03.9 :: 𝙀itpheil et la Sécurité Publique
nda - le prochain chapitre sera le dernier de la partie!! bonne lecture <33
(je vous laisse admirer mes skills de narration de combat AHAHA)
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CHAPITRE NEUF ― EITPHEIL ET LA SÉCURITÉ PUBLIQUE
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Yû réagit au quart de tour : sans se départir du masque de calme qu'il s'était composé pour sa rencontre avec Keiji Akaashi, une rareté pour lui qui ne savait pas retenir ses émotions, il analysa la situation ― une tâche légèrement complexe en raison des sirènes qui retentissaient désormais dans tout le bâtiment et leur vrillaient les tympans.
Si jamais quelqu'un n'avait pas entendu le bruit de l'explosion par un quelconque miracle, il ne pourrait pas passer à côté de cette alarme, et de la voix désincarnée de Sybille qui avertissait le personnel de la Sécurité Publique d'une intrusion.
Aucune fumée n'avait atteint leur étage et le jeune homme n'entendait rien d'autre que les bruits de pas précipités des inspecteurs et autres agents qui se ruaient vers le lieu de l'explosion. Il semblait que, s'ils étaient bien victimes d'une attaque comme tout portait à le croire, elle n'avait pas pour but de libérer Keiji Akaashi. Les capteurs, dont il pouvait voir les données sur sa montre, indiquaient que le dégagement de fumée était le le plus intense au cinquième étage.
Ils étaient au soixante-septième.
Les intrus ne pouvaient pas sincèrement penser qu'ils allaient être en mesure de gravir soixante-deux étages sans se faire arrêter. En plus, leur immeuble avait activé leur système de sécurité dès que l'entrée violente avait été décelée : les ascenseurs étaient désormais hors d'usage et les portes extérieures verrouillées pour tout agent non référencé dans la base de données. Pour monter, il leur faudrait obligatoirement passer par l'escalier principal, oú un bon paquet d'agents et de drones devait être en train de se rassembler.
Sa montre sonna et interrompit ses pensées : l'inspecteur Sugawara l'appelait.
« Tu es toujours au 67 avec Asahi et Aone ? » demanda immédiatement le jeune homme en passant outre la politesse.
« Oui.
― Dis à l'un d'eux de rester avec toi au cas où. On ne peut pas laisser Keiji Akaashi sans surveillance.
― C'est vraiment le réseau Eitpheil ? » demanda le brun, estomaqué par l'idée qu'un petit groupe de rebelles ait pu aller aussi loin. Et puis, dans ce cas, pourquoi ne viser que le cinquième étage ?
« Impossible de savoir. Le système de surveillance a été désactivé, on ne peut pas se fier aux capteurs. Tendô est en train de le restaurer.
― Comment c'est possible qu'ils aient pu pénétrer aussi profondément dans nos serveurs ? » Ils étaient les plus sécurisés du pays, après ceux du système Sybille. Même une troupe de hackeurs confirmés aurait du mal à détruire leurs défenses.
« Ne me demande pas, je ne suis pas analyste. Mais si l'hypothèse d'Omizu est avérée... Cela pourrait être grâce à un cheval de Troie placé par quelqu'un ici. »
Nishinoya fronça les sourcils. Effectivement, en installant un autre logiciel à l'intérieur même de leur système, cela devait être bien plus faisable d'y accéder en profondeur. Et cela permettait à la personne qui l'aurait placé de ne pas s'impliquer et risquer sa couverture, car on ne pourrait sans doute pas tracer le logiciel en question.
Cependant, il n'aimait vraiment pas l'idée qu'il y ait un traître parmi eux.
« Sois prudent et surveille bien Keiji Akaashi. »
Sugawara raccrocha sur ces mots, laissant un Yû songeur. Toute cette situation le dépassait ; cependant, il n'avait pas le temps de trop tergiverser. Avisant les inspecteurs Asahi et Aone qui sortaient en trombe de la salle d'observation de la cellule de Keiji Akaashi, il leur transmit les indications de leur collègue.
« On a activé le système d'urgence pour la cellule de Keiji Akaashi, lui indiqua Asahi une fois qu'il lui eut résumé ce qu'il savait. Il n'est pas impacté par la faille dans notre système de sécurité. Et Yaku est parti surveiller le générateur au sous-sol : s'il est touché, tout part à vau l'eau. On aura plus aucun système de sécurité actif, et même les Dominateurs ne fonctionneront plus. »
Le jeune homme aux cheveux bruns hocha la tête, songeur. Mine de rien, leurs opposants avaient très bien réussi à les mettre en difficulté. Ils devaient non seulement surveiller attentivement leur prisonnier, mais aussi leur système de sécurité qui était attaqué de manière encore indéterminée. Ils avaient plusieurs moyens de perdre cette attaque dont ils ne connaissaient pas encore l'objectif, mais ils n'en restaient pas moins sur leur territoire. Ils savaient parfaitement quelles zones sensibles protéger.
L'inspecteur Aone partit finalement rejoindre leurs collègues à l'étage de la détonation tandis que l'inspecteur Asahi restait aux côtés de Nishinoya pour surveiller Keiji Akaashi. Un coup d'œil aux moniteurs leur apprit que le jeune homme n'avait pas cillé ; il avait forcément perçu le bruit de l'explosion, mais n'en montrait aucun signe. Comme si cela lui passait simplement au-dessus.
« Le système de sécurité est en train de revenir. » indiqua finalement le jeune inspecteur au bout d'un long moment à scruter sa montre et les écrans qu'elle affichait. « Mais on ne sait pas encore où ils sont. Une partie des étages est encore en cours de récupération. Dont le nôtre. » Yû déglutit à cette annonce et il se mit en position de défense, à l'affût. Tous leurs collègues étaient normalement partis intercepter les intrus, mais il subsistait un risque, minime mais tout de même présent, que cela n'ait pas été suffisant. Dans ce cas...
« Inspecteur, avons-nous l'autorisation de nous servir d'armes pour nous défendre ? »
Cela ne lui plaisait pas beaucoup d'utiliser la force contre des ennemis inconnus qui pouvaient être des civils ― certes criminels, mais des civils quand même ― mais ils ignoraient si leurs opposants étaient armés, et avec quoi s'ils l'étaient.
« Les Dominateurs nous sont hors d'atteinte, l'informa Asahi, ce dont il se doutait déjà puisqu'ils étaient conservés dans une salle aux étages inférieurs. Mais il doit y avoir des grenades aveuglantes en haut du couloir. »
Tous les étages en étaient munis justement en cas d'attaque. Ces engins étaient moins efficaces que leurs Dominateurs, à n'en pas douter puisqu'ils ne faisaient que paralyser momentanément la vue, mais feraient l'affaire dans tous les cas.
Le jeune exécuteur se leva donc pour quitter la pièce et aller en chercher. Le couloir était silencieux, ce qui attisa sa méfiance. Dans le silence, il n'était pas dur d'entendre si quelqu'un se rapprochait de lui, mais cela renforçait également l'ambiance inquiétante. Il avança néanmoins à pas assurés vers la trappe qui abritait les grenades, sans montrer une quelconque crainte ; il ne coulait pas indiquer à un éventuel opposant tapi dans l'ombre qu'il redoutait quelque chose. Si l'autre croyait le prendre par surprise, il serait déçu.
Dans un premier temps, rien n'eu lieu et il s'autorisa à se détendre en ouvrant la trappe et en découvrant les armes de défense dedans. Néanmoins, alors qu'il venait d'en saisir une, il perçut un froissement de tissu et se figea.
La seconde suivante, il fit volte-face, sentit un point lui frôler le visage et dégoupilla la grenade avant de la jeter vers l'inconnu et de se reculer en fermant les yeux.
Quelques secondes plus tard, il entendit le bruit caractéristique de son explosion et compta jusqu'à dix mentalement. Il espérait que la lumière vive attirerait l'attention de l'inspecteur Asahi ― il allait faire de son mieux pour s'occuper de l'intrus, mais il voulait que son supérieur reste sur ses gardes. Il paraissait peu probable que le type qui l'attaquait était seul. À moins qu'il ne soit tellement arrogant qu'il pensait pouvoir maîtriser un inspecteur et un exécuteur en territoire inconnu.
Au bout des dix secondes, il rouvrit les yeux et chercha du regard son attaquant. Il avisa une silhouette de taille moyenne cachée derrière un masque traditionnel qui le déstabilisa quelques secondes. C'était donc bien le réseau Eitpheil ; ils étaient connus pour utiliser ce genre d'accessoires pour se dissimuler, ce qui leur permettait de conserver leur anonymat en toutes circonstances. Ils avaient pourtant pris la peine de désactiver les scanners par avance, aussi cette précaution pouvait sembler presque dérisoire, voire problématique car limitant leur champ de vision...
D'un autre côté, cela limitait leurs risques d'éblouissement dans les cas où la SP utilisait des grenades aveuglantes.
Son assaillant semblait néanmoins avoir été déstabilisé par la lumière soudaine de la grenade : il se reprit rapidement et se rua dans sa direction. Yû bloqua un premier coup de poing avant de lui retourner un coup de pied à hauteur de l'estomac. L'autre recula d'un pas, mais lui asséna, à sa grande surprise, un coup de tête en retour après l'avoir attrapé par le col.
Nishinoya vit des étoiles pendant quelques instants, ce qui permit à l'autre de prendre le dessus et de le plaquer au sol. L'exécuteur utilisa cependant la force de son adversaire pour la retourner contre lui ; il abandonna toute résistance et profita du déséquilibre de l'autre pour renverser leurs positions.
Il ne parvint malgré tout pas à crier victoire ensuite : son adversaire tira un canif ― une rareté désormais ― et essaya de le blesser à l'épaule pour lui faire lâcher prise. Yû esquiva mais fut contraint de relâcher sa prise quelques secondes, ce qui permit à son attaquant de s'en libérer et de se redresser.
L'exécuteur regrettait de ne pas pouvoir mettre K.O. son adversaire une bonne fois pour toutes, mais la présence de ce masque imposant qui recouvrait tout son visage le bloquait. Il ne s'imaginait pas vraiment enfoncer ses phalanges dans le matériau dur qui le composait. Ce qui rendait tout coup porté à la tête assez délicat, sauf par l'arrière, mais cela impliquait de réussir retourner l'autre assez longtemps. Mieux valait qu'il se concentre sur une immobilisation parfaite qui empêcherait l'autre de bouger pour de bon.
Il balaya le couloir du regard à la recherche de quoi que ce soit lui permettant d'accomplir cet objectif, mais ne trouva rien. L'endroit était vide de tout meuble ― on prônait le minimalisme au sein de la Sécurité Publique. Avec un profond soupir agacé, il essaya de reculer de quelques pas ― s'il parvenait à l'entraîner un peu plus loin dans le couloir, il pourrait atteindre une des réserves et trouver à quoi ligoter son adversaire.
Le seul inconvénient étant que cela contribuait à rapprocher sin adversaire de la cellule de Keiji Akaashi.
(Tant que celle-ci était verrouillée, les risques étaient contrôlés. Mais Nishinoya devait à tout prix rester conscient et maître de sa montre, où son adversaire pourrait l'ouvrir en l'utilisant puisqu'elle contenait ses données biométriques. Restait aussi le problème du générateur ; il espérait sincèrement qu'il ne serait pas mis hors service par les membres du réseau, où ils se retrouveraient en bien mauvaise posture.)
Il y penserait plus tard... s'il avait le temps.
Il recula donc légèrement et intercepta son adversaire lorsque celui-ci se jeta sur lui. Il en profita pour essayer de lui tacler les jambes et le déséquilibrer une nouvelle fois ; il n'eut cependant pas l'opportunité de réussir puisque l'autre se rattrapa au mur adjacent et lui fit face de nouveau sans ciller.
Les quelques interactions physiques qu'ils avaient eu jusque-là permettaient à Yû d'esquisser un portrait de son adversaire dans les grandes lignes ― un mètre soixante-quinze environ, on aurait pu le qualifier de « bien bâti » dans d'autres circonstances. Il semblait plus fort qu'agile, ce qui en faisait un adversaire totalement opposé à l'exécuteur.
Avant, on parlait du lièvre et de la tortue ― même la plus désavantagée gagne face à un arrogant.
Mais dans leur cas, qui était le lièvre et qui était la tortue ?
Sans trop se poser de questions, Yû continua de reculer doucement mais son adversaire parut se méfier et le laissa creuser la distance quelques secondes. Si l'exécuteur s'éloignait trop, il pourrait en profiter pour fuir, aussi Nishinoya resta-t-il en suspens quelques instants. Ils se toisèrent lentement, jusqu'à ce qu'une nouvelle explosion ébranle leur étage ― celle-ci devait être beaucoup plus proche.
Pris par surprise, Yû fut déséquilibré et l'autre en profita pour le plaquer contre le mur. Il essaya de se libérer de cette emprise soudaine, mais son adversaire lui asséna un nouveau coup de tête ― ce foutu masque pesait trois tonnes. Nishinoya dût serrer les dents pour encaisser le choc et ne pas perdre conscience ― si jamais il avait le malheur de s'évanouir, l'autre lui prendrait sa montre pour déverrouiller la cellule...
Au même instant, une vive lumière emplit la pièce, les éblouissant tous les deux. L'exécuteur crut d'abord qu'une nouvelle explosion venait de les rater de peu, mais il comprit ensuite que les éclairages de l'étage venaient d'être rétablis à leur maximum ― jusqu'ici, ils étaient passés au minimum, sans doute en raison de l'attaque sur leur système dont ils étaient victimes. Tendô avait dû reprendre le contrôle ici aussi.
Son adversaire poussa un juron et le lâcha soudainement avant de reculer. Il s'arrêta, immobile, au bout de quelques pas ― Yû se demanda quelle mouche le piquait, avant de remarquer la caméra au-dessus et derrière eux qui venait de recommencer à bouger. Il s'était placé dans l'angle mort, sans doute pour ne pas se faire scanner.
Néanmoins, Yû n'allait pas le laisser s'en tirer ainsi. Il se précipita de nouveau vers lui et essaya de le faire reculer ; néanmoins, l'autre resta fermement ancré sur sa position et ne se déplaça que pour suivre le mouvement de la caméra tout en bloquant les siens. L'exécuteur visa ses genoux sans parvenir à le faire basculer de nouveau ― il avait trop utilisé cette technique auparavant, à n'en pas douter.
L'autre semblait connaître à la perfection les mouvements des caméras puisqu'il se déplaça en esquivant ses coups sans se faire repérer une seule fois. Cela suscita chez le jeune homme aux cheveux bruns un certain malaise ― personne, à l'exception de membres de la SP, ne pouvait être en mesure d'éviter aussi bien de se retrouver dans le champ de vision de l'appareil.
Cela semblait confirmer qu'ils avaient bien une taupe parmi eux qui informait Eitpheil. Et pas qu'un peu : on parlait ici d'informations relatives à l'intérieur du bâtiment, des informations tout aussi classées que les dossiers confidentiels qui avaient fuité plus tôt.
Qui pouvait en savoir autant ? Seul Tendô lui venait en tête comme suspect, mais il était réticent à se laisser aller aux évidences. L'analyse aux cheveux rouges ne lui avait jamais paru comme étant du genre à se laisser aller à la paresse et à négliger les détails. S'il devait commettre une telle indiscrétion, il avait les moyens de faire en sorte qu'on ne remonte pas jusqu'à lui.
Il essaya néanmoins de chasser ses interrogations pour ne penser qu'à son adversaire. Celui-ci n'essayait plus de lui asséner le moindre coup, mais simplement d'atteindre la porte par laquelle il était arrivé, en reculant petit à petit en suivant le mouvement des caméras pour tomber dans les angles morts. Yû essaya de le ralentir et de le déséquilibrer, mais son adversaire se montrait soudainement plus prudent qu'auparavant.
Il bloquait le moindre coup avec prudence et surveillait le rythme du système.
Nishinoya supportait mal d'être mis en échec, aussi il utilisa le joker qu'il avait jusque-là gardé en réserve. Profitant d'un moment où le visage de son ennemi semblait tourné vers une caméra de surveillance, il dégoupilla la seconde grenade qu'il avait récupérée lorsque l'autre lui était tombé dessus, et la jeta au niveau de la porte de service.
Elle aurait moins d'effet ainsi, mais l'autre ne pourrait pas en profiter pour s'en rapprocher.
Le membre d'Eitpheil parut s'y attendre car il tourna le dos à la lumière vive qui emplit de nouveau le couloir. Les yeux clos, Yû entendit ses pas précipités essayer de le doubler pour atteindre soit la cellule de Keiji Akaashi, soit la porte de l'autre côté du couloir, l'exécuteur n'était pas sûr, et se jeta une fois de plus sur l'autre au moment où il passa.
(Quand une technique fonctionne une fois, on la réutilise même si elle met l'ego en péril.)
L'autre s'affala sous son poids tandis qu'il lui maintenant les jambes. Il rouvrit les yeux dès que la lumière se fut dissipée ― et il prit au passage un coup de pied dans le menton qui lui fit cogner la mâchoire et s'accompagna d'un goût métallique soudain dans sa bouche. Il fut suffisamment sonné pour desserrer une fois de plus son emprise et l'autre se redressa pour reprendre sa course.
Il s'arrêta quelques secondes devant la cellule toujours verrouillée de Keiji Akaashi. Au même moment, par un incroyable coup du sort, les lumières du couloir s'éteignirent toutes, cette fois pour de bon ― Yû jura.
Le générateur.
Il jeta un coup d'œil aux lampes et ascenseurs ― le système d'urgence ne se mettait pas en route, comme il l'avait supposé.
Ce qui signifiait que l'entièreté de leur bâtiment était privé d'électricité.
Et que la cellule était ouverte désormais.
« Inspecteur Asahi ! s'époumona-t-il. Faites attention, il va entrer ! »
Son supérieur n'avait pas d'arme avec lui, Yû était supposé les ramener, et il était futile d'espérer une quelconque aide de leur système de surveillance si le générateur avait été détruit. Même l'antenne qui les reliait à Sybille avait dû être déconnectée.
La situation était pire que lorsque leur système était « juste » provisoirement coupé. Là, plus rien ne fonctionnerait dans leur bâtiment.
(Il avait toujours trouvé ça complètement idiot que tout soit branché sur un seul générateur, mais avait vite compris que, pour parvenir à faire fonctionner sans anicroches la Sécurité Publique, il leur fallait un générateur sur-mesure, car aucun autre ne pourrait jamais supporter leur consommation électrique. Entre la connexion permanente au système qui analysait leur système de vidéosurveillance dernier cri, les salles de recherche et d'analyse entièrement connectés comme le bureau de Tendô, les laboratoires de stockage et de rechargement des Dominateurs, ainsi les drones qui restaient en général actifs mêmes quand ils étaient branchés, ils consommaient à eux seuls autant d'électricité qu'une centaine de buildings au cœur de la ville cumulés.)
Il devait normalement y avoir des inspecteurs devant le générateur... Que faisaient-ils ? Il se redressa en un bond et courut dans la direction de la cellule, estimée tout du moins. Il s'arrêta au niveau qui lui semblait correct ; alors qu'il allait poser une main contre le mur pour voir ce qu'il allait sentir, les lumières se rallumèrent soudainement ― il laissa échapper un nouveau juron, cette fois parce qu'il avait été ébloui.
« Qu'est-ce qu'il se passe bordel ? » demanda-t-il à voix haute en balayant les environs du regard. Le système général semblait être reparti ― ce qui impliquait que le réseau n'était pas parvenu à complètement détruire leur générateur mais seulement à l'endommager ou il ne savait quoi. Vu la taille de l'engin, il n'était pas très étonné.
« Nishinoya ! »
La voix de l'inspecteur Asahi lui parvint alors qu'il détaillait la cellule ― plus personne ne s'y trouvait. Son supérieur était avachi dans un coin et tentait de se relever ; le brun découvrit sur sa hanche gauche une tâche de sang qui s'élargissait et le canif jeté non loin.
Les pensées du jeune homme tourbillonnaient à toute allure. La blessure était-elle profonde ? Son supérieur avait-il perdu beaucoup de sang ? Que fallait-il faire ?
Et surtout, où était Keiji Akaashi et l'intrus ?
« Poursuis-les, lui ordonna l'inspecteur. Le système de sécurité est reparti, ils n'iront pas loin.
― Comment sont-ils partis ? Ils ne sont même pas passés devant moi. » Le jeune homme parut incapable de répondre à cette question ― il toussa sur le côté, éclaboussant le sol de sang et intensifiant l'inquiétude de l'exécuteur. « Inspecteur !
― Ne t'inquiète pas pour moi. » La voix tremblante de son supérieur décrédibilisait sa demande. « Et poursuis-les pour le moment. On ne peut pas... » Il s'interrompit sous l'influence d'une nouvelle quinte de toux qui lui fit cracher encore un peu plus de sang. « Les laisser nous échapper. »
Malgré l'inquiétude qu'il ressentait devant l'état de son supérieur, Yû savait qu'il n'avait pas le loisir de discuter. Il connaissait leurs règles par cœur ― en tant qu'exécuteur, on faisait d'autant plus attention à ce qu'ils les respectent : la sécurité de la nation avant tout. Même si son supérieur était blessé, il devait privilégier la poursuite des criminels.
Il activa néanmoins sa montre et diffusa un message à tous les agents de la SP qui se trouveraient éventuellement à proximité ― si quelqu'un pouvait au moins venir au chevet de l'inspecteur Asahi pour s'assurer qu'il ne se vidait pas de son sang dans l'insouciance générale... Yû referma la cellule sur l'inspecteur pour éviter tout risque d'un autre membre d'Eitpheil qui déciderait de l'achever et prit la direction de la porte donnant sur les escaliers la plus proche.
Il continua dans le même temps de surveiller sa montre, sondant les capteurs thermiques alentour. Avant même qu'il n'ait fini son inspection, Tendô l'appela ― toujours avec un temps d'avance, celui-ci.
« Ils évitent soigneusement les scanners de teinte mais ils ne peuvent pas tromper les capteurs thermiques, lâcha le jeune homme aux cheveux rouges. Ils sont trois étages en-dessous de toi, escalier gauche.
― J'ai un moyen d'aller plus vite qu'eux ?
― A moins que tu ne saches voler, je ne pense pas... Eh ! » L'analyste devait avoir vu ce qu'il était en train de faire depuis les caméras et les capteurs ; l'exécuteur ne s'en soucia cependant pas. Il se stabilisa sur la rampe d'escalier avant de se laisser tomber sur celle en-dessous. Il amortit sa chute tant bien que mal et recommença le processus, tandis que Tendô se désespérait : « T'es complètement dingue.
― Je vais plus vite qu'eux. » opposa son collègue en se laissant tomber sur celle du dessous ― par un coup du sort, il n'atterrit pas loin des deux hommes qu'il poursuivait. « Arrêtez vous, maintenant ! »
Il n'avait pas d'arme pour les mettre en joue et était dans un équilibre plutôt instable. Celui contre lequel il s'était battu essaya de le repousser mais Yû s'accrocha tant bien que mal à la rampe et lui asséna un puissant coup de pied dans le torse, le faisant reculer de quelques pas. Il se dressa ensuite face à eux ― Keiji Akaashi était toujours menotté, c'était donc un un contre un.
« Laisse-nous partir, lâcha son adversaire à sa grande surprise. On a rien fait de mal.
― Attaquer le bureau de la Sécurité Publique et lever la main sur des inspecteurs et exécuteurs, c'est déjà beaucoup. » fit observer Yû. S'ils pensaient l'attendrir comme ça, ils se fourraient le doigt dans l'œil. « Rendez-vous si vous voulez avoir une chance de réhabilitation.
― Sybille ne nous accordera aucune chance, rétorqua Keiji Akaashi. On ne vaut plus rien pour lui. On sera juste enfermés et interrogés. » Le jeune homme aux cheveux bruns resta silencieux ; ils avaient raison, il le savait, mais s'il ne pouvait pas les raisonner, il ne lui restait que l'option du combat.
« Laisse-nous partir, répéta son adversaire dont il ignorait toujours le nom, ou viens avec nous. »
L'exécuteur faillit s'étouffer avec sa salive.
« Pardon ?
― On sait qui tu es, Yû Nishinoya. Tanaka nous a beaucoup parlé de toi, lâcha Keiji Akaashi.
― Et on sait aussi que tu as été condamné par Sybille à treize ans. Le système t'a privé de ton adolescence et de ton avenir. Tu ne lui en veux pas un minimum ? » Le jeune homme en resta pantois. Tanaka leur en avait beaucoup dit sur son compte, alors même qu'il pensait qu'il ne se préoccupait plus de lui.
« Ma situation ne vous regarde pas, rétorqua-t-il. Je respecte les décisions du système Sybille. Et je ne vois pas le rapport avec Ryu- Tanaka, se reprit-il. Et avec vous, le réseau.
― Tu peux nous rejoindre et empêcher d'autres personnes de finir comme toi. » Le jeune homme aux cheveux bruns fronça les sourcils.
« Essayer de m'amadouer ne fonctionnera pas.
― Tu ne le convaincras pas, intervint Keiji Akaashi à l'intention de son ami. Il est trop buté et on perd du temps. » Son camarade finit par opiner mais Nishinoya lui bloqua le passage.
« Je ne vous laisserai pas partir. »
Ils se toisèrent un long moment. Le jeune homme au masque fit un pas en arrière et se prépara à lui envoyer un coup de poing de nouveau ; cependant, un bruit de roues sur le métal les fit tous tressaillir et lever les yeux en hauteur. Un drone dévalait les marches branlantes, traînant avec lui un Dominateur dont la lueur bleue indiquait son statut opérationnel.
Yû allait embrasser Tendô.
Une certaine panique s'empara des deux membres d'Eitpheil ― surtout du masqué, qui n'avait pas encore été identifié. Son masque serait un problème pour le Dominateur portable qui était moins performant et ne saurait certainement pas lire les traits faciaux du jeune homme ; mais si Yû pouvait déverrouiller la détente pour le mode paralysie sur Keji Akaashi, il pourrait peut-être faire une pierre deux coups.
Néanmoins, le drone se stoppa soudainement, comme retenu par autre chose ― Yû repéra une silhouette elle aussi dissimulée derrière un masque traditionnel qui venait de lui envoyer une violente décharge à l'aide de ce qui devait être un taser.
« Mellori ! » L'inconnu au masque s'exclama ce nom de code qui n'était pas inconnu de l'exécuteur.
« On se tire, lui répondit une voix féminine. Maintenant ! »
Elle mit en joue avec son taser Nishinoya qui se rapprochait d'elle pour récupérer le Dominateur ― il esquiva les piques de l'arme, attrapa le Dominateur et l'enjoignit mentalement de se lancer et de l'identifier rapidement. Durant la phase d'initialisation, la jeune femme ― Mellori donc ― imita ses gestes précédents et se laissa tomber sur la rampe.
Yû la mit en joue ― et par un nouveau coup du sort, le Dominateur parvint à discerner ses attributs faciaux alors que le masque glissait dans sa chute, et fit alors apparaître un nom sous ses yeux.
Nishinoya faillit en lâcher son arme en le lisant.
Saeko Tanaka.
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