiance à ce serment aucun de nous n'a de raison de vouloir la fin de ce système. »

Certains froncèrent les sourcils ― même Nishinoya, parce qu'il songeait que c'était bien gentil mais un peu simpliste comme conception. Personne n'eut cependant le cœur de commenter une décaration aussi chaleureuse ― et ils n'en eurent pas l'occasion de toute manière, car la montre de Sugawara bipa soudainement, attirant l'attention de l'entièreté de la salle sur lui.

Le visage de Yaku apparut quand l'inspecteur aux cheveux gris décrocha et sa déclaration suivante eut un grand effet sur les personnes rassemblées.

« On les a rattrapés. »


« Et donc, Keiji Akaashi ainsi que Saeko Tanaka sont désormais dans nos cellules. Celui avec qui je me suis battu s'est échappé, on connaît juste son surnom Corbetti. » Yû se creusa les méninges pour se souvenir de s'il y avait un autre élément à mentionner à l'inspecteur Asahi, pour lui faire un rapport de ce qui s'était produit pendant sa prise en charge, sans grand succès.

« Je vois. C'est une chance qu'on ait pu les rattraper, soupira l'inspecteur aux cheveux bruns en changeant de position dans le lit d'hôpital sur lequel il se reposait. Je ne donne pas cher de notre réputation autrement.

Je pense sincèrement que c'est ce qui a sauvé nos carrières, répondit Nishinoya, pince-sans-rire.

Et c'est ce qui ouvre une voie pavée d'or à nos petits nouveaux. » opina son interlocuteur avec un sourire doux.

Contrairement à ce que Yû avait imaginé dans un premier temps, l'inspecteur Yaku n'était pas seulement parti avec Daishou et Lev à la poursuite des échappés. Il avait aussi pris avec lui deux personnes qui avaient été d'une grande aide dans la défense de leur tour : les deux futurs inspecteurs recrutés quelques semaines plus tôt, Kei Tsukishima et... Il avait oublié le nom du second, à sa grande honte.

Les deux nouvelles recrues de la SP étaient supposées les rejoindre dans plusieurs mois, après avoir reçu les six mois de formation obligatoires ― mais aux grands maux les grands remèdes, et Nishinoya avait compris que Tsukishima leur avait été d'une grande aide pour arrêter les criminels d'Eitpheil. Ils étaient déjà dans les bonnes grâces d'Omizu, ce qui serait un point supplémentaire pour leur entrée en service.

« L'unité quatre se fera bien voir rapidement, fit-il remarquer avec une pointe d'amusement. On va devoir se méfier d'eux.

Ce sont nos collègues, pas nos rivaux, répondit Asahi.

Je le sais bien, inspecteur ! Mais ils vont nous voler la vedette.

Je pense que c'est déjà fait. »

Il n'avait pas tort, mais Nishinoya n'acceptait pas ce fait. Ceci étant dit, il était curieux de savoir qui seraient les exécuteurs affectés à cette nouvelle unité. En théorie, ils allaient être recrutés parmi les criminels dormants au même potentiel qu'eux, ceux qui avaient suffisamment de compétences physiques ou intellectuelles pour intéresser la SP.

Yû espétait qu'ils s'entendraient bien ― même si c'était enfantin, comme pensée.

« Quand est-ce que vous sortez, inspecteur ? Demanda ensuite le jeune homme aux cheveux bruns.

Dans deux jours si tout va bien. Puis j'aurais encore une semaine de repos.

Vous prenez bien plus que moi pour le même type de blessure, protesta Yû.

La mienne était plus profonde. »

Je n'ai pas été poignardé par mon ami moi, flottait en non-dit au-dessus d'eux. Yû avait beaucoup réfléchi la nuit dernière, après l'annonce de l'arrestation, au lieu de se reposer comme il aurait dû le faire. Il avait repensé à Ryu, à leur amitié, aux chemins qu'ils avaient pris. Pour être honnête, il ne parvenait pas à le blâmer. Si les choses avaient été différentes, si le réseau Eitpheil avait été leur réalité à l'époque où son augmentation de facteur criminel avait été observée, si leurs positions avaient été inversées, Yû savait qu'il aurait peut-être ― sans doute ― fait le même choix.

Mais il se sentait aussi en colère, parce qu'il ne voulait pas être la justification de son ami. Il ne voulait pas servir d'argument pour justifier qu'il ait pris une telle décision. Il n'était pas juste une pauvre victime qui servait de background à un quelqu'un d'autre, et qui permettait d'expliquer qu'en fin de compte, Tanaka s'était parjuré pour ne pas voir le sort qu'avait subi son ancien meilleur ami se reproduire.

Bien sûr, Yû n'était pas ingrat. Mais il ne se sentait pas « honoré » ou « flatté » simplement parce qu'on utilisait son propre futur, sa propre vie, pour justifier des actes qui dépassaient largement tout entendement ― Eitpheil avait poignardé des inspecteurs, s'était introduit dans leur système et avait libéré un criminel dormant supposé rester en centre de détention pour le restant de ses joues.

Il n'aimait pas cette idée. Il n'était pas responsable des décisions prises par la famille Tanaka. Ils étaient des adultes, peut-être pas à l'époque certes ― mais toujours capables de prendre leurs décisions pour eux-mêmes.

Donc non, il n'était pas ému aux larmes par cette nouvelle. Il ne se sentait pas touché par les agissements de son meilleur ami. Ils n'étaient pas pour lui ― ils étaient pour justifier des agissements qu'ils savaient incorrects. Yû avait ke sentiment de n'être qu'une raison comme une autre et il détestait cela.

« Sais-tu s'ils ont déjà sélectionné des exécuteurs pour cette nouvelle unité ? s'enquit Asahi après un silence, reprenant sans le savoir une pensée que le jeune homme avait déjà eue.

L'inspecteur Suga et l'inspecteur Yaku se sont tous deux rendus dans quelques centres de détention de la capitale, mais je ne sais pas si leur choix est arrêté. Tout dépend des réponses des exécuteurs je présume. »

Le système pouvait leur montrer quels étaient les meilleurs candidats pour devenir exécuteur, ceux qui avaient le mental et les capacités physiques, mais ne pouvait pas prédire exactement si les concernés allaient accepter ou non. Yû se souvenait qu'il n'avait pas hésité, mais d'autres n'étaient pas très emballés à l'idée de chasser des gens qui leur ressemblaient, voire d'en tuer.

« Peut-être que le travail sera plus simple avec une unité de plus, ajouta-t-il après un instant. Si nous devons continuer de poursuivre le réseau Eitpheil en tout cas.

C'est certain, lâcha Asahi en baissant les yeux vers ses mains posées sur le drap. Nous avons eu la preuve que nous avons sous-estimé Eitpheil ces dernières années. Le directeur Omizu lui-même ne s'attendait sans doute pas à ce qu'il soit aussi implanté, et aussi déterminé à s'opposer à nous.

Je me demande ce qu'ils cherchent réellement, soupira Yû. Ce qu'ils ont fait ce n'était pas anodin. Personne n'aurait normalement l'idée de s'introduire dans notre immeuble pour libérer un criminel, et personne ne devrait en avoir les moyens. Pourtant, ils ont eu les deux. Ça, je ne me l'explique pas.

Personnellement, je comprends mieux l'attitude d'Omizu en prenant tout cela en considération. » fit observer Asahi.

L'exécuteur releva les yeux vers lui et haussa un sourcil. Il n'était pas certain, lui, de voir à quoi son supérieur faisait allusion.

« Il a toujours eu l'air particulièrement déterminé à attraper le réseau. Je pense qu'il n'en soupçonnait pas les moyens, mais qu'il a toujours su qu'un jour ou l'autre, Eitpheil nous poserait de graves problèmes. Je ne sais pas non plus pour quelle raison ils semblent aussi déterminés à défier la Sécurité Publique et Sybille, mais je pense qu'ils ne renonceront pas facilement. Et que nous devons nous préparer à ce que l'arrestation d'Akaashi et de Saeko Tanaka ne soit pas l'acte final.

Vous pensez qu'ils essayeront de nouveau de les faire libérer ?

Je pense qu'ils ne retenteront pas de sitôt de s'attaquer à nous directement, mais qu'ils n'ont pas dit leur dernier mot pour autant. » Le jeune exécuteur resta quelques instants songeur, avant de sourire à son interlocuteur :

« Mais on ne les laissera pas faire. » L'inspecteur Asahi parut surpris, mais se reprit bien vite et lui sourit en retour.

« Bien sûr que non. Nous sommes des inspecteurs. »

Yû se redressa de la chaise sur laquelle il s'était installé pour s'avancer vers la fenêtre de la chambre médicalisée de son supérieur, tout en continuant de parler :

« Je ne ferais pas de quartier à Ryu sous le prétexte de notre ancienne amitié. Même si ce système ne lui convient pas... Je ne peux pas accepter qu'il blesse autant de personnes en essayant de le contester. J'ai besoin de comprendre ses agissements, mais surtout d'y mettre un terme. » Il y avait beaucoup pensé ces derniers temps, depuis qu'il avait appris que son ancien ami était son ennemi désormais. Il s'était demandé comment il agirait s'il le revoyait une fois de plus, et c'était la réponse à laquelle il était arrivé.

« Et si jamais tu t'aperçois qu'il a une bonne raison ? » La voix d'Asahi était calme, et Nishinoya savait qu'il n'essayait pas de le piéger, mais se posait réellement la question. Il prit quelques secondes pour poser ses mots, une fois de plus, et répondit ensuite :

« Saeko m'a dit que la raison pour laquelle Ryunosuke était parti était mon incarcération. » Il sentit le regard de son supérieur sur lui et ancra le sien sur l'horizon qu'ils apercevaient derrière la fenêtre. « Enfin, elle ne l'a pas dit textuellement, mais je le sais. Ryu détestait me voir enfermé entre quatre murs. Il disait que c'était injuste, que je n'avais rien fait et ne ferait jamais rien qui justifierait que je passe ma vie en centre de détention. Je pense que ce qui l'a motivé à partir, c'est cette injustice. » Il eut un petit rire moqueur. « On dirait que je me vante dis comme ça : être assez important pour pousser quelqu'un à rejeter sa vie entière. D'ailleurs, cela n'a rien de flatteur. » Il serra les poings. « Je ne veux pas servir de justification pour cela. Je peux comprendre le sentiment d'injustice de Ryu, je l'ai partagé aussi. Mais je ne pense pas pour autant que le système est mauvais. Il protège la population, une partie d'entre elle. Donc mon opinion ne changera pas je suis fier, aujourd'hui, d'être un exécuteur. »

Il se tourna finalement une fois de plus vers l'inspecteur Asahi pour lui sourire. Cette réponse lui plaisait ― c'était la vérité. Bien sûr, une part de lui regretterait toujours de ne pas avoir connu la même vie dorée que d'autres. Toute sa vie, il servirait des individus qui avait tout ce qu'il n'avait pas, et ne serait jamais des leurs ― il n'avait aucun espoir de réinsertion après plus de cinq ans passés sans variation de son facteur criminel.

Il lui avait fallu du temps pour accepter que c'était un fait ; désormais, Yû ne voulait plus de morfondre dans une chambre étroite qui serait son univers jusqu'au restant de ses jours. Il souhaitait avancer, à sa manière.

Et puis, il aimait bien cette unité. Bien sûr, il risquait sa vie tous les jours ― les autres criminels n'étaient pas tendres avec eux.

Mais il avait aussi l'opportunité de décider un minimum de sa vie, et de rencontrer d'autres personnes.

C'était la raison pour laquelle, bien qu'il puisse respecter la décision de son ancien ami, il ne l'accepterait pas au point de le laisser s'en tirer ainsi. Le traître de la SP ou le réseau Eitpheil ― il n'allait pas leur pardonner aisément pour avoir mis en péril les autres agents. Après tout, ils étaient responsables de leurs blessures et du chaos qui régnait actuellement dans leur bâtiment.

(Sans compter de la fuite d'informations qui alimentait désormais les médias du pays entier et mettait le directeur Omizu en très mauvaise posture ― on murmurait qu'il serait remplacé prochainement.)

D'une manière ou d'une autre, Yû se promettait qu'il n'allait pas les laisser procéder comme ils l'entendaient.

« Je suis toujours aussi étonné par ta sagesse, finit par répondre Asahi, un sourire doux sur les lèvres.

Je m'inspire de vous, inspecteur. Vous devriez plus vous affirmer. Vous laissez l'inspecteur Suga mener l'unité, mais je suis sûre que vous seriez le vrai leader si vous preniez plus de décisions. » Ses compliments parurent faire rougir l'inspecteur, et cela amusa l'exécuteur.

« Tu m'accordes trop de crédit.

C'est vous qui vous dévalorisez ! » Noya croisa les bras sur sa poitrine avec une mine boudeuse. « Je vais vous montrer. Je ne sais pas comment on va s'organiser pour enquêter sur le réseau désormais, mais j'ai bien l'intention de faire partie de ceux qui les pourchassent. Vous aussi j'espère. Il faut vous vengez de ce Corbetti pour ce qu'il vous a fait ! » L'inspecteur Asahi rit doucement.

« Je n'ai pas particulièrement de rancœur envers lui, plaida-t-il après un instant.

Moi si ! » lâcha Yû en retour. Il n'avait pas à proprement parler perdu contre lui, mais il n'aimait pas la façon dont leur affrontement avait tourné. Il allait tout faire pour obtenir une vraie revanche. « Je compte bien moi aussi continuer d'enquêter activement sur le réseau avec toi. Mais, ne fais rien d'irresponsable d'accord ? »

L'exécuteur fit la moue, avant de lui sourire à nouveau. Il ne promettrait rien là-dessus... Mais il ferait de son mieux pour satisfaire la requête de son supérieur et travailler en duo avec lui pour élucider les mystères qu'Eitpheil leur avait amené.

Il le jurait sur son honneur d'inspecteur ― il percerait à jour les intentions de cette organisation ennemie.

En attendant, ils avaient encore du pain sur la planche. 

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