02.10 :: 𝙅usqu'à ce que la mort les sépare

nda - mon wattpad bug depuis ce matin (peut-être plus longtemps vu que je ne l'ai pas ouvert depuis dimanche dernier oups) mais j'ai réussi à publier, donc tout va bien.

Comment allez-vous ? Je suis ravie de vous retrouver pour ce dernier chapitre... d'autant plus que ce sera le dernier avant un petit moment :( J'en avais parlé au début, je ne publie les parties qu'une fois qu'elles sont terminées en termes d'écriture ; et la prochaine est bien loin d'être finie pour le moment malheureusement. Les cours me prennent beaucoup de temps, d'autant plus que je valide mon premier diplôme cette année et que je dois penser à mon dossier pour candidater pour la suite de mes études (💀), ce qui a considérablement réduit le temps que j'ai pour écrire cette fanfiction.

Je ne la laisse bien sûr pas tomber, et j'ai bon espoir de revenir au plus tard début 2022 avec une partie flambant neuve sur un libéro et son joueur favori 👀✨ D'ici là, je vous souhaite une excellente lecture ! ❤

CHAPITRE DIX - JUSQU'À CE QUE LA MORT LES SÉPARE
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Dans une toute autre situation, Hajime aurait pu rire au nez et à la barbe des thérapeutes de Tooru. Néanmoins, considérant la situation dans laquelle il se trouvait déjà vis-à-vis d'eux, le jeune attaquant jugeait préférable de se tenir tranquille ― il n'était pas encore autorisé à revenir voir son petit ami, et ce, malgré la baisse de son facteur criminel, et n'était pas spécialement désireux de se faire encore plus remarquer.

Il se sentait cependant assez satisfait de la tournure de la situation ― cette baisse était la première, alors que tout le monde estimait que le cas de Tooru était presque désespéré et elle allait sans le moindre doute avoir un bon impact sur le moral de son compagnon aux cheveux bruns. Et elle confortait l'ancien attaquant dans son idée que la situation allait s'arranger, qu'il allait retrouver son petit ami, enfin. Il était sans doute trop tôt pour crier victoire, surtout que la situation était encore complexe. Néanmoins, cette baisse avait eu lieu et personne ne pourrait enlever ça.

Hajime bouillait d'envie d'aller voir son petit ami, mais n'était pas certain qu'il pouvait pousser le vice jusque-là. Une part de lui avait une forte envie de se présenter en face des docteurs pour se moquer d'eux, mais rien ne prouvait que sa visite était bien la raison de la baisse, et il n'était pas si sadique. En plus, il respectait malgré tout tous ces thérapeutes. Même s'il n'avait pas aimé leur défaitisme, il pouvait reconnaître qu'ils avaient essayé de trouver des solutions.

Il répondit finalement positivement à Miyuko, lui demandant de continuer de lui donner des nouvelles si possible. Celle-ci lui répondit spontanément qu'elle allait essayer de plaider sa cause auprès des médecins ― il lui en était reconnaissant aussi, même s'il n'était pas sûr que cela porte ses fruits. Pour améliorer son cas encore un peu plus, il reprit son chemin vers le chantier pour ses travaux d'intérêt généraux, tout en prêtant une oreille distraite aux bulletins d'information qui emplissaient les rues et les métros.

Apparemment, la porte-parole des Affaires Sociales avait démenti les accusations de la vidéo d'Eitpheil ― sans grande surprise ―, déclarant que les criminels dormants dont il était question avaient montré des traits de caractère inquiétants et qu'ils n'auraient eu qu'à suivre des thérapies pour s'en sortir convenablement. Une réponse qui convainquait peu la population, toujours aussi anxieuse. Le psycho-pass global augmentait dangereusement, entendit Hajime, et une crise sans précédent risquait de se déclarer si la SP n'était pas en mesure de démentir clairement les accusations de Mellori.

Le jeune homme aux cheveux noirs n'aurait d'ailleurs pas été surpris d'apprendre que des agents de la SP remontaient activement la piste de la vidéo pour retrouver son origine et Mellori en même temps. Hajime, lui, était plutôt enclin à croire la jeune femme du réseau considérant la situation de Tooru ― un psycho-pass qui augmentait inexplicablement, il connaissait plutôt bien. Et même s'il pensait que Sybille ne pouvait pas réaliser ce genre de choses, eh bien... Il ne savait plus trop où il en était. Toute la situation l'avait rendu confus, et l'avait conforté dans une idée qui l'habitait depuis très longtemps : il était inutile de perdre du temps à essayer de comprendre quelque chose qui nous échappait obligatoirement. Sybille était une entité qui le dépassait en tous points. Et, pour l'instant, il avait bien mieux à faire que d'essayer de comprendre ce qui passait dans ses circuits.

Il écouta néanmoins le reste des bulletins télévisés, tous sur ce sujet. En plus de la porte-parole du ministère, d'autres personnalités politiques s'étaient exprimées pour démentir et dénoncer ces accusations, requalifiées de « diffamation ». Plusieurs journalistes semblaient néanmoins avoir été traversés par la même hypothèse folle qu'Hajime : y avait-il une raison secrète à ce soudain revirement d'Eitpheil ? D'ailleurs, il paraissait évident qu'il y en avait une ; la vraie question, c'était plutôt quelle était cette raison. Un tel groupe ne pouvait pas commettre une telle action sans bonne raison.

Les hypothèses allaient d'ailleurs bon train. On abordait tout ce qui semblait vraisemblable : le réseau avait récupéré des informations compromettantes et s'apprêtait à les révéler au grand jour ; c'était au contraire la SP qui avait des informations sur Eitpheil, alors ceux-ci avaient agi avant d'être officiellement démantelés ; ou encore, il s'agissait d'une déclaration de guerre entre les deux institutions après des mauvais coups. En bref, les imaginations les plus fertiles étaient de la partie de la même manière que dans une cour de récréation de lycée, et Hajime se demandait s'ils n'étaient pas tous à côté de la plaque en réalité. L'existence du réseau avait été révélée au grand jour moins de vingt-quatre heures plus tôt ― un peu plus dans son cas mais il était isolé ― alors il semblait un peu présomptueux de vouloir immédiatement tenter de comprendre leurs agissements.

Le temps que le jeune homme atteigne le lieu du chantier, plusieurs gouttes avaient commencé à tomber du ciel, et il n'était pas mécontent d'enfin se mettre à l'abri sous la toiture du bâtiment en construction ― toiture certes inachevée, mais suffisante pour l'empêcher de finir trempé. Les drones fonctionnaient de toute manière indifféremment qu'il pleuve ou non ― Hajime avait lu une fois il y a bien longtemps que les premiers drones ne pouvaient pas être utilisés sous l'eau, car ils cessaient de fonctionner une fois que celle-ci rentrait dans leurs circuits. Aujourd'hui, tous les drones pouvaient rester en place même sous un tsunami ― enfin, ils n'avaient jamais essayé, il y avait longtemps qu'aucun tsunami n'avait frappé les côtes japonaises heureusement.

Il prit son poste auprès du contremaître humain ― le seul de ce chantier, parce qu'il fallait bien un employé compétent pour vérifier l'état des drones, et accessoirement pour le surveiller dans ses travaux d'intérêt généraux. Il devait aujourd'hui simplement déplacer des poutres en métal ― avec l'aide de trois drones, d'où le « simplement ». Cela risquait de lui donner de bonnes courbatures dans les muscles mais avait de bons points aussi. Cela constituait au fond son entraînement quotidien, plus original que de simples séances de musculation.

Ce qu'il regrettait un petit peu, c'était surtout le mutisme des drones. Hajime lui-même n'était pas un grand bavard, en tout cas pas quand ce n'était pas nécessaire mais il était absolument impossible de faire la moindre conversation avec ces drones : ils n'étaient que de la main d'œuvre, et non des drones ou hologrammes de compagnie dotés d'une véritable personnalité malléable. Enfin, il supposait que faire la conversation était inutile de toute manière ― il était là pour travailler.

Lorsqu'il acheva sa besogne, environ deux heures plus tard, et retourna voir le contremaître, il découvrit celui-ci en pleine conversation téléphonique, qui n'avait visiblement aucune teneur professionnelle à en juger par les rires et le vocabulaire familier employé par l'homme. Cela agaça quelque peu Hajime ― cet homme n'avait pas hérité d'un poste à responsabilités pour se la couler douce ainsi normalement ― mais il attendit patiemment que l'autre ait terminé pour annoncer son départ.

Il essaya de ne pas commettre d'indiscrétion, peu désireux de toute manière d'entendre ce qu'avait à raconter cet homme dont il ne savait rien, mais entendit que la conversation prenait au bout d'un moment un chemin instable : celui du système Sybille. Un sujet d'autant plus épineux avec la situation actuelle.

« Je ne sais pas, tu sais, reprit le contremaître après un long instant de silence. Je pense que c'est juste un coup de pub. Tu sais, pour la SP et Sybille. Se mettre en scène face à l'ennemi, puis triompher. Parce que bon, c'est pas comme si les criminels dormants méritaient d'être sauvés ! Ce sont tous des criminels dans tous les cas. Même s'ils ne sont pas passés à l'acte ou je ne sais quoi. »

Hajime grimaça en entendant ces mots ― Tooru n'était plus officiellement considéré comme criminel dormant maintenant qu'il avait franchi le seuil dans l'autre sens, mais le jeune homme aux cheveux noirs restait sensible à ce sujet ― les criminels dormants ne méritaient rien ? Ce constat ne lui plaisait pas. Pour ceux qui étaient réellement instables, cela pouvait se comprendre, mais ils n'étaient pas des criminels pour autant. Sybille les stoppait justement avant qu'ils ne le deviennent ― et en ce sens, cela faisait d'eux des personnes toujours dignes de recevoir n'importe quelle aide.

Il décida donc de se racler subtilement la gorge pour s'annoncer ― il était resté un peu en retrait pour ne pas déranger et entendre la conversation. Le contremaître tourna un regard agacé vers lui, puis raccrocha rapidement pour lui lâcher :

« Tu as fini ? Tu peux signer et y aller alors. »

Il lui tendit la feuille de manière presque dédaigneuse, Hajime y apposa rapidement sa signature, et tourna les talons en lui montrant le même dédain ― renforcé par ses propos sur les criminels dormants et son attitude parfois présomptueuse qui l'agaçait. Enfin, il n'allait pas non plus le changer comme par magie. Mieux valait qu'il se concentre sur sa priorité : l'état d'Oikawa qui était encore instable.

Il ne pouvait que croiser les doigts pour qu'aucune augmentation n'ait lieu dans les jours à venir.

Les jours qui suivirent donnèrent l'effet d'une véritable roulette russe à Hajime : le facteur criminel d'Oikawa n'avait jamais été si instable, alternant entre hausses brutales et baisses toutes aussi subites. Même les thérapeutes semblaient en avoir assez de contacter sa famille pour les avertir des changements significatifs, surtout qu'ils ne savaient pas comment les expliquer de toute manière.

Hajime était suspendu au moindre message, il devait l'admettre ― même si cela faisait du mal à son image. Il ne cessait de redouter le moindre message, de craindre que le bilan final ne soit trop négatif. C'était d'ailleurs très éprouvant au bout d'un moment ― et si le sommeil ne le fuyait pas tant que cela, il éprouvait en revanche des difficultés à se concentrer longtemps, passant trop de temps à consulter son portable pour vérifier les nouvelles données par Miyuko.

Parfois, il pouvait y avoir des changements opposés dans la même journée. Hajime pouvait se réveiller avec un message lui indiquant que le facteur criminel de son petit ami avait baissé, pour en découvrir un autre le midi l'informant du contraire. Il en devenait difficile de savoir si les capteurs du centre de thérapie n'avaient pas tout bonnement perdu la boule ― mais selon eux, ces modifications instables étaient dues à Oikawa lui-même, et le quelque chose qui rendait son facteur criminel dangereusement élevé. En d'autres termes, ce qu'ils n'avaient pas su identifier. Aujourd'hui encore moins qu'avant.

Hajime avait juste l'impression qu'ils jouaient avec ses nerfs, honnêtement. Qu'on lui donnait de l'espoir avant de le lui retirer aussi rapidement ― parce que ce n'était pas drôle autrement. Il en devenait encore plus irritable que d'habitude, comme s'en rendirent vite compte ses collègues un peu trop curieux sur sa vie de « délinquant ». Même si, heureusement pour eux, il ne leur avait pas flanqué son poing dans la figure. Il n'était pas si violent ― n'en déplaise encore une fois à la mauvaise langue de Tooru.

Et puis, il se demandait de plus en plus ce qui pouvait bien justifier une telle chose. Les tentatives de diagnostic des médecins ne fonctionnaient plus sur lui ; il voulait du concret. Il n'avait qu'une envie à mesure que les jours passaient : débouler de nouveau dans le centre, et leur dire qu'ils n'avaient plus voix au chapitre concernant son compagnon, et que devant l'absence d'explication rationnelle, il estimait que le cas de son petit ami était une exception. Rien de plus. Aucune preuve qu'il ne s'agissait d'un criminel.

Mais, à moins de vouloir reprendre trois semaines de travaux d'intérêt généraux, cela lui était fortement déconseillé. Il était déjà persona non grata, il n'allait pas aggraver son cas. Surtout que ce n'était pas si simple, et que personne ne le laisserait jamais emmener Oikawa avec lui ― sans doute même pas Oikawa lui-même.

Il attendait donc patiemment un signe positif dans un sens qui lui permettrait de revenir voir son petit ami, préférentiellement assez rapidement pour pouvoir lui donner le bocal qui traînait toujours dans ses affaires. Il l'avait un peu nettoyé pour qu'il fasse moins grise mine et envisageait la possibilité de mettre quelque chose dedans ― mais à part une pluie d'insultes affectueuses, aucune idée ne lui venait qui ne serait pas susceptible de faire se moquer Oikawa pendant une heure.

Déjà qu'il allait sans le moindre doute entendre parler pendant longtemps du fait qu'il était légèrement cabossé... Même un bon nettoyage n'avait pas effacé comme par magie le mauvais état de l'objet. Tooru n'allait pas le louper dessus, à tous les coups ― mais Hajime se préparait déjà à le rembarrer vertement s'il l'agaçait trop.

Il aborda ce sujet avec Makki et Mattsun ― il savait que c'était une très mauvaise idée d'aborder un tel sujet avec eux, car ils constituaient le couple le moins romantique de la planète entière et qu'ils n'en rataient pas une pour se moquer, mais ils étaient les seuls à qui il pouvait demander un avis à peu près objectif.

Avis qui se résuma à un : Tu deviens un chamallow, Iwa-chan. Il les détestait parfois (souvent). Non seulement parce qu'ils étaient incapables de prendre quelque chose au sérieux, mais aussi parce qu'ils n'avaient pas l'autorisation de l'appeler Iwa-chan ; c'était un privilège que seul Tooru possédait, et c'était déjà une personne de trop à l'avoir honnêtement.

Il parvint à tirer des excuses de ses deux amis avec un regard noir et des menaces, mais pas de véritable conseil utile... Sauf une brève idée de Makki qu'il marqua dans son esprit, parce qu'elle en valait la peine ― mais il doutait de parvenir à la réaliser dans un temps assez bref. Tant que tout restait figé ainsi, il n'était pas près de pouvoir réaliser quoi que ce soit. Encore une fois, il leur fallait attendre, attendre, attendre encore et encore. Et espérer que la chance finisse par se tourner vers eux. Et leur permettre de se retrouver encore une fois.

Aussi mièvre que cela puisse sembler, il se languissait de retrouver son compagnon. Même derrière les barreaux lui suffisait, honnêtement. Il voulait juste... le retrouver. Et pouvoir lui raconter de nouveau son quotidien, l'entendre se plaindre de tout et de rien et le taquiner avec ce surnom agaçant. Il voulait retrouver son Tooru Oikawa, l'ancien capitaine et passeur d'Aoba Johsai, et non le patient interné pour son facteur criminel instable. Celui qu'il aimait et qu'il connaissait mieux que quiconque, et non celui que tout le monde avait tenté de disséquer psychologiquement.

(Ils pouvaient tenter autant qu'ils le voulaient, Iwaizumi était le seul à pouvoir se targuer de bien le comprendre, et c'était loin d'être une entière compréhension malgré leur douze ans d'amitié et d'amour. Néanmoins, il le connaissait toujours plus que ces scientifiques à deux balles.)

Attendre, attendre et attendre. Ce fut à cela que se résumèrent les jours qui passèrent ; et puis, soudainement, sans prévenir, la situation vacilla, avant de complètement se retourner ― et pas uniquement pour sa situation personnelle.

Ce fut comme deux bombes lâchées dans la même journée : l'une aux informations, l'autre dans un mail trop officiel à son goût.

La première : le ministère des Affaires Sociales avait été victime d'une attaque terroriste. Apparemment, les terroristes en question n'étaient autres que des membres d'Eitpheil, qui avaient désormais attaqué directement la SP. Hajime n'en revenait pas ― et apparemment, le pays entier non plus.

La SP avait tenté d'étouffer l'affaire le plus possible, mais il était difficile de prétendre que rien ne s'était passé quand une explosion avait arraché les portes du bâtiment, et endommagé la plupart des drones par des ondes électromagnétiques. Apparemment, personne n'avait été tué parmi les inspecteurs ou les exécuteurs ; les pertes se comptaient parmi les membres d'Eitpheil.

Hajime se doutait que la SP gardait le silence sur les éléments les plus importants, comme les raisons de cette attaque ― parce qu'il était difficile de concevoir qu'Eitpheil ait attaqué sans raison une telle institution bien gardée. Mais ce qui intéresserait réellement les gens, c'était de savoir s'ils avaient réussi ou non. Si c'était le cas, l'image de la SP en prendrait un coup.

Le jeune attaquant trouvait malgré tout cela un peu surprenant de la part de ce réseau supposé aider les gens. Était-ce pour aider quelqu'un qu'ils avaient pris tous ces risques ? Cela lui paraissait tellement inconsidéré, mais il n'était pas réellement en mesure de savoir ce que voulait le réseau.

La seconde bombe arriva plus tard dans la journée, et fut bien moins accueillie que la première pour son cas précis : elle concernait Oikawa.

Ainsi, Hajime eut le « plaisir » (il fallait noter l'ironie) de découvrir dans sa boîte mail un mail lui indiquant que, après examen du cas précis du jeune homme, le centre de thérapie avait décidé de ne pas le garder.

Mais plutôt de l'envoyer dans un véritable centre pour criminels dormants.

Hajime eut deux envies fortes en lisant ce mail : lancer son portable dans le mur et aller voir les directeurs du centre. Sérieusement ? Certes, le facteur d'Oikawa était revenu la veille au-dessus de la norme, mais il était à 100. 100.8. Il méritait encore d'être pris en charge. Ce n'était pas fini.

Malheureusement, la décision semblait sans appel. Le centre la justifiait par l'absence de progrès réalisés grâce à leurs thérapies ― mais ils étaient les responsables ! Ils étaient ceux qui n'aidaient pas le jeune homme. Qui étaient incapables de trouver ce qu'il avait.

Pourquoi devaient-ils payer les pots cassés pour leur incompétence ? Pourquoi Tooru devait-il le quitter pour ce centre où il n'avait pas sa place ?

Pris par cet impulsion qui l'avait saisi, Hajime se rendit au centre. Il fit néanmoins un arrêt avant, par principe. Pour ne pas offrir une victoire complète aux détracteurs d'Oikawa. Il avait une dernière chose à faire et il s'acquitta de cette tâche rapidement avant de se présenter au centre.

Lorsqu'il posa les mains à plat sur le bureau du drone, il jura avoir aperçu un léger mouvement de recul de la part de l'appareil ― mais peut-être hallucinait-il seulement en fin de compte. Il exprima calmement sa demande ― à savoir, voir Oikawa ou le directeur du centre (les deux en même temps étaient une option possible également) et attendit sans rien dire que le drone cherche dans sa base de donnée les informations le concernant, découvre vraisemblablement son interdiction de visite et lui oppose un refus.

Et à ce refus, il répondit simplement :

« Vérifiez encore. »

Le drone s'exécuta, lui confirma qu'il n'y avait pas d'erreur ; Hajime le fit revérifier. Encore. Et encore. Ce petit manège dura un petit moment, avant qu'un thérapeute ne passe dans la salle et vienne sortir le drone d'une surchauffe fatale pour ses circuits. Hajime se doutait que quelqu'un finirait par intervenir s'il répétait son action assez longtemps ― mais il prétendit l'innocence devant l'homme, expliquant qu'il pensait pouvoir de nouveau venir.

(L'autre ne parut pas spécialement dupe, mais ne fit aucune remarque.)

« Le directeur est en réunion importante, lui expliqua le thérapeute. Mais vous pouvez voir monsieur Oikawa dix minutes, pas plus. Et c'est exceptionnel ! » Hajime lui jeta un regard agacé, et entendit ensuite : « Un peu plus éventuellement, mais n'abusez pas ! » L'ancien champion hocha la tête distraitement, se laissant simplement entraîner vers la salle de visites. Il serrait dans ses mains et sa poche le bocal.

« Merci. » marmonna-t-il néanmoins pour faire bonne figure, tandis qu'il entrait dans la salle en question.

Oikawa n'y était pas encore, évidemment, et Hajime prit le temps de s'installer pendant qu'on allait le chercher. Il réfléchissait à ce qu'il allait dire à son compagnon quand il allait le voir. Il réfléchissait au fait que c'était peut-être leur dernière rencontre. Toutes ces pensées tournaient dans son esprit, et elles ne s'interrompirent que lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir à nouveau.

« Iwa-chan... » Tooru semblait stupéfait de le voir, mais lui sourit en s'approchant. Son petit ami fit de son mieux pour lui rendre ce sourire, avant de l'observer s'installer. « Tu es venu tout de suite pas vrai, souffla le brun.

Évidemment. Je ne pouvais pas rester là à ne rien faire.

― Je suis désolé, Iwa-chan.

― Ne t'excuse pas. » dit-il fermement.

« Je veux quand même le faire. J'aurais voulu guérir.

― Ne dis pas ça comme si tu étais responsable. Tu ne l'es pas. C'est juste... »

Il ne pouvait pas ouvertement accuser le système ici, quand bien même il en mourait d'envie. Mais il aurait simplement voulu exprimer clairement tout ce qu'il ressentait : ce n'était pas de la faute de son compagnon. Et cela ne le serait jamais.

« Tu n'es pas responsable. » Le sourire de son petit ami vacillait alors qu'il le dévisageait.

« Tu sais que j'ai du mal à te croire. » Hajime fronça un sourcil à cette remarque oh oui, il le savait bien.

« Tu ne devrais pas. Tu sais que je ne te mens pas.

― Sauf quand tu disais que tu n'avais pas de sentiments pour moi. » L'attaquant fronça les sourcils une nouvelle fois Tooru était-il sérieusement en train de lui ressortir leur fameuse dispute mémorable de cette fois-là ?

« Tu disais la même chose.

― Pardon ? Iwa-chan, tu es ma personne préférée dans cette équipe, ce n'était pas clair ?

― Non ?

― J'avais oublié que les gorilles ont peu de neurones.

― Qui est-ce que tu traites de gorille ? »

Et ils étaient repartis sur leur lancée, comme toujours semblait-il. Aucun de tous les événements qu'ils avaient traversé n'avait été capables de leur faire perdre cette fichue habitude de s'insulter pour exprimer leurs sentiments. Ils ne seraient sans doute jamais capables de le faire d'ailleurs.

Néanmoins, après une longue dizaine de minutes à s'invectiver, la mine d'Oikawa redevint sérieuse. Il ancra ses orbes noisettes dans celles de son petit ami, avant de murmurer :

« Iwa-chan... Tu ne crois pas qu'on devrait rompre ? » Le cœur d'Hajime rata un battement, même s'il s'était préparé à cette éventualité. « Je veux dire... On ne se reverra pas, à moins d'un changement drastique dans mon psycho-pass. »

On ne se reverra pas. Cette cruelle réalité le faisait souffrir. Il savait qu'elle était bien réelle, que tant que Tooru serait enfermé dans ce centre, ils ne pourraient plus se voir. Ils ne pourraient plus profiter l'un de l'autre. Ils seraient condamnés à une longue et douloureuse séparation.

« Non. » répondit-il néanmoins. Son petit ami cligna des yeux quelques instants.

« Non ?

― On ne rompt pas. »

Sur ces mots, le jeune homme tira de sa poche le bocal tant attendu. Tooru le regarda faire avec une expression interloquée, puis un sourire attendri étira ses lèvres lorsqu'il le reconnut. Il devint cependant un peu plus dubitatif en voyant qu'un côté était bombé étrangement, mais réprima vraisemblablement la protestation qui germa sur ses lèvres en voyant qu'il y avait quelque chose à l'intérieur.

Hajime avait fixé son regard sur le visage de son compagnon, et il ne rata rien de l'expression de pure surprise qui s'afficha sur son visage. Il savait que Tooru comprendrait vite ce qu'il avait mis dans le bocal. Il n'avait pas caché l'objet, préférant le laisser bien visible d'emblée. Et, en voyant les yeux de son compagnon s'embuer de larmes, il songea que Makki avait, pour une fois, eu une bonne idée.

« T'es complètement idiot. » souffla finalement Tooru, la voix entrecoupée de sanglots.

« C'est toi qui l'es. Je m'en fiche, que tu sois un criminel dormant pour cette société. Tu ne l'es pas pour moi, tu ne le seras jamais, et je ne ferais pas une croix sur toi pour cette raison. » Hajime s'exprimait posément, malgré l'agacement qu'il pouvait ressentir vis-à-vis de toute cette situation. Il était, pour une fois, assez calme. « Peu m'importe ce qu'ils peuvent dire et penser.

― Tu te mets toi-même en difficultés.

― C'est le cadet de mes soucis.

― Sérieux, Iwa-chan, tu es vraiment impossible. »

Il était rare que son compagnon soit à court de répartie, et il en déduit qu'il était vraiment très ému. Au fond, lui aussi l'était d'ailleurs et surtout, il dissimulait sa légère inquiétude en voyant que Tooru n'avait pas accepté l'objet.

« Pour une fois, c'est à moi de te prendre de court. »

Tooru adorait l'embarrasser avec spontanéité, et Hajime était content d'y être parvenu cette fois-ci. C'était autant une vengeance qu'une manière pour lui de prendre les devants dans leur relation parce qu'aussi étonnant que cela puisse sembler pour certains, c'était l'ancien passeur qui l'avait embrassé sous l'emprise de l'alcool et qui lui avait avoué ses sentiments en premier.

« Je te déteste.

― C'est faux.

― Tu es cruel. Comment je suis censé refuser ? » Hajime haussa un sourcil.

« Tu n'es pas censé refuser. »

En tout cas, il ne le souhaitait absolument pas. Il dévisagea encore un instant son petit ami, puis celui-ci daigna enfin ouvrir le bocal et en tirer son contenu à la lueur du jour ou plutôt la lueur artificielle des néons au-dessus d'eux.

Une bague brillait dans sa paume.

Un simple anneau d'or ; qui portait néanmoins beaucoup de signification.

« On ne pourra pas se marier. » souffla Tooru en l'observant de plus près. Hajime retint l'envie qui le prenait de le frapper ce n'était pas exactement le moment adéquat.

« Arrête de te persuader que tu ne sortiras pas. Et même si tu ne sors pas d'ailleurs, je m'en fiche. J'attendrai. Je ne compte pas chercher quelqu'un d'autre dans ma vie de toute manière. »

Tooru l'observa un instant, ses yeux toujours brillants de larmes, avant de passer l'anneau autour de son doigt. Il adressa ensuite un sourire presque étincelant à son interlocuteur, avant de murmurer :

« Je t'aime. » Pour une fois, Hajime lui répondit tout aussi spontanément :

« Je t'aime aussi. »

Leurs mains se cherchèrent sur le métal de la table avant de s'unir et de s'entrelacer. Les drones avaient disparu de leur champ de vision seul l'autre y restait visible. Le reste n'avait aucune importance.

Parce que quoi que l'avenir leur réserve, ils le traverseraient à deux.

Et ils avaient un nouveau rêve à chérir, un nouveau but à accomplir, une nouvelle raison de rêver.

Et ce, peu importe Sybille.  

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